Noté/5. Retrouvez QUOTIDIEN DE PARIS (LE) [No 2576] du 03/03/1988 - PLUSIEURS MORT EN AZERBAIDJAN - L'AVOCAT DU PR MERIEL AU PROCES DE POITIERS - LE DR ARCHAMBEAU - ED. BALLADUR - SPORTS - FOOT - PH. DE VILLIERS - R. BARRE - LA MORT DE JEAN LE POULAIN - CANTONALE DE LILLE - PRELEVEMENTS OBLIGATOIRES - OTAN - REAGAN - PLOMBIERS DE
Cinéphile, elle adore regarder des bande-annonces et des moments historiques à la télévision. Le prochain James Bond ou le discours d’investiture de Barack Obama lui donnent les mêmes frissons. Corinne Le Poulain à Paris le 11 mars 2013 Publié le 10 Février 2015 - 16h59 La comédienne Corinne Le Poulain est morte d'un cancer "foudroyant" à l'âge de 66 ans dans la nuit de lundi 9 à mardi 10 février 2015, indique l'AFP. Figure du théâtre et de la télévision depuis plus de quarante ans, avec des participations à de nombreuses séries et pièces, elle était apparue dernièrement à la télévision il y a dix ans dans Navarro et dans Plus Belle la Vie, où elle incarnait Solange. Plus récemment, on avait pu la croiser lors de la première édition des Sésames de l'Accessibilité Positive à la mairie de Paris, le 4 novembre dernier. Corinne Le Poulain a eu une fille avec le comédien Michel Duchaussoy décédé en 2012, Julia Duchaussoy. Comédienne, elle a notamment joué dans un épisode de Bref. "Bref, j'ai couché avec une flic" et est actuellement à l'affiche du Tombeur avec Michel Leeb au Théâtre des Nouveautés, à du comédien et metteur en scène Jean Le Poulain - administrateur de la Comédie-Française dans les années 1980 -, Corinne Le Poulain est une femme de théâtre qui n'a pas boudé le petit et le grand écrans. Elle a fait ses débuts sur les planches en 1967 dans la pièce Quarante carats de Pierre Barillet et Jean-Pierre Gredy. Elle a aussi joué avec Louis de Funès dans Oscar dans les années 1970 et a été à l'affiche du Dindon de Georges Feydeau dans les années 1980 dans une mise en scène de Jean incarne Suzon dans la reprise de Huit femmes diffusée à la télévision française dans le cadre de l'émission Au théâtre ce soir en 1972 et connaît une grande popularité en jouant l'héroïne Sally dans la série Sam et Sally 1978 aux côtés de Georges Descrières. Elle obtient également un grand succès dans le rôle d'Esther dans le feuilleton télévisé Splendeurs et misères des courtisanes, et joue dans Le Canard à l'orange, de William Douglas-Home, sous la direction de Pierre Mondy. Elle a également animé, une année durant, l'émission pour la jeunesse Les Visiteurs du mercredi 1981.Au cinéma, on se souviendra de sa performance dans Bonsoir de Jean-Pierre Mocky en 1993, avec Claude Jade, Marie-Christine Barrault et Michel Serrault. Le long métrage raconte l'histoire d'un tailleur qui se retrouve en faillite et SDF. Aussi décide-t-il de chercher un nouveau lieu pour dormir chaque soir, afin de rompre sa solitude. Il rencontre alors Caroline, une lesbienne qui se cache, amoureuse de Gloria, une jolie bourgeoise campée par Corinne Le Poulain. Toujours très prompt à rendre hommage à celles et ceux qui ont travaillé avec lui comme Bernadette Lafont, le réalisateur a salué "une comédienne de grand talent qui n'a pas eu la chance d'être au premier plan mais qui a fait beaucoup de choses au théâtre et à la télévision". En 2012, elle était interviewée par Châtelaillon-Plage pour parler de sa pièce de théâtre, Les Vieilles Chipies. Elle confiait son moment préféré les tournées, car cela lui permettait de rencontrer le public. Un public qui a été si fidèle "Je me dis que je n'ai pas été tout à fait inutile", disait-elle en voyant l'amour des spectateurs, heureuse de travailler dur pour cela et confiant qu'avoir un oncle Jean Le Poulain dans le milieu du divertissement ne suffisait pas pour durer. CORINNE LE POULAIN - SOIREE POUR LE LANCEMENT DU LIVRE "ABBA" A PARIS LAUNCH PARTY FOR BOOK "ABBA" IN PARIS14/10/2010 - Paris Abonnez-vous à Purepeople sur facebook CorinneLe Poulain est morte: cette figure du théâtre et de la télévision avec "Plus belle la vie" disparaît à 66 ans . DISPARITION - Corinne Le Poulain, figure du théâtre et de la télévision depuis plus de quarante ans avec des apparitions dans de nombreuses séries, est morte dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 66 ans, a annoncé son entourage à l'AFP.
Jean de Calais Il était une fois, un homme riche de cent mille pistoles, et aumônier autant que riche. Cet homme avait perdu sa femme, et vivait avec son enfant, appelé Jean de Calais. A vingt ans, Jean de Calais était un jeune homme fort et hardi, aumônier comme son père, mais grand batteur de pavé, ribotteur et coureur de gueuses. Cela vint au point que son père lui dit un jour — Jean de Calais, tu empruntes à Dieu et au Diable. Tu jettes l’argent par les fenêtres. Je n’entends pas que tu me ruines, pour des maquereaux et des putains. Tiens. Voici sept mille pistoles. Paie ce que tu dois, et tâche de mener meilleure vie. — Père, vous serez obéi. Mais Jean de Calais oublia sa promesse. Au lieu de payer ce qu’il devait, il se remit à battre le pavé, à ribotter, à courir les gueuses. Cela revint au point que son père lui dit un jour — Jean de Calais, tu ne m’as pas obéi. Mes sept mille pistoles sont fricassées. Toujours tu empruntes à Dieu et au Diable. Toujours tu jettes l’argent par les fenêtres. Tes dettes seront payées. Mais je n’entends pas que tu me ruines, pour des maquereaux et des putains. Tiens. Voici sept mille autres pistoles. Va courir le monde, et tâche de faire fortune. — Père, vous serez obéi. Jean de Calais salua son père, sauta sur son cheval, et partit par la route de Bordeaux. Trois jours après, il cheminait plus loin que Marmande. Il traversait un village, tout proche de la Garonne. Au bord de l’eau, gisait, nu comme un ver, un pauvre mort, rongé des chiens. Alors, Jean de Calais devint tout bleu de colère. — Mille Dieux ! Suis-je donc dans un pays de païens et de juifs ? N’avez-vous pas honte, canailles, de laisser ainsi ce pauvre mort, nu comme un ver, et rongé des chiens ? — Passant , tâche de mieux parler. Sinon, gare à toi. Jean de Calais tira son épée.— Je parle comme il me plaît, ivrognes. Avancez. Tous, tant que vous êtes, je vous emmerde, à pied et à bandits, avancez un peu. Alors, les gens du village baissèrent la voix, et répondirent honnêtement — Passant, ne te fâche pas. Cet homme n’a que ce qu’il mérite. Il est mort sans payer ses dettes. En pareil cas, la coutume de ce pays veut que le corps soit jeté tout nu sur le bord de l’eau. Les chiens le rongent, en attendant que la Garonne monte et l’emporte. Le reste profite aux poissons. — Cochons ! Vous n’êtes donc pas chrétiens ? Combien devait le pauvre mort, salauds ? — Passant, le mort devait six mille pistoles. — En voilà sept, valets de bourreau. Payez-vous. Le reste est pour faire dire des messes. Maintenant, racaille, courez chercher le curé, et en route pour le cimetière. — Passant, tu seras obéi. Le pauvre mort enterré, Jean de Calais retourna chez son père. — Bonjour, père. — Bonjour, Jean de Calais. Te voilà bientôt revenu. déjà fait fortune ? Conte-moi ça. Jean de Calais obéit. Jusqu’à la fin, le père écouta sans mot dire. — Jean de Calais, tu as bien fait. Je te pardonne. Tâche de mener meilleure vie. — Père, vous serez obéi. Mais Jean de Calais oublia sa promesse. Il se remit à battre le pavé, à ribotter, à courir les gueuses. Cela revint au point que son père lui dit un jour — Jean de Calais, tu ne m’as pas obéi. Toujours tu empruntes à Dieu et au Diable. Tu jettes l’argent par les fenêtres. Tes dettes seront payées. Mais je n’entends pas que tu me ruines, pour des maquereaux et des putains. Tiens, voici sept mille autres pistoles. Va courir le monde, tâche de faire fortune, et ne reviens pas de sitôt. — Père, vous serez obéi. Jean de Calais salua son père, sauta sur son cheval, et partit par la route de Bordeaux. Trois jours après, il cheminait plus loin que Marmande. C’était au temps du mois mort, au temps de la grande froidure. Tout en cheminant, Jean de Calais pensait — Je ne suis pas loin du village où j’ai payé sept mille pistoles, pour faire enterrer le pauvre mort. Certes, j’ai souvent plus mal employé l’argent de mon père. Quand il traversa le village, tout le monde dormait. La lune montait dans le ciel, et les étoiles marquaient minuit. En passant devant le cimetière, Jean de Calais tira sur la bride, et mit pied à terre. — Attends-moi là, mon bon cheval. Le temps de réciter un Pater pour le pauvre mort. Jean de Calais entra, sans peur ni crainte. Il s’agenouilla sur la fosse, et récita son Pater. Comme il se relevait, un grand Oiseau Blanc vint se poser tout en-haut de la grande croix du cimetière. Le grand Oiseau Blanc se mit à parler. — Jean de Calais, je suis l’âme du pauvre mort. Jean de Calais, tu m’as fait service. Compte que je ne l’oublierai pas. Et le grand Oiseau Blanc s’envola je ne sais où. Jean de Calais remonta sur sa bête, et repartit. Trois heures après le lever du soleil, il descendait, mort de froid et de faim, sur le seuil d’une bonne auberge, en face de la rade de Bordeaux. — Hô ! Valets ! Ici, fainéants. Vite, ce cheval à l’écurie. Servantes, vite, un fagot dans la cheminée. Vite, un bon déjeuner sur table. Une fois repu et dégelé, Jean de Calais monta dans sa chambre, se mit au lit, et dormit comme une souche, jusqu’à l’heure du souper. Alors, il redescendit, frais et gaillard dans la salle commune. A côté de lui vint s’attabler un capitaine de navire. — Eh bonjour, Jean de Calais. — Eh bonjour, capitaine. — Jean de Calais, je suis bien heureux de te retrouver ici. Que de fois, tous deux, nous avons battu le pavé, ribotté, couru les gueuses. — Capitaine, il y a temps pour tout. J’ai fini de mal faire. Je veux courir le monde, et tâcher de faire fortune. — Jean de Calais, je veux t’en donner le moyen. Ecoute. Demain matin, viens me voir sur mon navire, au beau milieu de la Garonne. Là, je te dirai des choses qui valent la peine d’être écoutées. — Capitaine, compte sur moi. Le lendemain matin, Jean de Calais était sur le navire, au beau milieu de la Garonne. — Bonjour, capitaine. Donne-moi le moyen de foire fortune. Dis-moi les choses qui valent la peine d’être écoutées. — Jean de Calais, je parlerai, si tu me jures par ton âme que tu n’en rediras pas un mot. — Capitaine, je te le jure par mon âme. — Jean de Calais, tu veux faire fortune. Viens avec moi. Ici, je commande à cent pirates forts et hardis. Les pirates sont des mariniers qui courent le monde, pour piller partout où ils peuvent. Viens avec moi. Dans un an, tu gagneras ton pesant d’or. — Capitaine, ce serait de l’or mal gagné. — Jean de Calais, quand tu paies, les gens ne te demandent pas d’où vient ton or. Ils regardent s’il n’est pas faux. Viens avec moi. Si tu mets la main sur quelque belle fille, nous la garderons ici prisonnière. Tu en feras à ta volonté, si mieux tu n’aimes la vendre cher. Tiens, pas plus tard que le mois passé, moi, j’ai volé les deux filles du roi de Lisbonne, en Portugal. Suis-moi. Je veux te les montrer. Jean de Calais suivit le capitaine des pirates. Dans une chambrette du navire, deux filles, plus belles que le jour, priaient Dieu, et pleuraient comme des Madeleines. — Jean de Calais, regarde. L’aînée marche vers ses dix-huit ans. La cadette n’en a pas sept. Si bientôt je n’ai pas trouvé marchand à trois millepistoles par fille, je les jette à l’eau. Autant de gagné pour les poissons. — Capitaine , ces deux filles sont à moi. Menons-les à mon auberge. Là, je te compterai six mille pistoles. — Jean de Calais, j’en veux douze. — Capitaine, ce qui est dit est dit. Obéis, ou faisons bataille. Le capitaine des pirates eut peur. Il mena les deux filles à l’auberge, où Jean de Calais lui compta les six mille pistoles. — Capitaine, voilà plus d’argent que tu n’en vaux. File, et tâche de ne plus te trouver sur mon chemin. Alors, Jean de Calais se retourna vers la fille aînée — Demoiselle, je suis amoureux de vous. Parlez. A votre volonté , je vous ramène avec votre soeur à Lisbonne au Portugal, ou je vous conduis dans la maison de mon père. — Jean de Calais, conduis-nous dans la maison de ton père. — Demoiselle, nous partirons dans trois jours. Aussitôt, Jean de Calais manda les couturières et les modistes. — Demoiselle, commandez vite tout ce qu’il faut pour vous et pour votre soeur. J’ai encore mille pistoles en bourse. Trois jours après, Jean de Calais et les deux filles quittaient Bordeaux. Trois jours plus tard, ils étaient au bout de leur voyage. — Bonjour, père. — Bonjour, Jean de Calais. Te voilà bientôt revenu. As-tu déjà fait fortune ? Raconte-moi ça. Jean de Calais obéit. Jusqu’à la fin, le père écouta sans mot dire. — Jean de Calais, tu as bien fait. Et maintenant, qu’entends-tu faire de ces deux filles ? — Père, écoutez-moi. J’entends épouser l’aînée. J’entends reconnaître la cadette pour mon enfant. Si vous dites non, je repars, et vous avez fini de me voir. — Jean de Calais, fais à ta volonté. Je consens à tout. — Père, merci. Que le Bon Dieu vous récompense. Jean de Calais épousa donc l’aînée des filles, et reconnut la cadette pour son enfant. Au bout de neuf mois, sa femme accouchait d’un beau garçon. Un an plus tard, le père de Jean de Calais était mort. Le temps du deuil fini, Jean de Calais manda un peintre fameux. — Peintre, voilà de l’or et de l’argent. Tire le portrait de ma femme. Tire le portrait de sa soeur. Tire le portrait de mon enfant. Un mois après,Jean de Calais était obéi. Alors, il se fit apporter trois coffres, le premier pour le linge et les habits, le second pour l’or et l’argent, le troisième pour les portraits. — Valets, attelez ma voiture, et chargez-y ces trois coffres. Cela fait, Jean de Calais embrassa toute sa famille. — Adieu, femme. Adieu, mes enfants. Je pars pour un grand voyage. Quand je serai de retour, vous en saurez davantage. Pensez à moi. Si je puis, je vous manderai de mes nouvelles. Jean de Calais partit. Trois jours après il s’embarquait à Bordeaux. Un mois plus tard il arrivait, avec ses trois coffres, à Lisbonne, en Portugal. Là, il loua un beau logement, sur la plus grande place de la ville, juste à michemin entre le Louvre du roi de Lisbonne, en Portugal, et la cathédrale. Il loua aussi une belle voiture, attelée de quatre chevaux blancs, avec un cocher et deux laquais galonnés d’or. Jean de Calais avait son plan. Le dimanche suivant, il cacha sous ses habits deux pistolets chargés à poudre, et cloua les trois portraits sur le côté droit de la voiture. Cela fait, il dit au cocher — Touche du côté de la cathédrale. Le roi et la reine vont revenir de la grand’messe. Tâche de passer ras de leur voiture, en leur montrant le côté droit de la mienne. — Maître, vous serez obéi. En passant près de la voiture du roi, Jean de Calais déchargea ses deux pistolets en l’air. Alors, le peuple s’ameuta. — A mort, l’étranger ! A mort, l’assassin ! Il a tiré sur le roi et sur la reine. A mort ! A mort ! — Étranger, dit le roi, que t’avons-nous fait ? Pourquoi voulu nous tuer, moi et la reine ? — Roi, ces deux pistolets n’étaient chargés qu’à poudre. J’ai voulu vous forcer à regarder ces trois portraits. Alors, le roi et la reine regardèrent ces trois portraits, et se mirent à pleurer. — Étranger, parle. Parle vite. Parle-nous de ces trois portraits. — Roi, voici ma femme. Roi, voici notre fils. Roi, voici la soeur cadette de ma femme, que j’ai reconnue pour mon enfant. — Étranger, ces deux filles sont les miennes. — Roi, je les ai payées six mille pistoles au capitaine de pirates qui vous les avait volées. — Étranger, comment t’appelles-tu ? — Roi, je m’appelle Jean de Calais. — Jean de Calais, monte dans ma voiture, et viens dîner avec nous. Jean de Calais obéit. Le roi le fit attabler à sa droite, avant les plus grands nobles du pays. — Mes amis, voici mon gendre. Voici l’homme qui vous commandera quand je serai mort. Jean de Calais, ce soir même, tu vas partir pour un grand voyage. Ainsi, bois, mange, ne te laisse manquer de rien. Ce soir même, tu vas retourner dans ton pays, et ramener ici mes deux filles et mon petit-fils. Ce qui fut dit fut fait. Le soir même, Jean de Calais s’embarquait sur un beau navire, plein de beaux messieurset de belles dames, qui s’en allaient à Bordeaux. Parmi ces passagers, se trouvait un jeune homme, honnête et serviable comme pas un. Jean de Calais en fit vite son grand ami, et lui confia tous ses secrets. Une nuit, tous deux devisaient, à l’accoutumé, penchés sur le bordage du navire. Le temps était superbe, et la lune montait claire et brillante dans le ciel. — Quel bonheur ! mon grand ami, disait Jean de Calais. Chaque jour me rapproche de Bordeaux. Bientôt, je reverrai ma femme et mes enfants. Bientôt, nous repartirons tous quatre, pour vivre heureux à Lisbonne, en Portugal. Mon grand ami, je n’oublierai jamais tes services. Ne nous quittons plus. J’ai de quoi te faire riche. — Jean de Calais, je le veux bien. Mais cet homme était un traître, qui depuis longtemps guettait l’occasion de faire un mauvais coup. Il fit semblant de ramasser quelque chose à terre, empoigna vite Jean de Calais par les jambes, et le lança dans la mer grande. Le malheureux nageait, en criant au secours. Nul ne vint. Déjà le navire filait à perte de vue. Jean de Calais nageait toujours. Mais il sentait que cela ne pouvait durer. — Sainte Vierge, ayez pitié de moi. En ce moment, un grand Oiseau Blanc volait dans la nuit, en rasant la mer grande. — Jean de Calais, je suis l’âme du pauvre mort. Jean de Calais tu m’as fait service. Je ne l’ai pas oublié. Mon secours ne te manquera pas. Et le grand Oiseau Blanc s’envola je ne sais où. Jean de Calais nageait toujours. Mais il sentait que cela ne pouvait durer. — Le grand Oiseau Blanc a menti. Sainte Vierge, ayez pitié de moi. En ce moment, une poutre passa flottant sur la mer. Vite, Jean de Calais la saisit, et monta dessus. — Merci, sainte Vierge. Vous avez eu pitié de moi. Legrand Oiseau Blanc n’a pas menti. Pendant trois jours et trois nuits, Jean de Calais flotta, sans manger ni boire, sans rien voir que le ciel et l’eau. Enfin, il aborda presque mort sur un rocher, sur un rocher sans arbres ni verdure, au milieu de la mer grande. — Sainte Vierge, ayez pitié de moi. Sur ce rocher, je mourrai de soif et de faim. En ce moment, un grand Oiseau Blanc volait, en rasant le rocher. — Jean de Calais, je suis l’âme du pauvre mort. Jean de Calais, tu m’as fait service. Je ne l’ai pas oublié. Mon secours ne te manquera pas. Tiens, voici une miche de pain et une jarre de vin. Compte qu’une fois par semaine je t’en apporterai autant. Et le grand Oiseau Blanc s’envola je ne sais où. Mais il revint une fois chaque semaine, avec une miche de pain et une jarre de vin. Cela dura longtemps, bien longtemps. Pendant que Jean de Calais vivait ainsi, le traître qui avait surpris tous ses secrets, et qui l’avait jeté dans la mer grande, s’était rendu petit à petit maître et seigneur dans son château. D’abord, il s’était présenté vêtu de deuil. — Bonjour , Madame. Je vous apporte de tristes nouvelles. Jean de Calais est mort. Alors, tous les gens du château se prirent à crier et à pleurer. — Oui, Jean de Calais est mort. J’étais son grand ami. Il m’a dit tous ses secrets. Interrogez-moi. Je suis en état de vous répondre sur tout. Oui, Jean de Calais est mort, noyé dans la mer grande. Gardez-moi chez vous. Je serai votre intendant ; mais je ne veux pas de gages. Chaque matin et chaque soir, nous prierons Dieu de mettre en paix l’âme de mon grand ami. Ce qui fut dit fut fait. Au bout de quatre ans, l’intendant commandait en maître et seigneur dans la maison. Devant lui, maîtresses et valets tremblaient comme la feuille, et n’osaient pas souffler mot. Un jour, l’intendant dit à sa maîtresse — Madame, Jean de Calais est mort, et bien mort, noyé dans la mer grande. Il faut nous marier. La maîtresse se méfiait, mais elle avait peur de dire non. — Intendant, je te demande un an pour y penser. — Madame, je vous donne un an. Au bout d’un an, l’intendant dit à sa maîtresse — Madame, il est temps de nous marier. La maîtresse se méfiait ; mais elle avait peur de dire non.— Intendant, je te demande encore un an, pour filer mon trousseau, avec ma soeur et mes servantes. — Madame, je vous donne encore un an. Au bout d’un an, l’intendant dit à sa maîtresse — Madame, il est temps de nous marier. La maîtresse se méfiait ; mais elle avait peur de dire non. — Intendant, je te demande encore un an, pour coudre mon trousseau, avec ma soeur et mes servantes. — Madame, je vous donne encore un an, mais pas plus. Pendant que ces tristes choses se passaient dans sa maison, Jean de Calais vivait toujours sur son rocher, sur son rocher sans arbres ni verdure, au milieu de la mer grande. Chaque semaine, le grand Oiseau Blanc lui apportait une miche de pain et une jarre de vin. Un matin, à la pointe de l’aube, le grand Oiseau Blanc parla. — Jean de Calais, il se passe chez toi de tristes choses. Aujourd’hui même, ta femme sera forcée d’épouser son intendant, d’épouser le traître qui t’a jeté dans la mer grande. Jean de Calais, promets-moi la moitié de ce que tu aimes le mieux, et dans une heure je te porte sur le seuil de ton château. — Grand Oiseau Blanc, je te promets la moitié de ce que j’aime le mieux. Alors, le grand Oiseau Blanc planta son bec et ses serres dans les cheveux de Jean de Calais, et partit comme un éclair au-dessus de la mer grande. Une heure après, il le déposait sur le seuil de sa maison. — Jean de Calais, j’ai tenu ma promesse. Le temps est proche, où je te demanderai de tenir la tienne. Et le grand Oiseau Blanc s’envola je ne sais où. Depuis sept ans que Jean de Calais vivait sur son rocher, sur son rocher sans arbres ni verdure, jamais il n’avait fait couper ses cheveux, ni raser sa barbe. Ses habits tombaient en lambeaux. Le pauvre homme s’en alla, comme un mendiant, jusqu’à la porte de la cuisine, où les servantes avaient fort à faire pour préparer le dîner de noces. — Une petite aumône, s’il vous plaît, servantes, pour l’amour de Dieu et de la sainte Vierge Marie. Pater noster, qui es in coelis. — Au large, pouilleux. Garde pour toi ta vermine. Tiens, prends cette écuelle de soupe, ce morceau de pain, cette bouteille, et va te rassasier à l’écurie. Jean de Calais obéit. Pendant qu’il buvait et mangeait, la soeur de sa femme entra dans l’écurie, portant une assiette pleine de fricot. — Pauvre, nos servantes sont des rien qui vaille. Elles t’ont chassé de la cuisine, sans te donner tout ce qu’il faut. Je t’en demande pardon. Tiens, voici pour toi ; mais prie Dieu pour nous. Jean de Calais pria Dieu, et tomba sur le fricot. Depuis sept ans passés, il n’avait rien mangé de pareil. — Merci, mie. Que le Bon Dieu te récompense. Tu ne me reconnais pas. Mais moi, je te reconnais. Tu es la fille cadette du fils du roi de Lisbonne en Portugal. Moi, je suis Jean de Calais, le mari de ta soeur. — C’est vrai, Jean de Calais. Je te reconnais maintenant. — Mie, méfions-nous. Va dire à ma femme que je reviens de loin, et qu’elle vienne ici me parler en grand secret. La demoiselle obéit ; mais sa soeur ne voulait pas croire ce qu’elle entendait. — Ma soeur, ce pauvre ment. Pour mon malheur, Jean de Calais est mort. Il ne reviendra jamais, jamais. Pourtant va regarder ce pauvre, et lui parler encore une fois. La demoiselle obéit, et revint presque aussitôt. — Ma soeur, tu peux m’en croire. Jean de Calais est revenu. Alors, les deux soeurs descendirent secrètement à l’écurie, et l’aînée reconnut Jean de Calais. — Tu es mon mari ! Tu es mon mari ! — Tais-toi, pauvre femme. Nous deviserons plus tard. Maintenant, montons vite dans ta chambre. Ce qui fut dit fut fait. Une fois dans la chambre, Jean de Calais poussa les verroux, et ferma la porte à double tour. — Femme, vite une épée. Bien. Et maintenant, vite, des ciseaux. Vite, un rasoir et du savon. Vite, du linge blanc, et de beaux habits. Bien. Et maintenant, hâte-toi de t’habiller en mariée. La femme obéit. Pendant qu’elle s’habillait en mariée, Jean de Calais coupait ses cheveux, rasait sa barbe, mettait du linge blanc, passait ses beaux habits, et ceignait son épée. — Eh bien, femme, ai-je toujours l’air d’un pauvre mendiant ? En ce moment, un grand bruit de tambours et de trompettes se fit entendre. Devant le château, trente mille hommes vinrent se ranger en bataille, trente mille hommes commandés par deux rois couronnés d’or, et montés sur deschevaux blancs. — Femme, regarde. Regarde ton père, le roi de Lisbonne en Portugal. Depuis sept ans, le vieux brave homme s’est lassé de nous attendre. Le voici qui vient nous chercher, en compagnie du roi de France. Écoute, femme, cours vite les trouver. Fais comme si tu voulais épouser l’intendant. Fais comme si je n’étais pas là, et compte sur moi pour arriver au bon moment. La femme obéit. — Bonjour, roi de France. Bonjour, père. Tenez, voici ma soeur cadette. Toutes deux nous sommes heureuses, bien heureuses de vous revoir. — Embrassons-nous, mes filles, et remercions le roi de France. Sans lui, je vous chercherais encore. Et maintenant, préparez-vous à me suivre. Dans trois jours, nous serons à Bordeaux. Dans quatre, nous serons embarqués pour Lisbonne en Portugal. Alors, l’intendant parla. — Roi de Lisbonne en Portugal , écoutez. Voilà trois ans, jour pour jour, que votre fille aînée m’a promis mariage. J’entends qu’elle acquitte sa promesse. — Ma fille, réponds. Cet homme dit-il la vérité ? — Père, cet homme dit la vérité. Mais je lui ai promis mariage, parce qu’il me faisait peur, et parce qu’il m’a juré par son âme que mon mari, Jean de Calais, était mort noyé dans la mer grande. — Madame, je le jure encore par mon âme. Jean de Calais est mort noyé dans la mer grande. Vous m’avez promis mariage. J’entends que vous acquittiez votre promesse. "Roi de France, jugez-nous." Alors, Jean de Calais parut.— Roi de France, jugez-nous. Cet homme en a menti comme un chien qu’il est. Je suis Jean de Calais. Soyez témoins, maîtresses et valets de ce château. — Oui, oui, cet homme est Jean de Calais. — Merci, braves gens. Roi de France, je reprends ma femme. Mais vous n’avez pas fini de juger. Roi de France, j’avais fait de cet homme mon grand trahison, il me jeta dans la mer grande mais je ne m’y noyai pas, un grand Oiseau Blanc me secourut. Sur une poutre, je flottai trois jours, sans manger ni boire, sans rien voir que le ciel et l’eau. Enfin, j’abordai sur un rocher, sur un rocher sans arbres ni verdure. Là, pendant sept ans, le grand Oiseau Blanc m’a nourri. Chaque semaine, il m’apportait une miche de pain, et une jarre de vin. Ce matin, à la pointe de l’aube, le grand Oiseau Blanc m’a dit Jean de Calais, il se passe chez toi de tristes choses. Aujourd’hui même, ta femme sera forcée d’épouser son intendant, le traître qui t’ajeté dans la mer grande. Jean de Calais, promets-moi la moitié de ce que tu aimes le mieux , et dans une heure tu seras sur le seuil de ton château. J’ai promis, et le grand Oiseau Blanc m’a tenu parole. Roi de France, jugez-nous. — Roi de France, répondit l’intendant, cet homme en a menti. Je le jure par mon âme. — J’en ai menti, traître. Il y a un Bon Dieu au ciel. Le Bon Dieu est juste. Tire ton épée, et faisons bataille. En ce moment, un grand Oiseau Blanc vint se percher sur la plus haute tour du château. Du haut de la tour du château, le grand Oiseau Blanc parla. — Roi de France, écoute. Je suis bon témoin. Ceux qui sont en paradis n’en reviennent pas pour mentir. Roi de France, je suis l’âme d’un pauvre mort. Plus loin que Marmande, mon corps gisait au bord de la Garonne, nu comme un ver, et rongé des chiens. Ainsi le veut la coutume de ce pays, quand un homme meurt sans payer ses de Calais a payé pour moi. Il m’a fait porter au cimetière. Il m’a fait dire des messes. Il est venu, à minuit, prier Dieu sur ma fosse. Voilà comment Jean de Calais m’a fait service. Je ne l’ai pas oublié. Voilà pourquoi je l’ai secouru sur la mer grande, et nourri sept ans sur un rocher, sur un rocher sans arbres ni verdure. Voilà pourquoi je l’ai porté, dans une heure, sur le seuil de ton château. Roi de France, Jean de Calais a bon droit. Je ne veux pas qu’il fasse bataille contre le traître qui l’a lancé dans la nier grande. Le grand Oiseau Blanc se tut. Alors, le roi de France manda le bourreau et ses valets. — Bourreau, voici cent pistoles. Prends ce rien qui vaille, et fais-le périr écartelé. Le bourreau et ses valets attachèrent un cheval à chaque bras et à chaque jambe de l’intendant, et tombèrent sur les quatre bêtes à grands coups de fouet. — Hue ! hue ! rosses ! Hue ! carcans ! Hue, donc. Voilà comment l’intendant périt écartelé. Alors, du haut de la tour, le grand Oiseau Blanc parla.— Roi de France, tu as commandé selon la tu n’as pas fini de juger. Devant toi, Jean de Calais a confessé qu’il m’avait promis la moitié de ce qu’il aime le mieux. J’entends qu’il acquitte sa promesse. Ce qu’il aime le mieux, c’est son enfant. J’entends qu’il le coupe en deux, et qu’il m’en donne la moitié. — Jean de Calais, dit le roi de France, tu as promis. Il faut payer. Tire ton épée, et fais deux portions de ton enfant — Roi de France, je veux payer double. Tiens, grand Oiseau Blanc, prends mon enfant tout entier. — Jean de Calais, tu m’en a promis la moitié. Je n’en veux que la moitié. Obéis au roi de France. Tire ton épée, et fais deux portions de ton enfant. Jean de Calais tira son épée. Il était pâle comme un mort. — Jean de Calais, arrête, cria le grand Oiseau que tu m’avais promis, je te le donne. Garde ton enfant tout entier. Jean de Calais, tu m’as fait service. Je t’ai payé, nous sommes quittes. Adieu. Je m’en retourne en paradis. Et le grand Oiseau Blanc s’envola. On ne l’a revu jamais, jamais. Le lendemain, Jean de Calais et tous les siens s’embarquaient à Bordeaux. Un mois après, ils étaient à Lisbonne au Portugal. Alors, le roi dit à son gendre — Jean de Calais, je suis vieux. Désormais, j’entends que tu commandes à ma place. Ce qui fut dit fut fait. Jean de Calais commanda selon le droit et la justice, et vécut longtemps heureux parmi les siens.
