Claude et Georges Pompidou : lâamour au cĆur du pouvoir », de Pierre Hurel, Ă 23h40, sur France 3 . En octobre 1968, Claude Pompidou est la cible de rumeurs aprĂšs lâassassinat de
13. Nicolas Sarkozy Ă Si tu reviens, j'annule tout Ă» 12. Ăâ°mile Combes, amoureux d'une religieuse deux fois plus jeune que lui 11. Edgar Faure 10. NapolĂ©on III 9. Les fausses partouzes de Georges Pompidou 8. Jacques Chirac Ă cinq minutes, douche comprise Ă» 7. Giscard d'Estaing et le camion de lait 6. Adolphe Thiers, le Carla Bruni de la TroisiĂšme RĂ©publique 5. Talleyrand, l'Ă©vĂÂȘque dĂ©froquĂ© 4. François Mitterrand et sa famille cachĂ©e 3. FĂ©lix Faure Ă Il voulait ĂÂȘtre CĂ©sar, il ne fut que PompĂ©e Ă» 2. Joseph Caillaux et sa femme l'assassin oui, vous avez bien lu Fonction PrĂ©sident du Conseil - 1911-1912En 1913, un an aprĂšs avoir quittĂ© la prĂ©sidence du Conseil, Caillaux est nommĂ© ministre des Finances. Le Figaro publie alors une sĂ©rie d'articles l'attaquant politiquement et aussi personnellement. Le 16 mars 1914, Henriette Caillaux pĂ©nĂštre dans les locaux du Figaro, tire sur Gaston Calmette, le directeur du journal, et le tue. Joseph Caillaux dĂ©missionne dĂšs le de scandale 300% 1. Georges ClĂ©menceau et ses 800 conquĂÂȘtes François Hollande et le Ă Gayet-gate Ă» BuzzFeed DailyKeep up with the latest daily buzz with the BuzzFeed Daily newsletter!
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claude et georges pompidou l amour au coeur du pouvoir
Pire Georges Pompidou va voir le nom de sa femme, Claude, mĂȘlĂ© Ă cette affaire. Selon la rumeur, celle-ci aurait participĂ© Ă des parties fines organisĂ©es par le Yougoslave Stefan Markovic
Début octobre 1968, une rumeur enflamme le tout-Paris Claude Pompidou, la femme de l'ancien Premier ministre, aurait fait assassiner un playboy yougoslave, Stephan Markovic, parce qu'il la faisait chanter avec des photos de parties fines. Ce complot sordide scelle le destin de Georges Pompidou, qui vient de quitter Matignon aprÚs six années de fonction. Outré par cette machination fomentée par certains gaullistes, il décide de briguer la présidence. Ce documentaire raconte les quatre années et demi du couple Pompidou à l'Elysée, depuis la calomnie initiale jusqu'à la mort du président, terrassé par une et Georges Pompidou l'amour au coeur du pouvoir a été diffusé sur France 3 le jeudi 17 septembre 2015, 23H40.
ElizabethII et Georges Pompidou (1969-1974) Rolls Press/Popperfoto via Getty Images/Getty Images. En mai 1972, la reine effectue une deuxiĂšme visite d'Ătat en France, alors que la Grande
PubliĂ© le 03/07/2007 Ă 0600, Mis Ă jour le 14/10/2007 Ă 1832 Claude et Georges Pompidou, l'ancien prĂ©sident de la RĂ©publique. AFP La veuve de l'ancien prĂ©sident de la RĂ©publique, ĂągĂ©e de 94 ans, avait imposĂ© un style plus moderne Ă l'ElysĂ©e. Claude Pompidou est dĂ©cĂ©dĂ©e mardi matin Ă son domicile parisien Ă l'Ăąge de 94 ans. PremiĂšre dame de France de juin 1969 Ă avril 1974, rĂ©servĂ©e et anti-conformiste, goĂ»tant peu la politique et passionnĂ©e par l'art moderne, elle Ă©tait prĂ©sidente de la Fondation, créée en septembre 1970 et qui portait son l'ElysĂ©e, elle avait introduit un style moins rigide qui contrastait avec l'attitude effacĂ©e d'Yvonne de Gaulle. Peu encline Ă la vie publique, elle savait toutefois se prĂȘter avec Ă©lĂ©gance aux obligations de la vie officielle, lorsque son mari Ă©tait Ă Matignon 1962-68, puis Ă l'ElysĂ©e. Mais Claude Pompidou a toujours dĂ©clarĂ© ne pas beaucoup apprĂ©cier la vie au Palais de l'ElysĂ©e, qu'elle qualifiait de maison du malheur » depuis la mort de son mari. C'est lĂ aussi qu'elle dut affronter les rumeurs de l'affaire Sarkozy Une trĂšs grande dame »EsthĂšte, Claude Pompidou prĂ©fĂ©rait frĂ©quenter en privĂ© les artistes comme Bernard Buffet et Françoise Sagan, et initier son mari Ă l'art contemporain. AprĂšs la mort du prĂ©sident Pompidou, elle mena une vie trĂšs discrĂšte, et s'investit pleinement dans la Fondation Claude Pompidou au profit des handicapĂ©s et des personnes ĂągĂ©es. Elle s'attache Ă©galement Ă dĂ©fendre l'oeuvre de son Ă©poux, notamment auprĂšs du Centre dĂ©placement Ă Marseille, Nicolas Sarkozy a rendu hommage Ă une trĂšs grande dame ». C'est une trĂšs triste nouvelle. J'ai eu le plaisir de la rencontrer dans ses bureaux de la fondation Pompidou. Elle a accompagnĂ© et aimĂ© son mari qui Ă©tait un trĂšs grand prĂ©sident. J'ai beaucoup de chagrin », a dĂ©clarĂ© le prĂ©sident de la rĂ©publique. L'ancien prĂ©sident de la RĂ©publique Jacques Chirac et son Ă©pouse ont saluĂ© la mĂ©moire de Claude Pompidou et notamment son 'engagement au service des autres'. Avec elle, ils perdent une de leurs amies les plus proches et les plus fidĂšles'', souligne un communiquĂ©.
QuatriĂšmede couverture. Dans l'intimitĂ© du pouvoir. La prĂ©sidence de Georges Pompidou. En juin 1969, Georges Pompidou succĂ©dait au gĂ©nĂ©ral de Gaulle Ă la tĂȘte de l'Ătat, pour un mandat brutalement interrompu par la mort.
5 juillet 2011 - Seul le prononcĂ© fait foi DĂ©claration de M. Nicolas Sarkozy, PrĂ©sident de la RĂ©publique, en hommage Ă l'ancien prĂ©sident de la RĂ©publique, Georges Pompidou, Ă Montboudif Cantal le 5 juillet 2011. TĂ©lĂ©charger le .pdf Mesdames et Messieurs,Le 16 mai 1969, un peu plus de deux semaines aprĂšs la dĂ©mission du GĂ©nĂ©ral De Gaulle, Georges Pompidou prĂ©sentait aux Français sa candidature Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle par ces mots dont certains d'entre vous se souviennent peut-ĂȘtre Pendant longtemps vous le savez peut-ĂȘtre, je n'ai pas dĂ©sirĂ© une carriĂšre politique active. Et puis en 1962, le GĂ©nĂ©ral De Gaulle m'a nommĂ© d'emblĂ©e, Premier ministre. J'ai fait mon apprentissage, j'ai fait des fautes comme tout le monde, mais je ne crois pas avoir Ă©tĂ© indigne de ma fonction [...] Et puis est venu mai 1968 [...] Il fallait tenir. Il fallait d'abord rĂ©tablir l'ordre progressivement mais fermement et sans faire couler le sang, sans nous jeter dans la guerre civile. Il fallait remettre la France au travail. Et puis il fallait dĂ©jouer le complot politique, faire comprendre Ă l'opinion ce qui se passait [...] C'est Ă ce moment que j'ai compris que quand viendrait le jour, je n'aurai pas le droit de me n'imiterai pas le style du GĂ©nĂ©ral De Gaulle. Je ne le pourrai d'ailleurs et puis vous le voyez bien, je suis un homme propose une politique d'ouverture et de cela veut dire, un gouvernement rĂ©novĂ© se reposant sur une majoritĂ© trĂšs large Ă©tendue Ă tous ceux qui acceptent les principes essentiels de la Ve cela veut dire des rapports constants, confiants entre le Gouvernement et le Parlement avec tous les Ă©lus et avec le pays, car j'ai l'intention de lui expliquer, frĂ©quemment, simplement, franchement la politique... »Cet homme d'Ătat qui, selon l'un de ses biographes, Ă©tait allĂ© Ă la politique Ă pas lents » mourut le 2 avril 1974, terrassĂ© par une maladie dont peu de Français, peut-ĂȘtre mĂȘme pas lui, n'avait soupçonnĂ© la avait durĂ© trois jours de souffrance, aprĂšs un calvaire long de plusieurs mois pendant lesquels il avait fait face, sans jamais se plaindre, sans rien laisser paraĂźtre du terrible mal qui l' su qu'il allait mourir si vite ?Nul ne peut le dire. Mais il travailla comme s'il avait encore des annĂ©es Ă vivre, jusqu'Ă ce qu'Ă bout de forces, il tomba pour ne plus se dernier combat de sa vie, ce combat contre la mort, contre lui-mĂȘme, contre l'insigne faiblesse humaine, oĂč l'esprit jusqu'au dernier moment tint tĂȘte Ă ce corps si douloureusement diminuĂ© qui l'entraĂźnait inexorablement dans sa chute, ce combat fut le plus grand et le plus beau de sa vie. Et cet homme qui aimait tant la poĂ©sie se rĂ©cita peut-ĂȘtre alors au milieu du malheur le vers de Corneille qu'il connaissait si bien Meurs, mais quitte du moins la vie avec Ă©clat ».Des vers, il en avait appris des cinquante ans, il Ă©crivait La passion de la poĂ©sie, dont on me prĂ©disait lorsque j'Ă©tais enfant qu'elle passerait, a persistĂ© au-delĂ du milieu du chemin de la vie ».Elle ne le quittera jamais. La poĂ©sie, disait-il, est, ou peut, se trouver partout ...Il y a la poĂ©sie du soleil et celle de la brume, la poĂ©sie de la dĂ©couverte et celle de l'habitude, de l'espoir et du regret, de la mort et de la vie, du bonheur et du malheur... »Dans les joies familiales comme dans l'univers glacĂ© du pouvoir, dans sa jeunesse heureuse comme dans la douleur des derniers jours, l'art et la poĂ©sie lui firent aimer la vie, mĂȘme dans les pires moments. Car Ă cet homme qui rĂ©ussit tout, rien ne fut Ă©pargnĂ©. Il traversa des Ă©preuves terribles, se battit contre les prĂ©jugĂ©s, contre la calomnie, contre la l'amour de l'art et de la poĂ©sie on ne peut rien comprendre Ă un homme que rien ne semblait pouvoir Ă©branler tant sa force intĂ©rieure Ă©tait grande. Cette force, elle lui venait de son caractĂšre, de ses racines, de son Ă©ducation, de sa culture mais aussi de sa foi, car ce fils d'un instituteur socialiste, cet Ă©lĂšve mĂ©ritant Ă©levĂ© dans le culte de la RĂ©publique laĂŻque, Ă©tait croyant, d'une croyance sincĂšre, profonde, sans ostentation mais solidement ancrĂ©e en avait la tranquille assurance de ceux qui sont en accord avec eux-mĂȘmes, qui savent d'oĂč ils viennent et ce qu'ils attendent de la il venait, c'Ă©tait clair il venait d'ici, de cette vieille terre auvergnate, de ce haut plateau du Cantal, de ces gĂ©nĂ©rations de paysans dont il avait hĂ©ritĂ© les vertus simples et son enfance, il disait je n'ai reçu que des leçons de droiture, d'honnĂȘtetĂ© et de travail. Il en reste toujours quelque chose ». Meurs, mais quitte du moins ce monde avec Ă©clat ».Il quitta ce monde avec Ă©clat, je veux dire avec une dignitĂ© parfaite, un sens Ă©levĂ© de son devoir, un courage qui força l'admiration de tous ceux qui l'ont approchĂ© alors. Il est vrai qu'il eut la chance qu'Ă aucun moment son intelligence ne fut Ă©branlĂ©e par la fin bouleversante qui prit les Français par surprise et les Ă©mut si profondĂ©ment fit presque oublier ce qu'il avait accompli de son vivant. Le masque tragique du mourant cacha la grande figure de l'Homme d' circonstances contribuĂšrent Ă ce demi-oubli. La mort de Georges Pompidou coĂŻncida en effet avec la fin de ce que l'on appelle les trente glorieuses », ces trente glorieuses » dont il avait Ă©tĂ© la figure la plus marquante et qu'il avait, pour ainsi dire, souvenir de ces annĂ©es de prospĂ©ritĂ©, de foi dans le progrĂšs et dans la justice, allait vite ĂȘtre effacĂ© au cours des dĂ©cennies suivantes par l'inquiĂ©tude du quotidien et l'angoisse de l' Pompidou a pu apparaĂźtre alors comme le visage d'une Ă©poque rĂ©volue que chacun s'efforçait d'oublier, comme l'on oublie le temps du bonheur qui ne reviendra pas pour ne pas souffrir davantage de l'attendre en quarante ans de crises ininterrompues, de mutations douloureuses, avaient fini par nous faire oublier que l'avenir pouvait aussi ĂȘtre une promesse et pas seulement une temps est venu de nous rĂ©concilier avec ce que nous sommes profondĂ©ment, de reprendre confiance, de nous persuader que ce que nos pĂšres ont accompli jadis, nous sommes capables de l'accomplir de nouveau, que le gĂ©nie de notre peuple n'est pas moins grand aujourd'hui qu' centiĂšme anniversaire de la naissance de Georges Pompidou doit ĂȘtre l'occasion d'un examen de conscience, d'un retour sur nous-mĂȘmes Ă un moment de notre histoire oĂč ce retour devient absolument nĂ©cessaire. Car Ă©voquer la figure de Georges Pompidou, c'est Ă©voquer la plus pure tradition française mise au service de la plus grande modernitĂ©. C'est nous rappeler qu'au fond, la seule mission de la politique aujourd'hui encore, c'est de jeter un pont entre la France d'hier et celle de Pompidou a dit un jour un pays n'est pas une page blanche ».Il savait que la politique de la table rase a toujours Ă©tĂ© une catastrophe et qu'en fin de compte l'histoire, la culture, l'identitĂ©, le fruit du long travail des gĂ©nĂ©rations reviennent toujours hanter le prĂ©sent quoique l'on ait fait pour en effacer les France a une personnalitĂ© singuliĂšre, un caractĂšre particulier, un gĂ©nie propre qui ne cesse de s'enrichir, d'Ă©voluer, de changer par une lente mĂ©tamorphose mais les fils qui la relient Ă son passĂ©, Ă ses hĂ©ritages, ne se coupent Pompidou tissait sans cesse la trame de l'avenir avec ces fils qui couraient le long des siĂšcles et qui le rattachaient, lui, l'hĂ©ritier de tant de gĂ©nĂ©rations de paysans du Cantal Ă tout le passĂ© de la France. Je pense, disait-il, que l'habitude ancestrale de parcourir nos plateaux et nos montagnes au pas lent du paysan donne tout naturellement le goĂ»t des vastes Ă©tendues et le sens de la durĂ©e, nĂ©cessaires pour atteindre le but. »Ces racines, il les plongeait dans ce plateau aride, dans la France paysanne mais aussi profondĂ©ment dans cette RĂ©publique des Instituteurs qui croyait au savoir, au mĂ©rite, au progrĂšs, Ă la justice. Celle de Jules Ferry, de Clemenceau, de PĂ©guy et de JaurĂšs. JaurĂšs, dont le souvenir rĂ©cent hantait encore la vieille citĂ© d'Albi oĂč le petit Georges passa son enfance et oĂč son pĂšre LĂ©on devenu professeur d'Espagnol militait Ă la section locale de la l'Ă©cole primaire jusqu'Ă Louis le Grand, l'enfant du Cantal, le fils de LĂ©on Pompidou, instituteur, et de Marie Louise Chavagnac, institutrice, rafla tous les prix et lut tous les 1931, il intĂ©gra l'Ăcole Normale SupĂ©rieure, le temple du mĂ©rite rĂ©publicain. Il allait en garder le souvenir inoubliable d'une grande libertĂ© intellectuelle et des amis pour la vie, parmi lesquels LĂ©opold Sedar Senghor, le grand poĂšte de la NĂ©gritude qui deviendrait le Premier PrĂ©sident de la RĂ©publique du SĂ©nĂ©gal et qui dira aprĂšs sa mort Je lui dois beaucoup. C'Ă©tait l'ami le plus loyal qui fut et notre amitiĂ© a rĂ©sistĂ© Ă toutes les Ă©preuves. »Il passa l'agrĂ©gation de lettres. Il fut reçu premier. Ce fut sa revanche sur le concours d'entrĂ©e Ă l'Ăcole Normale oĂč il n'avait Ă©tĂ© reçu qu'Ă la huitiĂšme place. Toute sa vie il dĂ©testerait ne pas ĂȘtre le premier... AprĂšs son service militaire il fut affectĂ© comme professeur au LycĂ©e St Charles Ă Marseille. Il y partit avec celle qui venait de devenir son Ă©pouse et avec laquelle il allait dĂ©sormais tout milieu des difficultĂ©s de la vie et du pouvoir qui mettent les sentiments Ă si rude Ă©preuve, l'amour de Georges et de Claude Pompidou resterait indestructible. Elle serait Ă ses cĂŽtĂ©s jusqu'au dernier jour. Lui, il lui ferait confiance et la soutiendrait quoi qu'il arrivĂąt. Et quand on voulut l'atteindre Ă travers elle, quand le mensonge et la calomnie s'efforcĂšrent de la salir en cherchant Ă l'impliquer dans une histoire rĂ©pugnante oĂč elle n'avait aucune part, il la dĂ©fendit avec une fĂ©rocitĂ© qu'on ne lui connaissait pas. Cette attaque contre elle, ce fut sans doute la seule chose que cet homme si peu rancunier, ne pardonnerait enseigna trois ans Ă Marseille. Puis, un peu par hasard il se retrouva mutĂ© Ă Paris au lycĂ©e Henri IV et s'installa au Quartier Latin. La guerre l'arracha Ă sa vie de professeur, aux théùtres et aux galeries d'Art qu'il aimait tant. Il se battit courageusement sur la Somme, la Marne, la Seine, la discours du MarĂ©chal PĂ©tain demandant l'armistice le surprit Ă Sully-sur-Loire aprĂšs de violents n'entendit pas l'appel du 18 juin. Il ne partit pas Ă Londres et s'il rejeta toute forme de collaboration avec un occupant qu'il dĂ©testait, s'il eut des sympathies pour des RĂ©sistants qu'il aida Ă l'occasion, il eut, contrairement Ă bien d'autres, l'honnĂȘtetĂ© de reconnaĂźtre qu'il n'en devint pas un lui-mĂȘme. Certains le lui utilisa une fois encore l'arme de la calomnie pour abattre par tous les moyens cet homme sur lequel nul n'avait de prise et qui n'appartenait Ă aucun clan, Ă aucune ce fut peut-ĂȘtre lui finalement qui comprit le mieux le gaullisme, ou en tout cas qui le servit le mieux, bien qu'il ne rencontrĂąt le gĂ©nĂ©ral De Gaulle qu'en qui semblait promis Ă une brillante carriĂšre universitaire et qui, Ă part ses prises de position contre l'Action française du temps de sa jeunesse Ă©tudiante, ne s'Ă©tait jamais mĂȘlĂ© Ă la politique, dĂ©cida dans l'euphorie de la LibĂ©ration qu'il ne pouvait pas rester professeur au moment oĂč toutes les Ă©nergies devaient ĂȘtre mobilisĂ©es pour reconstruire le pays. Il força alors le destin en Ă©crivant Ă son camarade de promotion de Normale, RenĂ© Brouillet Il n'y a que par l'effort de tous, sans distinction aucune de partis que l'on peut espĂ©rer refaire une France [...]