JeanLe Poulain (né le 12 septembre 1924 à Marseille (source pour son heure de naissance : Didier Geslain) et mort le 1er mars 1988 à Paris) est un acteur et metteur en scène français. Il apprend son métier au cours Simon, avec Jacqueline Maillan, et obtient un premier prix du Conservatoire en 1949. Jean Vilar le recrute au Théâtre National Populaire. Il donne la réplique
Le Malade Imaginaire Molière 1622-16731/29 Data Le malade imaginaire Molière 1622-1673 Langue Français Genre ou forme de l’œuvre Œuvres textuelles Date 1673 Note Remembrance of Things Past Shakespeare’S Comedies on French TelevisionRemembrance of Things Past Shakespeare’s Comedies on French Television Sarah HATCHUEL and Nathalie VIENNE -GUERRIN This essay explores howRigorózní Práce, M. KučeraUNIVERSITÉ PALACKÝ À OLOMOUC FACULTÉ DES LETTRES DÉPARTEMENT DES ÉTUDES ROMANES MARTIN KU ČERA LA MISE EN SCÈNE DES PIÈCES DE PAUL CLAUDEL ENJean Le Poulain 1924-19881/27 Data Jean Le Poulain 1924-1988 Pays France Langue Français Sexe Masculin Naissance 12-09-1924 Mort 01-03-1988 Note Acteur, metteur enDossier De Presse FEYDEAU17 novembre 2010 dossier de presse La troupe de la Comédie-Française présente Salle Richelieu en alternance du 4 décembre 2010 au 18 juin 2011Bouffons Des Temps Modernes Figures De Morosophes Dans Les OeuvresTHÈSE Pour obtenir le diplôme de doctorat Spécialité LANGUE ET LITTÉRATURE FRANÇAISES Préparée au sein de l'Université de Caen Normandie Βοuffοns des tempsJacques Lassalle Au Gouvernail De La Comédie-Française Irène Sadowska-GuillonDocument généré le 27 sept. 2021 1955 Jeu Revue de théâtre Jacques Lassalle au gouvernail de la Comédie-Française IrèneJean Le Poulain 1924-19881/27 Data Jean Le Poulain 1924-1988 Pays France Langue Français Sexe Masculin Naissance 12-09-1924 Mort 01-03-1988 Note Acteur, metteur enÉditions De L'arche InventaireÉditions de l'Arche Inventaire Versement de 2001 Cotes 189ARC/1 – 189ARC/95 avril 2011 révisé en novembre 2018 © Imec - Tous droitsAprès Une Si Longue Nuit DOSSIER PEDAGOGIQUEAprès une si longue nuit Un texte de Michèle LAURENCE Mis en scène par Laurent NATRELLA Sociétaire de la Comédie-Française Assistante mise en scène LaureTrahisons Harold Pinter Texte Français Éric Kahane Mise En Scène Frédéric Bélier-Garciadossier de presse Paris, le 21 juillet 2014 LA TROUPE DE LA COMÉDIE-FRANÇAISE PRÉSENTE AU THÉÂTRE DU VIEUX-COLOMBIER DU 17 SEPTEMBRE AU 26 OCTOBRE 2014Theatre Des Celestins Lyon Régie Municipale . Direction Jean-PaulTHEATRE DES CELESTINS LYON RÉGIE MUNICIPALE . DIRECTION JEAN-PAUL LUCET GENOUSIE RENÉ DE OBALDIA THEATRE DES CELESTINS Top View Fonds Jean MercureDossier De Presse Au 10 Déc 2013Fonds Jacqueline GauthierThéâtre Et Arts Du Spectacle Collection Jacques LorceyProgramme Trahisons 14/15Lydie RIGAUD 9, Rue SOYER 92200 NEUILLY SUR SEINE 01 46 37 07 59 06 67 37 81 97 [email protected],ComLe Malade ImaginaireBase LagrangeAU THEATRE CE SOIR C'est À Partir De 1972 Que Je Vais Entendre UneFonds Georges VitalyL'anniversaire Est Un Flot De Paroles, De Mots, De Questions Évoquant Un Interrogatoire Destiné À Réduire L'autre Au SilenceFrench CINEMA in CLOSE-UP La Vie D’Un Acteur Pour MoiHistoria Del Teatro Contemporáneo. Vol. 11 FONDS MARCELLE TASSENCOURT Fonds D'archivesLa 72 Decembre 1958Hommage a RogerLe Théâtre Dans Les Fonds De L’Inathèque De FranceL'ecole Des Femmes Comédie En Cinq Actes De Molière
TVAréduite sur les poulains : c’est mort TVA réduite sur les poulains : c’est mort En décembre 2020, la loi sur le taux réduit de TVA applicable aux poulains était définitivement votée. Ne manquait plus que le décret d’application pour préciser ce qu’on entendait par poulain. On l’espérait pour le début d’année. Rien début juillet. Loïc Malivet, président de
Reminder of your requestDownloading format TextView 1 to 264 on 264Number of pages 264Full noticeTitle Revue historique du plateau de RocroiPublisher RocroiPublication date 1924-03Contributor Bernard Fauconier, Henri. Directeur de publicationRelationship textType printed serialLanguage frenchLanguage FrenchFormat Nombre total de vues 264Description mars 1924Description 1924/03 A2,N13-1925/ Consultable en ligneRights Public domainIdentifier ark/12148/bpt6k5784293gSource Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-LC11-2160Provenance Bibliothèque nationale de FranceOnline date 17/01/2011The text displayed may contain some errors. The text of this document has been generated automatically by an optical character recognition OCR program. The estimated recognition rate for this document is 94%.Reliure serrée Contraste insuffisant IMF Z 43-120-14 Texte détérioré — reliure défectueuse NF Z 43-120-11 2° ÀNÎVEÉ^MARS 4924/ M3^ France JCf francs Etranger IZtfrarics KM! HISTORfÔUE DÛ PLATEAU DE ROSÉ Le Numéro i Franc JALLOUX^é éditeur ROCROJ' — Passage de Bourgogne ROCROI 382 , 1924.' REVUE OU PLATEAU DE ROGROI Epoque néolithique .-Temps préhistoriques et anciens Age de pierre, âge de bronze, âge de fer. Période gauloise. — Période gallo-romaine. — Epoque franque. — Le Christianisme. — Moyen-Age. — Temps modernes. Période contemporaine. Macquenoise, Saint-Michel, Momignics. — Chimay-lePlenmont. — Virelles. — Signy-le-Petit. — Rumigny, Aouste, Les Esterbiseux. — Belzy. — Chiily, Etales, Hamzy. — L'Ëscaillère, la Grosse Rochelle. — Goiirieux-Sanit-Rion. — Boulonville. — Lompret. — Dailly. — Frasnes. —Nismes. — Dourbes. — La Roche à Lomme. — Couvin. SOMMAIRE nu NC 13 I. — Rupes rûperem. — Époque néolithique. — Temps préhistoriques et anciens. — Age de pierre suilej. PI. B. II. — Folk-lore philologique. D'A. BASTIN. III. — C'est la guerre ! suite. M" 10 IV. —• Monographie de Sévigny-la-Forét. — Livre III. Sévigny à'travers les âges suite. P. L. V. — Au .Tour le Jour 1914-1919. Notes et Souvenirs suite. MEMOE. VI. — Tribune publique. Notes historiques sur le plateau de Roeroi RÏJPES RÛPEREM Epoque néolithique, — Temps préhistoriques et anciens, — Age de pierre. Suite Le gîte de Saint-Michel-M'acquenoise, Ce gîte fui certainement une retraite assurée [tour les premières populations qui occuperont la région. Sa position, facilement défendable, servit aux émigranls qui venaient des lieux où se trouve aujourd'hui la petite ville de Bavay. Il est probable que les bandes qui s'y fixèrent n'avaient d'autre raison que celle d'èlre éloignées seulement, d'une quarantaine de kilomètres de leur point de concentration. L'éminence de Macqucnoise est à cheval sur ia frontière franco-beltïe, située à 0 kilomètres de Saint-Michel Aisne; et à 300 mètres seulement du village belge de Macqucnoise. Son altitude est à la cote 270,poinlculminanl du département de l'Aisne, et à 271 et même à 280 à sa partie orientale qui domine les sources de la Waguelle. Depuis le petit ruisseau de JJerlùjnon qui se déverse dans l'étang de la Lobieile et prend sa source aux contins de la forci de Saint-Michel-enThiérache, le sol s'élève graduellement jusqu'à la frontière. La crête forme un plateau allongé s'élendant sur 2 kilom. de l'est à l'ouest et sur 7 à 800 mètres de large. De légères aspérités en ondulent la surface, Sur la partie française, de faibles retranchements ovoïdaux sont tracés du nord-ouest au sud-est. Ces terrassements, appuyés S Année 13 REVUE DU PLATEAU DE ROCRO Epoque néolithique Temps préhistoriques et anciens Age de pierre, âge de bronze, âge de fer. Période gauloise. — Période gallo-romaine. — Epoque franque. — Le Christianisme. — Moyen-Age. — Temps modernes. Période contemporaine. Macquenoise, Saint-Michel, Momignies. — Chimay-lePleumont. — Virelles. — Signy-le-Pelit. — Rumigny, Aouste, Les Esterbiseux. — Belzy. — Chilly, Etales, Hamzy. — L'Escaillère, la Grosso Rochelle. — Gourieux-Saint-Rion. — Roulonville. — Lompret. — Dailly. — Frasnes. —Nismes. — Dourbes. — La Roche à Lomme. — Couvin. SOMMAIRE DU N° 13 I; — Rupes rûperem. — Époque néolithique. — Temps préhistoriques et anciens. — Age de pierre suitej. H. B. II. — Folk-lore philologique. Dr A. BASTIN. III. — C'est la guerre I suite. M'"c IV. — Monographie de Sévigny-la-Forêt. — Livre III. Sévigny à'travers les âges suite. P. L. V. — Au Jour le Jour 1914-1919. Notes et Souvenirs suite. MEMOH. VI. — Tribune publique. Note?-historiques sur le plateau de Roeroi MPES RUPEREM Epoque' néolithique. — Temps préhistoriques et anciens. — Age de pierre. Suite Le gîte de Saint-Michel-Macquenoise. Ce gîte fut certainement une retraite assurée pour les premières populations qui occupèrent la région. Sa position, facilement défendable, servit aux émigrants qui venaient des lieux où se trouve aujourd'hui la petite ville de Bavay. II est probable que les bandes qui s'y fixèrent n'avaient d'autre raison que celle d'être éloignées seulement d'une quarantaine de kilomètres de leur point de concentration. L'éminence de Macquenoise est à cheval sur la frontière franco-belge, située à 6 kilomètres de Saint-Michel Aisnej et à 300 mètres seulement du village belge de Macquenoise. Son altitude est à la cole 270, point culminant du département de l'Aisne, et à 271 et môme à 280 à sa partie orientale qui domine les sources de la Waguelle. Depuis le petit ruisseau de Bertignon qui se déverse dans l'étang de la Lobiette et prend sa source aux confins de la forêt de Saint-Miehel-enThiérache, le sol s'élève graduellement jusqu'à la frontière. La crête forme un plateau allongé s'étendant sur 2 kilom. de l'est à l'ouest et sur 7 à 800 mètres de large. De légères aspérités en ondulent la surface. Sur la partie française, de faibles retranchements ovoïdaux sont tracés du nord-ouest au sud-est. Ces terrassements, appuyés "2 Année 13 — 2 — à d'autres inclinant au midi, divisent le terrain en portions inégales. On constate aisément que ces travaux primitifs ne sont point des ouvrages gaulois ou romains, et ils diffèrent des travaux postérieurs en ce qu'ils sont moins profonds et moins compliqués. Nous pouvons aujourd'hui nous en rendre compte facilement sur les lieux mêmes, car un déboisement outrancier a considérablement éclairci la forêt 1. Il y a quelques années, on voyait encore des troncs d'arbres, alignés, pour ainsi dire, sur des espèces de levées de terre, restes d'enceintes que les peuplades suivantes remplacèrent par des pieux fichés en terre. Sur leurs vieilles souches, les chênes se rajeunirent plusieurs fois pendant plus de deux mille cinq cents ans. Des membres distingués de la Société archéologique de l'Aisne, parmi lesquels PIETTE et d'autres autorités, ne s'accordèrent point sur le résultat de leurs recherches, empêchés qu'ils furent dans leurs observations par la forêt épaisse qui couvrait les lieux. A l'ouest, le gîte s'élendait jusqu'à YOise; là, le sol est montueux. Des fossés et des retranchements, semblables à ceux du midi, y continuaient le cercle. Vers le nord, les travaux de défense étaient plus prononcés. On distingue encore, à peu de distance du village, sur la rive gauche de la rivière, des ouvrages à peu près effacés qui offraient un asile en cas d'attaque et poliraient protéger les bandes campées au sommet de la colline. Celte distribution des lieux était d'une importance capitale pour la résistance ainsi favorisée par les accidents du terrain. Des fractions ou groupements étaient échelonnés à des dislances variables, selon les assauts que l'on redoutait c'esl pourquoi certaines cohortes s'avançaient jusqu'à 5 et 6 kilom. du camp, et ce n'était point les moins aventureuses et les moins persévérantes dans leurs luttes fréquentes. 1 Sur le territoire de Macquenoise, le bois n'a pas été coupé. — 3 — Il est toutefois un fait qui frappe l'archéologue et l'historien dans l'étude des lieux c'est qu'au midi, le gîte de Macquenoise n'ait eu que les ouvrages du Chamiteau comme avancée, écartés de 4 kil. 1/2 du camp. Les défenseurs eurent-ils l'intention de se ménager une entrée de ce côté ? On serait presque tenté de le croire. Le nord et l'ouest de ce camp de refuge paraissent leur avoir inspiré plus d'inquiétudes, puisqu'on trouve en soutiens le lieu nommé plus lard Four-Mathot, et plus loin les Wastennes, et Dodane ou Dodale ; lieux où Th. BERNIER a récolté des armes ou ustensiles de cette époque. La cote 255 la M azuré barrait la vallée, et des fossés protecteurs restent encore ouverts à l'est, cote 300, au Boutde-là-Haut Seloignes, comme au sud-est à la Place d'Artoisecote11%. IL B. A suivre. F0LK-L0RE PHILOLOGIQUE Dans le numéro du 15 mars 1920 de la Revue Par-delà les Terrils, périodique dTlistoire, de Folk-lore, d'Art et de Littérature, publiée à Binche, en Hainaut, nous posions, à la page 259, un certain nombre de questions dont voici les 3° et 4e 3e L'adjectif dangereux, employé dans le même sens en wallon, a aussi, dans le dialecte du Centre Binche, La Louvière et de Charleroi, la signification de l'adverbe probablement sauf contre-temps imprévu. Exemple Dangereux, y s^ra ci dins eune heure. Comment expliquer cette déviation du sens primitif de cet adjectif ? — à — 4e Quelle serait l'origine philologique de l'adverbe wallon branmintou bramintbeaucoup? Nous croyons pouvoir répondre à-ces deux questions. Sur ce qui concerne la 3°, nous avons reçu, dès le mois de mai 19B0, cette communication d'un de nos amis J'ai été surpris de voir classer parmi ces adjectifs ce que je trouve mal rendu par le mot dangereux. Il faudrait l'orthographier autrement, même en patois. J'ai toujours compris cette locution comme la prononciation patoise écourtée de J'en jurerais. » Celte explication, plausible si l'on considère que de nom breuses locutions patoises sont des corruptions de la langue française, ne donne cependant pas entière satisfaction. En. effet, je me demande, depuis quelques instants, si l'expression n'existe pas aussi, en français, avec la même signification. C'est que je viens de l'entendre de la bouche du courrier des Mazures. M'étonnanl de le voir à pieds, chargé de son sac postal, je lui'demandai si le chemin était praticable aux voitures. Je devais, en effet, me rendre à Sécheval dans l'après-midi. Il me répondit La route est très glissante; vous monterez difficilement; un camion automobile a dérapé au tournant de l'ardoisière après rupture de chaîne et il barre la route transversalement. Mais, grand danger que lesvoiluriersqui dînent à l'auberge du Canal vont envoyer leurs chevaux pour le remettre en bonne direction. » Le sens est bien celui de mon correspondant J'en jurerais. Mais l'expression ne paraît pas empruntée au patois wallon. L'Ardennais de la vallée de la Meuse emploie bien quelques mots de terroir, du vieux patois, du roman, mais il parle français, sans effort, car il pense en français. Un Wallon de Binche voulant exprimer sa pensée — 5 — paloise aurait bien fait cette trouvaille de dire grand danger », comme il dit un morceau de fleurs» pour un bouquet de fleurs, parce que, dans son patois, in bouquè d' viande signifie un morceau de viande. Mais l'inverse n'est pas vrai et, sauf affirmation contraire motivée, nous devons considérer cette expression comme autochtone. Notre question reste donc posée et nous serons reconnaissant à qui la résoudra. * Pour ce qui concerne la 4° question, un séjour prolongé dans le Nord nous a permis de la résoudre. On y dit gramint avec la même signification que bramint à Charleroi. Nous avons souvenir d'une chanson d'Auguste LABBE, du Caveau Lillois, Les Coqu'leuoe » chantée sur l'air du Broq'Iel Aussi, dans le pays Gramint m' donn'ronl raison quand f dis On rC trouv' point gramint d'Mieux, Parmi les coqu'leux. L'explication paraît très simple Gramint n'est que la syncrase de grandement; on y retrouve la notion primitive d'étendue, de nombre. Bramint n'est qu'une corruption de gramint. Deville, le 30 décembre 1923. D- ALFRED BASTIN, C'est la Gaxei?re! 1 III.— PROPOS DE GUERRE AU VILLAGE En sortant de l'église, Madame retrouva ses anciennes connaissances et dit bonjour à tout le monde sur la rue ». Elle ne s'attarda pas longtemps, rentra, puis ôta son chapeau; André l'avait déjà devancée. A sa grand'mère il faisait lecture à haute voix des journaux de Paris qui annonçaient la catastrophe imminente. La vieille dame suivait tous ces événements d'une oreille attentive. Les empereurs d'Autriche, de Russie et d'Allemagne mobilisaient leurs armées et les massaient à leurs frontières... Le malheur planait sur nous. La conversation, suspendue dans la matinée, reprit bientôt sur la guerre. Grand'mère et Madame ne partageaient point la manière de voir d'André qui continua ainsi Le meurtre de l'archiduc d'Autriche à Sera^ewo, en Rosnie, n'est qu'une occasion bête, le prétexte qui en vaut un plus mauvais... Rien ne peut empêcher l'inévitable... Quand les noirs lahus » montent des bois qui nous enferment tout à l'enlour, posant un cercle étouffant sur celte petite vallée — André montrait la vallée de VAube à l'ouest et au sud-est — pouvons-nous empêcher l'orage d'éclater, la foudre et la grêle de ravager les champs? Eh bien ! l'Europe étouffe depuis quarante ans sous le militarisme forcené qui prend le Travail, l'Epargne, la Jeunesse, toutes les Forces vives des Nations... Dans quel but ?... Pour la Guerre. » Madame et la bonne vieille ne paraissaient point persuadées parles arguments d'André. Elles ne répondirent rien. 1 Voir le n° 11 de la Revue, p. 162, t. I. Au dehors, la chaleur élait accablante en ces derniers jours de juillet. Les joueurs de boules avaient attendu, pour commencer leurs parties, que le soleil baissât. Vers le soir, André les avait quittés pour venir prendre le frais sur le pas de la porte », auprès de Madame et de sa grand'mère. Tout à coup Achille reparut dans la rue. Il regagnait sa boutique 1 et de plus loin qu'il vit André, il lui cria — Il paraît qu' tu nous menaces de la guerre, Galférau?2. — Oh ! je n'ai ni la guerre ni la paix dans ma poche, répliqua André. — Enfin, t'as jeté une pierre dans la mare aux guernouilles » faut qu'tu m'expliques ton idée à c' l'heure, v'là tout. — Mon idée, c'est qu'on ne peut pas flancher. Il y a trop longtemps qu'on nous menace de la poudre et de l'épée... Assez de discours... Il faut qu'on nous les montre à présent. — C'est dans Y grand village qu'on raconte s' bétises-Ià? André hossait » la tête en toisant Achille de haut en bas, et sa grande barbe de saint Joseph montait et redescendait sur sa large carrure. Achille est un original, un politiquailleur, toujours à l'affût des nouvelles et des choses de Paris. Il est loin d'être bête et les gens de la capitale et des villes font volontiers la causette 1 La boutique du menuisier Achille Nott auprès des ponts » est une jolie petite maison avec habitation déjà ancienne, qui se trouve sur la roule do Rumigny à Brunehamel. L'Aube décrit une légère, courbe autour de la cour et des arbres l'abritent du vent du - nord. On y monte par des marches en bois. La porte domine une partie du lit de la rivière en amont. 2 Galférau espèce d'espagnol. Alfércr, porte-enseigne espagnol au xv° siècle, et, en Italie, au xvm° siècle. On écrit aussi alfier ou alfiere. - 8 — avec lui; ils vont même le relancer dans sa boutique de menuisier pour le faire endêver » sur la politique elles idées d'à c't' heure » qu'il dit. — Moi, je me f... des discours, continue-t-il Mais j' dis que ce serait un crime d' mettre le monde à feu et à sang parce qu'on a tué un homme et une femme, quand ça serait core » des princes... On n'a qu'à punir l'assassin, et v' là tout. — Sans doute, mais le meurtre de Serajewo n'est pas le seul motif de la guerre. — Ah ! oui, lAlsace et la Lorraine ! Mais ça pourrait nous coûter cher de vouloir leur z'y r'prendre. — On en parle pourtant, dit André d'un ton bref. — Gnal qu' des jeunes pour oser en parler... des jeunes qui n'ont pas vu 70 com'moi... Et puis, des Rois qui regardent les autres s' battre... d'loin. S'ils tiennent tant qu' ça à faire la guerre, à cause qu'on n'les met point terlous 2 dans un grand champ ous' qu'i s'battront tantqui voudront... Celui qui sera péri à la fin, son peuple s'ra le vaincu... Ça ne s'rait-i pas plus raisonnable que d' faire massacrer tant d' monde qui n'a rien à y gagner à la guerre... et tout à y perdre plutôt... Cas' passait com' ça dans les anciens temps, à c' que j' me suis laissé dire à l'école. — Votre idée est géniale, Achille. Il ne s'agit plus que de la faire adopter par les souverains. — Les souverains, c'est des criminels s'ils décidenl la guerre, s'exclame le vieux de plus en plus indigné. D'abord, à cause qu'on ne s'entend point partout pour leur casser la figure à tertous » avant? Un pareil crime contre l'Humanité!... — La guerre était dans l'air, comme une épidémie, réplique André... Ce n'est qu'un abcès qui crève à son heure. 1 Gna pour il n'y a. 2 Tertous, tous. - 9 — — Mais fallait-il qu'ils en soyent » 1 les médecins, alors les rois?... Ne fallait-il pas qu'ils empêchent l'abcès de pousser, puisqu'ils sont les Maîtres? — Est-ce que vous croyez que les médecins sont les maîtres de la maladie? Elle est à l'état latent dans les êtres; elle se développe, se déclare... Nous la regardons évoluer vers la guérison ou vers la mort. Un point, c'est tout... — Alors, à quoi qu'ils servent les médecins? reprend Achille goguenard. — Us aident le nralade à patienter. — J' suis bien de ton avis, va, je n' m'en suis jamais servi d'les pareils, je me soigne parles plantes...tout seul. E' j' suis simple, j' me soigne par les simples, aoui!... Mais, tu n' seras jamais qu'un médecin d' conterbande » 2 avec ces idées- - là... Si lu veux, on s'associera nous deux, c'est moi qui fera les complets » de chêne ou de sapin à tous les clients que tu tueras... Ça va-t'y?... Tope là!... Vlà ma fortune faite ! Et il lend sa large main en riant. A suivre. Reproduction interdiie. Communiqué par le Dr GILLES. 1 Soyent pour soient. 2 Un médecin de contrebande » autrement dit d'occasion a. MONOGRAPHIE du village de SÉVIGNY-LA-FORÊT Suite. LIVRE III Sêvigny à travers les âges 4. IV. — Les autres écarts de la commune. Au xvi° siècle, le chemin de Mézicres — plus lard la rue de Faux-prés— était bordé, vers l'orée de la forêt des Pothées, de vastes éclaircies créées par l'essartage. Cetle zone, en grande partie marécageuse, en bordure du ruisseau, semée de cépées, de buissons, de vieux chênes, hérissée d'innombrables roches, s'appelait les Faux-prez. Le nom est demeuré à cette partie du terroir, à la rue et au hameau. La tradition rapporte que la rue de Faux-prés était autrefois la plus peuplée du village; qu'on y comptait quatorze maisons... Autrefois, mais quand? II serait difficile de le préciser. Les nombreuses habitations dont on a retrouvé les vestiges le long de la rue sauf vers le haut n'ont pas existé 1 Deux phrases relatives à l'étymologie do Sévigny-la-Forêt, insérées dans noire livraison de janvier 1924 p. 166-167, doivent être rétablies ainsi Notre premier géographe ardennais, Jean Hubert, a signalé la forme Semgneyum in boseo, qui n'est confirmée par aucun document. Elle ne se trouve pas non plus dans la charte de Signy-le-Petit de 1214 ni dans celle de 1204 qui n'existe pas. Quant à la forme Sevignetjum, tout court, mentionnée dans le Cartulaire de l'abbaye de Signy [p. 530, en 1272, elle s'applique, suivant la remarque qui nous en a été faite, autrefois, par M. Paul LAURENT, alors archiviste des Ardennes, à Sévigny-Waleppe, et non à Sévigny-la-Forêt, puisque ce Sevigneyum y est situé apud abbatiam Vallis Régis, c'est à dire auprès de l'abbaye de La Val-Roy, voisine de Sévigny-Waleppe. » —11 — simultanément; les unes furent antérieures, les autres postérieures à la bataille de Rocroi. Vers 1780, Faux-prés comptait encore sept maisons, habitées du sud au nord par les familles Pierre et Quentin Manget, Pierre Pernelet, Nicolas Chapellier, Philippe Sommé, Chrétien Carré, Noizet, puis Mathieu Viot, Jean Hubert Sommé, Pierre Lebas-Avelot. La Censé Corbineau étant devenue la Censé Sommé, la dénomination primitive s'en est reportée à Sévigny sur deux maisons de construction plus récente sises plus bas, le long du chemin de Rocroi. Les premières habitations du hameau actuel de RougeFonlaine furent construites quelques années après la bataille de Rocroi par les familles Le Roy et Lequeux. Les Lubin s'y installèrent au commencement du siècle suivant; puis les Dupont, les Madoulet, les Ponsart, les Alliba, etc. Les deux maisons forestières du Rond-Point et de la Tranche-Gallois, sur la roule de Mauberl, ont été bâties en 4887. La seconde fut incendiée en 190G. V. — Le Bien et sa valeur. Autrefois, la presque totalité du terroir dé Sévigny ne se composait que de landes rocheuses, incultes, que l'on essartait de temps à autre, qu'on ne labourait jamais. Chacun cultivait seulement, auprès de sa maison, les quelques verges nécessaires à l'ensemencement du lin, du chanvre et de quelques légumes. Les bestiaux conduits au pâturage 1, autant que faire se pouvait, ne donnaient presque pas de fumier, et le seigle, l'avoine, le sarrazin, étaient produits exclusivement par les saris. Les clos attenant aux maisons étaient seuls 1 On les menait dans les bois et sur les rièzes au printemps, et dans les prés abandonnés en vaine pâture, après la fenaison. Une délibération du Conseil municipal de Sévigny, en date du 27 juillet 1792, interdit de laisser pâturer les bestiaux avant le 15 août. L'usage de la vaine pâture disparut vers 1850. — 12 — bordés de haies vives, en frêne et plane 1 généralement. La première moitié du xix" siècle fut une époque d'engouement pour la plantation des haies épine et charme ; et les 9/10 des haies de la Forêt datent de cette époque. De nos jours, on les supprime plutôt. A Sévigny, le bien n'eut jamais grande valeur. A la suite de la bataille de Rocroi, quand les Forestiers eurent en partie abandonné le village, la valeur des immeubles terres, prés el pâturages tomba,à Sévigny, à un cours dérisoire, dont il fut cinquante ans à se relever, au point qu'en 1684, nous voyons Pierre Lubain, marchanda Sévigny », acheter pour la somme de 96 livres, 7 arpents de prés et jardins dépendant de lasuccession de -Barthélémy Le Lorrain 2. En 1694, nous voyons encore échanger plus d'un arpent de pré, sis au beau milieu du village, contre une génisse 3. 