. Je ne demande rien de brillant, ni d'important mais d'utile et je n'apporte aucun gĂ©nie, mais de la bonne volontĂ©, et je crois, du bon sens. »Cette offre de service le fit entrer au cabinet du GĂ©nĂ©ral De Gaulle oĂč il allait jouer un rĂŽle grandissant jusqu'au dĂ©part du chef du Gouvernement provisoire opposĂ© au retour du rĂ©gime des partis avec lesquels il ne voulait pas se des requĂȘtes au Conseil d'Ătat, adjoint au Commissaire gĂ©nĂ©ral au tourisme, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Fondation Anne De Gaulle, il devint en 1948 chef du cabinet du GĂ©nĂ©ral De Gaulle, c'est-Ă -dire alors son plus proche collaborateur. Ce fut le temps des premiĂšres jalousies et des premiers coups bas. Il s'en sortit bien. Il installa son influence au cur du mouvement gaulliste sans se mĂȘler aux querelles de pouvoirs et de personnes. Il s'imposa, comme toujours, par son travail acharnĂ©, sa disponibilitĂ©, ce bon sens paysan qu'il affectionnait tant et le conduisait Ă ne prendre que des risques soigneusement 1953, changeant l'orientation de sa carriĂšre, il entra Ă la Banque Rothschild. Jusqu'Ă ce qu'en en mai 1958, le gĂ©nĂ©ral De Gaulle revenant au pouvoir le rappela pour en faire son directeur de cabinet. Il le restera pendant ces six mois dĂ©cisifs, de juin Ă dĂ©cembre janvier 1959, le GĂ©nĂ©ral installĂ© Ă l'ĂlysĂ©e, Georges Pompidou retourna au mĂ©tier de banquier auquel il avait pris goĂ»t. Il allait y rester jusqu'Ă sa nomination comme Premier ministre, en avril 1962. Alors cet homme d'Ătat qui Ă©tait venu Ă la politique Ă pas si lents que personne ne l'avait vu venir, entra de plain pied dans son destin. Il allait exercer cette fonction exigeante pendant plus de six collaborateur efficace qui se tenait soigneusement Ă l'Ă©cart de la politique, se retrouvait ainsi du jour au lendemain au centre de tous les jeux, de toutes les manuvres, de toutes les ambitions que la politique peut susciter. Et, fait inattendu pour beaucoup qui ne connaissaient ni sa finesse d'esprit, ni sa tĂ©nacitĂ©, cet homme qui n'avait pas l'expĂ©rience d'une longue carriĂšre d'Ă©lu rĂ©ussit Ă s'imposer Ă ce milieu sans pitiĂ© pour ceux qui n'en connaissent pas les codes et les rĂšgles. Sa soliditĂ© fit merveille au milieu de l'agitation. Il se fixa un cap et s'y tint sans s'en laisser commentant la nouvelle Constitution, le GĂ©nĂ©ral De Gaulle avait fixĂ© la rĂ©partition des rĂŽles au PrĂ©sident de la RĂ©publique l'essentiel et le long terme. Au Premier ministre la gestion du quotidien, Georges Pompidou en fit sa grandeur, car la vie quotidienne le passionnait. Il regardait toujours la politique comme une question de civilisation et la civilisation il en voyait d'abord la manifestation concrĂšte dans la vie de tous les ne crut jamais aux grands desseins dĂ©tachĂ©s de cette rĂ©alitĂ© et il Ă©prouva toujours une mĂ©fiance instinctive vis-Ă -vis des grands systĂšmes de pensĂ©e, des grandes constructions idĂ©ologiques. Rien ne lui Ă©tait plus Ă©tranger que l'esprit de fut dans les choses concrĂštes de la vie que s'exprima sans doute le plus complĂštement son profond qui ne croyait pas que l'on pĂ»t changer la sociĂ©tĂ© par dĂ©cret parce qu'il ne croyait qu'aux lentes mĂ©tamorphoses de la civilisation, accomplit la modernisation de la France dont il sentait la nĂ©cessitĂ© par les mille dĂ©tails de la vie ordinaire. Il s'intĂ©ressa Ă tout Ă l'agriculture, Ă l'amĂ©nagement du territoire, Ă l'industrie, Ă la recherche, aux transports, Ă l'Ă©nergie, Ă l'urbanisme, Ă l'Ă©ducation...Devenu PrĂ©sident, il continue Ă se prĂ©occuper des petits problĂšmes de la vie ordinaire Ă travers lesquels se fabrique l'identitĂ© d'un peuple. Certains d'entre vous connaissent peut-ĂȘtre cette lettre que le PrĂ©sident Pompidou prit un jour la peine d'Ă©crire Ă son Premier ministre et que je ne rĂ©siste pas au plaisir de vous lire tant elle est rĂ©vĂ©latrice de l'Homme et du PrĂ©sident Mon cher Premier ministre,J'ai eu par le plus grand des hasards, communication d'une circulaire du Ministre de l'Ăquipement - Direction des Routes et de la Circulation RoutiĂšre - dont je vous fais parvenir photocopie.[...]...Bien que j'aie plusieurs fois exprimĂ© en Conseil des Ministres ma volontĂ© de sauvegarder "partout" les arbres, cette circulaire tĂ©moigne de la plus profonde indiffĂ©rence Ă l'Ă©gard des souhaits du PrĂ©sident de la RĂ©publique. Il en ressort, en effet, que l'abattage des arbres le long des routes deviendra systĂ©matique sous prĂ©texte de est Ă noter par contre que l'on n'envisage qu'avec beaucoup de prudence et Ă titre de simple Ă©tude, le dĂ©placement des poteaux Ă©lectriques ou tĂ©lĂ©graphiques. C'est que lĂ il y a des Administrations pour se dĂ©fendre. Les arbres, eux, n'ont, semble-t-il, d'autres dĂ©fenseurs que moi-mĂȘme et il apparaĂźt que cela ne compte pas.[...] La sauvegarde des arbres plantĂ©s au bord des routes - et je pense en particulier aux magnifiques routes du Midi bordĂ©es de platanes - est essentielle pour la beautĂ© de notre pays, pour la protection de la nature, pour la sauvegarde d'un milieu vous demande donc de faire rapporter la circulaire des Ponts et ChaussĂ©es, et de donner des instructions prĂ©cises au Ministre de l'Ăquipement pour que, sous divers prĂ©textes, on ne poursuive pas dans la pratique ce qui n'aurait Ă©tĂ© abandonnĂ© que dans le principe et pour me donner satisfaction d' vie moderne dans son cadre de bĂ©ton, de bitume et de nĂ©on crĂ©era de plus en plus chez tous un besoin d'Ă©vasion, de nature et de beautĂ©. L'autoroute sera utilisĂ©e pour les transports qui n'ont d'autre objet que la rapiditĂ©. La route, elle, doit redevenir pour l'automobiliste de la fin du vingtiĂšme siĂšcle ce qu'Ă©tait le chemin pour le piĂ©ton ou le cavalier un itinĂ©raire que l'on emprunte sans se hĂąter, en en profitant pour voir la France. Que l'on se garde de dĂ©truire systĂ©matiquement ce qui en fait la beautĂ© ! »Cet adepte du progrĂšs Ă©conomique et de l'expansion, comme l'on disait Ă l'Ă©poque, fut, avant tout le monde, autant prĂ©occupĂ© par le souci de donner accĂšs Ă tous les Français aux commoditĂ©s de la vie moderne que par la nĂ©cessitĂ© d'Ă©viter un bouleversement trop brutal du mode de vie qui dĂ©racinerait totalement l'homme et l'asservirait Ă la technique et Ă l' loin, ne dira-t-il pas un jour Je suis de ceux qui pensent que dans cinquante ans la fortune consistera Ă pouvoir s'offrir la vie du paysan aisĂ© du dĂ©but du siĂšcle [...] On y ajoute des piscines et des automobiles, mais ce n'est pas une modification fondamentale, il reste le besoin d'air, de puretĂ©, de libertĂ©, de silence... »En 1970, Ă Chicago, il dĂ©clara L'emprise de l'Homme sur la Nature est devenue telle qu'elle comporte le risque de destruction de la nature elle-mĂȘme [...]. La Nature nous apparaĂźt comme un cadre prĂ©cieux et fragile qu'il importe de protĂ©ger pour que la Terre devienne habitable Ă l'Homme. »On a tendance Ă oublier que ce fut lui, Georges Pompidou, qui crĂ©a en France, en janvier 1971, le ministĂšre de l'Environnement qu'il confia Ă Robert Poujade. Audace inouĂŻe pour l'Ă©poque. Robert Poujade a racontĂ© les rĂ©sistances auxquelles il fut confrontĂ© dans un livre au titre Ă©vocateur Le ministĂšre de l'impossible ».L'homme qui Ă©crivait Le plan doit ĂȘtre l'affirmation d'une ambition nationale » et qui ne cessait de rĂ©pĂ©ter Les grandes capacitĂ©s de notre agriculture doivent ĂȘtre utilisĂ©es pleinement afin de donner Ă notre production, en quantitĂ© et en qualitĂ©, la prĂ©pondĂ©rance au sein du MarchĂ© Commun. Notre appareil commercial, intĂ©rieur et extĂ©rieur, doit ĂȘtre Ă©tendu et adaptĂ© aux formes modernes de la concurrence. Notre industrie doit accroĂźtre considĂ©rablement ses capacitĂ©s de production et poursuivre activement la transformation de ses structures. C'est dans le domaine de l'industrie que l'effort le plus grand reste Ă faire en dĂ©pit des progrĂšs accomplis dans les derniĂšres annĂ©es.»Cet homme Ă©tait aussi celui qui affirmait Le progrĂšs doit trouver ses limites dans les bouleversements qu'il entraĂźne dans la vie des hommes et dont il est vain de croire qu'ils puissent ĂȘtre imposĂ©s au nom des seules nĂ©cessitĂ©s Ă©conomiques et des perspectives de l'avenir. ».Il ne faisait au fond qu'approfondir l'analyse qu'il avait commencĂ©e face aux Ă©vĂ©nements de Mai 68 et qui sonnait si juste lorsqu'il s'Ă©tait Ă©criĂ© Ă l'AssemblĂ©e le 14 mai Je ne vois de prĂ©cĂ©dent dans notre histoire qu'en cette pĂ©riode dĂ©sespĂ©rĂ©e que fut le XVe siĂšcle, oĂč s'effondraient les structures du Moyen-Ăąge et oĂč, dĂ©jĂ , les Ă©tudiants se rĂ©voltaient en ce stade, ce n'est plus, croyez-moi, le Gouvernement qui est en cause, ni les institutions, ni mĂȘme la France. C'est notre civilisation elle-mĂȘme. Tous les adultes et tous les responsables, tous ceux qui prĂ©tendent guider les hommes se doivent d'y songer, parents, maĂźtres, dirigeants professionnels ou syndicaux, Ă©crivains et journalistes, prĂȘtres et laĂŻcs. »Crise de civilisation, donc Ă ses yeux, qui commence et Ă laquelle il appellerait bientĂŽt Ă opposer un nouvel a dit parfois de Georges Pompidou qu'il Ă©tait conservateur parce qu'il n'Ă©tait pas rĂ©volutionnaire. On a eu tort. Qu'on lise le Nud Gordien, que l'on recense tout ce qui a Ă©tĂ© accompli par lui comme Premier ministre durant plus de six ans et comme PrĂ©sident durant prĂšs de cinq ans, sans faire d'anachronisme, sans juger une Ă©poque dĂ©jĂ lointaine avec les prĂ©jugĂ©s de la nĂŽtre, alors on s'apercevra qu'il fut l'un des hommes d'Ătat les plus rĂ©formateurs et les plus lucides que la France ait connu depuis la le GĂ©nĂ©ral De Gaulle, il fut Jacques Chaban-Delmas, ce fut l'incomprĂ©hension entre deux caractĂšres, deux personnalitĂ©s, deux maniĂšres d'envisager la leurs façons, ils eurent raison tous les deux. Mais ces deux raisons ne se supportaient Chaban-Delmas ne fut pas pour la Nouvelle SociĂ©tĂ© parce qu'il Ă©tait progressiste et Georges Pompidou contre parce qu'il aurait Ă©tĂ© fonciĂšrement conservateur. Mais l'un ne voyait la politique qu'Ă travers la sociĂ©tĂ© et l'autre surtout Ă travers la civilisation qui bouge beaucoup plus lentement. Au fond l'un proclamait en substance que toute politique implique une idĂ©e de la sociĂ©tĂ© tandis que l'autre lui rĂ©pondait que toute politique implique quelque idĂ©e de l'homme ».Mais tous les deux avaient le mĂȘme objectif amĂ©liorer le niveau de vie et la qualitĂ© de vie de tous, sans laisser quiconque de cĂŽtĂ©. Tous les deux Ă©taient attachĂ©s Ă l'Ă©galitĂ© des chances, Ă la rĂ©duction des Ă©carts entre les riches et les pauvres, Ă la sauvegarde de la dignitĂ© de chacun quelle que soit sa Ă©vitĂ© ou ralenti la crise de civilisation si l'on avait poursuivi dans la voie de la Nouvelle SociĂ©tĂ© » ?C'est bien difficile Ă les deux approches n'Ă©taient pas social de l'un et le solide bon sens de l'autre avaient pu s' fait est que le rendez-vous a Ă©tĂ© temps a fait dĂ©faut Ă Georges Pompidou pour tirer toutes les consĂ©quences de sa pensĂ©e. En lisant le Nud Gordien, ce livre inachevĂ© qu'il a Ă©crit entre le moment oĂč il quitta Matignon et les Ă©lections prĂ©sidentielles, on se prend Ă mesurer le temps que nous avons perdu depuis. Je pense en particulier aux pages sur l'autonomie des universitĂ©s, aux rĂ©flexions sur le baccalaurĂ©at ou sur les rapports entre l'Ă©conomie et le le plus important pour Georges Pompidou se situait plus en profondeur Quand on aura, disait-il, dĂ©truit toutes croyances, inculquĂ© le refus de tout ordre social et de toute autoritĂ©, sans rien proposer en Ă©change, rien ne servira, en prĂ©sence d'une humanitĂ© dĂ©sorientĂ©e et livrĂ©e inĂ©luctablement Ă la domination des forces les plus aveuglĂ©ment brutales, de s'Ă©crier Nous n'avons pas voulu cela ! ».Cet homme dont l'intelligence resta en Ă©veil jusqu'au dernier moment avait pressenti qu'une Ă©poque s'achevait et pas seulement parce qu'il avait essayĂ© de tirer les leçons de Mai 68 ou parce qu'il avait anticipĂ© la crise sentit venir le dĂ©clin des vieilles nations industrielles si elles se laissaient aller Ă vivre sur leurs acquis et il comprit tout de suite la signification du premier choc comprit aussi avant beaucoup d'autres que dans la partie dĂ©cisive qui allait s'engager la France ne pourrait pas jouer savait que le marxisme avait dĂ©jĂ Ă©chouĂ©. Mais il ne voulait pas pour autant que la France s'infĂ©odĂąt Ă quiconque, en particulier aux Ătats-Unis. C'est la raison pour laquelle, tout en tournant le dos Ă l'antiamĂ©ricanisme qui lui paraissait absurde, il entreprit en mĂȘme temps de faire franchir Ă l'Europe un pas encore, Ă cĂŽtĂ© de la question des moyens, c'Ă©tait la question de la civilisation qui Ă©tait pensait que la crise de la civilisation Ă©tait d'abord celle du matĂ©rialisme et qu'entre les deux matĂ©rialismes qui prĂ©tendaient se partager le monde, l'Europe avait son rĂŽle Ă jouer pour faire prĂ©valoir une autre idĂ©e de l' nouvel humanisme qu'il appelait de ses vux pour conjurer la crise intellectuelle et morale, seule Ă ses yeux, l'Europe Ă©tait capable de l' acte de foi dans la culture europĂ©enne allait donner Ă son analyse gĂ©opolitique de la nĂ©cessitĂ© de l'Europe une force qui allait lui permettre de vaincre bien des choix de l'Europe, ce fut celui de l'entrĂ©e de l'Angleterre dans la communautĂ© choix de l'Europe, ce furent les premiers pas de l'Union MonĂ©taire Ă laquelle Georges Pompidou apporta un soutien dĂ©cisif et qui devait se concrĂ©tiser vingt ans plus fit aussi le choix de la MĂ©diterranĂ©e, vers laquelle toute sa culture l'incitait Ă tourner ses regards, en poursuivant la politique que le GĂ©nĂ©ral De Gaulle avait engagĂ©e vis-Ă -vis du monde arabe. Il savait que le sort de la France et de l'Europe se jouait aussi sur ses rivages oĂč il s'Ă©tait jouĂ© durant des par delĂ la MĂ©diterranĂ©e, il tendit la mĂȘme main fraternelle que le fondateur de la Ve RĂ©publique Ă l'Afrique d'HouphouĂ«t Boigny et de Senghor. Prudence et obstination », Ă©crira Ă son propos Ă la une du Monde, Viansson-PontĂ©, le lendemain de sa mort. Prudence et obstination », ce n'Ă©tait pas seulement son caractĂšre, c'Ă©tait la ligne qu'il s'Ă©tait fixĂ©e pour parvenir aux buts qu'il s'Ă©tait avait dit Les peuples faciles Ă gouverner sont des peuples qui pensent peu ». Il savait que le peuple français est un peuple qui pense beaucoup et qui est donc difficile Ă croyait Ă la nĂ©cessitĂ© d'ĂȘtre ferme sans jamais choisir la voie de la brutalitĂ© et de la violence. C'est ce qu'il avait fait en Mai 68 quand son autoritĂ© naturelle permit d'Ă©viter le art de gouverner fut une leçon de politique. Il ne fit pas tout ce qu'il voulait. Il fit plus que la plupart des hommes d'Ătat qui dans l'Histoire voulurent que la France puisse Ă©pouser son temps. Prudence et obstination », certes mais hauteur de vue. Prudence et obstination », assurĂ©ment mais au service d'un grand dessein. Il en eut principaux atouts d'aujourd'hui, et pas seulement le TGV, le nuclĂ©aire, ou Airbus, ont Ă©tĂ© forgĂ©s Ă cette Ă©poque dans une synthĂšse entre la plus belle tradition rĂ©publicaine, celle du savoir et du mĂ©rite, et la plus profonde volontĂ© rĂ©formatrice. Qu'avons-nous fait depuis 40 ans de cet hĂ©ritage ? Serons-nous capables d'opĂ©rer Ă nouveau cette synthĂšse fĂ©conde entre tradition et modernitĂ©, entre l'initiative privĂ©e et un Ătat entrepreneur ?Dans son premier message au Parlement, le tout nouveau PrĂ©sident de la RĂ©publique avait dit Face Ă une contestation purement nĂ©gative, un conservatisme condamnĂ© d'avance Ă l'Ă©chec, c'est par l'action et le mouvement que peut se construire l'avenir ».Jamais peut-ĂȘtre depuis lors ces mots n'ont de nouveau sonnĂ© aussi avait dit Je veux ĂȘtre un PrĂ©sident qui gouverne ». Il avait gouvernĂ© et rĂ©ussi Ă succĂ©der au GĂ©nĂ©ral De Gaulle, ce qui paraissait ceux qui avaient prĂ©dit que les institutions de la Ve RĂ©publique ne survivraient pas Ă leur fondateur, il avait apportĂ© le dĂ©menti de sa tranquille 1959, il avait rĂ©pondu au questionnaire de Proust Quel est votre vertu favorite ?La est votre qualitĂ© prĂ©fĂ©rĂ©e chez l'homme ?La est votre idĂ©e du bonheur ? Au coin du feu le soir auprĂšs d'une Ăąme aimĂ©e ».On lui a fait dire beaucoup de choses qu'il n'avait pas dites. On n'a pas vu tout ce qu'il avait fait pour prĂ©parer l' comprenait la vie parce qu'il l' savait mieux que personne qu'elle n'Ă©tait pas blanche ou noire, qu'elle pouvait ĂȘtre tragique. Mais il avait dĂ©cidĂ© de l'aimer quand mĂȘme et quand pointait le dĂ©sespoir, il y avait toujours la poĂ©sie ou l'Ăąme POMPIDOU aimait profondĂ©ment la France et les Français le lui ont bien rendu ils l'ont respectĂ©, ils l'ont admirĂ©. Et enfin ils l'ont aimĂ© Ă leur la RĂ©publique !Vive la France !
GrĂąceĂ lui, Chirac va gravir les marches du pouvoir. Ă 34 ans, il revient Ă Paris pour se mettre au service de Pompidou, en tant que jeune secrĂ©taire d'Ătat aux
Voici 46 cas, autant de situations diffĂ©rentes et souvent dramatiques. Perdre la vie, perdre une bataille ou une place enviĂ©e, perdre un combat idĂ©ologique, perdre la confiance du peuple ou dâun partenaire essentiel, perdre la face et lâhonneur. Perdre parce quâon est faible ou quâon se croit trop fort, perdre par malchance, par injustice ou par la force des choses et du sens de lâHistoire Louis XVI sous la RĂ©volution. Perdre individuellement, mais aussi en groupe les femmes, les Templiers, les Girondins sous la RĂ©volution, les canuts de Lyon, la Commune de Paris. Certains cas semblent anecdotiques ou paradoxaux â nous assumons, avec des arguments. MalgrĂ© tout, ces perdantes et perdants sont honorĂ©s Ă des titres divers. Aux grands hommes, la patrie reconnaissante » le PanthĂ©on leur fait place. Ils se retrouvent ici et lĂ statufiĂ©s ou sâinscrivent dans la toponymie de nos rues, nos places, notre environnement quotidien. Ils figurent dans les livres dâhistoire et les dictionnaires, renaissent dans des Ćuvres de fiction littĂ©raire, théùtrale, lyrique. La sanctification honore volontiers les femmes, Blandine, GeneviĂšve, Jeanne dâArc. Parfois, les perdants font Ă©cole, crĂ©ant un courant dâidĂ©es, une thĂ©orie, voire une religion qui change le monde â JĂ©sus-Christ, lâexemple incroyable mais vrai ». Autant de qui perd gagne » permettant une revanche posthume. On peut en tirer une petite philosophie de lâHistoire et rĂ©flĂ©chir au travail de mĂ©moire dont on parle tant. Câest le but de nos Ă©ditos et la preuve que les citations bien choisies se rĂ©vĂšlent toujours utiles. Câest aussi lâoccasion de dĂ©mentir deux personnages exceptionnellement rĂ©unis Ă la fin, il nây a que la mort qui gagne. » 2980Charles de GAULLE 1890-1970, citant volontiers ce mot de STALINE dans ses MĂ©moires de guerre.Toutes les citations numĂ©rotĂ©es sont comme toujours tirĂ©es de notre Histoire en citations Honneur aux perdants, retrouvez nos quatre Ă©ditos De la Gaule aux guerres de Religion Du rĂšgne dâHenri IV Ă la RĂ©volution De lâEmpire Ă la DeuxiĂšme RĂ©publique De la TroisiĂšme RĂ©publique Ă nos jours IV. De la TroisiĂšme RĂ©publique Ă nos jours LOUISE MICHEL ET LA COMMUNE DE PARIS RĂ©volution manquĂ©e, incarnĂ©e par la Vierge rouge » et des socialistes plus ou moins utopistes et radicaux dont les idĂ©es vont nourrir nombre de rĂ©formes Ă venir. Suite Ă la tragique rĂ©pression, la mĂ©moire de la Semaine sanglante » marquera les gĂ©nĂ©rations de gauche. Faisons la rĂ©volution dâabord, on verra ensuite. »2330 Louise MICHEL 1830-1905. LâĂpopĂ©e de la rĂ©volte le roman vrai dâun siĂšcle dâanarchie 1963, Gilbert Guilleminault, AndrĂ© MahĂ© Câest lâhĂ©roĂŻne la plus populaire de cette page dâhistoire ex-institutrice, fĂ©ministe, militante rĂ©publicaine et anarchiste, surnommĂ©e la Vierge rouge », elle appelle Ă lâinsurrection les quartiers rouges » de la capitale, ceux qui font toujours peur aux bourgeois Montmartre, Belleville, ĂŽ lĂ©gions vaillantes, / Venez, câest lâheure dâen finir. / Debout ! La honte est lourde et pesantes les chaĂźnes, / Debout ! Il est beau de mourir. » On la voit sur les barricades dĂšs les premiers jours du soulĂšvement de Paris cause perdue dâavance, rĂ©volution sans espoir, utopie dâun Paris libre dans une France libre » ? En tout cas, rien de moins prĂ©mĂ©ditĂ© que ce mouvement qui Ă©chappe Ă ceux qui tentent de le diriger, au nom dâidĂ©aux dâailleurs contradictoires. Au nom du peuple, la Commune est proclamĂ©e ! »2363 Gabriel RANVIER 1828-1879, place de lâHĂŽtel-de-Ville, DĂ©claration du 28 mars 1871. Histoire socialiste, 1789-1900, volume XI, La Commune, Louis Dubreuilh, sous la direction de Jean JaurĂšs 1908 Ranvier est maire de Belleville, ouvrier peintre dĂ©corateur et disciple de Blanqui - lâĂ©ternel insurgĂ©. Les Ă©lections municipales du 26 mars nâont mobilisĂ© que la moitiĂ© des Parisiens 230 000 votants, trĂšs majoritairement de gauche, beaucoup de gens des beaux quartiers ayant fui la capitale 18 Ă©lus bourgeois » refuseront de siĂ©ger Ă cĂŽtĂ© des 72 rĂ©volutionnaires, jacobins, proudhoniens, blanquistes, socialistes, internationaux. Comment dĂ©finir cette Commune ? Un conseil municipal de gauche, un contre-gouvernement Ă©lu, provisoire et rival de celui de Versailles, un exemple devant servir de modĂšle Ă la France ? La Commune de Paris se veut tout Ă la fois, mais ne vivra pas deux mois. Paris ouvrait Ă une page blanche le livre de lâhistoire et y inscrivait son nom puissant ! »2364 ComitĂ© central de la garde nationale, Proclamation du 28 mars 1871. Histoire du socialisme 1879, BenoĂźt Malon En prĂ©sence de 200 000 Parisiens, le comitĂ© central de la garde nationale sâefface devant la Commune, le jour de sa proclamation officielle. Le lyrisme sâaffiche Aujourdâhui il nous a Ă©tĂ© donnĂ© dâassister au spectacle populaire le plus grandiose qui ait jamais frappĂ© nos yeux, qui ait jamais Ă©mu notre Ăąme. » Le mouvement sâĂ©tend Ă quelques villes Lyon, Marseille, Narbonne, Toulouse, Saint-Ătienne. La rĂ©volution sera la floraison de lâhumanitĂ© comme lâamour est la floraison du cĆur. »2365 Louise MICHEL 1830-1905, La Commune, Histoire et souvenirs 1898 Un quart de siĂšcle aprĂšs, elle fait revivre ces souvenirs vibrants et tragiques. Face aux Communards ou FĂ©dĂ©rĂ©s, les Versaillais se prĂ©parent, troupes commandĂ©es par les gĂ©nĂ©raux Mac-Mahon et Vinoy. En plus des 63 500 hommes dont lâĂtat dispose, il y a les 130 000 prisonniers libĂ©rĂ©s par Bismarck â hostile Ă tout mouvement populaire Ă tendance rĂ©volutionnaire. Le 30 mars, Paris est pour la seconde fois ville assiĂ©gĂ©e, bombardĂ©e, et Ă prĂ©sent par des Français. Premiers affrontements, le 2 avril bataille de Courbevoie. Les FĂ©dĂ©rĂ©s ou Communards tentent une sortie de Paris pour marcher sur Versailles oĂč lâAssemblĂ©e nationale sâest repliĂ©e, mais sont arrĂȘtĂ©s par le canon du Mont ValĂ©rien, fort stratĂ©gique investi par les Versaillais depuis le 21 mars les rĂȘveurs de la Commune qualifient les obus qui les Ă©crasent de choses printaniĂšres » ! 17 tuĂ©s dont les 5 premiers fusillĂ©s de la Commune et 25 prisonniers chez les FĂ©dĂ©rĂ©s. Dans lâarmĂ©e versaillaise, 5 morts et 21 blessĂ©s. Nous avons la mission dâaccomplir la rĂ©volution moderne la plus large et la plus fĂ©conde de toutes celles qui ont illuminĂ© lâhistoire. »2369 La Commune, DĂ©claration au peuple français, 19 avril 1871. EnquĂȘte parlementaire sur lâinsurrection du 18 mars 1872, Commission dâenquĂȘte sur lâinsurrection du 18 mars, comte NapolĂ©on Daru La Commune ne fait pas que se dĂ©fendre et attaquer. Elle gouverne Paris et prend des mesures importantes qui prĂ©figurent lâĆuvre de la TroisiĂšme RĂ©publique sĂ©paration des Ăglises et de lâĂtat, instruction laĂŻque, gratuite et obligatoire en projet. Elle est socialiste quand elle communalise » par dĂ©cret du 16 avril les ateliers abandonnĂ©s par les fabricants en fuite, pour en donner la gestion Ă des coopĂ©ratives formĂ©es par les Chambres syndicales ouvriĂšres. Ce qui fait Ă©crire Ă Karl Marx, lâannĂ©e mĂȘme CâĂ©tait la premiĂšre rĂ©volution dans laquelle la classe ouvriĂšre Ă©tait ouvertement reconnue comme la seule qui fĂ»t encore capable dâinitiatives sociales » La Guerre civile en France. Paris sera soumis Ă la puissance de lâĂtat comme un hameau de cent habitants. »2373 Adolphe THIERS 1797-1877, DĂ©claration du 15 mai 1871. La Commune 1904, Paul et Victor Margueritte Ces mots plusieurs fois rĂ©pĂ©tĂ©s annoncent la Semaine sanglante du 22 au 28 mai. Le chef du gouvernement amasse toujours plus de troupes aux portes de Paris, espĂ©rant sans trop y croire que ses menaces feront cĂ©der les Communards. Puisquâil semble que tout cĆur qui bat pour la libertĂ© nâait droit quâĂ un peu de plomb, jâen rĂ©clame ma part, moi ! Si vous nâĂȘtes pas des lĂąches, tuez-moi ! »2375 Louise MICHEL 1830-1905. Histoire de ma vie 2000, Louise Michel, XaviĂšre Gauthier La Vierge rouge se retrouve sur les barricades, fusil sur lâĂ©paule. Paris est reconquis, rue par rue, et incendiĂ©. La derniĂšre barricade des FĂ©dĂ©rĂ©s, rue Ramponeau, tombe le 28 mai 1871. Ă 15 heures, toute rĂ©sistance a cessĂ©. Le bon Dieu est trop Versaillais. »2378 Louise MICHEL 1830-1905, La Commune, Histoire et souvenirs 1898 Elle tĂ©moigne de lâinĂ©vitable victoire des Versaillais, vu lâinĂ©galitĂ© des forces et de lâorganisation. Bilan de la Semaine sanglante, du 22 au 28 mai 1871 au moins 20 000 morts chez les insurgĂ©s, 35 000 selon Rochefort. De son cĂŽtĂ©, lâarmĂ©e bien organisĂ©e des Versaillais a perdu moins de 900 hommes, depuis avril. Les journalistes, unanimes, condamnent la rĂ©pression. La Seine est devenue un fleuve de sang. Dans Le SiĂšcle, on Ă©crit Câest une folie furieuse. On ne distingue plus lâinnocent du coupable. » Et dans Paris-Journal du 9 juin Câest au bois de Boulogne que seront exĂ©cutĂ©s Ă lâavenir les gens condamnĂ©s par la cour martiale. Toutes les fois que le nombre des condamnĂ©s dĂ©passera dix hommes, on remplacera par une mitrailleuse le peloton dâexĂ©cution. » 3 500 insurgĂ©s sont fusillĂ©s sans jugement dans Paris, prĂšs de 2 000 dans la cour de prison de la Roquette, plusieurs centaines au cimetiĂšre du PĂšre-Lachaise câest le mur des FĂ©dĂ©rĂ©s », de sinistre mĂ©moire. Il y aura 400 000 dĂ©nonciations Ă©crites â sur 2 millions de Parisiens, ce fort pourcentage de dĂ©lateurs montre assez la haine accumulĂ©e. On ne peut pas tuer lâidĂ©e Ă coups de canon ni lui mettre les poucettes [menottes]. »2381 Louise MICHEL 1830-1905, La Commune, Histoire et souvenirs 1898 CondamnĂ©e, dĂ©portĂ©e en Nouvelle-CalĂ©donie, amnistiĂ©e en 1880, elle reviendra en France pour continuer le combat en militante. Le cadavre est Ă terre, mais lâidĂ©e est debout », dit Hugo Ă propos de la Commune. La force des idĂ©es est lâune des leçons de lâhistoire, la Commune en est lâillustration, malgrĂ© la confusion des courants qui lâanimĂšrent. Un chant y est nĂ©, porteur dâune idĂ©e qui fera le tour du monde et en changera le cours, câest LâInternationale Debout ! Les damnĂ©s de la terre ! / Debout ! Les forçats de la faim ! ⊠Câest la lutte finale ; / Groupons-nous et demain / LâInternationale / Sera le genre humain. » Paroles dâEugĂšne Pottier, mises en musique par Pierre Degeyter. [La Commune] fut dans son essence, elle fut dans son fond la premiĂšre grande bataille rangĂ©e du Travail contre le Capital. Et câest mĂȘme parce quâelle fut cela avant tout [âŠ] quâelle fut vaincue et que, vaincue, elle fut Ă©gorgĂ©e. »2384 Jean JAURĂS 1859-1914, Histoire socialiste, 1789-1900, volume XI, La Commune, Louis Dubreuilh 1908 JaurĂšs, qui dirige ce travail en 13 volumes juge Ă la fois en historien et en socialiste. Homme politique, il sera toujours du cĂŽtĂ© du Travail et des travailleurs. Nâexcluant pas le recours Ă la force insurrectionnelle malgrĂ© son pacifisme, il aurait sans doute Ă©tĂ© Communard. Le Paris ouvrier, avec sa Commune, sera cĂ©lĂ©brĂ© Ă jamais comme le glorieux fourrier dâune sociĂ©tĂ© nouvelle. Ses martyrs seront enclos dans le grand cĆur de la classe ouvriĂšre. »2385 Karl MARX 1818-1883, La Guerre civile en France 1871 Hommage du militant rĂ©volutionnaire, mĂȘme si le thĂ©oricien socialiste Ă©mit de nombreuses rĂ©serves ! Le mouvement ouvrier français restera marquĂ© par les consĂ©quences de la Commune vide dans le rang de ses militants, haine des victimes contre les bourreaux, force du mythe qui sâattache Ă jamais au nom de la Commune. ADOLPHE THIERS RĂ©publicain de la premiĂšre heure et longtemps condamnĂ© Ă lâopposition malgrĂ© son goĂ»t du pouvoir, il rate de peu la prĂ©sidence sous la TroisiĂšme RĂ©publique et reste impopulaire dans lâhistoire pour sa rĂ©pression de la Commune. Double injustice rĂ©parĂ©e par quelques historiens. Faisons donc la RĂ©publique, la RĂ©publique honnĂȘte, sage, conservatrice. »2060 Adolphe THIERS 1797-1877, Manifeste de M. Thiers. Portraits historiques 1883, H. Draussin Apparition dâun homme politique qui va faire carriĂšre jusque sous la TroisiĂšme RĂ©publique. Pour lâheure, Louis Adolphe Thiers est un jeune avocat qui a frĂ©quentĂ© les milieux libĂ©raux et collaborĂ© au Constitutionnel. En janvier 1830, il crĂ©e un autre journal dâopposition orlĂ©aniste, Le National. Il dĂ©fend une monarchie constitutionnelle de type anglais et sâoppose aux Doctrinaires, Guizot et Royer-Collard pour qui le trĂŽne nâest pas un fauteuil vide ». Ces dĂ©bats agitent lâopinion. La Charte revue et corrigĂ©e, approuvĂ©e le 7 aoĂ»t 1830 par une majoritĂ© de dĂ©putĂ©s 219 contre 33, mais plus de 200 absents, reconnaĂźt certes la libertĂ© de la presse, lâabolition de la censure, lâinitiative des lois Ă la Chambre, la suppression des justices dâexception, tandis que le catholicisme nâest plus religion dâĂtat. Mais lâon se retrouve quand mĂȘme en monarchie. Le 9 aoĂ»t, le duc dâOrlĂ©ans prĂȘte serment sur la Charte et devient Louis-Philippe Ier, roi des Français et non plus roi de France. Thiers va cautionner cette monarchie constitutionnelle, comme le trĂšs rĂ©publicain La Fayette qui sây est ralliĂ©. Ministre de Louis-Philippe Ă plusieurs reprises, Thiers tentera de sauver le rĂ©gime en 1848. La RĂ©publique est le gouvernement qui nous divise le moins. »2201 Adolphe THIERS 1797-1877, AssemblĂ©e lĂ©gislative, 13 fĂ©vrier 