1 L'arbre que, sur le plateau, on désigne sous le nom de plane est l'érable obier. — L'érable commun existe dans le sud de la Forêt des Pothécs. 2 Barthélémy Le Lorrain, seigneur en partie du Tremblois, avait établi sa légataire universelle Angôle Le Lorrain probablement sa fille aînée qui avait épousé le sieur do Léry. Sa nièce Louise Le Lorrain était mariée avec François de Paillart de Grandviller, chef d'une autre famille seigneuriale du Tremblois, dont M. de Finfe de S' Pierremont a établi la généalogie. J'ignore les origines de propriété des immeubles que les familles alliées Le Lorrain et Le Poulain possédaient à Sévigny vers le bas de la Grand'Rue, à la queue de l'Etang, au Marais Granjan, etc.; et dont le souvenir s'est perpétué jusqu'à nous dans les lieudits le Marais du Lorrain et le Marais du Poulain. 3 L'acte daté du 11 août 1694 porte textuellement que Jean Sommé, manouvrier demeurant à Sévigny-la-Forest, et Gobine Thomas sa femme de lui suffisamment licenciée et authorisée dudit Sommé son maris, d'une part, et Marguerite Thé venin veuve de défunt Anthoine Véniel, demeurant aussi à Sévigny-la-Forest, d'autre part, Recognoissent avoir ict et par les présentes font les esclianges suivantes. — Ledit Jean Sommé a donné a Eschanges à ladite Marguerite Thévenin présente et acceptant cent neuf verges — 13 — A la fin du xvm° siècle, les 7/10 environ du terroir étaient encore à l'état de Riézals, de landes, où jamais le soc de la charrue n'avait tracé de sillons. Jacques LUBIN 1732-1801 nous a laissé un Etat de ses biens 1, d'où il appert que sur 20 arpents de terrain qu'il possédait, il y en avait à peine 6 en terres et prés. Philippe CHAPELLIER 1746-1814 est le premier qui ail fauché du regain à la Forêt, au lieudit le Clos La Coq, à la fontaine aux Cerfs, vers 1810. En 1750, le bien valait à Sévigny de 8 à 10 francs l'arpent. En 1807, d'après l'estimation des biens faite par le Conseil municipal, l'arpent valait jardin, 35f,95; bien de 'Ir 0 classe 17f,90; de 2° classe, 10f,30; de 3* classe, 7f,70. Cette estimation était évidemment trop faible. De nos jours, le bien vaut en moyenne 6 et 8 francs la verge. Il s'en est vendu 15 francs, 18 francs et plus. Le prix le plus élevé à Sévigny a été atteint lors de la vente des immeubles Lubin-Sommé, en 1886. M. Goury-Manleau s'y rendit acquéreur de 80 verges de clos pour 4600 francs, soit 57 francs la verge ; avec, en plus, une masure de 200 francs. PAULIN LEBAS. A suivre. de prez seize et située au dit laforest en lieudit la ruelle Courzegros Royant à la Fabrique de l'Eglise de la forest, et d'autre à Gillette Verget... et pour et contre eschange de ce, ladite Marguerite Thévenin a donnée a Eschange audit. Jean Sommé présent et acceptant une aumaille aagée de dix-huyet mois... pardevant Nicolas Frougnut, notaire de la sénéchaussée de Reims, terre et baronnie des Potés demeurant à Ghillye. Le prôsant échange est fait sans soulte. » D'après les actes originaux qu'ont bien voulu me communiquer MM. Franquet-Sommé et Gaston Franquet.' Le pré ici échangé est aujoui'd'hui le Clos de la maison brûlée J. Sommé, en haut de la rue de Faux-prés, et sur la partie du chemin du Bourg qu'on appelait alors ruelle Courgegros, jusqu'à la bifurcation du chemin de Rocroi. — L'arpent du plateau de Rocroi est de 42 ares 91; la verge par conséquent est de 42 m. carrés 91. 1 Communiqué par Renaud-Sommé. AU JOUR LE JOUR 1914-1919 ISTo-fces Se Souvenii's Suite. Juin-Août 1916. — En raison de la fenaison, par ordre de la Kommandanlur de Rimogne, le travail du dimanche est ordonné. De 7 heures du matin à 7 heures du soir, obligation pour tous, hommes, femmes, jeunes gens et jeunes filles, de 17 à 60 ans, de travailler tous les jours et par tous les temps. Les pair oui llards sont responsables. — On appelle de ce nom les vieux soldats boches qui, en général, au nombre de deux ou trois, sont chargés de la surveillance de chaque commune.—Je suis donc forcé de dire la messe du dimanche le matin à 5 heures 1/2, et lous les fidèles y viennent, même des censés les plus éloignées le soir, à 7 heures 1/2, il y a salut et exposition du Saint-Sacrement. Après quelques dimanches ainsi péniblement passés, je célébrai une première messe basse tout au matin avec communion générale, et une seconde messe, à 10 heures, chantée quand c'était possible, avec les femmes et les enfants. Un peu plus tard, au commencement du mois d'août, j'ai pu de nouveau chanter les vêpres; mais que d'ennuis et de difficultés ! Les gendarmes sont chaque jour dans le pays et ne manquent jamais, le dimanche, de faire leur tournée dans les maisons el les champs pour surveiller les patrouillards qui deviennent féroces, tant ils craignent la prison el surtout d'être renvoyés au front. Que de faits je pourrais citer avec les noms propres, que d'amendes infligées, mais il y en a trop... 7 Septembre 1916. — Je relisais aujourd'hui, veille de la Nativité, fête solennelle de ma paroisse, une page de Mgr Pie, ce Voyant qui, avant la guerre de 1870, dans sa lettre de — 15 — 1869 sur le Concile oecuménique qui devait s'ouvrir au Vatican l'année suivante, annonçait en prophète les événements qui allaient épouvanter le monde. Qu'aurait-il dit à la veille de 1914? Celte page est toute d'actualité, et je l'ai consignée dansées brèves notes prises au jour le jour, quand j'en ai le temps et le courage Le monde moderne assemble des armées effroyables, et ' telles qu'on n'en avait pas vu depuis les barbares qui se ruèrent sur le inonde romain. Il nomme cela la civilisation, parfois même la liberté ce n'est que le signe de sa faiblesse et la marque de sa servitude; en tous cas, c'est son régime, et, de son aveu, sa nécessité, Quoi que ces peuples armés puissent faire, sous le congé de Dieu, dans l'ordre extérieur ou politique, ces amas de forces brutales sont pour faire pitié aux chrétiens. Il n'y a pas de force hors de Dieu; Dieu n'est pas hors de son Christ; le Christ n'est pas hors de l'Eglise. L'armée vraiment puissante et qui remporte les vraies victoires, c'est celle qui divinement libre, convoquée par le seul amour, n'ayant pour arme que sa foi, ne combattant jamais que l'erreur et le mal, va s'assembler d'un bout de l'univers à l'autre, au jour désigné par son chef, lequel est d'abord son père. Elle est tout assemblée déjà en réalité, elle l'est toujours; car sa vie, sa constitution, son essence, c'est d'être assemblée. Son nom d'église dit assez qu'elle est une union subsistante l'union des hommes avec Dieu par le Christ dans l'unité du Saint-Esprit. » 1 8 Septembre 1916. — Nous avons pu ce matin, à 6 heures, chanter la messe de la Nativité, fête de la paroisse. Nombreuse assistance avec plus de 50 communions. J'ai com1 com1 la veille de la reprise du Concile oecuménique du Vatican, interrompu par la guerre de 1870, reprise voulue parle Souverain Pontife Pie XI pour l'année prochaine, les paroles de l'illustre évêque de Poitiers peuvent être rappelées et méditées. — 16 — mente, de l'autel, lesgraves paroles de Mgr Pie rapportées plus haut, exhortant les fidèles à l'esprit de foi, à la patience et résignation, et surtout à la confiance, en leur rappelant la protection visible de la Providence sur la paroisse dont Marie est la reine et la protectrice; leur citant les marques si nombreuses qui nous en avaient été données depuis le début de la guerre et en particulier le 8 septembre 1914, jour où notre église avait été préservée de la profanation dont j'ai parlé 1. Le soir, à 7 heures 1/2, salut solennel et prières publiques qui se font, depuis deux ans, tous les soirs vers 8 heures, après le travail forcé. Lundi 11 Septembre. — Hier dimanche, en raison de ces travaux forcés auxquels nos ennemis condamnent les populations envahies, pas de fêle patronale pour la Nativité. Messes basses à 6 heures et à 10 heures 1/2. Salut le soir à 8 heures. Samedi dernier, ma nièce rencontrée par les gendarmes au Cheval-Blanc, à moins de 200 mètres de la commune, a eu un procès parce qu'elle n'avait pas de laissez-passer. Convoquée pour le lundi matin à la Kommandantur de Rocroi, elle a été renvoyée à demain mardi, le Kommandant étant malade pour avoir trop fait la noce la veille, ce qui lui arrive plusieurs fois par semaine 2. MEMOR. A suivre 1 Voir Reeue historique du plateau de Roeroi, n° 4, page 61 et suivantes. ,2 de prison, après avoir fait trois ou quatre voyages à Rocroi, ma nièce s'en est tirée au bout d'un mois avec 5 marks d'amende. Le Gérant ; H. BERNARD. CHRONIQUE PROVINCIALE Maisons blanches. Dans quelques jours nous serons très occupés par ici. Le printemps et la liturgie se rencontrent. Les maisons comme les coeurs sont appelés à bénéficier de la clarté, de l'allégresse et de l'ordonnance pascales. On ouvre au soleil comme on ouvrirait à quelque grand personnage en faisant en sorte que tout soit digne de lui et réponde à sa lumière. C'est beaucoup d'ouvrage pour les ménagères. On lessive jusqu'aux carrelages de briques. Les rideaux des fenêtres sont changés une fois les vitres nettes, vives, avec des reflets d'arcen-ciel. Et sur le bord des croisées on met des potées de saison. On astique les meubles, on bat les tapis, on sort les matelas. C'est le renouveau. C'est le changement d'air et le changement de mine. C'est le nettoyage annuel, complet, prosaïque et lassant,, mais qui fera la maison plus chère, .harmonieuse et limpide. Cerisier moucheté, noyer verni, chêne ciré ô beaux meubles ! Astiquage ô noblesse 1 Maisons de soleil, maisons . de charme, maisons de fleurs ô province ! Ces maisons seront blanches. La tradition le veut encore. On les reblanchira pour qu'elles aient la couleur du perceneige, la couleur du nuage léger qui passe, ni menaçant ni chargé, trop floconneux pour faire de l'ombre. On les reblanchira parce que Pâques approche, que ses carillons auront dès sons de baptême et parce qu'en la fête de la Résurrection chacun aura l'impression de tourner une page blanche du livre de sa vie. Dans les pays toujours chrétiens où la foi coule d'un jaillissement toujours égal, c'est bien plus en l'honneur de Pâques qu'en l'honneur du printemps que les maisons se font belles. On les veut coquettes, revues et corrigées, par souci de la concordance. On les veut rafraîchies en même temps que le seront les âmes et leur renaissance emprunte à son tour à la vertu des sacrements. Pâques est une fête printanière, tant mieux ! Mais c'est surtout la fête de la Croix. Et les maisons trop pauvres ou dont c'estla coutume de ne passer au blanc que le cadre de l'entrée, 2* Année 14 — Importeront la croix au-dessus de la porte comme celles des temps mosaïques étaient marquées du sang de l'agneau. * » * Sans doute, pour parler de ces maisons blanches, il convient d'adopter un lyrisme tempéré. D'aucuns penseront même qu'il n'y a pas matière au moindre lyrisme dans le fait que des ménagères rajeunissent leur logis à l'époque où le soleil indiscret se chargerait d'en révéler les coins négligés. On nettoie • sa maison comme on la blanchit, pour n'avoir pas à en rougir. C'est affaire d'amour-propre. Ce n'est pas affaire de foi, dira-t-on. Il se trouve que cela coïncide avec l'équinoxe de printemps qui fixe lui-même la date de Pâques, mais on ne fourbit pas les carreaux ni les aciers ni les cuivres par inspiration religieuse. Pour l'entreprendre, d'ailleurs, au cours de l'année, on n'attend pas les équinoxes qui ne sont pas si nombreux. Il apparaît donc aventureux de voir un témoignage de foi là où il n'y a que diligence et soins naturels, là où il n'y a qu'opportunité pour inciter les gens de goût à ravaler leur maison une fois de plus quand les beaux jours reluisent, c'est-à-dire entre le Gloria laus et le Iïegina coeli. Soit, ménageons notre lyrisme. Mais il faut bien voir les choses comme elles sont et les dire. L'habitude est printanière d'embellir son chez soi au moment des jacinthes, mais elle reste avant tout chrétienne, en beaucoup de provinces, de la vouloir en ordre au moment qu'on y remplace le buis bénit, qu'on y rapporte l'eau bénite et qu'on s'y prépare à y rentrer soi-même un beau matin, le matin de Pâques, avec la bénédiction de Dieu. J'ai connu plus d'une paroisse où la course au brillant avait ce caractère. J'en connais encore où le sentiment dés convenances pascales pousse les habitants d'une même rue, quand on y connaît quelque malade éloigné des autels et qui communiera chez lui, à faire les maisons plus blanches que jamais pour le jour où l'Hostie lui sera portée. Cet amour de l'harmonie entre les âmes et le décor extérieur, entre les habitudes pieuses et les habitudes domestiques, eût mérité d'être célébré mieux qu'il ne l'a été. Mais, depuis longtemps, les porteurs de lyre, les porteurs de plume ont les yeux ailleurs et ne comprennent plus rien aux maisons blanches. Ils — 19 — ont même fait ce qu'ils ont pu pour que cette blancheur ne soit plus symbolique et pour qu'à l'intérieur de la maison française fleurisse moins d'innocence. Ils ont bien aidé au diable qui les a bien aidés. — Vous l'avez vu ? — Qui ça? — Le diable. Cette question ! On parle du diable aux petits enfants du catéchisme, voyons ! On n'en parle pas aux grandes personnes. — Alors, vous ne l'avez pas vu? — Bien sûr que non I C'est qu'il est plus difficile à saisir dans ses apparences que dans ses oeuvres et dans ses pompes. Mais celles-ci sont cataloguées et sa manière est connue. Appliquez-vous à découvrir ses interventions dans le monde comme vous recherchez les causes voilées de phénomènes divers. Vous vous apercevrez vite que le diable ne cesse de travailler autour de nous, qu'il travaille comme un forçat, car il est le forçat du mal. Il est entendu que les portes de l'enfer ne prévaudront jamais contre l'Eglise. Mais cela, c'est la vue d'ensemble. Le diable est parfaitement capable d'obtenir des avantages partiels, de remporter des victoires sur les individus, sur une société, de renverser tout un pan de civilisation chrétienne et d'ensevelir sous ses décombres un peuple d'âmes. Quand les poètes s'en mêlent, et les artistes, et les roman^ ciers, et les psychologues, cela va plus vite. Quand il a l'appui des lois cela va plus vite encore. Notre code renferme des lois d'inspiration satanique. Mais c'est l'art contemporain et l'art d'écrire surtout qui se sont appliqués le plus efficacement à propager ses mots d'ordre. La plupart des écrivains de ce temps sont des bolchevistes avant la lettre. Bien avant que les Soviets aient osé s'attaquer à la propriété foncière ils ont commencé de nier le droit des coeurs sur les coeurs. Ils ont donné à entendre que l'homme n'appar-^ tenait ni aux siens, nia son nom, ni à la dignité ancestrale; que la femme n'appartenait pas à sa lignée, ascendante ou née d'elle ; que l'un comme l'autre ne dépendaient que de leurs sens et de leurs passions. Ils ont montré que le mari n'était pas à — 20 - l'épouse ni l'épouse au mari et qu'ils ne se devaient pas, tous les deux ensemble et tout entiers, à leur foyer, à leurs enfants. Ils ont détruit la famille, ils ont démoli la maison. Car la maison, la maison blanéhe, c'est autre chose encore, vous le savez bien, que des murs badigeonnés ou passés au lait de chaux. C'est autre chose qu'une fenêtre à rideaux de guipure ou à rideaux de cretonne, fleurie d'un pot de cyclamens. La maison, c'est la famille, celle d'hier, celle d'aujourd'hui, celle de demain; ce sont des générations qui se succèdent dans un même effort; c'est l'honneur du nom continué. La maison ! Quelle signification ce terme avait pris au sens romain ! Au sens français aussi ! Nous avons eu des maisons qui valaient celles des Scipions, même sans le retentissement du titre noble. Rappelez-vous la parole superbe de ce paysan de la Terre qui meurt, accolant les longs services de sa famille à ceux de la maison voisine On était marquis d'un côté, Lumineau de l'autre ! » Combien comptons-nous désormais de maisons blanches? Un très grand nombre. Dieu merci ! ni la politique, ni les esprits malins n'ont encore réussi à démolir toutes les belles familles toutes les maisons blanches. Mais il est temps d'y prendre garde. Si nous détestons ces mauvais écrivains qui sont légion et quiont tant d'audace, c'est parce que nous sommes témoin des ruines qu'ils accumulent. On se plaint que la province fasse de mauvaise politique. Mais, le plus souvent, la mauvaise politique naît de l'incroyance, qui naît des mauvaises moeurs, qui naissent des mauvais enseignements ou des mauvais exemples, qui naissent des mauvais livres. L'éducation du français, aujourd'hui, est aux trois quarts livresque. L'émancipation de la pensée, émancipation à rebours, vis-à-vis du dogme religieux, du dogme patriotique, du dogme social, lesquels comportent respectivement leur part de sacrifices, vient de ce que cette pensée se soumet sans appel à la théorie du jjlaisir et de la moindre peine, exposée, prônée, recommandée par ceux qui pour leur compte se recommandent de l'art et de la littérature. Nos chansonniers de Montmartre et les poètes funambulesques ont fait une grande consommation de clair de lune, une — 21 — consommation exagérée. On n'ose presque plus en parler après eux, de peur de passer pour un Pierrot. Cependant, c'est bien joli un clair de lune, quand il 'baigne une cité blanche, une paroisse catholique, comme celui qui baignait la nôtre depuis quelques soirs. Quelle chose plus douce à percevoir que cette douceur fluide, où la pâleur des maisons semble couler avec la lumière de la colline à la vallée? Quelle chose-plus douce? Ceci Dans ces maisons blanches, il y a beaucoup d'enfants, fruits de saines amours. Dans ces maisons blanches, on n'a pas peur de la vie. On y accepte à l'avance ce qu'elle réserve de peine, de rire et de labeur. Dans ces maisons blanches, il y a des âmes blanches. Tandis que l'heure coule, et le silence, et la clarté molle, il y a des âmes en prière, comme sainte Geneviève veillant sur Paris. Il y a des dévouements sans bornes, qui méritent mieux que le et des discours d'académiciens; des abnégations féminines, des fidélités touchantes, plus belles que celles d'Antigone ou de la Cordélia du roi Léar, qui ne sont que légendaires. Dans ces maisons, il y a la foi, un écho de mandement de Carême, des souvenirs d'Evangile, l'avantgoût des joies eucharistiques prochaines. Dans ces maisons, il y a l'espoir de la race et l'espérance du ciel. A deux pas de l'église, inondée de lune, elle aussi, et en attendant de recommencer à travailler demain pour soi et pour les autres, il y a des chrétiens endormis dans la paix du Seigneur. » LA CHESNAIE. Notes historiques sur le plateau de Rocroi RUPES RUPEREM Epoque néolithique. — Temps préhistoriques et anciens. — Age de pierre. Suite Le gîte de Rumigny-Aouste. Dominant Y Aube qui vient d'Àouste et le Ru d'Estrebay sur la rive droite, l'enceinte des Esterbiseuoe 1 fut utilisée par les premières invasions, et nous en avons déjà parlé. Les hordes paraissent avoir approché cette enceinte par le nordouest, parce que, en remontant Ja rivière, -le terrain offre moins de bouleversements. Les bandes errantes profitèrent de la colline de YHopita et se la réservèrent pour exercer leur influence sur le pays et tous ses alentours. Les traces de vallonnements, espacées d'environ 100 pas, qu'on [aperçoit encore sur la pente de l'ouest à l'est, sont les vestiges d'ouvrages protecteurs. Là, les tribus ne se contentèrent pas de vivre pour la lutte et la rapine, elles y élevèrent une sépulture dont les débris ne passèrent point inaperçus. Des blocs dressés composaient les parois; et, pour maintenir l'écartement de cette espèce de muraille primitive, en guise de pierres tombales, elles roulaient de larges dalles sur l'excavation. Cet asile funéraire, elles le recouvrirent de terre de manière à former un tertre et y 1 On dit aussi les Esterbiers, lieudit situé à l'une des extrémités des communes de Rumigny et d'Aouste, — 23 — placèrent les corps de leurs guerriers et ceux de leur famille. Cet endroit leur servit aussi de lieu de sacrifices. C'est ^à qu'on les découvrit en 1854 et 1856, et Edouard PIETTE a passé trente ans de son existence à rassembler les précieux débris de cette époque disparue. En fortifiant ce lieu, les bandes lui conservèrent sa destination primitive, c'est-à-dire qu'elles en firent un camp ou plutôt un lieu de refuge ; car elles disséminèrent tout à l'enlour leurs postes d'avant-gardes ou de soutiens. Au midi, les rivières leur épargnaient des surprises ; mais rien ne les empêchait de lutter contre les tribus qui se trouvaient sur l'autre bord. Toutefois, à la longue, ces barbares, d'une origine commune, finirent par s'accorder et la rivière ne fut plus pour eux une barrière. Ensemble ces hordes élevèrent de nouveaux travaux de défense, puisqu'au midi les ouvrages des Hautes Bruyères, de la Croix d'Aouste et de la Reupetle sont de la même époque et se ressemblent en tous points. À l'est, Ton Voye hauteurs du Bois d'Estrebay cote 288 fermaient les vallées du Ru et de Y Aube. Au nord, les tribus primitives ne se protégèrent que par de faibles retranchements sur la côte de Champlin c. 269 et sur le Carbonnel ; c. 257. L'intervalle compris aujourd'hui entre les villages d'Hannapes et de Bossus-lès-Rumigny, fut laissé à peu près sans défenses, probablement pour donner accès à la vallée qui descend vers le nord-ouest. H. B. A suivre. C'est let C3-\zerx»e ! 1914-1918 III. — PROPOS DE GUERRE AU VILLAGE Achille Nott continua, toujours gouailleur — Farceur, va! On n'peut pas causer raisonnablement avec lui, » fait-il du côté des dames qui paraissaient s'amuser de la discussion. Grand'mère ne donnera pas tort à André, mais vous, madame, qu' êtes une personne d'intelligence comme lui, et plus sensée, sans vous flatter... Une supposition que vous soyiez » 1 la reine d'un de ces rois-là... » — Trop d'honneur, Achille, fait madame avec une révérence comique. — C'est-yque vous n' diriez pas à vot' roi Tu n' vas tout de même pas faire massacrer... » Ça s' tuteye-li 2, ces gens-là?... — Je ne fréquente pas les cours. — Moi, je m' suppose qu'une fois qu'ils ont défait leur manteau de pourpre et posé leur couronne d'or sur la cheminée pour se coucher, la tête su l'traversin, ça n'est pas des tyrans, des tigres altérés de sang... La guerre, ça serait une tuerie de tout l'univers... vous comprenez... — Oui, ce serait terrible, je le crois aussi, a dit madame d'une voix triste. Achille s'approche d'André qu'il ne voit point convaincu et lui assène un grand coup de coude. Ce dernier riposte en le prenant au collet. Ah mais ! quand je vous disais que c'est une épidémie, la guerre ! » 1 Soyiez », ici pour seriez. 2 te Tuteye », tutoie, de tutoyer. - 25 — Madame s'est retournée vers la fenêtre, regardant grand'- mère occupée distraitement à ranger quelques petits bibelots. Pas encore finis tous tes ouvrages, pauvre maman ? » Achille rigole dans sa grande barbe blanche et reprend Vous bilez » pas, allez. J' suis, pas si méchant qu' j'en ai l'air. Tant que le monde sera le monde, ces jeunes auront toujours raison contre les vieux. V'ià tout. » Et il ne pouvait pas s'en aller sans lancer une pointe à la vieille dame son ancienne », disait-il, sur ses douleurs et son sempiternel retentum » 1 Ça n'ira plus jamais ». — Si, qu' ça ira... d'l'autre côté, nous deux... Ça s'passera avec nous, allez, vous verrez ça, grand'mère. — Si c'est tout ce qu'il a à dire de réjouissant ! grogne grand'maman en réponse. — Tant que j' viendrai faire la causette, c'est qu' ça va ben, répond-il. Je n' vas jamais voir les condamnés à mort, tout P monde le sait. Ça n'est point l'envie qui m' manque, surtout quand c'est des amis ; mais ça pourrait leur donner un coup... les faire penser à la chose... V'ià tout! » C'est vrai qu'il n'est point cruel, le faiseur du dernier lit »; il est même bien délicat, pour un ouvrier. Tout le monde lui passe par les mains à son heure, les bons comme les méchants, les plus faibles comme les plus forts, quand la Mauvaise les surmonte... Chaque famille l'a vu s'en venir mystérieusement avec sa femme, à la brune, poussant sa brouette bien graissée, pour l'oeuvre de silence.., et dessus la sinistre boîte... où, doucement, comme le feraient père et mère, il couchent et bordent tous ceux du village qui s'en vont dormir pour toujours. A suivre. Reproduction interdiie. Communiqué par le Dr GILLES. 