1850. LâEmpire libĂ©ral Louis-NapolĂ©on et le coup dâĂ©tat 1897, Ămile Ollivier Le parti de lâOrdre est au pouvoir et cette majoritĂ© satisfait ou rassure, sous cette DeuxiĂšme RĂ©publique. Mais Thiers se mĂ©fie bientĂŽt de Louis-NapolĂ©on devenu prĂ©sident de cette RĂ©publique, avant dâinstaurer le Second Empire suite Ă un coup dâĂtat. Thiers se retrouve dans lâopposition rĂ©publicaine et se fait remarquer pour sa dĂ©fense des libertĂ©s, puis son hostilitĂ© Ă la guerre franco-allemande. Pacifier, rĂ©organiser, relever le crĂ©dit, ranimer le travail, voilĂ la seule politique possible et mĂȘme concevable en ce moment. »2355 Adolphe THIERS 1797-1877, prĂ©sentant son ministĂšre et son programme Ă lâAssemblĂ©e, Bordeaux, 19 fĂ©vrier 1871. Questions ouvriĂšres et industrielles en France sous la TroisiĂšme RĂ©publique 1907, Pierre Ămile Levasseur 1871 annĂ©e de tous les pouvoirs et tous les dangers pour cet homme de 74 ans, Ă©lu dĂ©putĂ© par 26 dĂ©partements Ă la fois et devenu chef du pouvoir exĂ©cutif de la RĂ©publique », le 17 fĂ©vrier. Lourde tĂąche, dans une France vaincue et dĂ©chirĂ©e. En vieux routier de la politique, Thiers sâengage Ă respecter la trĂȘve des partis et Ă diffĂ©rer toute discussion sur la forme du rĂ©gime et la Constitution. Son programme prend le nom de Pacte de Bordeaux. Mais la guerre civile va de nouveau bouleverser le pays et dĂ©jouer tous les plans politiques. Il nây a quâune solution radicale qui puisse sauver le pays il faut Ă©vacuer Paris. Je nâabandonne pas la patrie, je la sauve ! »2361 Adolphe THIERS 1797-1877, aux ministres de son gouvernement, 18 mars 1871. Histoire de la France et des Français 1972, AndrĂ© Castelot, Alain Decaux Thiers a dĂ©cidĂ© dâen finir avec la Commune et la Terreur qui sâorganise dans Paris, affolant une France majoritairement monarchiste et fondamentalement bourgeoise. Ordre est donnĂ© de dĂ©sarmer les quelque 200 000 gardes nationaux organisĂ©s en FĂ©dĂ©ration et de rĂ©cupĂ©rer les 227 canons qui ont servi Ă la dĂ©fense de Paris contre les Prussiens, Ă prĂ©sent regroupĂ©s Ă Montmartre et Belleville, quartiers populaires. Les 4 000 soldats font leur devoir sans enthousiasme. La foule, les femmes surtout sâinterposent. Deux gĂ©nĂ©raux, lâun chargĂ© de lâopĂ©ration, lâautre Ă la retraite, mais reconnu, sont arrĂȘtĂ©s, traĂźnĂ©s au ChĂąteau rouge ancien bal de la rue Clignancourt, devenu quartier gĂ©nĂ©ral des FĂ©dĂ©rĂ©s, blessĂ©s, puis fusillĂ©s Lecomte et Thomas. Clemenceau, maire du XVIIIe arrondissement et tĂ©moin, est atterrĂ©. On ne connaĂźtra jamais les responsables de cette exĂ©cution sommaire leur nom est la foule » Georges Duby. Câest lâĂ©tincelle qui met le feu Ă Paris, insurgĂ© en quelques heures. Thiers renonce Ă rĂ©primer lâĂ©meute â il dispose de 30 000 soldats face aux 150 000 hommes de la garde nationale et il nâest mĂȘme pas sĂ»r de leur fidĂ©litĂ©. Il abandonne Paris au pouvoir de la rue et regagne Versailles, ordonnant Ă lâarmĂ©e et aux corps constituĂ©s dâĂ©vacuer la place. Câest la premiĂšre journĂ©e de la Commune au sens dâinsurrection la tragĂ©die va durer 72 jours. Elle se termine par la Semaine sanglante du 22 au 28 mai. La presse dĂ©nonce la sauvagerie de la rĂ©pression, mais Thiers gagne en popularitĂ© auprĂšs des Français pour ce rĂ©tablissement de lâordre devenu indispensable. Lâheure de gloire semble enfin arrivĂ©e pour le vieux RĂ©publicain. Chef, câest un qualificatif de cuisinier ! »2418 Adolphe THIERS 1797-1877. Histoire de la France et des Français 1972, AndrĂ© Castelot, Alain Decaux Le petit homme, surnommĂ© Foutriquet pour sa houppe de cheveux et son mĂštre cinquante-cinq, troque son titre de chef du pouvoir exĂ©cutif pour celui, plus prestigieux, de prĂ©sident de la RĂ©publique autoproclamĂ©, le 31 aoĂ»t 1871, tandis que lâAssemblĂ©e se proclame Constituante câest la loi Rivet dĂ©putĂ© de centre gauche, ami de Thiers. Rappelons que la tĂąche institutionnelle avait sagement Ă©tĂ© remise Ă plus tard, en fĂ©vrier 1871. Profitant de son prestige, le libĂ©rateur du territoire » sâimpose, aussi conservateur que rĂ©publicain, soutenu par Gambetta lui-mĂȘme, rĂ©publicain dâextrĂȘme gauche Ă la tĂȘte de lâUnion rĂ©publicaine. La RĂ©publique existe, elle est le gouvernement lĂ©gal du pays, vouloir autre chose serait une nouvelle rĂ©volution et la plus redoutable de toutes. »2422 Adolphe THIERS 1797-1877, Discours de rentrĂ©e parlementaire, 13 novembre 1872. Discours parlementaires de M. Thiers 1872-1877 posthume, 1883 Il veut dĂ©fendre sa » RĂ©publique qui nâest toujours quâun rĂ©gime provisoire. Il rappelle que câest le rĂ©gime qui nous divise le moins » autre idĂ©e opportuniste » et met en garde les monarchistes, majoritaires de lâAssemblĂ©e. La RĂ©publique sera conservatrice ou elle ne sera pas. » Il prĂȘche toujours pour sa paroisse, en lâoccurrence sa personne. Et dâinsister Tout gouvernement doit ĂȘtre conservateur et nulle sociĂ©tĂ© ne pourrait vivre sans un gouvernement qui ne le serait point. » Il vise alors les rĂ©publicains avancĂ©s de lâAssemblĂ©e. Câest la tactique classique du un coup Ă droite, un coup Ă gauche ». Fort de son autoritĂ©, Thiers veut rassurer le pays et pour faire la RĂ©publique, jouer lâalliance des rĂ©publicains modĂ©rĂ©s et des orlĂ©anistes, contre les extrĂȘmes lĂ©gitimistes ultras inconditionnels du drapeau blanc et nostalgiques de la Commune rĂ©volutionnaire. Le conflit va Ă©clater quelques mois plus tard. Il faut tout prendre au sĂ©rieux, mais rien au tragique. »2427 Adolphe THIERS 1797-1877, Discours Ă la Chambre des dĂ©putĂ©s, 24 mai 1873. Annales de lâAssemblĂ©e nationale, volume XVIII 1873, AssemblĂ©e nationale ContestĂ© pour son parti pris rĂ©publicain par les monarchistes majoritaires, Thiers a perdu son droit de parole Ă lâAssemblĂ©e prĂ©sident de la RĂ©publique, il ne peut plus sâexprimer que par un message lu, ne donnant lieu Ă aucune discussion loi de Broglie, du 13 mars. Il se conforme Ă ce cĂ©rĂ©monial chinois ». La veille, de Broglie lâa interpellĂ© sur la nĂ©cessitĂ© de dĂ©fendre lâ ordre moral », des dĂ©putĂ©s royalistes lui demandant de faire prĂ©valoir une politique rĂ©solument conservatrice ». Le 24 mai au matin, avant la sĂ©ance Ă la Chambre, il rĂ©affirme sa position rĂ©publicaine La monarchie est impossible il nây a quâun trĂŽne, et on ne peut lâoccuper Ă trois ! » Outre le comte de Paris et le comte de Chambord, il y a encore le prince impĂ©rial, fils de NapolĂ©on III. LâaprĂšs-midi, en son absence, par 360 voix contre 334, lâAssemblĂ©e vote un blĂąme contre Thiers. Il offre sa dĂ©mission. Il nây est pas obligĂ©, mais il est sĂ»r quâon le rappellera et sa position en sera renforcĂ©e. Le soir, sa lettre est lue Ă lâAssemblĂ©e qui procĂšde aussitĂŽt Ă lâĂ©lection du nouveau prĂ©sident. La gauche sâabstient⊠et le marĂ©chal Mac-Mahon, candidat des royalistes, est Ă©lu. Thiers a jouĂ©, et perdu. Saluons son humour devenu proverbe Il faut tout prendre au sĂ©rieux, mais rien au tragique. » La RĂ©publique, câest la nĂ©cessitĂ©. »2455 Adolphe THIERS 1797-1877. Discours parlementaires de M. Thiers 1872-1877 posthume, 1883 Dernier message du vieux rĂ©publicain. Il meurt le 3 septembre 1877. Sa famille refuse les obsĂšques officielles. Mais 384 villes sont reprĂ©sentĂ©es et une foule estimĂ©e Ă un million assiste Ă ses funĂ©railles parisiennes. LâĂ©motion nationale atteste Ă la fois lâimmense prestige du petit homme et son incontestable rĂ©ussite son ralliement Ă la RĂ©publique a su rallier le pays Ă ce rĂ©gime et rĂ©concilier les Français avec les rĂ©publicains. Le presse tĂ©moigne de sa popularitĂ©. Ce vieillard, dont lâhistoire Ă©tait celle du pays depuis prĂšs de soixante ans, apparaissait dĂ©jĂ comme un personnage lĂ©gendaire et, cependant, avec le passĂ©, il reprĂ©sentait pour nous, pour la France rĂ©publicaine et libĂ©rale, un avenir long et utile⊠Il avait encore des services Ă rendre, des conseils Ă donner, des hommes Ă Ă©clairer ; sa grande expĂ©rience, sa clairvoyance inaltĂ©rable, sa passion du bien public donnaient Ă ses avis une autoritĂ© tout Ă fait unique ». Journal Le Temps, 5 septembre 1877, rĂ©sumant la carriĂšre de Thiers LâimpopularitĂ© viendra plus tard, par ignorance de lâhistoire certes complexe qui a prĂ©cĂ©dĂ© lâavĂšnement de la TroisiĂšme RĂ©publique et par le culte de la Commune qui ne va cesser de grandir. En 1990, lâhistorien François Roth rĂ©sume bien Il faut dĂ©barrasser la mĂ©moire de Thiers des lĂ©gendes qui lâobscurcissent. La plupart de ses contemporains lâont portĂ© aux nues et nâont pas tari dâĂ©loges sur lâillustre nĂ©gociateur », sur lâĂ©minente sagesse de lâillustre homme dâĂtat ». Les historiens du dĂ©but du [XXe] siĂšcle ont baissĂ© un peu le ton tout en lâapprouvant. Puis un courant dâopinion amorcĂ© par les ouvrages dâHenri Guillemin lâa rejetĂ©. Pour les insurgĂ©s de 1968 et les cĂ©lĂ©brants intellectuels du centenaire de la Commune, le cas de Thiers nâest mĂȘme plus plaidable [âŠ] Il faut toujours revenir au contexte de fĂ©vrier 1871. Avec ce qui restait dâarmĂ©e, la reprise de la guerre Ă©tait une totale illusion. [âŠ] Thiers a Ă©tĂ© suivi, la mort dans lâĂąme, par lâimmense majoritĂ© de ses compatriotes. » La Guerre de 70, Fayard, 1990. Je nâaimais pas ce roi des prudâhommes. Nâimporte ! comparĂ© aux autres, câest un gĂ©ant. »2456 Gustave FLAUBERT 1821-1880, Ă la mort de Thiers, Correspondance 1893 ⊠et puis il avait une vertu rare le patriotisme. Personne nâa rĂ©sumĂ© comme lui la France, de lĂ lâimmense effet de sa mort. » Flaubert, un an plus tĂŽt, sâexclamait pourtant Rugissons contre M. Thiers ! Peut-on voir un plus triomphant imbĂ©cile, un croĂ»tard plus abject, un plus Ă©troniforme bourgeois ! Non, rien ne peut donner lâidĂ©e du vomissement que mâinspire ce vieux melon diplomatique, arrondissant sa bĂȘtise sur le fumier de la bourgeoisie ! Il me semble Ă©ternel comme la mĂ©diocritĂ© ! » Cet hommage posthume et du bout de la plume prendra encore plus de valeur par la suite le personnel politique de la TroisiĂšme RĂ©publique fut â sauf exceptions â dâune grande mĂ©diocritĂ©. CLEMENT ADER Inventeur tout terrain, la TroisiĂšme RĂ©publique ne lâa pas soutenu au mĂȘme titre que dâautres noms. Il reste quand mĂȘme dans la mĂ©moire collective comme le premier aviateur de lâhistoire. Ils mâont Ă©tranglĂ© avec la cravate. »2537 ClĂ©ment ADER 1841-1925. Lettre ouverte Ă mon grand-pĂšre qui avait le tort dâavoir raison 1995, Marcel Jullian Câest le pionnier de lâaviation avec le premier vol au monde dâun mĂštre de haut et cinquante de long sur Ăole I, petit monomoteur, en octobre 1890. Une nouvelle dĂ©monstration au camp de Satory en 1897 Ă©choue en raison dâun vent violent et le ministre de la Guerre ne donne pas suite Ă sa commande. LâingĂ©nieur et inventeur par ailleurs touche-Ă -tout renonce en 1903, dĂ©couragĂ© par lâincomprĂ©hension des politiques. Il a ce mot bien plus tard, quand on veut le consoler avec la cravate » en le nommant commandeur de la LĂ©gion dâhonneur. Louis BlĂ©riot vengera Ader en traversant la Manche en avion juillet 1909 et Roland Garros, la MĂ©diterranĂ©e septembre 1913. Le vol des oiseaux et des insectes mâa toujours prĂ©occupé⊠Jâavais essayĂ© tous les genres dâailes dâoiseaux, de chauve-souris et dâinsectes, disposĂ©es en ailes battantes, ou ailes fixes avec hĂ©lice⊠je dĂ©couvris lâimportante courbe universelle du vol ou de sustentation. » ClĂ©ment ADER 1841-1925, LâAĂ©roplane Ăole, 1893 Il consacra une partie de sa vie Ă la rĂ©alisation dâun rĂȘve dâenfant faire voler un plus lourd que lâair autopropulsĂ© ». Ses travaux et recherches pour y parvenir coĂ»taient cher. Il trouva dâabord un parrain Ă la fois gĂ©nĂ©reux et avisĂ©, lâhomme dâaffaires Isaac Pereire, crĂ©ateur de la banque moderne avec son frĂšre Isaac-Jacob sous le Second Empire. Pendant la guerre de 1870, employĂ© comme scientifique, ClĂ©ment Ader tente sans succĂšs de rĂ©aliser un cerf-volant capable dâemporter un homme. En 1874, il construit un planeur de neuf mĂštres dâenvergure, pesant 24 kg et capable de recevoir un moteur. Certaines photographies de son ami Nadar en tĂ©moignent. Des Ă©tudes menĂ©es au MusĂ©e de lâair et de lâespace du Bourget tendraient Ă montrer que cette machine Ă©tait capable de sâĂ©lever dans les airs. Par la suite, ayant convaincu le ministre de la Guerre de financer ses travaux, Ader aidĂ© de Ferdinand Morel, ingĂ©nieur qui dessina les plans de lâavion Chauve-souris mit au point des prototypes aux voilures inspirĂ©es dâobservations naturalistes, imitant lâaile de la chauve-souris. Ader pensait quâune fois le vol maĂźtrisĂ©, une aile rigide comme celle des oiseaux serait plus efficace et plus solide. Mais il ne fallait pas tenter de reproduire le battement des ailes dâoiseau, le concept de voilure fixe Ă©tant plus appropriĂ©. Entre 1890 et 1897, il rĂ©alisa trois appareils lâĂole, financĂ© par lui-mĂȘme, le ZĂ©phyr Ader Avion II et lâAquilon Ader Avion III subventionnĂ©s par lâĂtat. GĂNĂRAL BOULANGER Le Bravâ gĂ©nĂ©ral jouit dâune incroyable popularitĂ© qui met en danger la RĂ©publique, avant de sombrer dans le ridicule â aidĂ© par Clemenceau. Il laisse quand mĂȘme son nom au boulangisme », prĂ©curseur du populisme de plus en plus rĂ©pandu. La popularitĂ© du gĂ©nĂ©ral Boulanger est venue trop tĂŽt Ă quelquâun qui aimait trop le bruit. »2481 Georges CLEMENCEAU 1841-1929. Le Boulangisme 1946, Adrien Dansette Boulanger est imposĂ© au gouvernement le 7 janvier 1886 par les