1 Retentum, refrain. MONOGRAPHIE du village de SÉVIGNY-LA-FORÊT Suite. LIVRE III Sévigny à travers les âges. Habitations. — Ameublement. Les premières habitations du pays, cabanes en torchis avec un toit de paille dépassant la muraille à la façon gauloise, ou bien huttes germaines coniques, construites en gazons comme celles de nos bûcherons, étaient toutes surmontées d'une croix de bois plantée sur le faîte. Cet usage, longtemps conservé par les bûcherons ardennais, a malheureusement presque disparu. Les maisons construites en bois et en terre se substituèrent de bonne heure à la hutte ; elles sont encore en majorité sur le plateau de Rocroi. L'emploi de l'ardoise comme couverture était connu à Sévigny dès les temps les plus reculés car dès l'époque romaine, on extrayait l'ardoise de ces carrières à ciel ouvert que nous nommons les Béfosses et qui sont nombreuses dans nos forêts. Cependant, l'usage du chaume prévalut dans le pays jusqu'au siècle dernier, et le quart des maisons à peine étaient couvertes en faiseaux ardoises brutes fixés avec de la terre glaise. Jusqu'au xvm° siècle, chaque corps de bâtiment ne se composait le plus souvent que de deux pièces la maison et Y écurie. Dans la maison, toute la famille vivait en commun; les murailles en étaient grossièrement plafonnées et blanchies à la ehaux avec un tour noir » en bas. L'aire de la maison était plus basse que le niveau du sol, de sorte qu'au lieu; de — 27 — monter une marche pour y entrer, il fallait descendre le seuil c'était moins froid l'hiver. Le tour de l'âtre seul était pavé ; le reste était de terre battue. Chez les gens cossus, le sol était recouvert d' sorte de ciment très dur formé de chaux et de fin gravier, quelquefois mélangés de sang de boeuf, pour. lui donner du lustre. Une immense cheminée, à l'âtre badigeonné d'ocre rouge, occupait tout un côté de l'appartement. Deux grandes pierres plates en formaient le foyer l'une, posée horizontalement dans le sol, supportait les gros chenets de fer ou de fonte, pesant près de 80 livres ; l'autre, dressée dans la muraille, servait de taque. Sur les autres côtés de la pièce, se rangeaient l'alcove, les lits des enfants, le bahut grand coffre à tout mettre et la maie à pieds dont le couvercle servait de table. Généralement, un appenfis ou ravallée tenait lieu de chambre ou de fournil. Dans ce cas, le sol en était surélevé, et une petite cave se trouvait en dessous. Cette cave servait de laiterie; et chaque fois que faire se pouvait, on y creusait une fontaine qui servait de puits à la maison. L'écurie était tout ce qu'on peut imaginer de plus malsain et de moins confortable. Mal pavée, mal aérée, basse, obscure, les égouts y croupissaient. Alors qu'un épais terri couche de terre battue régnait au dessus de la maison, il n'y avait généralement au-dessus de l'écurie qu'un soulrait formé de perches posées parallèlement l'une auprès de l'autre, et dont les interstices étaient bouchés avec de la litière. Sur le devant de chaque habitation, à 2 ou 3 mètres à peine de la porte d'entrée, se trouvait la cour à fumier, trou large et profond qui servait en même temps de fosse à purin dépotoir infect qui devenait, en été, un foyer d'émanations putrides germes de maladies. La maison ne s'ajourait que d'une seule fenêtre, à tout petits carreaux quelquefois il n'y en avait que quatre. Elle était — 28 - garnie extérieurement de barreaux de fer. La porte d'entrée était précédée d'un auvent, sorte de guérite que fermait une autre porte, tard, on supprima l'auvent, mais on laissa le pergneau, de sorte qu'il y avait une double porte à l'ouverture. Toutes les maisons de Sévigny sans exception, sauf le moulin, ne comportaient que le rez-de-chaussée, les greniers se trouvant au-dessus. Les plus riches possédaient une grange à côté de l'écurie. Presque tous avaient un four, soit qu'il s'ouvrît dans la cheminée de la maison, soit qu'il se trouvât dans un fournil détaché du corps principal du logis. A la suite des divers incendies dont le village fut la proie du fait des guerres, un certain nombre de maisons furent rebâties en pierres — du moins en partie — vers la fin du xvnc siècle. Ces murs de pierre, maçonnés à l'argile, seulement récrépits à la chaux, épais de plus d'un mètre, n'ont pas encore tout à fait disparu il en reste quelques pans dans les plus vieilles maisons du village. Les toits de faiseaux étaient assez nombreux à Sévigny aux xvret xvn° siècle, ainsi que le prouvent les débris qu'on découvre un peu partout. Au xvme siècle, l'indigence des habitants les força d'en revenir aux chaumières des temps anciens de là datent ces immenses toits pointus débordant les murailles, louchant presque le sol, et bossues de décharges en mansardes. La déclivité de ces toits, qui resserraient singulièrement les greniers, et le peu de largeur des pignons contraignaient à allonger d'interminable façon les corps de bâtiments. En 1860, il existait encore dans le village une vingtaine de ces chaumières; la dernière fut démolie en 1886 par M. Goury qui reconstruisit, près de son emplacement-, la maison qu'il habite actuellement. La première maison de briques fut construite à Sévigny en 1856 par Jules DupontMartin. Avant le xvm* siècle, à la Forêt, le mobilier accessoire ne — 29 — se composait que de terrines de bois ; de plats et d'écuelles de terre très grossières, d'une forte épaisseur, vernissées intérieurement d'un émail jaune avec dessins verts et bruns; de poteries de grès plus grossières encore; d'une grande marmite de fonte servant à tous les usages de la cuisine et du ménage; d'un chaudron d'airain, large seau en cuivre rouge servant à traire; du bierre berceau en planches et du cado petit fauteuil des enfants; d'une serine ou baratte conique avec sa batrole. La vaisselle de faïence était inconnue à la Forêt; les verres à boire très rares ; on buvait à s'net de la canette. Les plats d'étain, les chandeliers de fer ne se voyaient que chez les gens aisés. PAULIN LEBAS. A suivre. Tribune publique. — Nous serions fort reconnaissant à celui de nos nombreux lecteurs qui pourrait nous signaler, vendre ou prêter, un exemplaire encore existant de l'autobiographie ou Vie de Del• marche. Ce petit volume fut imprimé vers 1840, à Rocroi, chez E. Cochard, aujourd'hui imprimerie F. Jalloux. Faire offre à M. Jalloux, passage de Bourgogne, Rocroi. AU JOUR LE JOUR 1914-1919 3\To-fc©s Se Souvenirs Suite. Mardi 12 septembre 1916. — Aujourd'hui, les gendarmes ont perquisitionné dans un grand nombre' de maisons de la paroisse. C'est le système de la terreur. Ces misérables n'ont qu'un but épouvanter les populations des pays occupés et leur soutirer tout l'argent possible par des amendes formidables pour ces pauvres gens qui ne gagnent plus rien et vivent — 30 — je ne sais comment. Dans la rue de la Sarthe ils ont fouillé toutes les maisons, et là où ils ont trouvé un peu de beurre, ont dressé procès-verbal, obligeant les inculpés à se rendre dans les 24 heures à Rocroi pour y être condamnés. Dans une maison, m'a-t-on dit, ils ont trouvé une livre de beurre, mais la femme énergique la leur a reprise dans les mains, et ils n'ont pas insisté. C'est un va-et-vient dans tout le village pour cacher le peu de provisions que l'on possède encore, et il y aurait de quoi rire si l'on n'était plus disposé à pleurer, en voyant l'épouvante de quelques-uns de ces infortunés que la peur talonne et qui manquent un peu de confiance en la bonne Providence. 15 décembre 1916. — Trois mois sans notes. C'est toujours la même détresse, les mêmes inquiétudes. Que le temps me semble long! Quand la justice de Dieu sera-t-elle satisfaite? Lu hier dans le n° 311 du 10 décembre de la Gazette des Ardennes, ce journal boche où s'étale l'orgueil germanique avec toute son insolence de carnassier Accident mortel d'un colonel belge. — Le colonel belge Iweins d'Eckhout, aide-de-camp du roi des Belges, qui chassait le gros gibier dans une battue organisée à Saint Romain de Colbosc, arrondissement du Havre, a été atteint en pleine poitrine de deux chevrotines tirées par un chasseur imprudent. Il a succombé presque aussitôt. » C'est ce pauvre colonel qui a logé chez moi dans la nuit du 25 au 26 août 1914, et dont j'ai déjà parlé 1. Echappé miraculeusement à tous les combats livrés en Belgique pendant le mois d'août, sorti vivant — il ne savait comment — de la fournaise de Namur, ce brave et pieux soldat devait périr dans un vulgaire accident de chasse, au lieu de mourir glorieusement à la tête de son régiment de lanciers !... Yanitas vanitatum !... 22 décembre. — Depuis le commencement du mois la Kommandanlure de Rocroi est supprimée en partie et ' 1 Voir le n°l de la Revue, 1" année, p. 14. — 31 — reportée à Auvillers-les-Forges. A partir du 1er janvier 1917, on devra aller à Maubert-Fontaine pour le ravitaillement, les iaissez-passer, les procès et la prison. Il est donc parti ce fameux Hénock, ce franc-maçon sans foi ni loi, dont j'ai si souvent raconté les exploits peu glorieux. Bon débarras ! Que de vilenies à raconter sur ! Hélas ! nous le retrouverons plus tard à Maubert. '%. On parle, depuisîrois mois, d'un camp d'artillerie qui serait établi à la limite ouest de la paroisse, dans le quadrilatère de Maubert, Eteignières, Regniowez, Taillette, Sévigny, etc.; et toutes les communes environnantes, à 2 ou 3 lieues à la ronde jusqu'en Belgique, seraient inondées de troupes d'artillerie qui viendraient s'y reposer du front et faire leurs exercices à feu dans cette espèce de polygone. A trois reprises différentes, nous avons été menacés d'être évacués du jour au lendemain jusqu'ici le bon Dieu nous a laissés dans nos pénates. Où ironsnous demain? C'est son secret; prions et soumettons-nous. Après toutes nos misères, ce serait la plus grande abandonner son église et sa maison, s'enfuir comme nos ancêtres à l'approche des barbares pour aller rejoindre, à l'étranger peut-être, la foule des réfugiés que l'on entasse un peu partout et qu'il faut nourrir misérablement. Mieux vaudrait mourir et reposer à l'ombre de mon clocher. Les quatre familles de ma paroisse qui se trouvaient à la Censé Gallois ont dû quitter leurs fermes trop à proximité des obus; elles sont venues se réfugier ici. Pour combien de temps? Des bruits de paix qui semblent prendre quelque consistance circulent depuis huit jours. Il passe sans arrêt sur nos routes d'énormes chariots à quatre ou six chevaux, chargés je ne sais de quoi. Le 12 et 13 décembre on en a compté plus de 150. Ces lourdes voitures bien bâchées seraient-elles pleines des dépouilles opimes et des vols commis dans les villes et les campagnes ? Le 15 décembre, une cinquantaine de soldats se — 32 — sont arrêtés à la porte de la mairie et ont dit aux enfants Guerre finie... la paix à Noël! » Dapacem, Domine 1. 27 décembre. — L'ordre est arrivé aujourd'hui de porter à la mairie la laine des matelas, sous peine d'amende mille marks ou de prison 6 mois à un an. Ma nièce effrayée a, malgré moi, décousu les toiles de deux matelas sur les cinq que nous possédions, ne laissant que le plus maigre pour le lit de sa tante infirme. J'ai voulu aussi garder le mien et celui de la chambre de Monseigneur. Une cinquantaine de kilos de fort bonne laine a été ainsi livrée à nos ennemis et, désormais, pendant trois ans,— car quelques jours plus tard, les gendarmes vinrent s'emparer de nos autres matelas, — désormais nous coucherons sur la fougère sèche de notre forêt. Nous n'en mourrons pas, si Dieu le veut, mais ce ne sera pas fort chauden hiver. 29 décembre. — Arrivée d'une. colonne d'artillerie. Remue-ménage dans notre petit village qui ne compte guère qu'une soixantaine de maisons groupées autour de l'église, non compris les écarts, pour loger 200 hommes environ avec leurs chevaux. Et encore, nos ennemis font la grimace pour se rendre dans les censés un peu éloignées du centre. 30 décembre. — J'ai à loger un major assez calme, me semble-t-il. Il sait un peu le français, mais ne me paraît pas bien communicalif aussi je ne lui parle pas des bruits de paix. MEMOR. A suivre. 1 Hèlas 1 ce n'était que des bruits et nous devions encore souffrir pendant deux ans. C'était la volonté de Dieu, qui lavait les péchés de l'Europe dans le sang de ses enfants coupables. Le Gérant H. BERNARD. AVIS. — Nous serions reconnaissant à nos abonnés de Belgique de vouloir bien envoyer aM. JALLOUX, éditeur, passage de Bourgogne, à Roeroi, le montant de leur réabonnement pour le 1" mai 1924. LA VIERGE DE LA VICTOIRE Quand 'on pénètre dans l'église de Saint-Remi d'Amiens par le portail monumental latéral — dont le tympan doit contenir un haut relief rappelant la bataille de Tolbiac et le voeu de Clovis — l'autel dédié à la Sainte Vierge se présente de suite au Tisiteur dont le regard s'arrête ravi sous le charme, prenant de la statue qui le surmonte. Cette statue est en marbre blanc. Une insci'iption en • style lapidaire, placée dans le sanctuaire, explique l'origine glorieuse de cette image 1. C'est la Vierge de la Victoire, l'ex-voto de la reconnaissance du grand Coudé pour la victoire de Rocroi 19 mai 1643. Nicolas BLASSET 2, qui mérita le titre de sculpteur du Roy, en est l'auteur et c'est l'un de ses chefs-d'oeuvre. Voici ce que rapportent l'histoire et la tradition. Nous puisons en partie ces détails dans l'ouvrage de M. l'abbé 1 Cette inscription est gravée en caractères gothiques sur une plaque de marbre on bleu turquin. Elle est ainsi conçue La statue de la S" Vierge révérée en cette chapelle est l'ex-voto promis par le Grand Condé aux Religieux Prémontrés d'Amiens pour sa victoire à Rocroy en i643 Cette Vierge est l'oeuvre de N, Blasset, sculpteur Amiénois Une seconde plaque de marbre faisant pendant à celle-là, rappelle que cette chapelle de la S'c Vierge est le siège de l'archiconfrérie do Notre-Dame du Suffrage pour la soulagement des âmes du Purgatoire, archiconfrérie érigée canoniquement par S. S.' Pie IX, en date du 22 mars 1859. 2 Nicolas Blasset. sculpteur français, florissait à Amiens pendant la première partie du xvn° siècle. Un de ses meilleurs ouvrages, le mausolée du chanoine G. Lucas, sur lequel figure le fameux Enfant Pleureur, se voit dans la Cathédrale derrière le Maître Autel. 15 2° Année — 34 — Jourdain, aumônier du Bon Pasteur, dans son livre Les Sanctuaires de la Sainte Vierge dans le diocèse d'Amiens 1. L'an 1643, vers le milieu d'avril, le futur prince de Condé, alors duc d'Enghien, se trouvait à Amiens où il rassemblait les troupes françaises qui devaient lutter contre les Espagnols se préparant à envahir la France par les Pays-Bas, au moment où Louis XIII et son ministre, le Cardinal de Richelieu, tous deux fort malades, allaient laisser notre pays dans une situation précaire avec un roi de cinq ans et une régente espagnole de race et de coeur. M. le Duc fut reçu avec enthousiasme par les divers Ordres et Corporations de la ville qui manifestaient un grand patriotisme. Le Prieur des Prémontrés sortit des rangs du clergé et prédit au jeune- guerrier •— il n'avait que 22 ans — qu'il remporterait une victoire signalée si, au moment de la bataille qui allait décider du sort do la France, il invoquait la Reine du ciel à laquelle Louis XIII avait consacré la France Regnum Gallioe regnum Marioe 2, et lui vouait une image. M. le Duc se rappela cette prédiction avant d'en venir aux mains avec l'ennemi sur le plateau de Rocroi et gagna la fameuse bataille si éloquemment décrite par Bossuet dans l'oraison funèbre qu'il devait prononcer en 1686 sur le cercueil du grand Condé. On voit, dit l'illustre évoque de Meaux, le prince fléchir le genou . et, dans le champ de bataille, il rend au Dieu des armées la gloire qu'il lui envoyait. » Le Duc d'Enghien se souvint aussi de la promesse qu'il avait faite à la Sainte Vierge sur le conseil du Prieur des Prémontrés et commanda à N. Blasset la statue qu'il avait vouée. Le jeune vainqueur eut la bonne fortune de trouver un artiste digne d'éterniser sa foi et sa reconnaissance; Blasset savait faire parler le marbre. Regardez bien cet ex-voto, cette Vierge de marbre, c'est la Vierge de la Victoire. A cette pose guerrière, à cette tête qui se 1 Les Sanctuaires de la Sainte Vierge dans le diocèse d'Amiens, par M. l'abbé Jourdain, in-12, édité par MM. Piteux frères, imprimeurs de l'Evêché. 2 Le voeu royal fut prononcé en Picardie, à Abbeville, en l'église des Minimes. — 35 — relève, si noble, si majestueuse, ne reconnaissez-vous pas l'arbitre des batailles, Celle par qui régnent les Rois? D'autre part, la sérénité .de ce front virginal, la douceur et la bonté qui respirent en ses traits disent assez que ce n'est pas à nous, mais à l'enfer que Marie est terrible. C'est la Mère de Dieu. Elle porte son enfant dans ses bras. Cet enfant, c'est Celui qui règne dans les Cieux et de qui relèvent tous les Empires ». L'artiste nous le dit bien en plaçant dans la main gauche de Jésus une palme et dans sa droite une couronne. La statue de la Vierge de la Victoire donnée par Condé aux religieux Prémontrés d'Amiens, demeura longtemps, après la grande Révolution, exposée aux intempéries dans la cour d'un immeuble sis rue des Trois-Cailloux. Rachetée sous le décanat de M. le chanoine Lôraillé, elle fut remise en honneur dans une chapelle de la vieille église Sl-Remi ancienne église des Cordeliers. La Vierge de Blasset était placée sur un globe, entourée de nuages parmi lesquels se jouaient de petits anges. Ce décor fantaisiste n'a pas été transporté dans l'église nouvelle. La Vierge de la Victoire repose aujourd'hui sur un piédestal derrière Pédicule où l'on expose le S1 Sacrement. Malheureusement, par suite de la destruction des verrières de la chapelle, pendant la dernière guerre, eu 1918, la lumière est excessive et la statue se détache imparfaitement sur un fond trop éclairé. Quand sera faite la restauration des vitraux, un cadre plus sombre entourera et mettra en pleine valeur l'oeuvre magistrale de N. Blasset. Bossuet a dit de Condé que son ombre eût pu encore gagner des batailles... » La parole de l'immortel panégyriste semble avoir une certaine réalisation dans la paroisse de S'-Remy d'Amiens. L'exvoto du grand guerrier nous l'avons marqué dans une note au début de cet article préside désormais dans la chapelle qui est le siège d'une arehiconfrérie en faveur des âmes du Purgatoire. Des prières y sont dites chaque jour, et nous avons l'indéfectible espoir que ces supplications adressées à la justice divine soulagent les membres de l'Eglise souffrante et leur ouvrent les portes du ciel. Dans cette victoire de la prière, ne faut-il pas reconnaître qu'une certaine part revient à l'illustre donateur dont le - 36 - nom est indissolublement lié à la majestueuse image, aujourd'hui Noire-Dame du Suffrage, mais qui à jamais reste l'ex-voto du vainqueur de Rocroi ' Noire-Dame de la Victoire. Antoine CARON. Nous remercions bien vivement le vénéré Doyen de S'-Remy, M. le chanoine Pouillet, qui nous a donné la photographie de la statue avec l'autorisation de la reproduire pour notre Reoue. A. B. LA BATAILLE DE ROCROI Tout a été dit à propos de la Bataille de Rocroi les chroniqueurs de l'époque et les historiens contemporains se sont plu à l'envi à nous en retracer le récit dans tous ses détails. Si j'ose après eux aborder un tel sujet, c'est qu'en écrivant la Monographie de Sévigny-la-Forêi, il ne m'était pas possible de passer à la légère sur un des faits les plus glorieux de notre histoire nationale, alors que ce fut le territoire de notre humble village qui eut l'honneur d'en être le principal théâtre. Je vais donc essayer de donner, pour notre Revue historique du Plateau de Rocroi, une sorte de compilation de tout ce qui a été écrit 1, de tout ce que les traditions locales 1 OUVRAGES CONSULTÉS La Chapelle Bataille de Rocroi, — Le Mercure Français, de l'année 1643. — Henri Martin Histoire de France. — Anquetil, ici. — Lépine Histoire de Rocroi, et Relation de la Bataille de Rocroi, publié à la suite du Poème de la Bataille de Rocroi, de Fiacre Bouillon. — J. Monlézun La Bataille de Rocroi. — J. A. Rayeur La Trouée des Ardennes. — Feuillet de Fontcnellc Récit de la Bataille de Rocroi inédit. — Le duc d'Aumale La Journée de Rocroi. — Paul Laurent Avant et après la. Bataille de Rocroi. — Voltaire Le siècle de Louis XIV. — Plans et manuscrit de la Bibliothèque Mazaiïno, n° 4854, A B, hors rang inédit. — Jung Revue militaire, — L'abbé Péchenard le Domaine des Potées, etc. — 37 — nous ont rapporté touchant cet événement mémorable. Jelons d'abord, pour la complète intelligence des faits, un coup d'oeil sur l'histoire des temps qui ont immédiatement précédé la bataille, c'est-à-dire sur la fin du règne de Louis XIII, et sur les événements qui l'ont amenée. Le cardinal de Richelieu, on le sait, avait voué sa vie à l'abaissement de la Maison d'Autriche, dont les possessions enserraient la France de toutes parts ; Espagne au midi, Allemagne à l'est, Pays-Bas au nord. Il ne devait pas voir de son vivant la complète réalisation de ses desseins, car à l'époque qui nous occupé, Louis XIII et son ministre, atteints fous deux de maladies sans remèdes, sentaient approcher leur dernier jour... Le Dauphin de France n'était qu'un frêle enfant de quatre ans ; et la Régence allait échoir à une femme, la reine-mère Anne, qui était elle-même espagnole, et soeur de l'empereur et roi Philippe IV. Richelieu mourut le 4 décembre 1642. Jamais moment n'avait paru si propice aux Espagnols pour se venger des échecs leur avions fait subir. Us comptaient bien envahir la Champagne, s'avancer en forces vers Paris, et y pénétrer en vainqueurs. A cet effet, ils réunirent sur la frontière, dans la Flandre et le Ilainaut, tous leurs effectifs disponibles, qui, au commencement de l'année 1643, se trouvaient répartis en cinq corps d'armée, savoir 1° En Artois, sous Albuquerque, six régiments espagnols Aibuquerque, Àvila, Velandia, Villalva, Garcies, Castelvi; 2° En Flandre, sous don Francisco de Mellos, trois régiments italiens Visconti, Strozzi et Delli-Ponti ; et trois wallons ceux du Prince de Ligne, de Ribeaucourt et de Granges ; 3° En Ilainaut, sous Buckoy, quatre régiments d'infanterie étrangère, et 82 compagnies de cavalerie, cantonnés à Mons et à Valenciennes, le quartier-général étant à Quiévrain; 4° Entre la Sambre et la Meuse, l'armée d'Alsace com- - 38 - mandée par Isembourg, comprenant cinq régiments d'infanterie, six de cavalerie, et un régiment croate ; 5° Enfin, 4000 hommes, sous Beck, à Paliseuî. En tout hommes, dont un tiers de cavalerie, sous le commandement suprême de don Francisco de Mellos 1, généralissime, ayant Fuentes pour lieutenant-général 2. Les Français, de leur côté, n'avaient que soldats, disséminés dans diverses garnisons, d'Abbeville à Péronne d'Espenan était à Laon, Grammont à Arras, et Gassion à Amiens. Le duc d'Enghien 3, que le roi Louis XIII venait de nommer général en chef de toutes ces troupes, arriva à Amiens vers la fin d'avril, et envoya, de là, Gassion à Doullens, d'où il était plus à même de surveiller les Espagnols avec ses 2,000 cavaliers. Don F. de Mellos venait de reprendre aux Français Aire et la Bassée, et de gagner la bataille d'Ilonnecourt. Il abandonna brusquement le siège d'Arras, et vint concentrer ses troupes autour de Douai. Il les passa solennellement en revue entre Valenciennes et le Quesnoy, le 13 mai. Après un mois d'avril très rude, la température s'élant radoucie, Mellos voulut en profiter immédiatement pour se porter sur Rocroi, qu'il considérait comme la porte de la Champagne, la clef de la roule de Paris. Il s'avança donc à marches forcées avec le vieux Fuentes, Albuquerque et Buckoy, par 1 Don Francisco Mellos de Braganza, descendant d'Alphonse Ior, duc clc Bragance, était alors gouverneur des Pays-Bas, après avoir été vice-roi des Deux-Siciles. 2 Paul Bernard Fontaine, d'origine lorraine, prit le nom espagnol de Fuentes, ce qui l'a fait souvent confondre avec Pedro Henriquez de Acevedo de Fuentes, capitaine-général des armées espagnoles, mort à Milan en 1610. Fontaine s'intitulait Mestre-de-camp général de l'armée de France. » Duc d'Anmale. 3 Louis II de Bourbon, duc d'Enghien, ne porta le titre do prince de Condé qu'après la mort de son père Henri II de BourbonCondé, en 1646. — 39 — Landrecieset la Capelle, et il arriva le 16 mai, de Chimay, sous les murs de Rocroi. Isembourg s'y trouvait déjà. Parti de Namur le 10 mai, il était arrivé sur les glacis de Rocroi le 13, à la pointe du jour, et tellement à l'improviste, que partie des habitants qui étaient dehors pour leurs travaux 1 ne purent rentrer chez eux ». Monlézun. Il faut rappeler qu'une partie des paysans des environs s'étaient portés dans la ville dès les premiers bruits de l'approche de l'ennemi ; les autres s'enfuirent dans les bois. Sans attendre l'arrivée de Mellos, Isembourg avait donc commencé le siège de Rocroi le 15 mai. Pendant ce temps, le duc d'Enghien ayant rallié à Péronne les troupes d'infanterie que lui amenait son maréchal de camp La Ferté, se trouvait le 14 mai à Fervacques source de la Somme. Là, il reçut l'ordre de retourner à Paris. Il dépêcha à son père un cavalier rapide, porteur d'une lettre écrite dé sa main, où il est dit Les ennemis... sont à une journée de moy, et demain nous serons en présence. Jugés si mon honneur ne seroit pas engagé au dernier point de laisser l'armée dans cette conjoncture... » Cependant, ajoute-t-il, si vous jugés que je sois plus en estai de servir l'Estat et vous, tout seul à Paris avec un escuier, qu'icy à la teste d'une armée de vingt-cinq mil hommes, bien inten lionnes, j'abandonneray tout pour vous rendre le service que vous souhaiterés de moy ». Ducd'Aumaie. Le soir, il donna à son armée l'ordre de partir. Il fit prendre les devants à Gassion et à ses cavaliers, au nombre d'environ Pour lui, il rallia de Gesvres à Origny, en Thiéraohe, d'Espenan à Brunehamel, et arriva le 16 à Rumigny. C'est là qu'il apprit que Mellos était devant Rocroi, et que Louis XIII était mort le 14 mai. Il écrit alors au premier ministre Je ne saurois peindre le desplaisir que toutte cette armée a de 1 C'était, pour la plupart, des jardiniers. — 40 — la mort du Roy. J'espère que les ennemis de cet Estât ne se prévaudront pas déco malheur ; mais je vous puis asseurer que celle armée ira droit, et contre cens du dehors el contre ceus du dedans, s'il y en a d'assez meschanls pour l'estre. Je marche demain à Rocroy que les ennemis assiègent depuis hier, et serai là apprès demain. Je vous asseure que nous n'azarderons rien mal à propos... » Duc d'Aumale. Ce même jour, 16 mai, le fidèle Gassion, arrivé devant Rocroi, put faire entrer dans la place par les derrières du camp espagnol 100 fusiliers choisis et 60 de ses gardes, avec le capitaine Saint-Martin. La réussite de cet exploit fut annoncée au duc d'Enghien par un feu de paille allumé la nuit au sommet du clocher, qui était fort haut. Saint-Martin fut secondé dans cette audacieuse entreprise par le lieutenant Cimelierre. Après quoi, repartant à toute bride, Gassion alla retrouver le duc d'Enghien à Ëossus-lès-Rumigny pour lui rendre compte de sa mission Les défilés qui donnent accès au plateau de Rocroi, rapporte-t-il, sont étroits et tortueux ; ils traversent des forêts fort épaisses et débouchent sur des bruyères marécageuses. Au point le plus étroit, la forêt compte un quart de lièue de large 1. » 1 Rabutin écrivait L'assiette du Plateau de Rocroi est stérile à plus de deux lieues au plus près, estant tous bois et haulles futayes, marescageux et pleins de mortes, et aux lieux défriches n'y croist que des bruyères, ronces, genestes cl. même tailliz, à cause que le terrain est argileux et morveux. » — Dans son poème do la Bataille de Rocroi, qu'il composa en 1682. le pàtre-poôie du Rouilly, Fiacre Bouillon 1764-1794, nous dépeint le champ de bataille do Rocroi en termes emphatiques, sous l'aspect • ... de marais tremblans, hérissés d'un bois sombre, Où règne le silence à la faveur de l'ombre. n C'est l'Eternel séjour de l'Horreur, des Enuuis. » C'est dans ces déserts sauvages que Condé est amené à combattre nos ennemis ... Avec le fer en mains, avec l'audace au coeur. » — 41 — En ces circonstances critiques, le duc ne voulut rien hasarder avant d'avoir consulté ses compagnons d'armes. Il assembla un conseil de guerre où siégèrent L'Hôpital, Gassion, d'Espenan, La Ferté, La Vallière, La Barre, commandant l'artillerie, et Persan, premier mesire-de-camp de l'infanterie. 11 leur annonça officiellement la mort de Louis XIII. Il leur demanda ensuite s'ils étaient d'avis de marcher contre les ennemis ou d'attendre les ordres de la Régence. Presque tous se prononcèrent pour l'attaque immédiate. Le vieux L'Hôpital, auquel sa prudence avait fait émettre quelques objections, finit par se rallier à l'opinion générale. Gassion fit partir immédiatement ses bagages pour Àubenton et Àubigny. Le lendemain 18 mai, l'armée tout entière quitta Bossus, précédée par le petit corps de cavalerie de Gassion. Laissons les troupes françaises s'avancer en interminables colonnes, dans les mauvais chemins de la Thiérache, et allons retrouver les défenseurs de RocroL Nous avons vu comment Gassion, simulant une attaque, avait pu tenir en haleine l'armée d'Isembourg avec ses cavaliers, tandis que 150 fusiliers, se glissant sur les derrières, parvenaient heureusement à entrer dans la place'. Cela ne portait qu'à trois cents le nombre des défenseurs de la ville. Cette petite troupe était commandée par Pierre Noël 1, remLo remLo et Ja mémoire de Fiacre Bouillon sont bien oubliés aujourd'hui. Il eut pourtant dans la région ses jours de célébrité ; nos aïeux de Sévigny on étaient aussi fiers que s'il eût été un enfant du village ; beaucoup savaient son poème par coeur il compte 476 vers et une femme do la Forêt, Marguerite Lebas, m'en a récité encore, à l'âge de 80 ans, de longues tirades. Il est vrai que la proximité du lieu d'origine de Bouillon en faisait pour nous presque un compatriote ; et si nous ne lui devons plus notre admiration, il a toujours droit à notre souvenir. 1 Noël de Champagne, né à Chàteau-Regnault en 1600, mort à Rocroi en 1682, d'après MEYRAC, Géographie des Ardennes, p. 738, fut anobli XIV en 1647. - 42 — plaçant le gouverneur Geofïreville 1 qui était malade. Et, par surcroît de malheur, la garnison se trouvait à peu près sans ressources et sans approvisionnements il ressort de diverses pièces conservées aux archives de la ville, que les habitants durent fournir aux troupes, moyennant finances, la viande, le vin, la bière, le tabac, etc., etc. 2. Le 15 mai, le siège de Rocroi fut commencé par les Espagnols le comte de Rotbberg donna aux fossés de circonvallalion le premier coup de pioche. Le 16, quatre demi-lunes 3 furent enlevées d'assaut aux Rocroyens. La nuit suivante, ceux-ci firent une sortie au nombre de 150 ; ils reprirent une des demi-lunes celle de la Porle-Maubert, aujourd'hui Porte 1 Jean le Dannois, marquis de Geoffreville, avait succédé à Philbert le Dannois, son père, comme gouverneur de Rocroi, en 1632. Lépine. 2 Voici le curieux détail de ces fournitures De Nicolas la Ramée 19poinçons devin de Champagne, à 69 livres chaque ; huile et vinaigre pour les armes et canons, 70 livres. De Nicolas Barré 500 livres de chair salée à 5 sous la livre ; 50 livres de tabac pour 75 livres. De Jean Dauchô S pièces de bière, à 9 livres la pièce. De Jean Foulon une caque d'eau-de-vie pour les soldats chaque matin, 60 livres ; 2 vaches à 50 livres chacune. De Pierre Flocquct et Simon Bonaire chacun deux vaches, 50 livres chacune. Plus 90 livres d'avoine pour la nourriture des chevaux réquisitionnés pour moudre le grain au moulin à cheval de Rocroi, en faisant tourner lequel moulin, est mort un cheval appartenant au sieur Foulon, pour s'estre" trop eschauffé, qui a esté estimé à la somme de 180 livres ». Plus encore 6 charpentiers, 4 charrons, 8 armuriers et serruriers, réquisitionnés pour réparer les palissades, armes et canons ; 2 chirurgiens pour panser les blessés, toutes ces dépenses se montant à un total de livres. Paul LAURENT Avant et après la bataille de 3 Demi-lune ouvrage avancé en forme de corne ou de croissant, faisant saillie hors des fortifications d'une place pour en défendre l'accès. — 43 - de France, égorgèrent les Italiens qui la gardaient, enlevèrent un drapeau et firent quelques prisonniers. Ce coup audacieux, où le notaire Lemoyne trouva la mort, fut un acte d'héroïsme inutile, car les Espagnols arrivèrent en nombre et refoulèrent les assiégés... Quitlons-les un instant pour embrasser d'un coup d'oeil la topographie des lieux, de ces plaines de Rocroi jusqu'alors si ignorées, et qui allaient devenir si fameuses 1. Les défrichements et l'essartage n'avaient pas encore donné à la Grande Rièze, du côté de l'ouest, celte étendue illimitée qu'on lui trouve un siècle plus tard. La Censé Gallois n'existait pas ; il n'y avait là qu'une large clairière dénommée le Champ des Prêtres. Vers le nord, les bois à demi détruits de la Houppe, couvrant plus de 700 arpents, s'étendaient d'une part jusqu'au pont Sainîe-Ànne actuel, d'autre part jusqu'aux bois de Suzanne, par lesquels ils se rattachaient à l'important massif des bois de Chimay 2. Ces taillis de fa Houppe, clairsemés et fort marécageux, tapissés de bruyères aussi vieilles que le sol, avaient pour essences principales le tremble et le bouleau ; ils couvraient en partie le sol dont le village de la Tailletle a constitué son territoire. Les Rièzes couvraient toute la région qui s'étend entre le village ar Renaud-Sommé. - 77 — leurs beaux plats d'étain. Vers 1730, un plat d'étain valait, à la Forêt, 4 livres, et une assiette 3 livres. Quant à la literie, au xvnr siècle encore, nul n'aurait osé ni voulu se payer le luxe d'un matelas ou d'un lit de plume; c'eût été une marque de mollesse. La paillasse de fougère ou de feuilles sèches suffisait aux plus raffinés; on n'avait pas d'édredon 1. Dans les oreillers, le regain, la mousse ou les plumions tenaient lieu le plus souvent de plume et de laine 2. Les sommiers étaient inconnus, même de nom. Il était cependant de bon ton d'avoir un lit très élevé on superposait paillasses sur paillasses —• parfois 7 ou 8 — au point que, chez les gens cossus, il aurait presque fallu une échelle pour aller se coucher, et qu'il était indispensable d'adapter au lit la chambrière, sorte de barrière en bois destinée à préserver le dormeur de toute chute. La table de nuit était inconnue. Chez les plus riches, des rideaux de serge verte entouraient la couche, suspendus à un immense ciel-de-lil rectangulaire de six pieds sur quatre, sur le devant duquel était collée quelque image de piété, soit le grand Pélican blanc ouvrant ses flancs pour nourrir ses enfants », soit S" Barbe, préservant de la mort subite, etc. Il y avait de même, dans chaque écurie, une image triangulaire de S1 Douât et, dans chaque maison, celle de S1 Hubert, accompagnées l'une et l'autre de prières naïves et de cantiques baroques. L'intérieur des portes des armoires tenait lieu de grand livre, d'agenda elles étaient couvertes d'hiéroglyphes à la 1 Pendant la Grande Guerre de 1914-1918, quand les Prussiens nous eurent enlevé tous nos matelas avec leur laine, nous dûmes revenir aux coutumes de nos pères et coucher de nouveau sur la fougère pendant plusieurs années. 2 Tous les lecteurs ne savent peut-être point que les plumions » sont une espèce de duvet, très commun autrefois dans nos marais, et qui croît au printemps sur l'Eriophorum ou jonc porte-laine. Onen trouveà Sévigny deux espèces l'E. angustifolium, etl'E. vaginatum. - 78 - craie ou à la pierre rouge que Champollion lui-même n'eût certainement pas déchiffrés. Chaque armoire était bondée de linge; et derrière les piles entassées de draps et de chemises, se dissimulait la vieille cassette noircie contenant les quelques bijoux de la famille, la chaîne d'or, le coeur, là croix, l'alliance d'argent de l'aïeule... et aussi un fatras de paperasses, depuis le parchemin timbré au sceau de l'Etat jusqu'à la moindre quittance, aux nombreux procès-verbaux récoltés à la maraude » dans les Pothées, jusqu'à la recette cabalistique pour guérir les maladies ou conjurer les sorts. Il est très regrettable qu'en ces derniers temps, on ait presque partout livré aux flammes ces poussiéreux débris transmis parles aïeux ; il s'y trouvait des documents fort anciens et bien intéressants qui ont ainsi disparu pour jamais. PAULIN LEDAS. A suivre. A propos de notre dernier article sur la Bataille de Rocroi n° 16 de la Revue, nous avons reçu de nos abonnés et lecteurs quelques notes et explications fort intéressantes que nous publierons dans notre numéro d'août. Nous en remercions bien vivement les auteurs. AU JOUR LE JOUR 1914-1919 Se Souvenirs Suite. Lundi 15 janvier 1917. — Hier est venu pour dire la messe aux soldats allemands un aumônier catholique. La messe avait été annoncée pour 11 heures, mais il n'y avait pas de soldats. La plus grande partie de mes paroissiens ont assisté à cette messe et j'ai célébré ensuite ma seconde messe dominicale. — 79 - Avant l'office, en attendant les soldats catholiques qui ne venaient point, ma nièce invita ledit aumônier à venir au presbytère pour prendre langue avec le curé. Après des salutations assez froides, la glace s'est un peu fondue en raison de la politesse et de la rondeur du prêtre que j'ai su depuis être un vicaire de Strasbourg. 11 m'a offert, contre argent, un - calendrier ou ordo en français, imprimé à Balan, près Sedan, pour l'année 1917. Ayant réquisitionné l'imprimerie fondée par le curé de la paroisse, les Allemands y faisaient travailler à leur profit. Ce petit livre m'a été utile, car les curés envahis n'ayant plus' iïordo pour les années 1915 et 1916, j'avais dû me procurer difficilement celui du diocèse de Namur, afin de pouvoir régler mes offices et réciter mon bréviaire avec Y Ordo perpétuel. Chaque dimanche, j'annonçais aux fidèles les fêtes de la semaine avec les offices et tous les rites qui font la grandeur et la beauté de la vie catholique se déroulant dans le cycle de l'année pour la consolation et la perfection des âmes chrétiennes. Cet aumônier des soldats catholiques allemands m'a aussi offert quelques messes, mais comme je n'en n'avais pas besoin, il m'a demandé de les donner à un prêtre qui n'aurait point d'intentions de messes. M. l'abbé Horbon étant dans ce cas et venant souvent chez moi célébrer le Saint Sacrifice, je les ai acceptées pour lui. Nous nous rendîmes ensuite à l'église où il revêtit par dessus son costume militaire — rien ne le distinguant des autres officiers — ses propres ornements que son ordonnance avait apportés ainsi que tout ce qui était nécessaire pour la célébration de la messe, à l'exception de la cire. Il me remit aussi des hosties grandes et petites pour une quinzaine de jours, et j'en avais bien besoin. A la sacristie, en attendant les soldats qui ne venaient point, nous causâmes un peu. Je lui dis carrément que l'enlèvement des cloches de nos églises que l'on était en train de descendre et de briser pour en faire des munitions de guerre était un sacrilège et une abomination. Il n'a pas répondu — 80 - franchement, mais il a osé m'affirmer qu'en Autriche-Hongrie, on avait pris, avec la permission du pape, les cloches de nombre d'églises pour en faire des canons, et que peut-être il en serait de même en Allemagne et en Alsace. Il m'a dit encore regretter beaucoup que le Gouvernement français n'ait pas adhéré aux propositions de paix faites d'ordre de l'empereur par son chancelier Bethmann-Holweg. Nous sommes vainqueurs », ajoutait-il. Tout cela me semble bien extraordinaire sur les lèvres de ce prêtre alsacien. MEMOR. A suivre. Le Journal Officiel du 1er juin 1924 nous apportait l'heureuse nouvelle de la promotion au grade d'Officier d'Académie de notre collaborateur et ami M. Paulin LEBAS, de Sévigny-la-Forêt. C'est la juste récompense de ses longs et remarquables travaux historiques sur notre petite Patrie et, en particulier, de la Monographie de Sévigny-la-Forêt, déjà récompensée dune médaille d'or décernée à ce travail, en 1898, par lAcadémie Nationale de Reims, et d'une médaille d'argent de la S. E. D. E. Société d'Encouragement au Devoir Social, en 4921. Les lecteurs de la Revue Historique du Plateau de Rocroi ont le plaisir de trouver chaque mois, depuisplus d'un an, les pages revues et complétées de cette Monographie. Le même Journal Officiel du 1CI juin accordait aussi ce même titre ^'Officier d'Académie à M. A. BAULMONT, l'érudit archéologue et historien, que Dieu a rappelé à Lui il y a un peu plus de deux mois. Notre Revue lui a consacré un article nécrologique dans son numéro 14. Nous adressons aussi nos félicitations à notre collaborateur M. G. DOQUIK, publiciste à Charleville et rédacteur au journal le Nord-Est, qui fait partie de la même promotion. LA RÉDACTION. Le Gérant M. BERNARD. LE NÉCROLOGE DES RÉCOLLETS DE COUVIN M 577-179V SuiteJ. [foi. 12 ».] Février 2. E. L'an 1746 mourut à Nime 1 Jean François Joseph Delhalle, fils de Michel Joseph Delhalle, gouverneur de Saudee 2, et de Marie Françoise Gaye. Il fut avocat de la vénérable curie de Liège et notre bienfaiteur insigne. 3. F. L'an 1670 mourut le fr. Philippe Gille, laïc. 5. A. L'an du Seigneur 1654, à Forge, près de Chimay, mourut Nicolas Pochet 3, homme honorable, ami et bienfaiteur très généreux de l'ordre entier et, en particulier, de •notre couvent. En plus des dons nombreux à nous accordés, il fit ériger dans les chapelles du côté gauche de notre église un autel dont les peintures et celles d'un autre autel furent transférées, du consentement de ses fils, dans l'église de Chimay en l'an 1680. Le même jour mourut à Momigni 4 Nicolas Bourgignon. L'an du Seigneur 1791, on recommanda à nos prières et saints sacrifices le révérendissime seigneur Wariomont, abbé 1 Nismes près de Couvin. 2 Je n'ai pu identifier cette localité. Note du P. Ubald d'AlençonJ. 3 Il ne faut pas confondre ce Nicolas Pochet avec celui dont la mort est mentionnée au 2 janvier 1680. La note que nous avons consacrée Revue, p. 66, n° 4, note 4 à cet autre Nicolas Pochet nous semble mieux convenir à N. Pochet qui mourut à Forges près de Chimay le 5 février 1654. 4 Momignies Hainaut. 17 2 Année — 82 - du monastère de Bucilly 1, de l'ordre réformé des Prémontrés, ordre aboli tout récemment par les décrets nationaux de France. Il nous fit don d'une chasuble resplendissante en tissu d'or. 6. B. L'an 1606 mourut le vénérable Père Denis Anselm, qui fit profession dans ce couvent après avoir été prêtre séculier. Il termina ici sa longue vie, ayant rempli d'une manière parfaite les offices de vicaire du couvent et de terminaire 2. Dans ce même mois 3 mourut, l'an 1560, le frère François Wadrigan, laïc. Ce même jour, 6 février 1740, entra dans la voie de toute chair Notre saint Père le pape Clément XII qui, pendant de nombreuses années, fut le protecteur de tout l'ordre séraphique. 7. C. L'an 1694 mourut àPetignie4 et fut enterré dans notre église, Laurent Focciau il nous laissa une large aumône afin d'être inscrit au livre des bienfaiteurs. 11. G. L'an 1731 mourut le frère François Boulin, religieux très zélé. 12. A. Le 12° jour de février 1760, Je Vén. Père Damien Grandjean rendit son âme à Dieu, dans la seconde année de son litre de gardien; il fut un religieux bien méritant. 13. B. En 1737, le Vénéré père Bertrand Herlenvaux termina ses jours, après avoir rempli, d'une manière parfaite, l'office de vicaire à plusieurs reprises, de confesseur des moniales de Fontaine-l'Evêque 5 et de gardien de ce couvent. 14. C. Le 14 février mourut le vénérable père Henri Petiljean, qui fut gardien, vicaire et maître des novices. 1 Bucilly Aisne. Cfr. Gallia ehrisia, t. IX, 1751, p. 187. 2 Terminaire. Prédicateur ou quêteur, auquel il était défendu d'opérer en dehors d'une circonscription désignée. 3 Le jour de la mort n'est pas indiquée dans le Nécrologe. 4 Petigny-près de Couvin. 5 Fontaine-l'Evêque, petite ville du Hainaut Belgique, appartint jadis à l'évêché de Cambrai Nord. 15. D. L'an 1664 mourut le père François Pochet, prédi cateur et confesseur. Le même jour, en l'an 1758, mourut le vén. père Joseph Gille, économe de ce couvent. $2. D. L'an 1694 sortit de ce monde le noble sire Jean de Roli, seigneur dudit lieu 1, qui, à l'exemple de son père et de son grand-père, fut toujours notre ami dévoué et notre bienfaiteur. 27. B. L'an du Seigneur 1721, à la grande édification de ses frères, mourut dans notre couvent de Givet le vénérable père Louis Makinay, qui eut, à plusieurs reprises, ici et en d'autres lieux, la charge de gardien et était actuellement vicaire de ce couvent. V. T. Notes historiques sur le plateau de Roeroi RUPES RUPEREM Epoque néolithique. — Temps préhistoriques et anciens. — Age de pierre. Suite Hamzy. Ce gîte de Hamzy, si célèbre dans la préhistoire du plateau de Roeroi, est situé à l'extrémité méridionale de la forêt des Potées, sur le territoire de Sévigny-la-Forêt. Le lieu ainsi 1 Roly, entre Couvin et Philippeville. — 84 — dénommé se trouvait jadis presqu'aux confins septentrionaux de la vieille forêt et de l'ancienne' baronnie des Potées 1. La voie ferrée actuelle de Charleville à Hirson le traverse au sud et la grand'route de Roeroi à Signy-l'Abbaye par le Tremblois et Aubigny le laisse à un peu plus de trois kilomètres à l'ouest. Les coteaux qui bordent la Sautery, affluent de la Sormonne, sont encore tout pleins du passé de cette époque lointaine. Un menhir se dresse au centre du gîte ; malheureusement la pierre très curieuse a été fort éprouvée par les outrages du temps et surtout des hommes. Il y a longtemps que M. DROUART, de Maubert-Fontaine, a décrit cet intéressant mégalithe. Des trouvailles précieuses ont été faites par le vieux savant sur le passage des premières migrations qui parcoururent foute cette contrée. M. L. PIERQUIN, de Charleville, a complété ces indications par des éludes et des fouilles scrupuleuses. Le regretté M. BAULMONT avait aussi apporté une somme de travail sur la forêt des Potées et PAULIN LEBAS a poursuivi sur ces lieux, avec une patience inlassable, ses nombreuses recherches, et d'autres savants ont contribué pour une large part à nous les faire mieux connaître. Ce que l'on a le moins observé sur cette station préhistorique, c'est l'emplacement déterminé des ouvrages défensifs qu'elle opposait aux envahisseurs. A l'ouest, les pentes qui s'inclinent vers le Grand Moulin de Maubert gardent toujours les vestiges de levées de terre protectrices, et l'arête 360, passant entre le Haut-Taillis Maubert et la Censé Gobron, de même que son prolongement 345 à la cote, permettait l'accès par le nord-ouest. L'essartage n'a pas fait disparaître entièrement les terrassements qui furent élevés comme ouvrages de protection dans 1 Le chef-lieu de la baronnie des Potées était Aubigny. - 85 -, - les Grands Marais, intersection de la limite des communes de la Taillette, d'Eleignières et de Maubert-Fontaine, points extrêmes des cantons de Roeroi et de Signy-le-Petit. Les contreforts de la Murée et des Etocs, territoires de Roeroi, de Châtelet-sur-Sormonne et du Trembiois, garantissaient toute surprise pouvant venir de l'est. Au sud, les ouvrages descendaient pour ainsi dire jusqu'à la Sormonne, au coudé produit par cette rivière où s'élève aujourd'hui le village de Chiliy. Le terrain a été bouleversé complètement au nord par les travaux exécutés lors de la bataille de Roeroi 1643. L'occupation espagnole qui suivit, et le nouveau siège de la place par Turenne, pendant lesquels on ouvrit deux grandes tranchées, modifièrent l'aspect du sol. Il y subsiste seulement quelques mar chefs. Une station annexe et intermédiaire existait à Dorville 1, en dessous de Maubert-Fontaine. Elle était distante de 3 lui. 1/2 de Hamzy et à l'ouest. Sa ligne protectrice s'étendait au nord vers le et au sud-ouest vers les Bas Champs Eteignières. Elle paraissait s'arrêter à la vallée fangeuse de fa Sormonne pour regagner au sud les Bois de la Croûte Girondelle et les bosquets de la Rubrique, commune de Marby. L'ouvrage de Gironsault dans la boucle de la Sormonne en avant d'Etalles fermait le contour et défendait aussi Hamzy. H. B. A suivre. 1 Ecart de Maubert-Fontaine et à mètres à l'ouest, près de la route de Flandre de Charleville à Hirson. C'est la C3rTjiex*x»e ! IV. - LES PARISIENS Pendant ces derniers jours de juillet, Madame et André assistaient à presque toutes les réunions où l'objet des conversations était surtout le dénouement rapide des événements. — Mais, dit Madame, la sauvagerie d'une guerre n'est plus possible au vingtième siècle, avec toutes les Ligues et Congrès pacifistes des dernières années; le Tribunal d'arbitrage de La Haye est là pour quelque chose. — La Haye n'est pas sur le chemin de Berlin à Paris, il n'est sur le chemin d'aucune grande nation. Le tsar a fêté son prix Nobel de la paix par la guerre du Japon... La vie est burlesque avant tout, conclut un stagiaire aux Affaires coloniales. — Mais alors qu'on cherche les moyens d'empêcher celte rechute dans la barbarie... Que font les politiciens? s'écrie une de ces dames. — Ils font tous kss... kss..., de voisin à voisin. — Les gouvernements responsables ne peuvent être assez féroces pour jeter leurs peuples dans une pareille catastrophe, reprend Madame. — Mais notre République où l'Egalité règne, dans la caserne du moins, sait qu'une déclaration de guerre serait l'arrêt de mort de ceux qui la feraient... des députés et de leurs fils, réplique le stagiaire. — Aucun gouvernement n'est responsable de la guerre, pas plus qu'un peuple... et tous sont responsables devant l'Histoire et l'Humanité; car elle est le résultat impérieux des - 87 — ambitions politiques, des rapports gouvernementaux haineux, des heurts d'intérêts mondiaux et particuliers qui s'entrechoquent partout, sur terre et sur mer, dans l'expansion économique universelle, dit André. — La République, les Français défendant les Impérialismes étrangers !... C'est grotesque, je vous dis, ajoute Madame. — C'est surtout la dette de 1870 que nous voulons acquitter, dit André, nos dettes envers l'Alsace-Lorraine sacrifiée... Mais, pour moi, la guerre n'est que l'explosion finale des forces mystérieuses, terribles comme celles des tremblements de terre et des volcans. Ils grondent sourdement, ils font longtemps des poussées insoupçonnées contre la croûte terrestre qui leur résiste, puis un jour... pourquoi celui-là?... elle éclate. A suivre. Reproduction interdite. Communiqué par le Dr GILLES. MONOGRAPHIE du village de SÉVIGNY-LA-FORÊT Suite. LIVRE III Sévigny à travers les âges. VII. — Les vieux arbres. Le village de Sévigny offrait jadis un aspect étrange, de quelque point de vue qu'on le contemplât. Les anciens du pays, qui en avaient gardé une impression profonde, se sont plu souvent à en évoquer devant nous le tableau. Notre pays, toute abstraction faite des forêts qui l'entourent, n'usurpait point son nom tout y était bois. De loin, le terroir ne semblait être que la continuation de la forêt ; et quand ses arbres et ses buissons étaient revêtus de leur parure de feuillage, le village ne présentait qu'un fouillis étage et moutonnant, d'où sortait çà et là quelque tuyau de cheminée, quelque toit pointu de chaumière. Chaque demeure était abritée d'un bouquet d'arbres que la cognée respectait, et dont certains avaient sûrement abrité bien des générations. Chaque rue ressemblait à l'avenue d'une vieille forêt. Toutes étaient bordées de haies hautes et épaisses, qu'on ne coupait pas une fois tous les dix ans ; les rameaux des hêtres, des frênes et des planes se croisaient en voûte au-dessus d'elles et il y régnait une sorte de demi-jour qui portait à la rêverie. Telles étaient encore, vers 1850, la rue de Faux-Prés, que le peintre Leroy appelait une admirable promenadesolitaire », et la ruelle du Boucher. Nos aïeux semblaient avoir conservé au fond de leur coeur quelque chose des vieilles croyances celtiques, du culte antique des forêts sentiments inconscients et inavoués sans doute, mais vivaces, mystérieux, comme tous les atavismes de l'âme sentiments que la civilisation combat sans pouvoir toujours les vaincre. De plus, comme le faisait remarquer si justement M. Henri Jadart, un sentiment inné d'admiration nous rend cher le sort des vieux arbres à l'égal de celui des vieux monuments. Ne sont-ils pas les chefs d'oeuvre de la nature comme nos édifices sont le reflet du génie de l'homme ? » Parmi les vieux arbres que le xix° siècle a vu disparaître à Sévigny, quelques-uns sont demeurés légendaires. Le Chêne Bocquet vit plusieurs générations danser sous son ombrage ; le curé Dupin se le fit céder, vers 1850, et ce dernier survivant des anciennes forêts de Paquis servit à la construction d'une maison à Marenwez. Les frênes énormes sis devant le cimetière "étaient contemporains de la vieille église de Sévigny, démolie en 1778. Le dernier fut abattu en 1872 et, quelques 30 ans auparavant, celui qui existait sur l'emplacement du presbytère actuel, que deux hommes ne pouvaient embrasser, était plus ancien encore. Non loin de là, en face de l'ancien presbytère, un orme ou tilleul gigantesque avait vu s'asseoir sous sa ramure tous les curés delà Forêt, depuis l'origine de la paroisse. Pour ne pas trop allonger cette nomenclature je ne citerai plus que le Faux Woirlier du bas de la Grand'fiue. Ce roi des arbres de Sévigny, à l'immense frondaison, ne fournit pas moins de 54 stères de bois de chauffage. ïi a un successeur âgé d'un siècle que son propriétaire actuel, Joseph Sommé, conservera aux générations futures. Il ne faut pourtant pas omettre de mentionner ici, avant de terminer, le Chêne à la Vierge, qui était classé, entre les Deux Moulins. Sa vaste ramure abritait une statuette de la Vierge, protectrice des habilants de ces lieux .