radicaux, Clemenceau en tĂȘte, avec qui les rĂ©publicains opportunistes doivent compter. Le nouveau ministre de la Guerre devient vite le bravâgĂ©nĂ©ral Boulanger » pour lâarmĂ©e, sachant se rendre populaire par diverses rĂ©formes qui amĂ©liorent lâordinaire du conscrit. Sa popularitĂ© va gagner les rangs des innombrables mĂ©contents du rĂ©gime. Le 14 juillet 1886 sera la premiĂšre apothĂ©ose de sa fulgurante ascension. Il reviendra quand le tambour battra,Quand lâĂ©tranger mânaçâra notre frontiĂšreIl reviendra et chacun le suivraPour cortĂšge il aura la France entiĂšre. »2485 Refrain populaire en lâhonneur du gĂ©nĂ©ral Revanche 1887, chanson. Le GĂ©nĂ©ral Boulanger jugĂ© par ses partisans et ses adversaires 1888, Georges Grison Le 8 juillet 1887, la foule se masse Ă la gare de Lyon pour empĂȘcher le dĂ©part de son idole. La popularitĂ© de Boulanger devenait gĂȘnante pour les rĂ©publicains opportunistes qui ont par ailleurs jaugĂ© le personnage, irresponsable et bien lĂ©ger. En mai, il a perdu son portefeuille sous le nouveau ministĂšre Rouvier. Le voilĂ expĂ©diĂ© Ă Clermont-Ferrand pour commander le 13e corps dâarmĂ©e. Mais le voilĂ aussi Ă©ligible. Dissolution, RĂ©vision, Constituante. »2492 GĂ©nĂ©ral BOULANGER 1837-1891, Mot dâordre de sa campagne Ă©lectorale, printemps 1888. Histoire politique de lâEurope contemporaine 1897, Charles Seignobos Le scandale des dĂ©corations Ă lâĂlysĂ©e a transformĂ© la vague de sentimentalitĂ© populaire en mouvement politique le boulangisme, devenu syndicat des mĂ©contents », hostile aux rĂ©publicains opportunistes au pouvoir, menace le rĂ©gime parlementaire. Il rassemble des radicaux qui veulent depuis toujours la rĂ©vision de la Constitution Rochefort, Naquet, des patriotes de droite qui ne rĂȘvent que revanche DĂ©roulĂšde, mais aussi des royalistes et des bonapartistes. Boulanger se pose en champion dâune RĂ©publique nouvelle et crĂ©e son Parti rĂ©publicain national. Clemenceau se mĂ©fie, voyant poindre un nouveau Bonaparte, et Charles Floquet, prĂ©sident du Conseil, dans son discours Ă la Chambre du 19 avril 1888, qualifie le gĂ©nĂ©ral Boulanger de manteau trouĂ© de la dictature », avant de le blesser dans un duel Ă lâĂ©pĂ©e, le 13 juillet. Pourquoi voulez-vous que jâaille conquĂ©rir illĂ©galement le pouvoir quand je suis sĂ»r dây ĂȘtre portĂ© dans six mois par lâunanimitĂ© de la France ? »2496 GĂ©nĂ©ral BOULANGER 1837-1891, rĂ©ponse aux manifestants, 27 janvier 1889. Histoire de la TroisiĂšme RĂ©publique, volume II 1963, Jacques Chastenet RĂ©ponse aux manifestants qui lui crient Ă lâĂlysĂ©e ! » et marchent vers le palais oĂč le prĂ©sident Carnot fait dĂ©jĂ ses malles ! Boulanger choisit la lĂ©galitĂ© ce 27 janvier 1889, il choisit aussi dâĂ©couter les conseils de sa maĂźtresse passionnĂ©ment aimĂ©e, Marguerite de Bonnemainsâ il ignore quâelle travaille pour la police. Cela laisse le temps au gouvernement de rĂ©agir le ministre de lâIntĂ©rieur, Ernest Constans, accuse Boulanger de complot contre lâĂtat. Craignant dâĂȘtre arrĂȘtĂ©, il fuit en Belgique. Son prestige sâeffondre. Il est mort comme il a vĂ©cu en sous-lieutenant. »2499 Georges CLEMENCEAU 1841-1929, apprenant le suicide du gĂ©nĂ©ral Boulanger sur la tombe de sa maĂźtresse Ă Ixelles Belgique, le 30 septembre 1891. Histoire de la France 1947, AndrĂ© Maurois LâĂ©pitaphe est cinglante, mais la fin du Brave GĂ©nĂ©ral » qui fit trembler la RĂ©publique est un fait divers pitoyable. Le 14 aoĂ»t, le SĂ©nat, rĂ©uni en Haute Cour de justice, lâa condamnĂ© par contumace Ă la dĂ©portation. Sa maĂźtresse, Mme de Bonnemains, meurt du mal du siĂšcle la phtisie, le 16 juillet 1891. Sur sa tombe, toujours fou dâamour, Boulanger fait graver ces mots Marguerite⊠à bientĂŽt ». Le 30 septembre, il revient se tirer une balle dans la tĂȘte, pour ĂȘtre enterrĂ© dans la mĂȘme tombe oĂč lâon gravera Ai-je bien pu vivre deux mois et demi sans toi ? » Parlez-nous de lui, grand-mĂšre,Grand-mĂšre, parlez-nous de lui ! »2500 MAC-NAB 1856-1889, Les Souvenirs du populo, chanson. Chansons du chat noir 1890, Camille Baron, Maurice Mac-Nab Parodie de la cĂ©lĂšbre chanson de BĂ©ranger, comme si Bonaparte et Boulanger Ă©taient Ă©galement sensibles au cĆur du peuple Devant la photographie / Dâun militaire Ă cheval / En habit de gĂ©nĂ©ral / Songeait une femme attendrie. / Ses quatre petits-enfants / Disaient Quel est donc cet homme ? » / Mes fils, ce fut dans le temps / Un brave gĂ©nĂ©ral comme / On nâen voit plus aujourdâhui / Son image mâest bien chĂšre ! » » Le phĂ©nomĂšne Boulanger aura durĂ© trois ans. Mais le nationalisme revanchard va lui survivre dans les milieux de droite. Il porte un nom le boulangisme. Il a surtout un hĂ©ritier, le populisme. En France, nous aurons Pierre Poujade et le poujadisme sous la QuatriĂšme RĂ©publique, Le Pen et le Front national trĂšs prĂ©sent sous la CinquiĂšme. Citons aussi Silvio Berlusconi et Matteo Salvini Italie, Donald Trump Ătats-Unis et Jair Bolsonaro BrĂ©sil. Le populisme est toujours le signe dâune dĂ©mocratie malade oĂč les hommes politiques sâadressent directement aux classes populaires, sans jouer le jeu des institutions rĂ©publicaines. Certains historiens sâintĂ©ressant Ă ce phĂ©nomĂšne ont trouvĂ© un prĂ©cĂ©dent en la personne de Louis-NapolĂ©on Bonaparte. Mais lâon doit pouvoir remonter plus avant, aussi vrai que lâHistoire se rĂ©pĂšte fatalement, pour le pire et le meilleur. CHARLES PĂGUY ChrĂ©tien mystique, politicien atypique, poĂšte Ă©corchĂ© vif, penseur engagĂ©, volontaire pour la Grande Guerre, il meurt aux premiers jours. Son nom reste, littĂ©ralement inclassable Ă lâimage de lâhomme. Lâordre, et lâordre seul, fait en dĂ©finitive la libertĂ©. Le dĂ©sordre fait la servitude. »2540 Charles PĂGUY 1873-1914, Cahiers de la Quinzaine, 5 novembre 1905 RejetĂ© de tous les groupes constituĂ©s, parce que patriote et dreyfusard, socialiste et chrĂ©tien, suspect Ă lâĂglise comme au parti socialiste, isolĂ© par son intransigeance et ignorĂ© jusquâĂ sa mort du grand public, câest lâun des rares intellectuels de lâĂ©poque Ă©chappant aux Ă©tiquettes. Voyant dâabord pour seul remĂšde au mal universel lâĂ©tablissement de la RĂ©publique socialiste universelle », il crĂ©e ses Cahiers de la Quinzaine pour y traiter tous les problĂšmes du temps, y publier ses Ćuvres et celles dâamis Romain Rolland, Julien Benda, AndrĂ© SuarĂšs. La mystique rĂ©publicaine, câest quand on mourait pour la RĂ©publique, la politique rĂ©publicaine, câest Ă prĂ©sent quâon en vit. »2556 Charles PĂGUY 1873-1914, Notre jeunesse 1910 Et lâessentiel est que [âŠ] la mystique ne soit point dĂ©vorĂ©e par la politique Ă laquelle elle a donnĂ© naissance ». Câest dire si PĂ©guy, lâhumaniste qui se voudra toujours engagĂ© jusquâĂ sa mort aux premiers jours de la prochaine guerre, doit souffrir de la politique politicienne nĂ©e sous la TroisiĂšme RĂ©publique. De plus en plus isolĂ©, il tĂ©moigne Ă la fois contre le matĂ©rialisme du monde moderne, la tyrannie des intellectuels de tout parti, les manĆuvres des politiques, la morale figĂ©e des bien-pensants. Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre !Heureux les Ă©pis mĂ»rs et les blĂ©s moissonnĂ©s ! »2588 Charles PĂGUY 1873-1914, Ăve 1914 Deux derniers alexandrins dâun poĂšme qui en compte quelque 8 000. Le poĂšte appelle de tous ses vĆux et de tous ses vers la gĂ©nĂ©ration de la revanche ». Lieutenant, il tombe Ă la tĂȘte dâune compagnie dâinfanterie, frappĂ© dâune balle au front, Ă Villeroy, le 5 septembre, veille de la bataille de la Marne. Un site lui est dĂ©diĂ©, pour faire vivre sa mĂ©moire. En exergue, une citation qui le dĂ©finit bien Il y a quelque chose de pire quâune mauvaise pensĂ©e. Câest dâavoir une pensĂ©e toute faire. » Ă mĂ©diter. JEAN MOULIN Chef de la RĂ©sistance ralliĂ© Ă de Gaulle, volontaire pour les missions difficiles, martyre panthĂ©onisĂ© avec tous les honneurs dus Ă sa mĂ©moire, câest un Nom qui symbolise lâhĂ©roĂŻsme sous la Seconde guerre. Je ne savais pas que câĂ©tait si simple de faire son devoir quand on est en danger. »2748 Jean MOULIN 1899-1943, Lettre Ă sa mĂšre et Ă sa sĆur, 15 juin 1940. Vies et morts de Jean Moulin 1998, Pierre PĂ©an Sous-prĂ©fet Ă 27 ans, chargĂ© en 1936 dâacheminer vers lâEspagne rĂ©publicaine le matĂ©riel de guerre soviĂ©tique, il est prĂ©fet dâEure-et-Loir et refusera, le 17 juin, de signer une dĂ©claration accusant de crimes de guerre les troupes coloniales engagĂ©es dans le secteur de Chartres. RĂ©voquĂ© comme franc-maçon par le gouvernement de Vichy en juillet, il rejoindra de Gaulle Ă Londres en automne. La mort ? DĂšs le dĂ©but de la guerre, comme des milliers de Français, je lâai acceptĂ©e. Depuis, je lâai vue de prĂšs bien des fois, elle ne me fait pas peur. »2785 Jean MOULIN 1899-1943. Vies et morts de Jean Moulin 1998, Pierre PĂ©an PrĂ©fet ayant refusĂ© la politique de Vichy, il rejoint Londres Ă lâautomne 1940. ParachutĂ© en France dans les Alpilles le 1er janvier 1942 comme reprĂ©sentant du gĂ©nĂ©ral de Gaulle », il a pour mission dâunifier les trois grands rĂ©seaux de rĂ©sistants de la zone sud Combat, LibĂ©ration, Franc-Tireur. RĂŽle difficile, vue lâextrĂȘme diversitĂ© des sensibilitĂ©s, tendances et courants ; action Ă haut risque quâil paiera bientĂŽt de sa vie. Pierre Brossolette qui agit dans la zone nord, lui aussi arrĂȘtĂ©, se suicidera pour ne pas livrer de secrets sous la torture. BafouĂ©, sauvagement frappĂ©, la tĂȘte en sang, les organes Ă©clatĂ©s, il atteint les limites de la souffrance humaine, sans jamais trahir un seul secret, lui qui les savait tous. »2796 Laure MOULIN 1892-1974, sĆur et collaboratrice de Jean Moulin, tĂ©moignage. AntimĂ©moires Le Miroir des limbes, volume I 1976, AndrĂ© Malraux ChargĂ© dâunifier les rĂ©seaux de la zone sud, Jean Moulin a obtenu le ralliement des communistes, particuliĂšrement prĂ©cieux par leur discipline et leur expĂ©rience de la clandestinitĂ©. Le 27 mai 1943, il crĂ©e Ă Paris le Conseil national de la RĂ©sistance CNR, mais il est livrĂ© aux Allemands le 21 juin Ă Caluire RhĂŽne, emprisonnĂ© au fort de Montluc Ă Lyon. Il meurt des suites de tortures, dans le train qui lâemmĂšne en Allemagne. Battus, brĂ»lĂ©s, aveuglĂ©s, rompus, la plupart des rĂ©sistants nâont pas parlĂ© ; ils ont brisĂ© le cercle du Mal et rĂ©affirmĂ© lâhumain, pour eux, pour nous, pour leurs tortionnaires mĂȘmes. »2718 Jean-Paul SARTRE 1905-1980, Situations II 1948 Prisonnier, libĂ©rĂ© grĂące Ă un subterfuge, Sartre lâĂ©ternel engagĂ© participe Ă la constitution dâun rĂ©seau de rĂ©sistance. ActivitĂ© clandestine Ă haut risque en France, 30 000 rĂ©sistants fusillĂ©s, plus de 110 000 dĂ©portĂ©s, dont la plupart morts dans les camps, ou Ă leur retour. Jean Moulin en fut Ă la fois le chef prĂ©sident du Conseil national de la RĂ©sistance, le hĂ©ros, le martyr et le symbole. Pauvre roi suppliciĂ© des ombres, regarde ton peuple dâombres se lever dans la nuit de juin constellĂ©e de tortures. »2797 AndrĂ© MALRAUX 1901-1976, Discours au PanthĂ©on, lors du transfert des cendres de Jean Moulin, 19 dĂ©cembre 1964. AndrĂ© Malraux et la politique LâĂȘtre et lâHistoire 1996, Dominique Villemot Le corps fut renvoyĂ© Ă Paris en juillet 1943, incinĂ©rĂ© au PĂšre-Lachaise. Ses cendres supposĂ©es telles ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es au PanthĂ©on. Cette panthĂ©onisation », reconnaissance suprĂȘme de la patrie Ă ses hĂ©ros, est lâacte final des cĂ©lĂ©brations du 20e anniversaire de la LibĂ©ration. ROBERT BRASILLACH Câest vĂ©ritablement un cas ». Peut-on lui rendre honneur ? Oui, au titre de son indiscutable talent, reconnu par ses pairs et mĂȘme par de Gaulle ! Mais le gĂ©nĂ©ral refuse sa grĂące au collaborateur et au dĂ©lateur responsable de nombreux morts durant la guerre. En finira-t-on avec les relents de pourriture parfumĂ©e quâexhale encore la vieille putain agonisante, la garce vĂ©rolĂ©e, fleurant le patchouli et la perte blanche, la RĂ©publique toujours debout sur son trottoir. Elle est toujours lĂ , la mal blanchie, elle est toujours lĂ , la craquelĂ©e, la lĂ©zardĂ©e, sur le pas de sa porte, entourĂ©e de ses michĂ©s et de ses petits jeunots, aussi acharnĂ©s que les vieux. Elle les a tant servis, elle leur a tant rapportĂ© de billets dans ses jarretelles ; comment auraient-ils le cĆur de lâabandonner, malgrĂ© les blennorragies et les chancres ? Ils en sont pourris jusquâĂ lâos. »2781 Robert BRASILLACH 1909-1945, Je suis partout, 7 fĂ©vrier 1942 Ăcrivain de talent et dâautant plus responsable, il sâest engagĂ© politiquement dans lâentre-deux-guerres avec lâAction française le mouvement et le journal, mais câest comme rĂ©dacteur en chef de Je suis partout quâil va se faire remarquer. Il prĂŽne un fascisme Ă la française ». Sa haine du Front populaire et de la RĂ©publique va de pair avec celle des juifs, notamment ceux au pouvoir, comme LĂ©on Blum et Georges Mandel nĂ© Rothschild, ex ministre et dĂ©putĂ©, dont il demande rĂ©guliĂšrement la mise Ă mort et qui sera assassinĂ© par la Milice française, en juillet 1944. Il est un autre droit que nous revendiquons, câest dâindiquer ceux qui trahissent. »2794 Robert BRASILLACH 1909-1945. La Force de lâĂąge 1960, Simone de Beauvoir La dĂ©lation est la forme la plus infĂąme, parce que la plus lĂąche de la collaboration. Ă cĂŽtĂ© des trafiquants trop contents de faire des affaires sur le marchĂ© noir, dâautres ont des raisons politiques. Faiblesse devant le vainqueur admirĂ©, calcul pour ĂȘtre du