écartés. Les Allemands eurent la sauvagerie de faire abattre cet arbre en 1917. Et surtout le Chêne à deux Pâlies, actuellement le doyen des Pothées. Comme son nom l'indique, il est formé de deux chênes, séparés à leur base par un intervalle assez large pour donner passage à un enfant, mais qui se réunissent et se confondent à la hauteur de 2 mètres pour n'avoir plus qu'un tronc et une commune ramure 1. Malheureusement une des pattes est complètement creuse, ayant été incendiée, hélas ! par un garde forestier qui en voulait chasser un essaim d'abeilles. Au xvin' siècle, cet arbre servait déjà de lieu de rendez-vous à Messires de la Maîtrise des Eaux et Forêts, quand leurs fonctions les appelaient dans les Pothées. Au temps 1 Il mesure aujourd'hui 2m,90 de circonférence à la réunion des deux pattes et 25 mètres de hauteur. — 90 — de M. l'abbé Legros, c'était un lieu d'excursion pour les hôtes nombreux et distingués qu'il recevait à son presbytère. L'élite de la société rémoise s'y trouva plus d'une fois réunie avec les notabilités de Rocroi; et Dieu sait si, ces jours-là, le Champagne coulait sous le vieux chêne ! Je mentionnerai enfin la superbe cépée des Six Frères coupe 10 de la réserve de l'Etat, non loin de la Grande Allée, constituée par six frênes magnifique issus d'une même souche, laquelle a 12 mètres de circonférence, el le Chêne du RondPoint, le roi actuel de la forêt, que le garde Pierquin a su faire respecter des Allemands. Son fût, très sain, très droit, a 3m,50 de tour. PAULIN LEBAS. AU JOUR LE JOUR 1914-1919 ISFo-fcess Se Souvenirs Suite. Lundi 15 janvier 1917. —Aujourd'hui, noire cloche a été démontée et jetée à terre sans se briser, à travers les ouïes démolies au-dessus du portail. Depuis trois jours on travaillait dans le clocher à la démonter. Que Dieu pardonne aux malheureux qui ont commandé cette oeuvre sacrilège et à ceux qui l'ont accomplie ! Ce sont les sieurs Gilquin et Lambert de Rocroi, Druart du Tremblois et un autre dont le nom m'échappe. Cette triste opération ne leur portera pas bonheur, bien qu'ils affirment avoir été forcés par la Rommandantur à l'exécuter. Ces coquins ont exigé cent'francs de la commune pour leur sinistre besogne, et le maire a été obligé de leur donner celte somme avant leur départ. L'église n'a pas trop souffert, mais - 91 - le clocher déjà en fort mauvais état n'est plus très solide, et la pluie d'ouest entrera facilement à travers l'ouverture béante de l'ouïe agrandie, et la tribune deviendra inhabitable, à moins qu'on n'aveugle celte trouée avec des planches. Que de chagrins, d'inquiétudes et même de malédictions, car je l'avoue humblement, je n'ai pu m'empêcher de maudire ces mauvais français, criminels exécuteurs des basses oeuvres de nos ennemis. Ignosce eis, Domine Jesu! Il neige depuis huit jours, nous en avons plus d'un pied. 25 hommes, femmes, jeunes gens, jeunes filles ont été réquisitionnés aujourd'hui pour nettoyer et balayer la route du ChevalBlanc à Maubert, sur un parcours de près de 7 kilomètres. Ils en ont pour une huilaine de jours, et encore s'il cesse de neiger. 19 janvier 1917. — Notre cloche est partie ce matin pour Maubert, d'où elle doit être transportée en Allemagne. Pas un homme de la paroisse ne fut trouvé pour la charger sur la charrette qui devait la transporter, et ce furent encore deux étrangers qui la hissèrent péniblement avec les deux Prussiens qui devaient lui faire cortège jusqu'à la gare. Pauvre cloche ! le voilà partie bien tristement après avoir annoncé les offices, les adorations, les joies et les deuils de la paroisse pendant près de cent ans ! Tu ne sonneras point pour la victoire de la France et la paix enfin retrouvée ! Cette cloche avait été refondue avec l'ancienne à laquelle on avait ajouté 400 kilos de bronze et d'alliage, eu 1818, par les soins de M. Petit, horloger à Couvin Belgique. Elle pesait 573 kilos et portait l'inscription suivante L'an 1818, la cure étant vacante, j'ai été bénite par Mr Sommé, vicaire de la paroisse de S' Jacques de Reims, et nommée Louise- Joséphme par lui et par Pierre-Louis Dupont, parrain, et Marie-Josèphe Sommé, son épouse, marraine. Ad majorent Dei Gloriam! Les Munaux m'ont faite à Givet ». — 92 - 31 janvier 1917. — La semaine dernière — c'était, je crois, le 24 —une triste nouvelle était arrivée de la Kommandantur, comme, hélas ! presque tous les jours. On exigeait 8 hommes de ceux qui restaient au pays, entre 18 et 50 ans, pour aller à Sains-Richaumonl Aisne travailler pour-nos ennemis. Le Conseil municipal réuni décida de tirer au sort parmi les 24 hommes de cet âge se trouvant dans la commune, non compris les malades et le sabotier Ch. Robin, obligé de fournir chaque semaine aux Allemands plusieurs douzaines de paires de sabots. Tombèrent au sort Edouard Madoulet et son fils Edmond, Bastien, Lamy, Jules Lebas, Joseph Neveux, Noël Lebas et Arthur Sommé. Sur le champ, Joseph Neveux se fit remplacer par le jeune Léon Manceaux en lui offrant un billet de 100 marks. Le maire alla porter la liste à la Kommandanlur de Maubert, et là on remplaça les pères de familles Edouard Madoulet, Bastien, Arthur SomméetJules Lebas,par des jeunes gens ou des veufs Georges Alisse, Jules Marteleur, Mélin et Altiba. Nouvelle désolation pour ceux qui remplaçaient et pour leurs familles. Le lendemain, par un fort verglas, Georges Alisse se donnait une douloureuse enlorse clans la rue où on se tenait à peine debout, et on dut téléphoner pour obtenir un sursis. Mais-il fallait 8 hommes et, le soir même, les gendarmes boches venaient prévenir Joseph Neveux de se préparer à partir le lendemain malin. Le pauvre! il avait donné la veille cent marks pour échapper à cette douloureuse corvée 1 ! Les condamnés devaient se trouvera la gare de Mauberl-Fontaine à 7 h. 1/2 du matin. Us partirent vers les 5 heures par le verglas et un froid glacial. Arrivés à la gare, nos barbares les firent attendre dans la neige, sur le quai, d'où ils ne partirent que dans l'après-midi, pour s'arrêter encore à Au vil lers où devait avoir 1 Tous les hommes et jeunes gens devaient être exilés plus tard, soit fin de 1917, soit en 1918. — 93 — lieu le rassemblement général. Ce ne fut qu'au milieu de la nuil, qu'accompagnés par les gendarmes, ces infortunés au nombre de plusieurs centaines rassemblés dans toute la Kommandaniur, partirent et armèrent à destination, près de Guise, n'ayant d'autre nourriture que le peu qu'ils avaient pu emporter. Et déjà nous manquions de tout, le ravitaillement étant à peine suffisant pour ne pas mourir de faim. Les gendarmes qui les conduisirent à Sains-Richaumont ont rapporté qu'ils étaient disséminés trois par trois dans des maisons inoccupées, couchant sur la paille par ce froid de 12 à 15 degrés, où ils soignent les chevaux des troupes ennemies, bottellent le foin, font une petite ligne de chemin de fer ou servent les maçons qui rafistolent les maisons à demi détruites devant abriter les boches qui viennent se reposer 1. Inutile de dire quelles furent leurs souffrances pendant ces mois rigoureux d'hiver et plus tard au dégel, leur nourriture étant insuffisante. Ils étaient souvent forcés de courir les pays environnants pour se procurer quelques légumes destinés non à apaiser leur faim, mais à la tromper, afin de ne pas tomber d'inanition. Mardi 7 février. — Il y a quelques jours, c'était le jeudi 2 février, en la fête de la Purification, est arrivée une deuxième colonne d'artillerie. On a fait refluer dans la rue de la Sarthe, en les entassant les uns sur les autres, tous les soldats de la première colonne qui se trouvaient dans la Grand'Rue, afin d'y loger les nouveaux venus. Cette première nuit, j'ai dû donner deux chambres et deux lits pour le commandant et un autre officier. Mais le pire, c'est qu'ils s'emparèrent de ma cuisine pour y faire leur popote à tous les officiers de la colonne au nombre de huit, et de nia salle à manger pour y prendre leur repos et leurs repas. Ce fut le commencement de misères 1 On a su plus tard — car nos chers exilés restèrent absents plus de 6 mois — qu'un certain nombre de ces malheureux avaient dû creuser des tranchées derrière la fameuse ligne Hindenburg. — 94 — inénarrables dont peuvent se faire une idée ceux-là seuls qui eurent le malheur d'avoir chez eux ce que les boches appelaient le casino 1. Nous pleine invasion. Mes nouveaux et peu désirables occupants ont trouvé que ma salle à manger pavée élait trop froide et, avant d'y installer un poêle énorme qu'ils ont trouvé chez moi, ils mangent au premier étage dans la chambre à coucher du commandant. Mes meubles sont transférés sans scrupule et sans permission de bas en haut et de haut en bas. Tout est à eux. Cette chambre me plaît, c'est à vous d'en sortir. Ces aimables ? hôtes, ou plutôt maîtres, sont des Bavarois 4e Rld'art. de Munich et des environs. Les officiers sont pleins de morgue, arrogants, mais polis. Quant aux deux soldats, le cuisinier et le valet de chambre, ils me paraissent d'assez braves gens. Le cuisinier écorche le français et ma nièce a gagné ses bonnes grâces, en sorte que nous n'avons pas trop à souffrir jusqu'ici ; et même en ces temps de presque famine où beaucoup de mes paroissiens n'ont plus ni pain ni farine, nous n'en avons pas manqué, et souvent nous pouvons faire part de notre pauvreté à de plus malheureux que nous. Aujourd'hui, on leur a envoyé environ 500 kilos de houille en briquettes, ce qui épargnera un peu mon tas de bois, dans lequel ils ont déjà fait 1 Et cette pénible situation dura deux ans et plus, puisque, après l'armistice du 11 novembre 1918, les officiers français, italiens et autres avec leurs domestiques usèrent do mon presbytère jusqu'en mars 1919, pendant 25 mois, ne nous laissant que deux chambres. Avoir un ou deux officiers à loger, leur fournir à chacun une chambre, .ce n'est rien ou peu de chose; mais avoir sur son dos, nuit et jour et jour et nuit dans, trois ou quatre places, officiers et soldats, cuisiniers et ordonnances, au nombre de 10, 12, 15 et plus, est la situation la plus intolérable que Ton puisse imaginer ; il y a de quoi à devenir fou ou enragé. -A leur date, je conterai quelques-unes des scènes qui se sont passées dans mon presbytère, et on sera édifié. — 95 — un joli trou, tant pour la cuisine que pour la chambre du commandant. Celui-ci a fait transformer sa chambre, non seulement en salle à manger où les officiers sont à table les uns sur les autres, mais il a fait poser le téléphone en haut et en bas, etc., comme s'il devait s'éterniser ici. Pauvre pécheur que je suis, je m'efforce à supporter tout ce vacarme pour l'expiation de mes fautes si nombreuses. Il me semble que, du moins pour les soldats, il y a jalousie et hostilité entre les Bavarois et les Prussiens ceux-là se plaignent vivement d'être toujours au front tandis que les Prussiens ont de nombreux jours de repos. 11 y a souvent, me disent les soldats qui sont chez moi, des batailles en règle entre eux et les Prussiens quand ils se trouvent clans les mêmes cantonnements. Je ne crois guère à leurs doléances. Deuslch ïiber ailes. Enfin, autant ces Bavarois que d'autres, c'est le salaire de la guerre causée par les péchés des hommes. Domine Jesu, dona nobis pacem ! Un tonneau de bière de Munich de 50 litres leur est arrivé hier. Elle était presque gelée et il n'en ont pas tiré plus de 25 bouteilles qu'ils ont bues en deux jours. Le cuisinier reçoit cent marks par mois de chaque officier pour les menues dépenses tous ces gens semblent riches. Il fait un froid comme on n'en a pas senti depuis longtemps, 15 à 16° depuis trois semaines ; j'ai les mains gelées pour célébrer le Saint Sacrifice. Mais pourquoi me plaindre quand il y en a de bien plus malheureux que nous et, en particulier la plupart de mes pauvres paroissiens occupés chaque jour à enlever la neige et à nettoyer les rues et les routes? Et quand je vois en imagination nos héroïques poilus qui doivent geler dans leurs tranchées! Dimanche dernier, 4 février, un pasteur protestant est venu, à 9 heures heure allemande, faire un office pour les soldats des deux colonnes d'artillerie appartenant à la religion prétendue réformée. C'était un homme d'une quarantaine - 96 — d'années, à moustaches noires, petit et d'allure assez arrogante. Je ne lui ai point parlé. Je venais de terminer ma première messe basse quand une quinzaine de soldats, conduits par un feldwebell, entrèrent dans ma pauvre église pour y entendre le prône évangélique. Le maire m'avait prévenu, la veille, que ce service aurait lieu ici à 9 heures et à 11 heures à Tailletle. Je me suis hâté de sortir de l'église en priant Notre Seigneur de les éclairer et de leur pardonner cette profanation, afin de n'avoir avec ces hérétiques aucune communication in divinis. J'ai appris le lendemain que le ministre protestant avait harangué ses soldats de la grille de communion sans pénétrer dans le sanctuaire. A la grand'messe paroissiale de 10 heures heure française, il y avait une vingtaine de soldats catholiques bien pieux et édifiants ayant tous à la main leur livre de prières les autres, y compris les officiers, se sont abstenus. J'ignore quelle est leur religion, bien que la grosse majorité, dans les deux colonnes, soit composée de catholiques, m'a-t-on dit. 8 février. — Aujourd'hui, à 4 heures après midi, est partie la colonne d'artillerie qui se trouvait dans la rue de la Sarlhe depuis trois semaines. Les officiers qui sont actuellement au presbytère appartiennent, je crois l'avoir déjà dit, au 4° régiment d'artillerie bavarois, 9° batterie. MEMOR. A suivre. A nos Abonnés et Lecteurs Pour les abonnements, s'adresser à M. F. JALLOTJX, éditeur, passage de Bourgogne, Roeroi Ardennes. Pour la rédaction, à M. H. BERNARD, Moulin de l'Ile Bonne, par Rocroi Ardennes. Le Gérant ; H. BERNARD. UN RÉCIT INEDIT DE LA BATAILLE DE ROCROY Cet article a paru clans la livraison d'octobre 1913 de la Revue des Questions historiques. Les. directeurs de cette revue nous ont donné l'autorisation de le reproduire. La journée de Rocroy, qui ouvrit si brillamment le grand règne, pour nous assurer, jusqu'à la fin de celui-ci, la suprématie politique et militaire, semble participer à l'oubli où tombe lentement l'histoire du xvir siècle, — trop éloignée, dit-on, pour nous instruire, sinon pour nous intéresser. La victoire, si justement célèbre, remportée par nos armes le 19 mai 1643, nous a été présentée par Mgr le duc d'Aumale, dans le magnifique tableau, plein de vie et de couleur, qu'il a tracé d'après ses archives de Chantilly. Et, depuis, le silence s'est fait sur le glorieux combat, comme si le chef-d'oeuvre que nous venons de citer avait découragé les chercheurs. Le récit qu'on va lire ne prétend point rivaliser avec lui. Ecrit sans apprêt, currenle calamo, il n'a pour nous que deux mérites. D'abord, celui d'être entièrement inédit, et cependant conforme à deux relations ultérieures qui nous ont constamment servi à le contrôler 1. Ensuite, il est l'oeuvre d'un acteur de la bataille, et jette un jour curieux sur les détails d'application des manoeuvres ordonnées par le duc d'Anguien, non moins que sur l'intrépidité souvent téméraire Cl Ce sont le récit de la Gazette, que l'on va lire, et la Relation de la bataille donnée par M. le due d'Anguyen pour le seeours de Roeroy. Paris, Cramoisy, 1643. Bib. nat. niss~ 23335,fol. 182 à 187. /N 18 G? Année — 98 — de ses officiers. Nous allons présenter celui d'entre eux qui nous a gardé, de si pittoresque façon, le souvenir de celte journée. A la suite du compte rendu officiel de la bataille de Rocroy, inséré dans la soixante-septième Gazette de 1643, Renaudot ajoutait cette remarque Cette victoire est d'autant plus à signaler, qu'elle a été acquise avec beaucoup de sang, mesme au commencement auquel le régiment du Roy, commandé par le vicomte de Montbas, persa deux fois un bataillon de Espagnols naturels qui se refermait aussytost, et où ce vicomte fut blessé, pris, et recous par les nostres, et le sieur de Vergnes, son cornette, blessé d'un coup de pique à la teste et d'un autre coup de perthuisane au bras. » De son côté, l'auteur inconnu de la Relation citée plus haut écrivait La cavalerie de l'aisle droite y a fait au delà de ce qui se pouvoit attendre ; et se sont signalez les sieurs de Montbas, d'Eslournelles, Pontécoulans et Saint-Julien, capitaines au régiment de cavalerie du Roy. » François Barton, vicomte de Montbas, dont la presse de l'époque relatait ainsi les faits d'armes, était né, en 1615, d'une vieille famille de la Basse-Marche 1. Son père, capitaine de chevau-légers, le fil admettre, encore enfant, parmi les pages de Richelieu où il donna de grandes espérances. » Devenu lui-même, en 1635, capitaine d'une compagnie de cavalerie, il fit, en cette qualité, les premières campagnes de la guerre de Trente Ans. Le 24 janvier 1638, lors de la formation définitive des régiments, cette compagnie fut incorporée à celui du cardinal de Richelieu, dont il prit le commandement au titre de premier capitaine, avec la direction efïec1 efïec1 me suis servi, pour la biographie de ce personnage, de Pinard Chronologie. militaire, IV et de Rothwiller Histoire du 2" cuirassiers. Les papiers de famille m'ont aidé, sur plusieurs points, à compléter ces renseignements. — 99 — tive du corps. Il assista successivement aux sièges de SaintOmer, de Lillers, d'Hesdin, d'Arras et d'Aire, et fut enfin désigné, en avril 1643, pour rejoindre l'armée que le duc d'Anguien formait à Amiens. C'est ainsi qu'il se trouva prendre part, avec son régiment, à la bataille de Rocroy. En récompense de sa belle conduite, le Roi, devenu propriétaire du régiment par la mort et le testament de Richelieu, nomma François de Montbas mestre de camp lieutenant du nouveau Royal-Cavalerie, le 1er août 1643. Commissaire d'artillerie le 3 avril 1644, maréchal de camp le 23 octobre 1646, gentilhomme de la chambre le 8 mars 1649, Montbas, que Louis XIV estimait fort, fut enfin lieutenant général le 10 juillet 1652. Il avait pour mission de défendre la cause royale contre les princes, dans la région de la Brie. Et il s'acquittait avec honneur de celte tâche souvent rude 1, lorsqu'une maladie foudroyante vint briser celte brillante carrière; il mourut le 10 janvier 1653 dans son gouvernement de Melun, dans le temps que le Roy pensait à le faire maréchal de France. » Il n'avait que trente-neuf ans 2. . On voit, par ce rapide exposé de sa vie et de ses services, que Monlbas était bien qualifié pour nous faire de la journée de Rocroy une relation intéressante. Et maintenant que nous connaissons l'auteur, laissons-lui la parole, en respectant scrupuleusement l'orthographe 3. 1 Sa correspondance à ce sujet est conservée au Dépôt de la guerre vol. CXVIII, CXXXIII, CXXXIV et aux Aff. étrangères vol. DCCCLXXXVIII. Nous avons là une vingtaine de lettres de lui. . 2 La Gazette du 25 janvier 1653 lui consacre un article nécrologique des plus élogieux pour sa mémoire. 3 On remarquera, dans le cours du récit, sa parfaite concordance avec ceux de la Gazette et de la Relation, écrits inconnus de l'auteur, qui écrit le lendemain même de la bataille. — 100 — Du quartier général de la cavallerie, ce 20" de may 16431. Mon père, ma très honnorée bonne 2, et ma chère Morette 3. Louerons Dieu et la très-sainte Vierge de ce que les bons anges ont combatus pour nous. Je partis de Rouen sy à propos, que malgré ma diligence extrême je trouvay l'ordre au quartier pour aller s'opposer au passage dés ennemis 4. Le manque de capitaines estonnoient les cavaliers ; je leur remis les sens et y fus, notre ombre dissipa ce nuage. Sans reposer, je mis, par l'ordre de Messieurs 5, une fois à la veûe des ennemis, à trois fois le régiment de Piedmont dans la Capelle, qui craignoienl le siège, et plusieurs autres choses. En achevant le dernier convoy je partis avecq l'armée qui venoit au secours pour aller à ceiuy de Rocroy, que Melos, le comte de Fontaine et le duc d'Elbuquerque 6 estoient venus assiégé, avec hommes de pied et chevaux, attendant Bec qui debvoient les joindre le 18e du courant 7, afin que prenant la ville le 19° ainsy qu'ils le debvoient faire, et plus tôt, si M. de Gassion n'y eustjeté du secours tiré d'un parti qu'il avoit fait pour essayer d'enlever quelque quartier 8. Ce n'estoient pourtant que cent fuseliers commandés par un cap1 cap1 aussi le récit du duc d'Aumale, Histoire des princes de Condé, t. IV, p. 74-124. 2 C'est sa mère qu'il désigne ainsi. 3 Sa femme, Denise de Maillé, petite-nièce de la femme du grand Condé. 4 La concentration se fit à Ancre aujourd'hui Albert, près d'Amiens. 5 MM. les maréchaux. 6 Chefs espagnols Fuentès, 1560-1643 ; Beck, f 1648 ; Melos parent du roi d'Espagne. 7 Avec hommes de renfort. 8 La phrase est incomplète il faut probablement ajouter ; et Ils, nous empêchassent de la secourir. » — 101 — pitaine du Vexsin nommé Saint-Martin, et 25 de ses dragons habillez en gardes 1, qui tous passèrent heureusement. La diligence fut sy grande que sans que les ennemis eussent nouvelles-de nous, nous arrivasmes à 4 lieues d'eux le 17e, où on y fit laisser les équipages. Et puis, en ordre de bataille, on fut jusques à un très-grand deffillé où on croyoit qu'ils seroient de mesme pour nous empescher de passer ; pendant les escarmouches qui y seroient faites, c'esloit le dessein dejeller 800 hommes dans la place au travers des bois dont cette place est entourée et de marais. Les ennemis eurent moings de civilité et ne voulurent point sortir de leur camp. On passa le défilé et sy Telle gauche conduitle par M. de la Ferté-Senetaire ne se fust point écartée dès le soir, on leur eust donné bataille. Mais ayant passé de l'autre costé d'un marais, nous fusmes tout le soir à faire mine d'aler à eux le craignant beaucoup. Cependant, on canonna de part et d'autre très-incommodément pour nous, par ce que nous eusmês force genztuésdu canon. J'avais la teste de tout à Telle droite 2. Nous passasme la nuit sans pain, sans fourrage aucun, attendu que nos vedettes et sentinelles se parloient. A la pointe du jour tout fut dispozé. 31. de Gassion s'en vient à ma teste. Nous passasmes un taillis où ils avoient mis 800 mousquetaires en embuscade ; nous essuasmes cela sy heureusement qu'il ne demeura que quelques cavaliers 3. Delà estant dans la plaine, nous allasmes aux ennemis que nous trouvasmes près à bien faire, en belle et raze campagne. Lors la tiédeur se mit dans les esprits de ceux qui croyoient que 1 Sous le lieutenant Cimetière. Tout ce passage est presque textuellement reproduit dans la Relation. 2 Ici Montbas se vante un peu c'est Gassion et M. le duc qui commandaient l'aile droite. Le duel d'artillerie est aussi mentionné dans la Relation Saint-Martin, capitaine à Royal, fut tué. 3 La Relation porte à le nombre de ces ennemis embusqués dans un ravin boisé. — 102 — pour avoir poussé 800 mousquetaires la bataille estoit gagnée. Et, qui pis est, Tesle gauche plia, et nostre canon fut pris. La Barre, lieutenant commandant nostre artillerie, tué ; M. de la Ferté blessé, et M. le mareschal de Tllospital aussy, qui commandoit à la bataille ; tandis que M. le Duc estoit partout. Néanmoings ce que je vous raconte se faisant en mesme temps que ce que je vous dis, donna temps et lieu de reprendre le canon et leurs postes. J'avois doncq plus de chemin à faire pour joindre que les autres. M. de Gassion me montre à 200 pas de nous 2 bataillons, l'un d'Espagnolz, l'autre d'Italiens et de Wallons, de chacun plus de hommes, et me dit de les charger. Je n'avois que 400 chevaux en tout, à cause que les équipages resfans et les grandes courses que nous avions faites avoient ruiné une partie de mes chevaux. Je les mis en deux escadrons, savoir 5 compagnies dans le mien, savoir Ilocquincourt, Flavacourt, dont le capitaine est absent, Freigneville et Esclinvilliers 1 ; les autres six, avec M. d'Estournelle, lequel j'ai laissé avecq M. de Gassion, qui Iuy fit charger celuy de main gauche, qui estoit ccluy des Italiens et Walons. Et moy, en la garde de Dieu, je m'en allay au petit pas jusques à 50 pas d'eux, d'où tournant la teste je vis que tout le reste de l'armée faisoit halle pour attendre l'événement de ce combat sy inégal. Lors je vis le passage de TEsorilure 11 faut qu'un meure pour le peuple. » Je fis le signe de la croix et continuay mon chemin, tournant autour de ce bataillon qui n'avoit pas tant de hauteur que noire escadron, mais bien trois fois autant de front. Je le considéray en marchant ; puis voyant un endroit qui me sembla plus vuide que les autres, je dis, à vint pas d'eux, de sonner la charge et d'aller au grand trot, ma droitle d'Ocquincourt allant sy molement que j'avois peur qu'il nous en falust retourner. Les animant de la voix, je pousse droit 1 Avec sa compagnie à lui, cela faisait cinq. — 103 — par devant eux et entre dans le bataillon, tuant le major qui commandoit en cet endroit. Il ne me croyoit pas armé, quoy que je le fusse complet, à cause d'une petite casaque qui me couvrait mes armes, mon escharpe par-dessus. II me voulut donner un coup de pertuisane, mais je luy donnay de Tespée jusques à la garde. Messieurs de Reigneville et Esclinvilliers firent de mesme. Mais regardez ce que je vas dire. Tous mes compagnons me suivirent ayant percé ce bataillon ; il se reforme, et le repersant ou y estant meslé M. des Vergnes 1 y fust porté par terre d'un coup de picque dans le front et d'un coup d'allebarde dans le bras, qui luy fit perdre grande quantité de sang que les ennemis le croyoient pour mort. Il appela Tréjot, desjà blessé d'une mousquetade qui lui perce la main, pour prendre sou estendart, sa belle juman étant morte sous luy ; Tiberville est en danger, La Riman blessé, et luy beaucoup baigné sic à qui j'avois donné le masque d'or, lequel fust tué, et luy blessé d'une allebarde à la teste, dont le sans l'aveuglait ; le Comte, valet autrefois de Bret 2, blessé d'une mousquetade; la Négrerie, d'une cjui lui casse le bras; la Pécourlie, d'une qui luy a crevé un oeil ; la Motte-Darnière, de trois dont il court risque; plus &3 que vous ne cognoissés pas, dont cinq sont desjà mort, et les autres en danger, Bref, hors quatre qui me suivirent mollement, Baligny et La Croix qui n'en firent pas de mesme, je n'ai personne en état dans ma compagnie. Pour mes valetz, le pauvre Saint-Eslienne a esté tué, et le cheval noir qui servoit au carrosse cet hiver; le 1 Cornette de la compagnie de Montbas. 2 Jean de Montbas, sieur de Bret, frère cadet du narrateur, était capitaine et major à ce même régiment, bien que très jeune. Il passa plus tard en Hollande, épousa la fille de Grotius, et, en qualité de commissaire général de la cavalerie hollandaise, défendit un moment le Rhin contre Louis XIV, en juin 1672. Il finit par revenir en France en 1673, et mourut capitaine des chasses que le prince de Condé possédait à Méru. — 104 — Lorrain blessé de deux mousquetades, qui court risque; Lafleur, son cheval tué ; Desmoulins, de mesme ; et le Picart, un doit fracassé d'une mousquetade. J'avois laissé La Perle et le maître d'hoslel avecq le bagage. Mrs d'Esclinvillers et Reigneville, leurs chevaux tuez et et eux blessez avec péril 1 ; le frère du premier et son cornette mort, ou bien près; deux lieutenants tuez, dont celuy de Fabrègues qui m'estoit parent. Un M 1' de Maillé et de Clair sont aussy bien absent que les autres, et ne doibvent pas avoir moings de regret. Je n'ay eu de consolation que de l'absence de Bret, puisque c'est un miracle de voir un homme saing estre sorti de ce bataillon, qui tua presque tous les chevaux des officiers ou cavaliers à coups d'épée ou pertuisanes, dont les officiers réformez sont armez. Cela n'empesche pas qu'il en demeura 800 hommes sur la place, le colonel et le reste des officiers pris ce fut, à ce qu'on disl, le plus opiniaslre combat qu'il se peult faire 2j. A finir. Hugues de MONTBAS. Considérations sur le champ de bataille de Rocroi, par le général Garbit 3, commandant la 4" division d'Infanterie à Laon. Il nous faut rappeler que les principales phases de la bataille de Rocroi 19 mai 1643 se sont déroulées au milieu des rièzes et des marécages. Des facilités se présentent, à 1 D'après la Relation, ils reçurent chacun quatre ou cinq coups. 2 Le 19 mai, entre cinq et six heures du matin. 3 Le général Garbit, né en 1864,est mort à Lyon le 1er mai 1923. — Nous ne faisons que rappeler ici les appréciations que le général voulut bien nous donner dans un entretien, à la suite de sa visite des lieux et après l'inspection de la place de Rocroi. — Consulter aussi la carte que nous avons donnée dans le double n° 15 de la Revue de mai 1924. — 105 — notre époque, pour préciser les lieux, abordables aujourd'hui ce qui n'a pas toujours été 1. Le front de bandière espagnol avait été tracé par le commandant en chef Mélo, de l'ouest au sud-est de la place de Rocroi qu'il occupait, et à une distance de 800 à 1200 mètres des glacis. Les troupes étaient échelonnées sur deux lignes, face au sud-ouest, avec très peu d'intervalles de déploiement. Les Espagnols avaient disposé leur cavalerie aux deux ailes, mais toute leur confiance reposait sur l'infanterie. Celleci, formant le centre, était serrée en bataillons en masses, soutenue par une seconde ligne un peu en arrière. Mélo possédait une artillerie assez bien organisée et supérieure à l'artillerie des Français. 11 ordonna de placer les pièces en batterie à une faible distance en avant du centre et les fit metlresur une légère pente au sud-ouest vers Sévignyla-Forêt ; c'est-à-dire dans un lieu où se confondent actuellement les limites du territoire de Rocroi et de Sévigny-kForêt. Le front occupait une longueur de mètres. L'aile droite, Isembourg, s'appuyait aux bords marécageux de l'ancien étang de la Houppe, alimenté par les ruisseaux procédant des fossés de Rocroi 2. L'aile gauche, Albukerque, s'avançait jusqu'auprès des Boschets et à la naissance du ruisseau de Rouge-Fontaine. Jusqu'à celle époque, la supériorité des Espagnols sur tous 1 C'est en 1839 que, pour la première fois, le duc d'Aumale parcourut rapidement, avec une escorte, le terrain do la Bataille, là où il put traverser les rièzes. Seul le chemin du curé, qui va de Rocroi à Sévignyla-Forêt, était praticable ; il coupait les endroits où s'engagea la lutte. Le duc d'Aumale revint plus tard, à deux fois différentes, examiner les lieux, et il s'y fit conduire en voiture, venant de Maubert-Fontaine. 2 Désignation mentionnée dans les anciens documents militaires de l'époque aujourd'hui le ruisseau Sainte-Anne. — 106 — les champs de bataille consistait en une nombreuse et redoutable infanterie. L'ordre serré que cette arme gardait dans les combats ne lui permettait guère de se le champ de bataille de Rocroi, Mélo avait choisi la meilleure utilisation du terrain et il avait de plus l'avantage du nombre. L'armée du duc d'Enghien éprouva plus de difficultés pour arriver sur Je champ de bataille. Elle sut pourtant se déployer avec promptitude et avec une grande habileté, tout en se dissimulant à la vue des Espagnols. En sortant des défilés de la forêt des Potées, la cavalerie s'arrêla sur une éminence, aujourd'hui la Censé Gallois. Elle dut chercher un passage pour traverser un marais qu'on trouve encore entre Sévignyla-Forêt et l'endroit de la lutte héroïque. Les cavaliers français occupèrent l'arête qui s'étend de la Guinguette cote 378 aux contreforts qui se trouvent à mètres au nord de Sévigny. L'infanterie profila de ce mouvement pour se déployer sans être aperçue des ennemis 1. L'aile droite, que commandait Gassion, accompagnée du duc d'Enghien, s'avança jusqu'aux abords d'un faillis les Boschets ; l'aile gauche, sous La Ferté, se déploya sur les contreforts de l'arête 378, aujourd'hui plaine de la GrandeAubroye, et se forma en deux doubles lignes de colonnes sur le versant qui ail face à Rocroi, mais en refusant la gauche » qui se couvrait par Y étang de la Houppe. Le centre occupa la croupe en face des Espagnols et les deux pentes Tune vers Rouge-Fontaine, l'autre vers l'ancienne Butte de UT. L'infanterie se forma en échiquier, tout en conservant des intervalles assez larges pour permettre le jeu des réserves et le déploiement des lignes de feu 2. » 1 Voir la Journée de Rocroy, par le duc d'Aumale, p. 77. H. Champion, Paris 1890. Extrait de YHistoire des Princes de Condé. 2 D'après le duc d'Aumale. — 107 - L'artillerie était placée en avant du front. Le front de l'armée du duc d'Enghien était moins compact que celui de l'armée de Mélo. II s'étendait sur une longueur de mètres 1. L'aspect du terrain sur lequel s'est livrée la bataille ne saurait tromper. Il indique que la lutte fut âprement disputée. Les pentes permirent à la cavalerie des deux adversaires de pousser des charges vigoureuses. La plus fameuse fut cette charge oblique lancée par le duc d'Enghien, de Tarêfe au sud de Rocroi, sur l'infanterie allemande, wallonne et italienne qui occupait la hauteur à Touest. Cette charge décida de la victoire. Sur le territoire de Sévigny-la-Forêt, le Marais-auxAmbres et les trois trous de Rouge-Fontaine furent le théâtre des engagements les plus sanglants ; ce fut dans le vallon de Rouge-Fontaine que le duc d'Enghien fit rassembler les trophées et les prisonniers espagnols. Pour vaincre Mélo et l'armée espagnole à Rocroi, il faut conclure que les Français et leur jeune chef qui n'avait que 22 ans firent preuve d'une grande vaillance. H. B. 1 L'aile gauche française, commandée par La Ferté, était protégée par l'étang de la Houppe. On doit compter au front français une étendue de mètres le terrain vient d'être exactement mesuré. Les Chefs d'unité de l'Armée du duc d'Enghien tués à la bataille de Rocroi 19 mai 1643. C'est par le nom d'un iiérôs ardennais que nous commençons ces notes biographiques. GODEFROY M DE ROMANCE D'après les papiers de famille et les documents de M. le marquis de Romance Mesmon, à Amiens, Térudit Albert BAunoNapublié dans la Revue historique arde?inaise\\me intéressante notice sur Godefroy de Romance, marquis d'Altenhoven, commandant de la cavalerie légère du régiment étranger de TEschelle, et sergent général de bataille, qui mourut glorieusement sur le champ de bataille de Rocroi. Un beau portrait du jeune officier, porteur de la cuirasse, a été adjoint en couverture du fascicule. Godefroy II, né à Liège en 1604, était fils de Godefroy de Romance, écuyer, sieur d'Altenhoven, premier conseiller du piïnce-évêque de Liège, élecleur de Cologne, et de Marguerite Berlier. 11 élail le neveu de Charles de Romance, écuyer, seigneur de Mesmon et de l'Echelle, lui aussi originaire de Liège, qui, venu en France comme officier de fortune, commença la famille française et devint écuyer de Henri IV. Comme son oncle Charles, Godefroy fut admis à servir dans nos armées avec un parti de reîtres des troupes weimariennes pendant les guerres de la Ligue et prit une part très active à la lutte contre l'Autriche à la fin du règne de Henri IV et pendant tout le règne de Louis XIII. Par son mariage avec Zélie de Rémont 2, en 1638, il s'unissait aux vieilles familles ardennaises et, Tannée suivante, 1 N» de novembre-décembre 1913, p. 309 et 337-346. 2 Fille du seigneur de Sorbon, Arnicourt, etc. — 109 — le roi Louis XIII lui faisait don de la terre placée sous séquestre par la trahison du seigneur de la Tour du Pourrus. Sous Gassion, dans l'armée du duc d'Enghien et sur le champ de bataille de Rocroi, on trouve Godefroy II de Romance lieutenant-colonel au régiment de l'Echelle. Il y. termina vaillamment sa carrière, à 39 ans, le malin du 19 mai 1643, dans ces Boschets immortalisés par la bataille 1. A suivre. H. B. LE NOTAIRE LEMOYNE & LA FAMILLE PIGEON L'allusion à la mort glorieuse du notaire Lemoyne, p. 60, Revue historique du Plateau de Rocroi, fasc. de mai 1924, art. la Bataille de Rocroi par Paulin LEBAS, m'a fait souvenir d'une note que j'ai relevée dans les minutes de M" Bosquet, notaire à Rimogne. Cette note est jointe à la dernière liasse des minutes rédigées parles notaires Lemoyne, de Rocroi 1615-1643, actuellement conservées dans l'étude de M0 Bosquet qui les a très aimablement mises à ma disposition pour des recherches historiques. Cetle note est de la main de Me Beauvalet, successeur de M0 Lemoyne jeune. Je la reproduis in extenso avec ses incorrections Année 1643. Cetle année 1643 est la dernière année des liasses de feu M0 Nicolas Lemoisne, le jeune, d'autant qu'il fut à la Bataille de Rocroy en ladite année 1643, au mois de may. En sorte 1 Nous renouvelons ici nos remerciements à M. le marquis Romance-Mesmon, à Amiens, qui nous a fait l'honneur de nous adresser plusieurs communications sur son glorieux ancêtre. — 110 — qu'il y a 17 années sans liasses ou minutes... qui est eh 1660, année de la paix que Dieu nous conserve, que moy, Pierre Beauvalet, j'ay été reçu audit office de notaire royal et gardien des dites minutes ». BEAUVALET. L'étude semble donc être resiée sans titulaire à raison des troubles qui caractérisent cetle triste période de notre histoire, et la vie normale n'a sans doute repris dans la contrée qu'avec le gouvernement personnel de Louis XIV. Le même fascicule de votre Revue, p. 60 la Bataille de Rocroi, cite un suisse du nom de Pigeon qui serait venu dans la région avec l'armée du duc d'Enghien et aurait fait souche à Sévigny. Or, dans les minutes précitées, en Tannée 1643 précisément, j'ai noté le contrat de mariage de Jacques Hourlier, sergentroyalà Remvez, et d'Elisabeth Pierrot, de Rocroi celte dernière est assistée de P. Pigeon, son oncle et tuteur. . II. BOURIN, De la Société de l'Histoire de l'Art français. Nous remercions notre éminent collaborateur de son amabilité pour avoir bien voulu nous adresser cette intéressante communication. LA STÈLE DE LA BATAILLE DE ROCROY A ROUGE-FONTAINE Ce fascicule étant consacré uniquement à la Victoire de Rocroi 19 mai 1643, disons quelques mots de la Stèle érigée en 1922 sur le champ de bataille. Ce petit monolithe 1 s'élève aux confins des territoires de Rocroi et de Sévigny-la-Forêt, sur le chemin de Rouge-Fontaine et à 400 mètres environ sur la droite du chemin du curé, chemin vicinal de Rocroi à Sévigny, ainsi nommé parce qu'il fut commencé par un curé de Rocroi sous le premier Empire. Les opinions les plus autorisées désignent cet endroit qui paraît être le point où se livrèrent les combats les plus acharnés de cette fameuse Journée. Cette stèle est très simple. En dévonien du pays, elle mesure 1 m. 50 de hauteur. On aurait pu faire plus luxueux, sans doute, pour commémorer le fait de cette Victoire qui sauva la France à la mort de Louis XIII, mais les lieux ne se prêtaient guère à n'importe quel projet de monument. Ils ne sont qu'un abîme. - Sur le fronton de la face principale, qui regarde l'ouest, se détache en relief la Croix du Saint-Esprit. Plus bas on lit VICTOIRE DU DUC D'ENGHIEN! sur les Espagnols. au midi CHAMP DE BATAILLE DE ROCROI. au nord X9 niai !6-i3. à l'est X 9»». 1 Cet élégant travail est dû à M. Allardin, de Chimay, qui a déjà fourni, en 1920, la Croix des petites victimes du terrible accident survenu à Regniowez le 3 avril 1918 ; la tombe du prieur DESMAHAIS dans l'ancien cimetière, et le médaillon en marbre blanc apposé sur le tilleul de Regniowez 1921. Le terrain sur lequel est élevée la stèle a été offert part par M. Louis Manceaux-Maquart, de la Croix-de-Fer, près Rocroi. Nous ne saurions lui en témoigner trop de gratitude. — 112 — Le dimanche 6 août 1922, la cérémonie d'inauguration et de bénédiction réunit autour du modeste monument Mgr Ernest NEVEUX, évoque d'Arsinoé, auxiliaire de S. E. le cardinal LUÇON, archevêque de Reims ; Les représentants de la famille du duc d'Enghien S. À. R. le prince SIXTE DE BOURBON ; M. le comte de VILLERMONT ; Noël de CHAMPAGNE, ancien gouverneur de Rocroi à l'époque de la Victoire, était représenté par M. BARÉ, notaire à Rocroi, et sa famille, apparentés à Etienne le Blanc, dont un des descendants s'était allié à la famille Noël de Champagne ; Le général GARBIT, commandant la 4° division d'Infanterie à Laon ; M. Edmond PETITFILS, député des Ardennes, revêtu de ses insignes ; Le clergé de la région, ayant à sa tête M. l'abbé LAMBERT, ch. hon., archiprêtre de Rocroi ; M. l'abbé A. Borgnet, curé de Sôvigny-la-Forêt ; M. l'abbé Tribut, curé de Bourg-Fidèle, M. l'abbé Sergent, curé de Laval-Morency ; M. l'abbé Tournier, vicaire à Rocroi. Etaient aussi présents M. Paul Laurent, archiviste honoraire du département ; M. Massiet du Biest, archiviste départemental des Ardennes ; M. Paulin Lebas ; M. Champsaur, de Maubert-Fontaine ; les officiers d'Etat-major du général Garbit; le lieutenant A. Boquillet, de l'infanterie coloniale ; M. Lallement, maire de Maubert-Fontaine, représentant M. Drouart, etc., etc. Nous donnerons dans un prochain numéro le texte des principaux discours qui furent prononcés dans cette patriotique cérémonie. H. B. A nos Abonnés et Lecteurs Pour les abonnements, s'adresser à M. F. JALLO ZJX, éditeur, passage de Bourgogne, Roeroi Ardennes. Pour la rédaction, à M. H. BERNARD, Moulin de l'Ile Bonne, par Roeroi Ardennes. Le Gérant H. BERNARD. UN RÉCIT INÉDIT BATAILLE DE ROCROY 1 Suite et fin. Ces gens adjustez de la sorte au raliment, je ne trouvay que quatre de mes compagnons et quelques-uns des autres trouppes sans aucun officier. Lorsque je vis que tout se remuoit pour assaillir le reste de l'armée, je rencontray l'escadron de M. d'Estournelle, qui avoit fait le inesme effet, mais non pas avecq la mesme opiniastreté ny le mesme péril, et beaucoup moings de résistance ; aussy je n'avois pas aprochant aujourd'huy de son nombre en marchant, dont l'escadron n'a perdu d'hommes que le quart du mien. II avoit bien encore 40 cavaliers et tous les officiers, hormis un lieutenant et un cornette, et moy environ 8 hommes de mes cinq compagnies à la teste de ce reste. Mr le duc d'Anguien voyant que personne ne se hastoit d'attaquer un battaillon de 4,000 Espagnolz où estoit le comte de Fontaine, géziéral et le canon, car déjà le duc d'Elbuquerque estoit estrapassé 2 ; le viel général estoit hors de moyen de monter à cheval, en carrosse, ny à pied, il y a plus de dix ans ; on le portoit dans une chaise où il estoit dans ce bataillon, que pas une compagnie tant de cavalerie qu'infanterie des nostres ne vouloit aborder de cinquante pas, l'infanterie pliant avecq autant de lascheté qu'elle avait fait bien et que la cavalerie avoit mal fait à Thionville, Sedan et Lampon. 1 Voir le n° 18 de la Revue du 15 août 1924. 2 C'est-à-dire simplement tué, et non pas mis à mort par l'estrapade. La phrase est incomplète il faut probablement ajouter Le duc d'Enghien... vint à nous pour nous demander de l'aborder. » 19 2* Année - 114 - Je vis ce nouveau calice à avaler, puisque personne ne le vouloit boire. En quel temps, un escadron des ennemis craignant un de ceux du régiment Mestre-de-Camp et qui me donna la teste en me soutenant, voulut faire caracole devant moy et me montrer le flanc. Je pris ce temps pour aller àluy ; ce que voyant, il prend entre ledit gros bataillon et le canon, afin que, le voulant suivre, j'essuiasse toute la face de la mousquelterie en flanc, et les canons chargez de cartouche en queue. Ce que jugeant en cet instant, tout en le suivant, je dis A moy ! » et donnant un coup d'esperon à la linarde sur quoy j'avois remonté, parce que le ragot de mon frère avoit un coup de pique dans la jambe, j'entre dans ce furieux bataillon. Certes, au lieu d'estre suivy, tout me quitta, croyant avoir meilleur marché de cette cavallerie fuiarde. Au contraire, car ma pensée arriva 1 ; mais mon sort fut bien rude. Ils me prirent et me jeltèrent rudement à bas de ma juman ; et lors je vis ce que peut un homme qui, estant parfaitement animé, ce veult bien défendre; ils me donnèrent cinq coups de pique, d'alebarde, ou d'espée, sans me pouvoir donner ailleurs que dans mes armes, les ayant touttes complettes avec le gantelet pour les estamassons ?. Enfin, estrapassé de la sorte, je me trouve au bord du bataillon, à main droite d'où j'y estois entré; où deux cavaliers, un Italien et un Liégeois, me prirent par mon escharpe, et m'emnant après un de leurs escadrons qui fuyoient, me prirent, savoir, le Napolitain par la main gauche, le Liégeois à droite ; lesquels me menoient sy viste, que ne pouvant plus aller, après m'avoir osté mon espée et n'ayant plus de forces ny d'allaine, le Liégeois m'appuya son pistollet sur mon chapeau de 1er. Je fis sy à propos la cane, que le coup ne me toucha pas. Lors, ils me fouillèrent et me prirent mon estuif et vingt pistolles que j'avois pris tout exprès, avecq quelques palagons. Le Liégeois ce mist après cela à coups d'espée sur moy, tant qu'il m'osta mon cha1 cha1 ce que j'avais prévu arriva. — 115 — peau de fer. Certes, je creus qu'il me fandroit en deux, sy la sainte Vierge n'y eust remédié. Le démon de Liégeois ne s'apercevant pas encor que mon chapeau fust tombé, me voulut oster ma pauvre escharpe promise à mon filz, ce qu'il fist ; puis, me voyant armé partout, me choisit un defïault de la tassette, et me donna un petit coup d'espée dans la cuisse, puis me quitta parce que leur escadron fuioit, de façon que j'estois presque mort. Enfin l'Italien, se voyant pressé, voulut mettre la main au pistollet pour me tuer ; mais luy prenant la main, je luy dis que oultre ma rançon, qui seroit de chacun 100 pistoîles, j'en avois cent sur moi de cousues, et qu'il perdroit en me faisant perdre la vie. Il me ramène dans ledit bataillon inhumainement; puis, l'espouvanfe s'y meslant, j'arache une espée de la main d'un soldat qui estoit demi-mort de peur, et pris ce soldat pour rondâche, et me tire d'auprès ce cavalier, les fantassins fuiant la cavalerie des nostres qui les suivoient. Un officier, me voyant sortir de parmy ces fuiars, dont le plus poussif demandoit quartier sans drapeau ny escharpe, avant que je lui criasse, me lance un coup d'espée dans l'estomac qu'il ne me croyoit pas armée à cause de ma petite casaque qui couvroit mes armes. Un autre capittaine de Gassion vouloit m'asehever par la teste, lorsqu'il me recognut, et qu'un soldat de Saint-Julien mit la main au pistollet pour me deffendre, me recognoissant. Il me mit en croupe derrière luy, puis il me trouva un chapeau, et une espée, et un cheval d'un autre cavalier, ma juman estant perdue; puis revint avecq moy rejoindre le régiment, qui chargeoit encore quelque reste de cavalerie, où je me meslé, et me trouvay par bonheur. Les Suisses et tous nos gens enfin reprenant coeur, le comte de Fontaine fut tué dans sa chaise, après 55 ans de services à son roy actuel. 22 pièces de canon gaignées 1, nos Croates riches ; 1 La Relation dit que notre butin se composa de vingt canons, dix pontons et cent quatre-vingt-dix drapeaux. — 116 — un seul cavalier qui me perdit dans ce premier bataillon gaîgna quelque vaisselle d'argent qu'il me donna, disant qu'il recepvroit assez de bien de vous que cette charge de garde ; c'est l'homme de M. de Fumechon. Sy j'avois eu une compagnie en estât, j'eusse fait fortune; mais de leur l'heure que je vous parle, je n'ay que quatre hommes, et deux céans montant à cheval ; encor ne sais si les bagages n'ont point esté pillés, parce que sur l'incertitude de la bataille perdue, l'on dit que les païsans les ont pillez. M. de Gassion avoit cette droite où j'estois à la teste; M. de la Ferté estoit à la gauche, où estoit le comte d'Ayen qui a esté tué à la teste avec le régiment de Guiche qu'il comandoit; M. le mareschaldel'Hospital avoit la bataille, et Sirop 1 sic le corps des recrues, son Altesse d'Anguain partout; et, de fait, il ne donna jamais un corps de nostre coslé qu'il ne l'animast et le menast sy avant dans le feu de la mousqueterie et la gresle des canons, dont nous avons pris. En nostre régiment, nous avons pris le lieutenant-général de l'artillerie 2, 9 officiers de remarque, 45 autres, et 150 autres soldats. Il y en a dans l'armée de prisonniers jusques à 4,500 et quelques 800 officiers 3. Bref, en toutte la Flandre, il n'est pas un officier ny soldat espagnol, ny italien. Il est demeuré plus de 4,000 hommes sur la place, et plus de 5,000 blessez de toutte part. Il y a tel soldat alemant, cet à dire de ceux qui vont promptement au pillage et tardivement aux coups, quia gaignéjusques à 2,000 livres; les Croates, destinez pour cela, à proportion. Les AUemans ont profité, et nous avons eu un honneur, entre vous et moy seulement, que le 1 Claude de Létouf, baron de Sirot, lieutenant général. 2 Don Diego d'Estrada, le plus considérable des prisonniers faits par les Français en cette journée. 3 L'ennemi eut aussi près de 6,000 tués, Nous perdions 1,200 à 1,500 morts et blessés; - 117 — général et toute l'armée françoise et tous les prisonniers recognoissent nostre régiment pour avoir gaigné la bataille. Je perds plus de six mil sous en tout ; mais je ne voudrois pas, pour cent mil, que Dieu et la sainte Vierge ne m'eussent fait les grâces qu'ils m'ont faites. Ceste occasion est une pièce de sisif 1, et, j'ay la gloire de l'avoir dit avant que de l'avoir fait, que où que je donnerois, tout y plieroit. Nous sommes en tel réputation, que, sans le desplaisir du hazart que courent nos cappittaines, on ne nous pourroit tenir. M. de la Trousse 2 est fort blessé, et infinité d'autres dont le nombre seroit trop long à déduire. Il y a du charme, disent ces officiers espagnolz, ou de la rage, à voir faire ce que nostre corps a fait. Je m'imagine que vous serez à Paris à cause de la mort du Roy. Je m'asseure que Bret aura bien enragé de bon coeur. Le pauvre des Vergnes est hors de danger, Permillae est un brave homme; et je vous advoue qu'il est bien difficille de faire ce qu'on veult ; car comme il vit ma juman, la selle sous le ventre, qui couroit avecq les ennemis, ledit Permillae, me croiant mort, voulut jetter l'étendard pour me chercher; mais M. d'Estournelle ne voulut pas. Alors presque tous les cavaliers le voulurent quitter pour me suivre ; mais le capitaine et les cavaliers avoient raison. A Dieu soit la gloire de tout ! Si j'en trouve le temps, je ne perdray point un moment pour vous aler dire, Monsieur, que je suis vostre très-humble et très-obéissant fils et serviteur, signé de Montbas. Madame ma très-honnorée bonne, Votre très-humble et très-recognoissant et très-soubmis filz et serviteur, signé de Montbas. Ma très-chère Morette, 1 Sic, pour déeiûise. 2 F. de la Trousse, mestre-de-camp de la Marine, tué en 1648. — 118 — Ton amoureux mari et très-passionné serviteur, signé de Montbas 1 ». Ce récit, encore une fois, n'a d'autre mérite que sa simplicité, d'autre valeur que son caractère de sincérité. II n'était évidemment pas destiné, dans la pensée de son auteur, à dépasser le cercle de la famille. Nous avons pensé cependant que le premier capitaine de Royal eût volontiers accordé son imprimatur à ce modeste document, s'il avait espéré voir les trop rares fervents de celte époque en tirer quelque agrément ou quelque profit. Nous n'avons pas eu d'autre ambition. Hugues de MONTBAS. Nota. — Par extrait d'une liasse E. 57 Anciennes archives du Limousin, à Guéret, M. de Benanger, archiviste dép. de la Creuse, complète ainsi la généalogie de François II Barton de Montbas, l'auteur de la lettre ci-dessus. Il était le 5° enfant de Pierre Barton et de Jacquette de Bonnin. Pierre Barton était fils de Francis Barton et de Diane de Bonneval. François II Barton de MONTBAS épousa, le 8 mai 1638, par contrat passé à Blois, Denise de Maillé, fille de René, marquis de Bénechart, et de Dorothée de Clause. Voir aussi l'abbé NADAUD Nobiliaire du Dioeèse et de la Généralité de Limoges, 1856-1863, 4 vol. in 4°. » Nous sommes très reconnaissant à l'éminent archiviste pour la communication qu'il a daigné nous faire parvenir. ERRATA 1. Dans le dernier fascicule, n" 18 de notre Revue, p. 109, M. H. Bourin, de la Société de l'Histoire de l'Art français, nous signale, dans l'article le notaire Lemoyne et la famille Pigeon, une double faute M0 Bosquet est notaire à Renwex et non à Rimogne. De plus, le mot tué a sauté à l'avant-dernière ligne de 1 Orig. papier, cinq feuillets, 175X265 millimètres. — 119 —- cette même page le notaire Nicolas Lemoisne, le jeune, fut tué à la bataille de Rocroi, en 1643. 2. Dans le récit de la Bataille de Rocroi n° 15 de la Revue, page 51, il s'est glissé par confusion une phrase erronée qui doit être supprimée ; celle où il est dit, en parlant de Mellos Comme il l'avait désiré, c'est au milieu d'eux des Italiens qu'il fut tué. » — Dom F. de Mellos, blessé, se retira sur Philippeville Philippeville la résistance héroïque des tercios », entraînant avec lui sa cavalerie, ce qui fut la cause principale de la défaite des Espagnols. P. L. LE NÉCROLOGE DES RÉCOLLETS DE COUVIN 1577-1791 Suite. \foi. 21 ».] ' Mars 1. E. On recommande à notre souvenir et à nos prières le sire Charles de Montfauvey, seigneur de Montai et en Bour-" gogne. Quand il était gouverneur de Rocroi, il nous donnait le vin pour les messes et douze pains chaque semaine. A sa mort il nous laissa une belle aumône pour être inscrit sur ce registre de nos bienfaiteurs. 2. F. L'an du Seigneur 1674 mourut Philippe Gei, prêtre, prédicateur et confesseur. 4. A. L'an du Seigneur 1748 est mort Bonaventure Gourdan, laïc. 5. B. A Rouvroy lj est morte la dame Ronsin pour laquelle nous devons prier; car elle fut vraiment mère et bienfaitrice de ce couvent et montra, sa vie durant, une pieuse affection pour nos frères 2. 1 Rouvroy, arr. de Rocroi. 2 Mention postérieure à 1735. Note du P. Ubald d'Alençon. — 120 — Le même jour, en 1784, mourut à Matagne-Ia-Petite 1, le très noble sire Alphonse, comte de Hamal et baron de Vierves, qui fut très attaché à notre ordre, ami et bienfaiteur de ce couvent, et à juste titre bien digne de nos prières 2. 6. C. L'an 1646 est mort le père Emmanuel Ilendriqs, prêtre, préd. et conf. 8. È. Est mort le rév. sire Jean Pennas, doyen de la cathédrale de Liège, qui, l'an 1611, fit don à notre couvent de douze volumes de Baronius 3. 10. G. L'an 1673 mourut le frère Charles Bouhon, prêtre, étudiant en philosophie, emporté par une fièvre aiguë. Le même jour, en 1729, mourut à Couvin et fut enterré dans notre clôture le père Laurent Lorent, pr. préd. et conf., religieux pacifique et fort aimé de tous. On recommande avec instance à notre souvenir l'âme si secourabledetrès noble dame Marie-Bernardine d'Ernesse, très digne épouse de l'illustre sire comte de Hamal, de Many, seigneur de Vierves. Elle fut toujours, de son vivant, la très honorée mère des fils de Saint-Trançois de l'Hermitage. Elle mérita bien d'être inscrite dans notre Nécrologe, et cependant, soit que par humilité elle eut défendu de le faire ou que, par hasard, la page ait été détruite, cette page serait à écrire en lettres d'or 4. 12. B. L'an du Seigneur 1638 est mort Jean deNamur, laïc. 13. C. L'an du Seigneur 1644 mourut, dans sa 72'année, le vénérable père Pierre Coppée, restaurateur du couvent en 1 Province de Namur. 2 Alph. de Hamal, né le 27 mai 1724. Cf. Cli. de Willermont, Labaronnie de Vierves, Namur, 1911, p. 141.' 3 BARONIUS le cardinal, de la Congrégation de l'Oratoire, savant historien de l'Église 1538-1607. 