bon » cĂŽtĂ© au jour de la victoire escomptĂ©e, mais aussi et plus rarement, conviction idĂ©ologique mĂȘlant souvent anticommunisme, antisĂ©mitisme, anglophobie. Brasillach est de ce camp. PassĂ© de LâAction française Ă Je suis partout, il participe Ă la chasse aux rĂ©sistants, de plus en plus nombreux et organisĂ©s, qui se radicalise en janvier 1943 avec la Milice, police supplĂ©tive de volontaires chargĂ©s de les traquer. Le Service du travail obligatoire STO instituĂ© en fĂ©vrier va augmenter considĂ©rablement le nombre de ceux qui trahissent » pour ne pas aller travailler en Allemagne. DĂ©noncĂ©s frĂ©nĂ©tiquement par Brasillach et ses amis, la rĂ©sistance devient une activitĂ© clandestine Ă haut risque. Dans les lettres, comme en tout, le talent est un titre de responsabilitĂ©. »2821 Charles de GAULLE 1890-1970, refusant la grĂące de Robert Brasillach. MĂ©moires de Guerre, tome III, Le Salut, 1944-1946 1959, Charles de Gaulle Sur 2 071 recours prĂ©sentĂ©s, de Gaulle en acceptera 1 303. CondamnĂ© Ă mort pour intelligence avec les Allemands, Brasillach est fusillĂ© le 6 fĂ©vrier 1945. Ses convictions hitlĂ©riennes ne font aucun doute et son journal Je suis partout en tĂ©moigne abondamment. Le procĂšs est bĂąclĂ©, de nombreux confrĂšres tentent de le sauver. Mais le PC voulait la tĂȘte de lâhomme responsable de la mort de nombreux camarades et de Gaulle ne lui pardonnait pas celle de Georges Mandel, rĂ©sistant exĂ©cutĂ© par la Milice aprĂšs les appels au meurtre signĂ©s, entre autres, par Brasillach. Et ceux que lâon mĂšne au poteauDans le petit matin glacĂ©,Au front la pĂąleur des cachots,Au cĆur le dernier chant dâOrphĂ©e,Tu leur tends la main sans un mot,O mon frĂšre au col dĂ©grafĂ©. »2822 Robert BRASILLACH 1909-1945, PoĂšmes de Fresnes, Chant pour AndrĂ© ChĂ©nier RĂ©fĂ©rence Ă ChĂ©nier, poĂšte exĂ©cutĂ© sous la RĂ©volution Ă la fin de la Terreur, presque au mĂȘme Ăąge. Jean Luchaire journaliste, directeur des Nouveaux Temps et Jean HĂ©rold-Paquis de Radio-Paris subiront le mĂȘme sort, parmi quelque 3 000 condamnĂ©s. Lâhistoire est Ă©crite par les vainqueurs. »2826 Robert BRASILLACH 1909-1945, Les FrĂšres ennemis dialogue Ă©crit Ă Fresnes fin 1944, posthume ⊠Ăcrite par les vivants plus que par les vainqueurs et Brasillach ne sera pas fusillĂ© pour cause de dĂ©faite, mais de trahison. Lâhistoire de la Seconde Guerre mondiale, cette page dâhistoire de France encore si sensible et mĂȘme brĂ»lante, fut dâailleurs réécrite tant de fois que les vaincus ont eu, lĂ©gitimement, le droit de tĂ©moigner aux cĂŽtĂ©s des vainqueurs. PIERRE MENDĂS FRANCE Premier ministre sous la QuatriĂšme RĂ©publique, personnalitĂ© atypique du monde politique, il ne rĂ©siste Ă lâopposition que 7 mois et 7 jours, mais reste une rĂ©fĂ©rence indiscutable pour les socialistes français en mal de repĂšres. Gouverner, câest choisir. »2885 Pierre MENDĂS FRANCE 1907-1982, Discours Ă lâAssemble nationale, 3 juin 1953. Gouverner, câest choisir 1958, Pierre MendĂšs France La cause fondamentale des maux qui accablent le pays, câest la multiplicitĂ© et le poids des tĂąches quâil entend assumer Ă la fois reconstruction, modernisation et Ă©quipement, dĂ©veloppement des pays dâoutre-mer, amĂ©lioration du niveau de vie et rĂ©formes sociales, exportations, guerre en Indochine, grande et puissante armĂ©e en Europe, etc. Or, lâĂ©vĂ©nement a confirmĂ© ce que la rĂ©flexion permettait de prĂ©voir on ne peut pas tout faire Ă la fois. Gouverner, câest choisir, si difficiles que soient les choix. » Cette formule empruntĂ©e involontairement ? au duc Gaston de LĂ©vis Maximes politiques, 1808 accompagne dĂ©sormais lâhomme politique bientĂŽt au pouvoir. Quelques jours avant, dans le premier numĂ©ro de LâExpress 16 mai 1953, MendĂšs France Ă©crit Ă prĂ©tendre tout faire, nous nâavons rĂ©ussi quâĂ dĂ©tĂ©riorer notre monnaie, sans satisfaire aucun de nos objectifs [âŠ] Ce nâest pas sur des confĂ©rences diplomatiques, mais sur la vigueur Ă©conomique que lâon fait une grande nation. » Quelques mois plus tard, devant la dĂ©route française dans la guerre dâIndochine, il ajoutera Nous sommes en 1788 », cependant que Paul Reynaud voit en la France lâhomme malade de lâEurope ». La dĂ©mocratie, câest dâabord un Ă©tat dâesprit. »2890 Pierre MENDĂS FRANCE 1907-1982, La RĂ©publique moderne 1962 Le gouvernement Laniel est renversĂ© sur la question de lâIndochine. MendĂšs France le remplace, annonçant quâil obtiendra un cessez-le-feu avant le 20 juillet. Sa dĂ©claration dâinvestiture Ă lâAssemblĂ©e nationale 17 juin 1954 est plutĂŽt musclĂ©e Je ferai appel [âŠ] Ă des hommes capables de servir, Ă des hommes de caractĂšre, de volontĂ© et de foi. Je le ferai sans aucune prĂ©occupation de dosage [âŠ] Il nây aura pas de ces nĂ©gociations interminables que nous avons connues ; je nâadmettrai ni exigence ni vetos. Le choix des ministres, en vertu de la Constitution, appartient au prĂ©sident du Conseil investi, et Ă lui seul. Je ne suis pas disposĂ© Ă transiger sur les droits que vous mâauriez donnĂ©s par votre investiture. » Bref, MendĂšs France refuse dâemblĂ©e de devenir un homme du systĂšme. Dans son cabinet, il prend des gaullistes le gĂ©nĂ©ral Koenig Ă la DĂ©fense, des radicaux François Mitterrand Ă lâIntĂ©rieur. Edgar Faure reste aux Finances et MendĂšs prend le portefeuille des Affaires Ă©trangĂšres. En ce jour anniversaire qui est aussi celui oĂč jâassume de si lourdes responsabilitĂ©s, je revis les hautes leçons de patriotisme et de dĂ©vouement au bien public que votre confiance mâa permis de recevoir de vous. »2891 Pierre MENDĂS FRANCE 1907-1982, TĂ©lĂ©gramme au gĂ©nĂ©ral de Gaulle, 18 juin 1954. MendĂšs France au pouvoir 1965, Pierre Rouanet Son premier jour au pouvoir coĂŻncide avec celui de lâAppel, il y a quatorze. MendĂšs France avoue alors avoir trois grands hommes comme modĂšle PoincarĂ©, Blum et de Gaulle. Le troisiĂšme homme est sceptique sur les chances du nouveau chef du gouvernement Vous verrez, ils ne vous laisseront pas aller jusquâau bout », lui dira-t-il le 13 octobre. Sept mois et dix-sept jours le titre donnĂ© par MendĂšs France au recueil de ses discours dit trĂšs exactement la durĂ©e de son ministĂšre, renversĂ© le 5 fĂ©vrier 1955. Il cherche plutĂŽt Ă trancher quâĂ sâaccommoder, ce qui lui vaut, surtout auprĂšs des jeunes, un prestige certain. Quand on lâaura vu Ă lâĆuvre, on sâapercevra quâil est dans sa maniĂšre de prendre les problĂšmes lâun aprĂšs lâautre, en quelque sorte Ă la gorge, sans sây attarder. Son attitude est celle dâun liquidateur. »2892 AndrĂ© SIEGFRIED 1875-1959, PrĂ©face Ă lâAnnĂ©e politique 1954 MendĂšs France prend lâaffaire indochinoise Ă bras-le-corps il sâengage Ă en finir avant le 20 juillet, sinon il dĂ©missionnera. Les accords de GenĂšve sont signĂ©s dans la nuit du 20 au 21 juillet 1954. Le Vietnam est partagĂ© en deux zones, le Nord Ă©tant abandonnĂ© au communisme et Ă lâinfluence chinoise et bientĂŽt soviĂ©tique, lâinfluence occidentale et bientĂŽt amĂ©ricaine prĂ©valant dans le Sud. Six ans et demi de guerre, 3 000 milliards de francs, 92 000 morts et 114 000 blessĂ©s », tel est le bilan de cette guerre, dressĂ© par Jacques Fauvet La QuatriĂšme RĂ©publique. Le Figaro parle dâun deuil » pour la France, mais lâopinion soulagĂ©e sait dâabord grĂ© Ă MendĂšs dâavoir sorti le pays de ce guĂȘpier oĂč les USA vont sâenliser. Plus tard, il sera pourtant traitĂ© de bradeur ». Les hommes passent, les nĂ©cessitĂ©s nationales demeurent. »2896 Pierre MENDĂS FRANCE 1907-1982, AssemblĂ©e Nationale, nuit du 4 au 5 fĂ©vrier 1955. Pierre MendĂšs France 1981, Jean Lacouture LâAssemblĂ©e vient de lui refuser la confiance 319 voix contre 273 par peur dâune politique dâ aventure » en Afrique du Nord. On lâaccuse, dans son discours de Carthage, dâavoir encouragĂ© la rĂ©bellion des Tunisiens et des fellagas dâAlgĂ©rie, alors quâil est partisan dĂ©clarĂ© de lâAlgĂ©rie française dont il a renforcĂ© la dĂ©fense. Contrairement aux usages et sous les protestations, il remonte Ă la tribune pour justifier son action. MendĂšs France est restĂ© populaire dans le pays, mais de nombreux parlementaires dĂ©plorent ses positions cassantes, aux antipodes des compromis et compromissions de la QuatriĂšme. Le syndicat » des anciens prĂ©sidents du Conseil et anciens ministres lui reproche de ne pas jouer le jeu politicien et de semer le trouble dans lâhĂ©micycle et ses coulisses. De Gaulle lâavait prĂ©dit Ils ne vous laisseront pas faire ! » MendĂšs France, pour la derniĂšre fois Ă la tribune, dĂ©fie les dĂ©putĂ©s Ce qui a Ă©tĂ© fait pendant ces sept ou huit mois, ce qui a Ă©tĂ© mis en marche dans ce pays ne sâarrĂȘtera pas⊠» Il faudrait ĂȘtre bien inattentif pour croire que lâaction de Pierre MendĂšs France fut limitĂ©e aux quelque sept mois et dix-sept jours passĂ©s de juin 1954 Ă fĂ©vrier 1955 Ă la tĂȘte du gouvernement de la RĂ©publique. Un Ă©tĂ©, un automne, quelques jours. LâHistoire ne fait pas ces comptes-lĂ . LĂ©on Blum pour un an, Gambetta et JaurĂšs, pour si peu, pour jamais, pour toujours. »2897 François MITTERRAND 1916-1996, Cour dâhonneur de lâAssemblĂ©e nationale, Discours du 27 octobre 1982. Le Pouvoir et la rigueur Pierre MendĂšs France, François Mitterrand 1994, Raymond Krakovitch Tel sera lâhommage solennel de Mitterrand, devenu prĂ©sident de la RĂ©publique, Ă la mort de Pierre MendĂšs France. JACQUES CHABAN-DELMAS Brillant Premier ministre qui lance lâidĂ©e dâune nouvelle sociĂ©tĂ© », il Ă©choue Ă faire vraiment couple avec Pompidou, prĂ©sident plus pragmatique que social. Sportif aguerri, il se prĂ©cipite trop vite dans la course Ă sa succession. Il se rattrapera un peu comme maire de Bordeaux pendant 48 ans avec cumul des mandats. Dans ce rĂ©gime, tout ce qui est rĂ©ussi lâest grĂące au prĂ©sident de la RĂ©publique. Tout ce qui ne va pas est imputĂ© au Premier ministre⊠mais je ne lâai compris quâau bout dâun certain temps. »2937 Jacques CHABAN-DELMAS 1915-2000. Vie politique sous la CinquiĂšme RĂ©publique 1981, Jacques Chapsal Câest une loi qui se dĂ©gage Ă mesure que passent les gouvernements les fusibles » sont faits pour sauter. Chaban-Delmas lâa Ă©prouvĂ© en Ă©tant le second » de Pompidou â prĂ©sident de la RĂ©publique aprĂšs de Gaulle â sortant vaincu de ce duo qui tourna au duel et injustement Ă son dĂ©savantage. Pourtant, la cote de popularitĂ© dâun prĂ©sident peut chuter au-dessous de celle de son Premier ministre durablement, dans le cas de Sarkozy et au terme dâun rĂ©fĂ©rendum manquĂ© de Gaulle ou dâune Ă©lection perdue Giscard dâEstaing, il lui arrive de cĂ©der sa place Ă la tĂȘte de lâĂtat. Nous ne parvenons pas Ă accomplir des rĂ©formes autrement quâen faisant semblant de faire des rĂ©volutions. »2953 Jacques CHABAN-DELMAS 1915-2000, AssemblĂ©e nationale, 16 septembre 1969. MĂ©moires pour demain 1997, Jacques Chaban-Delmas Le Premier ministre songe naturellement aux Ă©vĂ©nements de Mai 68, constatant de façon plus gĂ©nĂ©rale que la sociĂ©tĂ© française nâest pas encore parvenue Ă Ă©voluer autrement que par crises majeures ». Câest un mal français, maintes fois diagnostiquĂ©. Contre les conservatismes » et les blocages », il propose sa nouvelle sociĂ©tĂ© ». La guerre des RĂ©publiques est terminĂ©e. »3113 Jacques CHABAN-DELMAS 1915-2000, prĂ©sentant son gouvernement le 23 juin 1969. La Guerre de succession 1969, Roger-GĂ©rard Schwartzenberg LâUDR soutient ce baron » du gaullisme, rĂ©sistant pendant la guerre et en mĂȘme temps un des piliers de la QuatriĂšme RĂ©publique. On lui passe mĂȘme quelques gestes dâouverture en direction dâanciens adversaires du GĂ©nĂ©ral. Mais la guerre nâest pas finie entre les partis ! Et les tentatives de sĂ©duction du trĂšs sĂ©duisant Premier ministre vont Ă©chouer. Les centristes dâopposition continueront de dĂ©noncer la dictature de lâ Ătat UDR », tandis que la gauche socialiste et communiste fourbit les armes de lâunion qui fera un jour sa force. Il y a peu de moments dans lâexistence dâun peuple oĂč il puisse autrement quâen rĂȘve se dire Quelle est la sociĂ©tĂ© dans laquelle je veux vivre ? Jâai le sentiment que nous abordons un de ces moments. Nous pouvons donc entreprendre de construire une nouvelle sociĂ©tĂ©. »3116 Jacques CHABAN-DELMAS 1915-2000, Discours Ă lâAssemblĂ©e nationale, 16 septembre 1969 Aucun discours parlementaire de Premier ministre nâeut plus de retentissement, sous la CinquiĂšme RĂ©publique. La dĂ©nonciation du conservatisme » et des blocages » de la sociĂ©tĂ© française annonce un programme ambitieux de rĂ©formes â maĂźtre mot des quatre prochains prĂ©sidents, mais malheureusement pas de Pompidou, aux prioritĂ©s plus concrĂštes que sociĂ©tales ! Chaban-Delmas, dans LâArdeur 1975, donne de sa nouvelle sociĂ©tĂ© » deux dĂ©finitions Lâune politique, câest une sociĂ©tĂ© qui tend vers plus de justice et de libertĂ© [âŠ] Lâautre sociologique, câest une sociĂ©tĂ© oĂč chacun considĂšre chacun comme un partenaire ». Comment ne pas souscrire Ă un tel projet ? Tandis que vous parliez, je vous regardais et je ne doutais pas de votre sincĂ©ritĂ©. Et puis, je regardais votre majoritĂ© et je doutais de votre rĂ©ussite. »3117 François MITTERRAND 1916-1996, AssemblĂ©e nationale, 16 septembre 1969. La PrĂ©sidence de Georges Pompidou essai sur le rĂ©gime prĂ©sidentialiste français 1979, Françoise Decaumont Lâopposition ne fait pas mauvais accueil au programme du Premier ministre, sur le principe, mais elle doute de sa rĂ©alisation On ne bĂątit pas une nouvelle sociĂ©tĂ© sur des vĆux pieux. » Les difficultĂ©s viendront surtout du scepticisme du prĂ©sident de la RĂ©publique, aux convictions Ă©conomiques plus que sociologiques. On ne tire pas sur une ambulance. »3149 Françoise GIROUD 1916-2003, LâExpress, 24 avril 1974 Le trait dâune charitĂ© sans pitiĂ© vise Chaban-Delmas dont la cote ne cesse de baisser dans les sondages, dĂ©but mai 1974. Jeudi 4 avril, avant mĂȘme la fin du discours dâhommage dâEdgar Faure, prĂ©sident de lâAssemblĂ©e nationale, au prĂ©sident dĂ©funt, Chaban-Delmas avait annoncĂ© par un communiquĂ© Ayant Ă©tĂ© trois ans Premier ministre sous la haute autoritĂ© de Georges Pompidou et dans la ligne tracĂ©e par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle, jâai dĂ©cidĂ© dâĂȘtre candidat Ă la prĂ©sidence de la RĂ©publique. Je compte sur lâappui des formations politiques de la majoritĂ© prĂ©sidentielle. » Candidature lancĂ©e trop tĂŽt ? Pas assez solide face Ă Mitterrand Ă gauche ? ConcurrencĂ©e par dâautres candidats Ă droite ? Et Françoise Giroud de commenter Alors que MM. Giscard dâEstaing et Mitterrand provoquent des mouvements intenses dâadmiration ou dâhostilitĂ©, parfois dâadmiration et dâhostilitĂ© mĂȘlĂ©es, on a envie de demander, sans acrimonie, Ă M. Chaban-Delmas Et vous, quâest-ce que vous faites au juste dans cette affaire ? » Il encombre. Comment le battant a-t-il virĂ© Ă lâancien combattant ? » Il redevient dĂ©putĂ©, prĂ©sident de lâAssemblĂ©e nationale, toujours sportif et hyperactif, et il retrouve sa mairie de Bordeaux â surnommĂ©e la belle endormie ». ĂgĂ© de 80 ans et presque toujours aussi jeune dâallure, il soutient la candidature dâAlain JuppĂ© et se retire de la vie politique quâil aura tant aimĂ©e, avec ce constant dĂ©sir de plaire qui irrita Pompidou. ALAIN JUPPĂ Premier ministre de Chirac qui le dĂ©signe comme le meilleur dâentre nous », homme de droite toujours droit dans ses bottes, il paie pour ceux de son camp en assumant diverses malversations. AprĂšs une carriĂšre politique presque aussi longue que Chaban, il lui succĂšde Ă la mairie de Bordeaux pour dix ans et un marathon des travaux qui rĂ©veille la belle endormie ». Je suis droit dans mes bottes et je crois en la France. »3336 Alain JUPPĂ nĂ© en 1945, Premier ministre, TF1, 6 juillet 1995 Un mois aprĂšs son entrĂ©e en fonction, le plus fidĂšle ami de Chirac doit rĂ©pondre sur le loyer de son appartement parisien, trop bas pour ĂȘtre honnĂȘte, et la baisse de loyer demandĂ©e pour lâappartement de son fils Laurent. Affaire dĂ©risoire, mais symbolique. JuppĂ© devient vite impopulaire sa cote dâavenir » passe de 63 % en juin Ă 37 % en novembre baromĂštre TNS Sofres pour Le Figaro Magazine. Sa dĂ©fense paraĂźt rigide, illustrĂ©e par lâexpression qui le poursuivra empruntĂ©e Ă la cavalerie militaire Je suis droit dans mes bottes. » Autrement dit, je ne plie pas, jâai ma conscience pour moi. En dĂ©saccord avec son ministre de lâĂconomie et des Finances, Alain Madelin, il doit faire face Ă sa dĂ©mission, le 26 aoĂ»t 1995, et le remplace par Jean Arthuis. Mais il reste Premier ministre, droit dans ses bottes. En 1996, AndrĂ© Santini, dĂ©putĂ© de droite et grand faiseur de petites phrases, reçoit le prix dâexcellence dĂ©cernĂ© par le trĂšs sĂ©rieux Club de lâhumour politique, pour avoir dĂ©clarĂ© Alain JuppĂ© voulait un gouvernement ramassĂ©, il nâest pas loin de lâavoir. » Un Premier ministre, on le lĂšche, on le lĂąche, on le lynche ! »3383 Alain JUPPĂ nĂ© en 1945. La MalĂ©diction Matignon 2006, Bruno Dive, Françoise Fressoz Il a vĂ©cu un court Ă©tat de grĂące, Premier ministre 1995-1997 et maire de Bordeaux. Reconnu plusieurs fois par Chirac comme le meilleur dâentre les hommes de droite », il se rend vite impopulaire par le projet de rĂ©forme des retraites, le gel des salaires des fonctionnaires, la dĂ©route des Juppettes huit femmes dĂ©barquĂ©es du gouvernement aprĂšs quelques mois dâexercice et cette raideur de lâhomme qui se dit lui-mĂȘme droit dans ses bottes. » Mais le pire est Ă venir. En 1998, il est mis en examen pour abus de confiance, recel dâabus de biens sociaux et prise illĂ©gale dâintĂ©rĂȘt » â pour des faits commis en tant que secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du RPR et maire adjoint de Paris aux finances, de 1983 Ă 1995. Le 30 janvier 2004, le tribunal correctionnel de Nanterre le condamne lourdement dix-huit mois de prison avec sursis dans lâaffaire des emplois fictifs de la mairie de Paris et dix ans dâinĂ©ligibilitĂ©. Lâappel interjetĂ© suspend lâapplication de la peine, jusquâĂ lâarrĂȘt de la cour dâappel. Le 1er dĂ©cembre 2004, condamnation rĂ©duite Ă quatorze mois de prison avec sursis et un an dâinĂ©ligibilitĂ©. JuppĂ© vit une traversĂ©e du dĂ©sert qui passe par le Canada⊠Nombre de commentateurs bien informĂ©s estiment quâil paie pour Chirac, reconnu comme responsable moralement. Il finira en beautĂ©, maire de Bordeaux, succĂ©dant Ă Chaban et lui rendant Ă©lĂ©gamment hommage en baptisant lâun des grands travaux que lui doit la ville le fameux pont Jacques Chaban-Delmas qui relie les deux rives de la Garonne. LIONEL JOSPIN Premier ministre socialiste de cohabitation avec Chirac prĂ©sident de droite, il se rĂ©vĂšle beau joueur dans lâĂ©chec majeur de la gauche aux prĂ©sidentielles de 2002. Son retrait dĂ©finitif de la vie politique devient paradoxalement son premier titre de gloire. La nation est non seulement la rĂ©alitĂ© vivante Ă laquelle nous sommes tous attachĂ©s, mais surtout le lieu oĂč bat le cĆur de la dĂ©mocratie, lâensemble oĂč se nouent les solidaritĂ©s les plus profondes. La France, ce nâest pas seulement le bonheur des paysages, une langue enrichie des Ćuvres de lâesprit ; câest dâabord une histoire. »3343 Lionel JOSPIN nĂ© en 1937, Premier ministre, DĂ©claration de politique gĂ©nĂ©rale, 19 juin 1997 La cohabitation va durer cinq ans â un record sous la CinquiĂšme RĂ©publique. Le pouvoir du chef de lâĂtat sâen trouve limitĂ©, mais sur la scĂšne internationale, avec les deux tĂȘtes de lâexĂ©cutif prĂ©sentes aux grands rendez-vous, la France parle dâune seule voix, la sienne. Pour commencer Ă Ă©crire la suite de lâhistoire de la France, Jospin forme un gouvernement dâunion, centrĂ© sur quelques proches Martine Aubry, Claude AllĂšgre, Dominique Strauss-Kahn. Principale promesse de campagne les 35 heures payĂ©es 39 pour favoriser le partage du travail. Câest la mesure la plus populaire, la plus contestĂ©e aussi. Martine Aubry, ministre de lâEmploi et de la SolidaritĂ©, reste Ă jamais la Dame des 35 heures », mĂȘme si Strauss-Kahn fut le premier Ă prĂ©coniser la rĂ©duction du temps de travail RTT. Ancien professeur, Jospin affirme que lâĂ©cole est le berceau de la RĂ©publique » et son ami AllĂšgre sâattelle Ă la rĂ©forme, souhaitant dĂ©graisser le mammouth ». Mot maladroit qui entraĂźnera sa dĂ©mission. Pas de parcours politique sans Ă©chec. Celui de Jospin aux prochaines prĂ©sidentielles sera particuliĂšrement cruel â et sans doute injuste. Jâassume pleinement la responsabilitĂ© de cet Ă©chec et jâen tire les conclusions, en me retirant de la vie politique. »3373 Lionel JOSPIN nĂ© en 1937, DĂ©claration du 21 avril 2002, au soir du premier tour des prĂ©sidentielles La gauche est hors-jeu et littĂ©ralement KO, la prĂ©sidentielle va se jouer Ă droite toute. Lionel Jospin se prĂ©sente Ă la tĂ©lĂ©vision et devant ses troupes, visage dĂ©fait, voix blanche Le rĂ©sultat du premier tour de lâĂ©lection prĂ©sidentielle vient de tomber comme un coup de tonnerre. Voir lâextrĂȘme droite reprĂ©senter 20 % des voix dans notre pays et son principal candidat affronter celui de la droite au second tour est un signe trĂšs inquiĂ©tant pour la France et pour notre dĂ©mocratie. Ce rĂ©sultat, aprĂšs cinq annĂ©es de travail gouvernemental entiĂšrement vouĂ© au service de notre pays, est profondĂ©ment dĂ©cevant pour moi et ceux qui mâont accompagnĂ© dans cette action. Je reste fier du travail accompli. Au-delĂ de la dĂ©magogie de la droite et de la dispersion de la gauche qui ont rendu possible cette situation, jâassume pleinement la responsabilitĂ© de cet Ă©chec et jâen tire les consĂ©quences en me retirant de la vie politique aprĂšs la fin de lâĂ©lection prĂ©sidentielle. » Ce 21 avril est lâune des dates chocs des annĂ©es 1990-2020 - avec les attentats du 11 septembre 2001 aux Ătats-Unis, le Non au rĂ©fĂ©rendum sur lâEurope 29 mai 2005, lâattentat hyper-mĂ©diatique contre Charlie Hebdo 7 janvier 2015. Ma mission Ă moi Ă©tait de conduire la gauche Ă la victoire prĂ©sidentielle. Et lĂ , on pourrait dire que lâĂ©quipage de la gauche a abandonnĂ© son capitaine. »3375 Lionel JOSPIN nĂ© en 1937, Ă propos du 21 avril 2002. Lionel raconte Jospin 2010, Lionel Jospin Le bilan du parti socialiste Ă©tait honorable, mais son programme dĂ©sespĂ©rĂ©ment vide aucune proposition propre Ă faire rĂȘver les classes populaires dĂ©boussolĂ©es ou les jeunes avides dâidĂ©al. La campagne, mal conduite, devint une foire dâempoigne entre les 16 candidats, huit Ă gauche, huit Ă droite, chacun sâefforçant dâengranger un maximum de voix en prĂ©vision des Ă©lections lĂ©gislatives de juin. Le 21 avril fut parfois analysĂ© comme une nouvelle poussĂ©e dâextrĂȘme-droite, surtout ressenti comme tel par la jeunesse qui manifestait en masse, vent debout. Câest davantage une dĂ©mobilisation de la droite traditionnelle et plus encore de la gauche socialiste. Le PS va proïŹter de ce choc citoyen, des remords du corps Ă©lectoral et dâun rĂ©ïŹexe de vote utile pour sâafïŹrmer comme la seule force autour de laquelle la gauche peut sâorganiser. En attendant, Chirac est réélu avec lâalliance de toute la classe politique hormis les extrĂȘmes droite et gauche et un score sans prĂ©cĂ©dent 82,21 % des voix.
LedĂ©fi nâest pas seulement scientifique, il est aussi mĂ©diatique. Le cĆur artificiel a bĂ©nĂ©ficiĂ© dĂšs lâorigine de lâemballement des journalistes, un soutien prĂ©cieux devenu aujourdâhui pĂ©rilleux. Les mĂ©dias sâaccommodent mal du temps de la recherche et du secret mĂ©dical, au grand dam de la sociĂ©tĂ© Carmat qui multiplie les erreurs de communication.
Alain Pompidou nous fait revivre la passion de ses parents pour l'art. Georges et Claude Pompidou formaient un couple pĂ©tri de culture classique mais... Lire la suite 9,99 ⏠E-book - ePub Poche ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă 6 jours 9,00 ⏠Ebook TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 9,99 ⏠Grand format ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă 6 jours 19,90 ⏠Vous pouvez lire cet ebook sur les supports de lecture suivants TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat DĂšs validation de votre commande Offrir maintenant Ou planifier dans votre panier Alain Pompidou nous fait revivre la passion de ses parents pour l'art. Georges et Claude Pompidou formaient un couple pĂ©tri de culture classique mais en avance sur son temps. Leur insatiable curiositĂ© partagĂ©e, au-delĂ de la disparition du PrĂ©sident, apparaĂźt donc doublement animĂ©e par l'amour de l'art. Un nouveau regard sur les Pompidou nourri par les tĂ©moignages inĂ©dits de Madeleine Malraux, MaĂŻa Paulin, Pierre Soulages... Au dĂ©but des annĂ©es trente, au Quartier latin, une rencontre inattendue rĂ©unit Georges Pompidou et Claude Cahour. Ils se marient quelques annĂ©es plus tard et forment un couple uni partageant le goĂ»t de la littĂ©rature, de la musique, du cinĂ©ma. TrĂšs vite, ils frĂ©quentent les galeries d'art et les artistes contemporains. DĂšs 1948, les Pompidou - comme on les appelle avec affection - font l'acquisition de leur premiĂšre toile abstraite signĂ©e d'un peintre alors peu connu Youla Chapoval. Par la suite, au fil des rencontres, leur collection se construit en relation Ă©troite avec les crĂ©ateurs. En 1958, Claude offre Ă son mari un Nicolas de StaĂ«l. En 1962, l'accrochage d'un Soulages dans le bureau du Premier ministre surprend. Quand, en 1969, Ă l'ĂlysĂ©e, le PrĂ©sident et son Ă©pouse font appel Ă Pierre Paulin et Ă Yaacov Agam pour la rĂ©novation et la dĂ©coration de leurs appartements privĂ©s, force est de constater que l'art reprĂ©sente pour eux une raison de vivre. Que la crĂ©ation du Centre Pompidou viendra couronner. C'est cette fusion artistique, ce sens innĂ© des ouvres capables d'entrer dans l'Histoire, leurs rapports avec les artistes qu'Alain Pompidou et CĂ©sar Armand dĂ©voilent dans cet ouvrage biographique et intime, riche de souvenirs, de tĂ©moignages et d'illustrations. Ă travers le rĂ©cit de leur fils, les souvenirs de l'Ă©pouse de Jean Coural, directeur du Mobilier national, de MaĂŻa Paulin, Pierre Soulages, Jack Lang et bien d'autres, ce livre rĂ©vĂšle le parcours initiatique autant qu'affectif d'un couple pas comme les autres, mu par une insatiable curiositĂ©. Date de parution 09/11/2017 Editeur ISBN 978-2-259-26417-4 EAN 9782259264174 Format ePub Nb. de pages 260 pages CaractĂ©ristiques du format ePub Pages 260 Taille 22 882 Ko Protection num. Digital Watermarking Biographie d'Alain Pompidou CĂ©sar Armand est un jeune journaliste Ă©conomique et politique, Ă©galement amateur d'art. Alain Pompidou, fils de Claude et Georges Pompidou, passionnĂ© et collectionneur d'art, est professeur Ă©mĂ©rite de biologie mĂ©dicale - il rĂ©alise ses propres brevets dans le champ du diagnostic. AprĂšs la publication de la correspondance de son pĂšre et d'un livre sur sa mĂšre, il consacre son temps aux archives familiales.
LaCabro d'Or. L'autre villa hÎteliÚre créée par Raymond Thuilier dans les années 1950-1960. Cadre bucolique en pleine verdure apaisante,
par Patrick Kessel, cofondateur et prĂ©sident dâhonneur du ComitĂ© LaĂŻcitĂ© RĂ©publique, ancien Grand MaĂźtre du Grand Orient de France. 22 fĂ©vrier 2022Patrick Kessel, Marianne toujours ! 50 ans dâengagement laĂŻque et rĂ©publicain, prĂ©face de GĂ©rard Delfau, Ă©d. LâHarmattan, 8 dĂ©c. 2021, 34 e. La prĂ©sence au gouvernement de ministres et secrĂ©taires dâĂtat tels Robert Badinter, Charles Hernu, Alain Savary, AndrĂ© Delelis, AndrĂ© Henry, Jean-Pierre ChevĂšnement, Roger Quilliot, Georges Fillioud, Louis Mexandeau, Jean-Pierre Cot, Laurent Fabius, Yvette Roudy, Anicet Le Pors, Edwige Avice, Henri Emmanuelli, Georges Lemoine, AndrĂ© Cellard, François Abadie, amis pour beaucoup de longue date, me rassure. Ils ne sont bien Ă©videmment pas tous maçons ! Mais ce sont tous dâauthentiques rĂ©publicains. Parmi les nouveaux dĂ©putĂ©s socialistes qualifiĂ©s de "barbus" par la presse de droite, on trouve beaucoup dâenseignants dont un grand nombre de francs-maçons. Une dizaine de ministres, quelques dizaines de membres dans les cabinets ministĂ©riels, Ă©crit Le Monde qui sâinterroge on ne sait qui, du PS ou du Grand Orient, a infiltrĂ© lâautre. La formule est bien excessive. Et les faits vont dĂ©montrer quâil nây aura pas mĂ©lange de genres. Mais Ă ce moment prĂ©cis, une seule question brĂ»le les lĂšvres des journalistes les francs-maçons vont-ils peser dâun poids spĂ©cifique sur lâaction du gouvernement Mauroy ? Ce que je sais dâeux me donne Ă penser que, sâils sont tous de gauche Ă des degrĂ©s divers et avec des parcours diffĂ©rents, ils sont tous des laĂŻques convaincus. La plupart des dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs francs-maçons, toutes appartenances confondues, se retrouvent Ă la Fraternelle parlementaire Ă laquelle je participe moi-mĂȘme comme journaliste accrĂ©ditĂ© au Parlement. Jamais je nâai assistĂ© Ă une rĂ©union au cours de laquelle la franc-maçonnerie aurait donnĂ© des consignes aux Ă©lus avant un vote. Qui aurait essayĂ© se serait ridiculisĂ©. Les Ă©lus ont dĂ©jĂ bien du mal Ă respecter les consignes de leur parti ! Il en allait diffĂ©remment sous la IIIĂšme RĂ©publique quand les rĂ©publicains affrontaient un parti clĂ©rical trĂšs bien organisĂ©, puissant et trĂšs conservateur. En revanche, sur certains sujets dâordre Ă©thique davantage que politique, ayant trait aux principes rĂ©publicains et aux libertĂ©s, telles lâinterruption volontaire de grossesse en 1974, lâabolition de la peine de mort en 1981, il Ă©tait bien naturel que des complicitĂ©s philosophiques puissent rapprocher des Ă©lus, chacun pour autant conservant sa totale libertĂ© de vote. FidĂšle Ă la tradition des banquets que les francs-maçons semblent avoir toujours pratiquĂ©e depuis la FĂȘte de la FĂ©dĂ©ration en 1790, contre la Restauration en 1830, contre la Monarchie de Juillet en 1848, pour la RĂ©publique sous la IIIĂšme, la Fraternelle parlementaire organise des dĂźners-dĂ©bats sur les grands sujets du moment et invite des personnalitĂ©s extĂ©rieures Ă Ă©clairer les Ă©lus de leurs connaissances. Sous la prĂ©sidence rĂ©cente de Christian Bataille puis Christophe-AndrĂ© Frassa, tous deux dĂ©putĂ©s, lâun de gauche, lâautre de droite, fidĂšle Ă sa tradition, elle sâest mobilisĂ©e pour dĂ©fendre la laĂŻcitĂ© chaque fois quâelle Ă©tait menacĂ©e. Certains journaux proches de lâextrĂȘme-droite tel Minute le lui ont reprochĂ©, dĂ©nonçant ces acteurs occultes qui attesteraient de la mainmise de la franc-maçonnerie sur la RĂ©publique ! Les mĂȘmes ne sâindignent jamais des discrĂštes rĂ©unions organisĂ©es autour de dignitaires de lâĂglise associant des Ă©lus catholiques afin dâorienter les choix politiques tout particuliĂšrement en matiĂšre de mĆurs, de libĂ©ration sexuelle, dâĂ©mancipation fĂ©minine, de bioĂ©thique et bien sĂ»r de laĂŻcitĂ©. Lâalternance politique nâallait dâailleurs pas interrompre cette politique, lâĂglise ayant su Ă©tablir des relations de proximitĂ© Ă gauche lui permettant notamment de contourner la loi de sĂ©paration des Ăglises et de lâĂtat et de sauvegarder le Concordat en Alsace-Moselle. Elle saurait se faire plus discrĂšte, ce qui ne signifie pas moins efficace, le cardinal Lustiger ayant ses entrĂ©es Ă lâĂlysĂ©e. Pendant les quatorze annĂ©es de la prĂ©sidence mitterrandienne, des francs-maçons ministres, dĂ©putĂ©s, sĂ©nateurs, responsables des partis socialiste et radical de gauche, militants, se retrouvent Ă la Fraternelle Ramadier. On y parle politique bien Ă©videmment. On y dĂ©bat des grands projets de rĂ©forme, souvent travaillĂ©s depuis des annĂ©es dans des loges, comme lâabolition de la peine de mort, lâextension des droits sociaux, lâĂ©galitĂ© entre hommes et femmes, lâĂ©cole de la RĂ©publique. Cette Fraternelle Ramadier a pris son nom de lâancien prĂ©sident du Conseil, cĂ©lĂšbre pour avoir refusĂ© de voter les pleins pouvoirs Ă PĂ©tain en 1940, pour avoir en 1947 Ă©vincĂ© du gouvernement les ministres communistes qui avaient refusĂ© de voter la confiance au gouvernement, et qui joua un rĂŽle important sous la IVĂšme rĂ©publique et au dĂ©but de la VĂšme, sous la prĂ©sidence de Guy Mollet. Sous lâautoritĂ© de GĂ©rard Jacquet, ancien rĂ©sistant, ancien ministre puis de Roger Fajardie, ancien Grand-MaĂźtre adjoint du Grand Orient, compagnon politique de Pierre Mauroy avant de devenir conseiller du PrĂ©sident, homme subtil aux allures dĂ©bonnaires de nonce apostolique, elle met un point dâhonneur Ă organiser de passionnants dĂ©bats mais Ă ne surtout rien faire. Exprimant vraisemblablement une volontĂ© jupitĂ©rienne du prĂ©sident Mitterrand, jamais clairement formulĂ©e mais toujours nettement insinuĂ©e, Roger Fajardie fait en sorte quâon ne puisse jamais reprocher aux francs-maçons dâavoir exercĂ© une pression sur le Parti socialiste. Et sâassure que les maçons ne vont pas planter quelque Ă©pine au talon du PrĂ©sident. Au fait des secrets de chaque circonscription politique, fin connaisseur de lâhistoire et des hommes, Roger est aussi un brillant conteur captivant ses auditeurs, qui, par lâalchimie du verbe, fait dâun Ă©vĂšnement une fable. Tous les quinze jours, il vient dĂ©jeuner avec moi dans le quartier des Halles prĂšs du siĂšge du Matin de Paris et nous Ă©changeons des anecdotes parfois drĂŽles, parfois pitoyables sur la politique de derriĂšre le rideau des apparences. Ainsi se plaĂźt-il Ă me raconter quâĂ lâoccasion dâun comitĂ© directeur du vieux parti socialiste, il se trouve pris Ă partie par quelques-uns de ses camarades qui lui reprochent son appartenance maçonnique. Comment peux-tu dĂ©fendre ici les intĂ©rĂȘts des travailleurs et ĂȘtre dans ta Loge le frĂšre dâun banquier ? Il faut choisir, ou bien le parti ou bien la franc-maçonnerie ! Relent dâun antimaçonnisme de gauche qui connut ses plus belles heures dans le guesdisme puis le stalinisme, de la mĂȘme façon quâa prospĂ©rĂ© un antisĂ©mitisme de gauche qui conduisit certains de ses tenants jusquâĂ Vichy. Pris Ă partie, Fajardie, espiĂšgle, dâun regard circulaire parcourt les visages de lâassemblĂ©e comme sâil comptait combien de ses frĂšres Ă©taient assemblĂ©s. Lâorateur qui le provoque demande Ă tous les francs-maçons de dĂ©missionner de leur obĂ©dience pour demeurer au parti socialiste. Savourant en gourmet lâastuce quâil prĂ©mĂ©dite, le voilĂ qui met lâassemblĂ©e en face de ses fantasmes "Mes chers camarades, vous me soumettez Ă la torture en mâimposant un tel choix socialiste je lâai toujours Ă©tĂ© depuis mon plus jeune Ăąge, mes convictions sont connues, je nâai rien Ă dĂ©montrer, franc-maçon, je le suis de la mĂȘme façon et je nâai jamais manquĂ© dâaffirmer le parallĂ©lisme et la complĂ©mentaritĂ© de deux dĂ©marches qui visent Ă lâamĂ©lioration de lâhomme. Il nây a donc aucune raison de vouloir remettre en question la libertĂ© dâappartenance philosophique aux membres de notre parti. Il y aurait par contre danger Ă jeter une telle exclusive dâautant que vous ne savez pas qui est maçon et qui ne lâest pas. La suspicion, la mĂ©fiance viendront affaiblir nos rangs tandis que les maçons blessĂ©s - il accompagne Ă ce moment sa parole dâun geste large du bras donnant lâimpression quâil sâadresse au travers de lâassemblĂ©e Ă des dizaines de frĂšres- pourraient ĂȘtre tentĂ©s de rĂ©agir - pourraient ĂȘtre tentĂ©s de rĂ©agir." Grand silence dans la salle. Embarras des uns et des autres. Un vieux socialiste qui en a vu dâautres propose de passer Ă la suite de lâordre du jour et de classer ce mauvais procĂšs. AprĂšs ces prĂ©cisions, Fajardie se rassoit, se dĂ©lectant goulĂ»ment dâune vĂ©ritĂ© cachĂ©e quâil me confie il Ă©tait le seul franc-maçon ce jour-lĂ parmi ses camarades. La peur fondĂ©e sur la mĂ©connaissance avait habilement Ă©tĂ© retournĂ©e contre elle-mĂȘme. Mais lâhumour ne suffit pas toujours Ă renvoyer les fantasmes les plus Ă©culĂ©s. Ă deux reprises au moins, en 1906 et en 1912, sous lâinfluence des guesdistes qui voyaient dans la maçonnerie un instrument de "collaboration de classe", le congrĂšs de la SFIO, le parti socialiste de lâĂ©poque, eut Ă voter une motion demandant lâinterdiction de la double appartenance, motion qui fut rejetĂ©e. Dans les annĂ©es 1980, une nouvelle offensive, portĂ©e au Parlement europĂ©en par quelques dĂ©putĂ©s travaillistes britanniques, sâen prit aux Ă©lus francs-maçons, leur donnant Ă choisir entre la Loge et la section. Aujourdâhui, en Grande Bretagne, tout fonctionnaire franc-maçon doit dĂ©clarer son appartenance. Imagine-t-on pareille offensive contre des Ă©lus catholiques, protestants, juifs, musulmans ? DĂšs lors que de tels clichĂ©s continuent dâhabiter les tĂȘtes de certaines Ă©lites, on comprend la prudence qui animait Fajardie dans lâanimation de la Fraternelle Sa lĂ©gendaire appĂ©tence pour la bonne chĂšre, sybarite dotĂ© dâune grande culture culinaire et dâune connaissance quasi parfaite des cĂ©pages blancs de Loire, des terroirs et des propriĂ©taires, aura eu raison de son cĆur quâil avait par ailleurs si gĂ©nĂ©reux, dans un petit train de province, loin des soins, alors quâil rĂȘvait que son onctuositĂ© de prĂ©lat et ses qualitĂ©s de diplomate convainquent le PrĂ©sident dâexaucer son impossible rĂȘve, ĂȘtre nommĂ© ambassadeur au Vatican. La Fraternelle Ramadier demeura un des rares lieux oĂč chacun sâimposait un ton toujours modĂ©rĂ©, Ă la façon des loges oĂč lâopposition des idĂ©es nâempĂȘche pas le respect des intervenants. Le parti socialiste devait composer avec la montĂ©e de courants antagonistes agrĂ©gĂ©s autour de fortes personnalitĂ©s et leur transformation au fil du temps en Ă©curies de prĂ©sidentiables avec cette part dâinimitiĂ© et bientĂŽt de dĂ©testation qui rendait difficile, voire impossible toute tentative de conciliation. Un Ă©tat dâesprit qui sâimposa au cĆur de lâarĂšne Ă lâoccasion du triste CongrĂšs de Rennes en 1990, oĂč les dĂ©lĂ©guĂ©s polĂ©miquĂšrent entre eux avec virulence jusquâau dernier instant sous lâĆil assassin des camĂ©ras de tĂ©lĂ©vision. Ă cette Ă©poque, membre dâun cabinet ministĂ©riel, je suis en temps rĂ©el les rĂ©unions tout au long de la nuit, les avancĂ©es, les ruptures, les ralliements, les trahisons, les coups de semonce inutiles de lâĂlysĂ©e, tout ce cĂŽtĂ© opĂ©rette des congrĂšs politiques qui, cette fois, nâest pas feinte. Ă la tribune, les orateurs parmi lesquels un certain nombre de francs-maçons se succĂšdent, pourfendant leurs adversaires de courants comme sâil sâagissait dâennemis de classe ! Lionel Jospin et Laurent Fabius jouent la prise en main du parti et leurs mousquetaires sâaffrontent sur des dĂ©bats dits dâorientation. Les autres leaders, par le jeu des alliances, font plusieurs fois basculer la majoritĂ© au cours de cette interminable nuit dâaffrontements verbaux, de tractations secrĂštes, promesses et trahisons. La presse a largement relayĂ© et entretenu les dĂ©bats prĂ©paratoires, un tour de chauffe vite transformĂ© en bataille de tranchĂ©e que se livrent les camarades du poing et la rose. La tension dans ce palais des CongrĂšs atteint son maximum. Vient la traditionnelle rĂ©union du cercle Ramadier Ă lâoccasion dâune suspension de sĂ©ance dans une salle adjacente et fermĂ©e. Le pire est Ă craindre car les frĂšres qui ont pris la parole en sĂ©ance plĂ©niĂšre nâont pas mĂ©nagĂ© leurs efforts, leurs arguments, pour certains leurs formules assassines. Mais le temps dâun bref moment, la magie maçonnique opĂšre son Ćuvre et lâon voit nombre de ceux qui sâescrimaient quelques instants auparavant sur la tribune officielle se donner lâaccolade fraternelle si chĂšre aux anciens chevaliers, et qui fait de la franc-maçonnerie un espace privilĂ©giĂ© dâhumanitĂ©. Certes, sans naĂŻvetĂ©, y a-t-il probablement quelques baisers de Judas dans ce concert de fraternitĂ©. Mais pour moi, tĂ©moin privilĂ©giĂ© du moment, câest une merveilleuse occasion dâimaginer que les idĂ©es peuvent encore peser sur la rĂ©alitĂ© et le respect prendre le pas sur la vindicte. Ni la Fraternelle parlementaire, ni la Fraternelle socialiste, Ă ma connaissance, ne firent pression sur le gouvernement pour soutenir telle ou telle orientation politique ou sây opposer. Nous allions Ă quelques-uns regretter ce choix, respectueux dans son principe, absurde politiquement, en particulier quand viendra le temps de la rĂ©forme de lâĂ©cole publique. Nous Ă©tions convaincus que tous les radicaux, tous les socialistes et tous les francs-maçons se retrouveraient pour promouvoir la laĂŻcitĂ©. Lâhistoire allait se dĂ©rouler tout autrement. Sur les autres sujets, lâunanimitĂ© ne pouvait pas ĂȘtre au rendez-vous. Les dĂ©bats Ă©taient vifs autour des nationalisations et de la politique Ă©conomique. Les maçons Ă©taient de tous les courants et ils ne furent malheureusement pas les derniers lorsque ceux-ci nous donnĂšrent le triste spectacle que lâon sait. Des francs-maçons de lâopposition sâorganisent Ă©galement en groupes fraternels. Le Carrefour de lâAmitiĂ©, de droite, occupe ce crĂ©neau. FrĂ©quentĂ© majoritairement par des membres de la Grande Loge Nationale Française, officiellement apolitique, en rĂ©alitĂ© majoritairement de droite, il sĂ©duit des membres de la Grande Loge de France et du Grand Orient. Jacques Chirac est invitĂ© Ă un des dĂźners-dĂ©bats. Les prises de position publiques du Carrefour suscitent des remous. Les frĂšres du Grand Orient sont invitĂ©s Ă en dĂ©missionner. Les radicaux valoisiens qui ont quittĂ© le parti radical lorsque celui-ci a signĂ© le programme commun de la gauche, ralliĂ©s pour beaucoup Ă ValĂ©ry Giscard dâEstaing, comptent de nombreux frĂšres, dont plus dâun et non des moindres, au Grand Orient. Ils ne sâen cachent pas. Ils auraient pu jouer un rĂŽle politique important dans la recomposition de la droite les annĂ©es suivantes sâils avaient clairement assumĂ© lâhĂ©ritage philosophique du radicalisme. Ce ne fut pas le cas, notamment au moment de la bataille scolaire de 1984, certains de leurs responsables, tel AndrĂ© Rossinot, alors prĂ©sident du parti, manifestant Ă la tĂȘte du cortĂšge en faveur de lâĂ©cole privĂ©e. CĂŽtĂ© RPR, Philippe Dechartre, Jean de PrĂ©aumont, Alain Devaquet, anciens ou futurs ministres, Nicole Nebout, rassemblent quelques barons, des Ă©lus, des diplomates, des journalistes maçons, gaullistes, rĂ©publicains qui sâopposeront Ă la tentation de dĂ©rive de la droite vers son aile extrĂ©miste et Ă toute alliance Ă©lectorale avec le Front National. Ils sont un certain nombre au sein de la chiraquie, membres du Grand Orient mais aussi de la Grande Loge de France, de la Grande Loge fĂ©minine, de la Grande Loge Nationale OpĂ©ra, dont le Grand-MaĂźtre, Bernard BiĂ©try fut un ami personnel et un soutien actif du maire de Paris. On imagine quâils eurent une influence positive lorsque Jacques Chirac, devenu prĂ©sident de la RĂ©publique, et son ministre de lâĂducation Nationale, Luc Ferry, dĂ©cidĂšrent en 2004 de faire interdire le port ostentatoire de signes religieux Ă lâĂ©cole. »
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claude et georges pompidou l amour au coeur du pouvoir