4 Marie Bernardine G, F. de Renesse et de Masnuy, née le 2 janvier 1700. Cf. Cû. de VILLERMONT, ouvrage cité, p. 137. — 121 - sa plus grande partie. Il fut, ici et à Avesnes 1, gardien et vicaire pendant de nombreuses années. Cette même année 1644 mourut à Revin 2 maître Philippe Preudhomme, vicaire en l'église de cette ville. Il nous fit à sa mort une large aumône et nous laissa par testament sa maison pour y recevoir et hospitaliser les frères de notre couvent et de la province de Flandre. A suivre. V. T. C'est 1&, C3-\xeri*e! 1914-1918 IV. - LES PARISIENS Suite 3 La discussion continuait animée en tenant chacun en haleine. Oui, mais si le fonds et le tréfonds des peuples ne communiaient pas dans les conflits politiques et économiques, si un courant de désirs avides, haineux, ne faisait pas vibrer les peuples avec leurs rois et leurs ministres, pensez-vous que ceux-ci pourraient faire une guerre? On l'a dit les peuples ont les gouvernements qu'ils méritent... et les guerres aussi, pontifie le professeur. — Ah ! on va bien maudire Edouard, Guillaume, Nicolas, François-Joseph... On va faire sortir Bismarck, Bazaine et Napoléon de leurs tombeaux à force d'outrages... et je neveux nommer aucun gouvernement... pas même les Àlsaciens1 Àlsaciens1 Nord. 2 Revin Ardennes. 3 Voir les numéros précédents de la Revue à partir du n° 11. — 122 — Lorrains qui seront boucs-émissaires ou messies de la France, suivant la tournure des événements. — La meilleure raison de la guerre, Heraclite 1 l'a donnée, il y a des siècles La guerre est l'état naturel des peuples. » Alors... c'est une maladie de leur organisme, fait André. — Oui. Mais,., ça n'est pas rigolo pour nous, Ardennais. Nous voyez-vous ici, de par le bon plaisir de la Sainte-Alliance? Elle nous a enlevé, il y a cent ans, nos remparts de Philippeville et de Mariembourg 2, expliqua le professeur nous avons eu l'imbécillité de déclasser Rocroi 3 et le mont d'Haurs de Givet 4, pendant que l'Allemagne concentrait ses forces à la frontière belge, à Malmédy 5... Tout ça crie l'invasion par la Belgique, puis l'Oise... Et personne ne se gêne pour le dire... dans les journaux, à l'étranger même !... — Mais la neutralité de la Belgique, objecta Madame. — Ah! madame, êtes-vous si naïve vraiment? Ils ne se casseront pas la tête contre les forts imprenables de l'Est, quand 1 HERACLITE, célèbre philosophe grec de l'école ionienne, surnommé le Physicien, né à Ephèse vers le milieu du vr siècle av. J. C. Son opinion était que Suivent les clauses ordinaires de délivrance à Gabriel Dupont lo 11 juin 1720 par les notaires Toussaint Dellevincourt et Laurent Robin. D'après l'acte original qu'a bien voulu me communiquer mon ami Jules Lebas, propriétaire actuel d'une partie de ces propriétés de la Censé Gallois qui furent volées au Chapitre de la cathédrale de Reims à la Grande Révolution. Nil sub sole nooum, puisqu'on agit de même à notre époque dite de progrès. Oui, progrès du mal, du vol et de la persécution des bons catholiques, alors qu'on amnistie les voleurs, les assassins, les bagnards de tout poil et de toute secte. — 139 — L'interdiction de construire plus de deux maisons à la Censé Gallois n'inpliquait pas la défense de les agrandir, d'y adjoindre granges et fournils. C'est ce que firent les Censiers jusqu'à la Révolution, Au cours du xix" siècle, cinq nouvelles maisons furent bâties. Vers 1840-50, la Censé compta une soixantaine d'habitants, avec une jeunesse de vingt-cinq garçons et filles de fête » qui rendait le bal à la jeunesse de Sévigny. Sur la fin de l'année 1849, une épidémie de typhus s'abattit sur la Censé. Gratien Lebas et ses cinq fiis, dont le plus jeune avait 22 ans, furent moissonnés. Son épouse et leur fille, uniques survivantes de la famille, ne durent leur salut qu'aux soins inlassables de leur voisin Justin Dupont, qui faillit payer son dévouement de sa vie. Vers 1860, Jules Cochart-Lebas, originaire deRimogne et habitant la Censé Gallois, mit en oeuvre l'influence de M. l'abbé Legros, curé de Sévigny, pour faire établir une brigade de douane à la Censé. Elle fut transférée en 1911 à Sévigny et supprimée en 1923. Aujourd'hui, il n'y a plus à la Censé Gallois que trois foyers les époux Petilfils-Lebas dont le fils Albert est mort pour la France sous Verdun le 12 juin 1916, la famille Trochainr Lebas et Jules Lebas. En tout neuf habitants. P. LEBAS, Officier d'Académie. AU JOUR LE JOUR 1914-1919 Notes §5 Souvenirs Suite. 6 mars 1917. — Aujourd'hui ma nièce a reçu deux dépêches de France — car nous ne sommes plus français, hélas ! depuis l'occupation allemande — par l'intermédiaire de la Croix-Rouge l'une de son mari, l'autre de son beau-frère, M. l'abbé Louis Pilardeau, vicaire à la cathédrale de Troyes et actuellement soldat-infirmier. Datées de novembre 19iG — il y a plus de quatre mois — elles nous apprenaient que tous les membres de notre famille étaient en bonne santé. Deo .gratiasl On devait leur répondre dans les 48 heures par la même voie; je le fis immédiatement, mais celte réponse ne leur est jamais parvenue, comme nous l'apprîmes après l'armistice. Ce même jour, notre cuisinier bavarois nous a remis un paquet assez volumineux de graines envoyées de Munich par son père pour ensemencer notre jardin. Toujours beaucoup de bruit dans la maison avec les allées et venues continuelles d'officiers et de soldats sans gêne — ils sont ici chez eux, disent-ils, et nous sommes chez eux. — A part cela, supportable. 8 mars. — Ce matin le L C' de la 9° batterie, Joseph Hofbauer, que l'on dit de la famille du saint Rédemptoriste Clément Hofbauer récemment canonisé, parce qu'il est du même pays, mais catholique assez tiède, ce lieutenant, dis-je, est parti sans tambour ni trompette, sans aucune salutation — on n'y tenait guère, du reste. — Toujours poli, la main à la casquette avec une inclinaison de tête, et c'était tout. II savait à peine quelques mots de français et je n'ai eu avec lui, en six — 14L —- semaines, que deux ou trois courtes conversations, pour l'absolue nécessité. Il me semblait un peu maboule et n'était pas fort aimé de ses hommes qu'il rudoyait. Ce bas officier de la Landwerh est remplacé par un L' C* d'un grade plus élevé et qui est de l'active. On l'appelle Croissant, nom français, m'at-il dit un jour, parce qu'il descend d'un huguenot parti en Allemagne après la révocation de î'édit de Nantes. Il ne me paraît pas parler mieux le français que le précédent ; je n'ai fait que l'apercevoir hier et il ne m'a pas adressé la parole, mais a essayé de causer avec ma nièce qui commence à écorcher l'allemand parce qu'elle a jadis appris l'anglais. Ce nouvel hôte est petit de taille, fort coquet, toujours tiré à quatre épingles il a l'air d'un véritable gamin. 12 mars. — Mon cuisinier bavarois m'a procuré aujourd'hui deux longs flacons de vin du Rhin pour 8 marks. Voici l'adresse de la maison copiée textuellement 1 Winkeler Oberberg— Winckel im Reingau, 1911°' Lambenheimer nalurivein Jacob Ilerz — ficelle bleue . C'est la première qualité », m'a dit Fritz. Il me servira de vin de messe en cas d'absolue nécessité, quand ma provision de vin français sera épuisée, ce qui ne tardera pas malheureusement, surtout si les ennemis me le volent, comme ils font partout. 17 avril. — Après plus de deux mois et demi de séjour la 9° batterie du 4° Rég{ d'artillerie bavarois, C Croissant, est partie ce matin à 10 heures. Elle ne devait partir qu'à 5 heures du soir; d'où précipitation dans le déménagement et emport de quelques objets nous appartenant. — Ce sera la coutume jusqu'à la fin de la guerre. — J'évalue le coût de ces deux mois et demi de séjour à 200 francs, et je dois y ajouter plus de 100 francs de bois et autant de perte en vaisselle et dégradations au presbytère. Nous avons vécu, Dieu merci, et nous devons être relativement satisfaits de. la tenue de nos hôtes forcés, surtout de notre cuisinier et du valet de chambre en — 142 — sabots. Mais quel bruit la plupart du temps et quelles ripailles à certains jours ! 20 avril. — Hier, arrivée d'une section volante de la Croix-Rouge allemande 66 hommes et 34 chevaux. Au casino presbytéral ont dîné six médecins et un pasteur protestant. Le commandant de la section est un lorrain, très poli, même affable il m'annonce qu'il restera ici une huitaine de jours et sera heureux de causer avec moi. Il m'invite même à m'asseoir à leur table, ce que je refuse poliment, par principe. Le lendemain, aujourd'hui donc, coup de téléphone, et ils partaient à 11 heures pour Logny-Bogny. Ils furent immédiatement remplacés par une batterie 9e .batterie du 62° rég' d'art. probablement prussienne, arrivant, disent-ils, de Russie. Pas un des officiers, au nombre de cinq, ne comprend le français, à part un qui l'écorche. Est-ce vrai ? Soyons prudents et que la volonté de Dieu soit faite. J'ai oublié de noter plus haut que, moi aussi, j'ai reçu le 20 mars une dépêche par la Croix-Rouge, datée du début de janvier et venant d'un de mes cousins résidant à Paris. II me donne des nouvelles de la famille se trouvant en France avec laquelle il est en relations suivies et se montre fort désireux d'avoir de nos nouvelles. J'ai répondu le lendemain ; ma réponse ne lui est jamais parvenue. J'étais aussi fort surpris, inquiet et contristé de n'avoir rien reçu de mon neveu, curé de Termes et Mouron, que je savais au front, infirmier à l'hôpital de Wadelaincourt, près Verdun, hôpital qui avait été bombardé à plusieurs reprises par les avions allemands et incendié en partie pendant la terrible bataille qui commença le 21 février 1916, et n'est pas encore terminée, je crois, après plus d'un an d'eiïorts héroïques. Enfin, il y a quelques jours, le 18 avril, j'ai reçu cette dépêche, toujours par la Croix-Rouge Auguste Borgnet, curé, Sévigny-la-Forêt. Auguste mon neveu et filleul, - 143 - Reims ; femme et enfants à Paris. Lucie sasoeur maintenant Sens après Dijon avec père mon vieux frère âgé de 80 ans. Pilardeau gendarme le mari de ma nièce actuellement chez moi, Méru Oise. Bien portants tous. Emile. » J'envoyai le même jour en réponse les %0 mots tolérés et prescrits qui devaient être inscrits en face de la dépêche reçue, en lui disant que nous étions tous vivants, Deo grattas! et puisse-t-il dire la même invocation en recevant de nos nouvelles. Cette réponse, comme les autres, n'est jamais parvenue. Je dirai immédiatement que, sur les sept dépêches que nous avons reçues pendant la guerre par l'intermédiaire de la Croix-Rouge et auxquelles nous avons fidèlement répondu dans les 48 heures prescrites^ une seule est arrivée à nos parents et amis de France. Quels sont les coupables de cette négligence ? Prussiens ou Français ?... 23 avril. — Ce malin, nos trois derniers matelas sont partis réquisitionnés. Valeur 275 à 300 francs. L'un d'eux, celui de la chambre de Monseigneur, avait coûté 150 francs. Le commandant prussien qui l'avait fait mettre à son lit, ne voulait pas qu'on l'enlevât; mais les gendarmes l'exigèrent, d'ordre de là Kommandantur, et il se soumit en grommelant, tant l'esprit de discipline règne chez eux. Désormais, eux comme nous, dormiront sur le foin et la fougère. Offrons à Dieu toutes ces misères et souffrances pour la rémission de nos péchés et le salut de la France. MEMOR. A suivre. J'y ©-bais... A. propos d'une courte note ajoutée au manuscrit communiqné par le Dr Gilles, note parue dans le n" 19 de notre Revue, un de nos bons amis, prêtre-soldat, qui se trouvait au fort de Charlemont, près Givet, nous envoie les observations suivantes qui rétablissent la vérité des faits. Une Revue historique doit, autant que possible, dire — 144 toujours la vérité. Or, nous affirmions d'après nos souvenirs, vieux de dix ans, que le fort do Charlemont n'essuya qu'un bombardement de quelques heures et qu'il fut obligé de se rendre le 25 août 1914, faute de munitions. "Voici la vérité historique rétablie par notre ami que nous remercions I" Le bombardement commença le 29 août et non le 25 à midi. Un parlementaire allemand se présenta à 5 h. du soir pour offres deservice dans la reddition, laissant à l'autorité française jusqu'au 30, à 5 h. du matin, pour réfléchir; et le 30, à 5 h. exactement, le bombardement recommença et ne fit que s'accentuer jusqu'au 31 au soir, à 5 h. 1/2, heure de la reddition. QTo-fces Se Souvenirs Suite. 25 avril 1917, fête du Patronage de S1 Joseph. — Les gendarmes sont venus, ce malin, pour signifier à ma sacristine et à une autre dame âgée de ma paroisse, l'ordre de se rendre à Maubert-Fontaine pour y purger le mois de prison auquel les a condamnées injustement cette brute de commandant d'étape, sous le faux prétexte de falsification de lait. Elles sont donc parties à pieds, à notre grande douleur, entre deux gendarmes à cheval. Que le Dieu juste punisse ce barbare pour tous les crimes et duretés qu'il a commis et, par Tinter- — 157 — cession de saint Joseph, qu'il garde, protège et console ces pauvres femmes innocentes ! Voici la copie textuelle du jugement de condamnation adressée au et par le maire de Sévigny-Ia-Forêt Ordre de punition. Je punis pour falsification de lait 1 Rousseaux Marie , r,, . , „ „, , ' T , „ } a Sevigny-Ia-roret, chacune d une 2 Lebas-Haguette ° J amende de 200 marks en or ou 400 marks en papier payables jusqu'au 20 mars 1917 ; en cas de non versement, chacune de 4 semaines d'arrêts sévères. Maubert-Fontaine le 13 mars 1917. Signé IIINZE, major et C' d'étape. Par le maire de Sévigny-la-Forêt ». C'est la guillotine sèche sans recours ni pardon ; l'amende à jets continus pour mettre dans sa poche ou la prison. Canaille! les innocents préfèrent la prison. De nos deux prisonnières, la plus âgée fit 15 jours de cellule et tomba malade — elle devait mourir subitement l'année suivante, épuisée par les souffrances endurées,— On la relâcha à condition qu'elle paierait son amende. Quant à ma sacristine elle put rester 22 jours dans son cabanon, sans lumière et presque sans nourriture et, au bout de ce temps, revint épuisée, après avoir versé cent marks. Il lui était impossible de rester plus longtemps, elle en serait devenue folle. . 5 mai. — Oh! l'affreuse nuit du 4 au 5 ! nuit effroyable », dirait Bossuet! Quel sabbat! Quelle orgie jusqu'après minuit! On aurait cru tous les diables déchaînés! Piano tapoté avec rage, harmonium cherchant à se régler sur lui — ces instruments volés ou réquisitionnés par les boches ont été installés dans ma salle à manger, sous ma chambre —flûte, . — 158 — violon, phonographe, chants et cris d'animaux, vacarme des pieds et des mains, etc., etc. II y avait, dans cette salle à manger, une dizaine d'officiers boches à boire, non comme des Polonais, mais comme de vrais allemands, et à hurler. Un peu après minuit, quatre hommes remontent au premier lo commandant qui ne tenait plus debout, et le couchent. Une heure après, deux officiers, un verre à la main qu'ils renversaient sur les marches de l'escalier, essayaient de le monter pour pénétrer dans la chambre du soudard qui vomissait. J'étais dons le corridor, en haut de l'escalier, les sandales aux pieds, enveloppé dans ma robe de chambre. D'une chiquenaude j'aurais pu les envoyer en bas où ils se seraient tués. Ils entrèrent dans la chambre du commandant et, à plusieurs reprises, d'une voix lamentable, ils crièrent M. le commandant, buvez ». Lui était incapable de leur répondre. Au bout d'un quart d'heure, ils sortirent, et l'un d'eux, arrivé au milieu de l'escalier, perdit pied et glissa jusqu'en bas, sans se faire grand mal heureusement. L'habitant de la chambre se mit à vomir de nouveau, et son valet de chambre eut de la besogne pendant une partie de l'après-midi d'aujourd'hui pour nettoyer toutes les immondices. Ce n'était plus des hommes, mais des bêtes, de vrais sauvages. Grattez ces préfendus civilisés delà Kullur, et vous aurez des barbares et moins que cela. Que de vaisselle cassée ! Dix-huit bouteilles de vin et deux de cognac absorbées pendant la nuit c'est ce qui fit d'eux des pourceaux, n'ayant plus que le visage d'hommes, et quel visage ! Le commandant avait nom Meyer, 9e batterie du 62° rêg 1 d'artillerie, venant de Russie. Aujourd'hui à midi, ils ont fait mettre, sous les sapins, dans la petite cour qui se trouve devant le presbytère, la table de la salle à manger à moitié brisée, ont sorti chaises et fauteuils du salon ; puis, après avoir déjeuné, ces propres à rien ont joué aux cartes jusqu'au soir. Recommenceront-ils cette nuit leurs saturnales? Dieu seul, quand il le voudra, saura — 159 — remettre à sa place ce peuple turbulent et farouche, pétri d'orgueil et de haine. Fiat volunlas ejus ! Samedi 12 mai. — Hier ma nièce a reçu de son mari gendarme une dépêche dans laquelle il lui demandait de faire tout leur possible pour leur rapatriement en France, à elle et à sa petite fille. Elle n'a pu que lui répondre que la liste des futurs rapatriés était complète depuis huit jours et qu'elle essaierait de partir le plus tôt possible. Ce qui n'est jamais arrivé, par la grâce de Dieu, car que serais-je devenu seul au milieu de ces soudards avec ma vieille soeur qui ne pouvait bouger de son fauteuil? Dimanche 13 mai. — L'aumônier catholique prussien, ou plutôt alsacien, est venu ce matin de Maubert, sa résidence habituelle, dire la messe à 8 soldats qui ont bien chanté leurs cantiques. Voix graves, chant pieux. Le célébrant n'avait apporté que le pain et le vin du Saint Sacrifice son ordonnance a cherché dans l'armoire aux ornements tout ce qui lui était nécessaire. Pas d'amiet, une anbe qui laissait voir la moitié de ses bottes d'ordonnance, etc. Après la messe, il s'est plaint violemment du Souverain Pontife qui ne leur permettait point de dire 4 messes le dimanche, comme il l'avait permis pour l'armée autrichienne. Cela me semble un peu fort !... 22 mai. — Pour me consoler et me fortifier au milieu de tant de maux qui accablent la France et ma paroisse, je relis Bossuet; et, ce matin, je trouvais dans la lro Elévation sur les Mystères de la IX° semaine, une page où je pouvais comparer aux nôtres les souffrances endurées par les Israélites avant qu'ils ne fussent délivrés par Moïse, ou plutôt par le Seigneur lui-même, de la tyrannie des Egyptiens Avant que le peuple saint fût introduit à la terre promise, il fallait qu'il éprouvât un long exil, une longue captivité, une longue persécution, en figure de la sainte Eglise, qui est le vrai peuple et le vrai Israël de Dieu, qui ne peut être introduit - 160 à la céleste patrie que par la persécution, la captivité et les larmes de l'exil. L'Eglise dans sa plus profonde paix, n'est guère saus son Pharaon, du moins eu quelques endroits. Il vient quelque nouveau roi qui ne connaît point Joseph Exod. i, 8, ni les gens pieux, et en général il est vrai, comme dit saint Paul, que tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ, doivent souffrir persécution II Tim. m, 10, en quelque sorte que ce soit; et, comme dit saint Augustin, que celui qui n'aura pas . gémi comme voj'ageur et étranger, n'entrera pas dans la joie des citoyens ». Il y a deux sortes de persécutions l'uue est ouverte et déclarée, quand on attaque ouvertement la religion; l'autre cachée et artificieuse, comme celle de Pharaon qui, jaloux de l'abondance du peuple de Dieu, en inspirait la haine à ses sujets, et cherchait des moyens secrets de le détruire Venez, dit-il, opprimons-le sagement. Exod. x, 11 et seq., c'est-à-dire secrètement et finement. On ne forçait pas les Israélites à quitter leur religion, ni à sacrifier aux dieux étrangers ; on les laissait vivre, on ne leur était point absolument ce qui leur était nécessaire; mais on leur rendait la vie insupportable, en les accablant de travaux et leur préposant des gouverneurs qui les opprimaient, On en vint jiourtant à la fin à la persécution à découvert et on condamna leurs enfants mâles à être noyés dans le Nil ibid. 22 ce qui signifie en ligure qu'où ne laisse rien de fort ni de vigoureux à un peuple qui n'a rien de libre, et dont on abat le courage en le faisant languir dans l'oppression. Malgré cette oppression, Dieu ne laisse pas de conserver les gens vertueux de son peuple, comme il fit les mâles parmi les Israélites ; et, contre toute espérance, il leur naît des libérateurs du sein des eaux où ils doivent être noyés, à l'exemple de Moïse, de sorte qu'ils ne doivent jamais perdre l'espérance. » Puisse ce Libérateur, quel qu'il soit, nous être envoyé bientôt par le Coeur de Jésus, à la supplication de tous les Saints de France et, en particulier, de la B 80 Jeanne d'Arc qui nous a obtenu la victoire de la Marne ! A suivre. MEMOK. Le Gérant ; H. BERNARD. LE NÉCROLOGE DES RÉCOLLETS DE COUVIN Suite. [foi. 42 v. ] Mai. 2. D. L'an 1748, au village de Fépin 1, mourut Marie Jaquot. Elle légua à notre couvent une fort belle aumône, afin d'être inscrite dans notre nécrologe et recommandée chaque année à nos prières, ainsi que son mari Philippe Lot, jadis préteur du village du Ménil 2. ~ 3. E. L'an du Seigneur 1618 est mort dans ce couvent le père Etienne Nihoul, prêtre, prédicateur et confesseur. Le même jour, en 1758, mourut à Rome l'Illustrissime pape Benoît XIV, surnommé à juste titre le Grand. Par décret du Chapitre général des deux ordres qui eut lieu en 1750, l'Ordre tout entier est obligé de chanter chaque année, le premier jour non empêché par une fête double, une messe des morts pour le repos de l'âme de ce pontife et de ses parents. Ainsi l'exige une lettre du très révérend père Clément de Palerme, transmise à notre province. Benoît le grand présida ce Chapitre général et y parla pendant une heure devant tous nos pères assemblés. 4. F. L'an du Seigneur 1687 mourut à Vogenée 3 le sire Jacques de Roubaux. En plus de diverses offrandes faites à nous pendant sa vie, il légua en mourant, 66 impériales 4 à notre couvent et à deux autres de notre Province. 11. F. L'an du Seigneur 1634 mourut le frère Rémi Sacré, laïc, âgé de près de cent ans, homme pieux et travailleur. 1 Fépin, c. de Fumay Ardennes. 2 Le Mesnil appartenait à la baronnie de Vierves. 3 Vogenée Namur. 4 Impériale monnaie d'or qui était on usage dans les Flandres ; son poids atteignait 4 deniers et 4 grains. Cf. THIRION Les frères mineurs à Namur, Namur, 1903. , . 2' Année 22 — 162 — Le même jour, en 1624, mourut à Béthunel, chez les Annonciades dont il était le confesseur, le vénérable père Amand du Vivier, qui étant ici vicaire et gardien travailla beaucoup à la restauration de noire couvent brûlé. \%. G. L'an du Seigneur 1694 décéda dans son château de Mespas, près d'Aubigny 2, le noble chevalier Louis de Brodart. Il était l'un de nos bons amis de France et légua une large aumône à notre couvent. 13. A. L'an du Seigneur 1690 est mort le vén. père Pierre Valentin, pr., préd., conf. et jubilaire de notre Ordre. Le même jour de l'année 1718, s'endormit doucement dans le Seigneur, en notre couvent de Namur, le très révérend père Charles Gauthier, religieux en tout point admirable et illustre dans notre province. II brilla par sa parole et ses exemples dans toutes les fonctions qui lui furent confiées. Lecteur en philosophie et en théologie, il fut successivement confesseur des moniales, gardien, définiteur, et plusieurs fois ministre provincial. Défenseur des droits de l'Eglise et très instruit au jugement de tous, il'était en outre très zélé pour le culte de la sainte Eucharistie, serviteur très pieux de la Vierge Immaculée, très strict observateur et défenseur irréductible de la sainte pauvreté 3. L'an du Seigneur 1760 mourut à Couvin notre très chère mère Thérèse Renard, syndic très dévouée de ce couvent pendant de nombreuses années. En plus de sa maison et de 300 livres de France pour notre sacristie elle nous légua par testament de nombreux biens. L'an du Seigneur 1769 mourut à Signy-le-Petit 4 et fut 1 Béthune Pas-de-Calais. Cf. HÉBRARD S" Jeanne de Valois et l'ordre de l'Annonciade, Paris, 1878, pp. 370-371. Note du P. Ubald d'Alençon. 2 Aubigny-les-Pothées, arr 1 de Rocroi. Les Brodart étaient aussi seigneurs d'Ecly, de Boulan et de la Loge-Rosette. 3 Cf. DIRES, Hist. litt., p. 335. 4 Signy-le-Petit, arr. de Rocroi. — 163 — enterré au même lieu le père Dominique Hognon, pr., préd. et conf. Il avait été postulant dans notre couvent. 14. B. On recommande aux prières et aux saints sacrifices de nos frères le révérend sire Grimart, vicaire royal à Philip— peville 1 qui construisit, en 1737, de ses ressources et de son talent l'orgue de notre couvent. On recommande aussi le sieur Poulain, marchand à Paris, et son épouse très chère, la dame Wilmote, avec toute leur famille ils nous ont donné, en 1736, un voile de soie rouge orné d'un ruban d'or pour recouvrir le tabernacle du grand autel. 19. G. L'an du Seigneur 1736 mourut le frère François Anciaux, laïc très pieux et laborieux. 20. A. L'an du Seigneur 1617 mourut dans une vénérable vieillesse le père Jean Bara, qui fut gardien dans un autre couvent et ici vicaire pour la seconde lois. Il eut à supporter un fort labeur pour la réparation de notre couvent. 21. B. L'an du Seigneur 1683 rendit son âme à Dieu le frère André Deumont, laïc fort aimé de tous. 24. E. L'an du Seigneur 1694 mourut à la fleur de l'âge, après une violente maladie, le père Antoine Stilman, pr., préd. et conf. Sa mémoire est en bénédiction près des habitants de Rocroi dont il visitait et consolait les malades nuit et jour. Le même jour, en 1708, mourut à Oignies 2 Antoine Bernard, qui fut bourguemestre de ce village et tout dévoué à notre Ordre son épouse, Marie Gaye, donna à notre couvent cent florins de Brabant pour que son nom fut inscrit au registre de nos bienfaiteurs. 26. G. L'an du Seigneur 1613 mourut à Namur le frère Jean Joli, dit de Massée, laïc jubilaire et proies de ce couvent. Près de la porte est placée une épitaphe qui rappelle nos souvenir. 1 Philippeville, prov. de Namur. 2 Oignies, prov. de Namur. — 164 — 30. D. L'an du Seigneur 1640 mourut Jean Dewingue, pharmacien et habitant de Cbimay, qui nous légua une aumône abondante afin d'être inscrit dans noire nécrologe, ainsi que sa femme, Hélène Lignie, morte le 19 décembre 1632. V. T. Nous devons à l'obligeance de M. Francotte, directeur de l'Ecole moyenne de l'Etat à Couvin, qui s'est occupé de recherches historiques sur la région, la rectification suivante Charlemont. — La note 3 au bas de la page 147 Revue historique du Plateau de Roeroi, 2° année, n" 21 porte Charlemont-sous-Gonrieux». N'est-ce pas plus vraisemblablement du fort de Charlemont, près de Givet », qu'il s'agit ici ? Notes historiques sur le plateau de Roeroi RUPES RÏÏPEREM Epoque néolithique. — Temps préhistoriques et anciens. — Age de pierre. Suite Le mégalithe 1 de Nismes 2 ou la Roche de l'îlette. Parmi les souvenirs des diverses époques qu'on trouve sur le territoire de Nismes, la Roche de l'îlette 3 est assûré1 assûré1 donnons ce terme emprunté à l'ouvrage d'un savant ^Toponymie Namuroise, par le chanoine ROLAND. 2 Nismes, commune du canton de Couvin, prov. de Namur. 3 La Roehe de l'îlette a pris son nom d'un jardin qui avait le même dénomination et que la rivière entourait. La pierre n'est plus maintenant dans une muraille M™* Moreau Philippe; en devenant propriétaire du jardin de l'îlette a fait abattre le mur pour dégager la Roehe. — 165 —' ment un des plus curieux et des plus attrayants. Ce monolithe se dresse à l'extrémité orientale du village, sur la rive gauche de l'Eau-Noire et à 60 mètres de la rivière. De la route qui mène à Dourbes 1 et à Frasnes-lès-Couvin 2 on l'aperçoit à la distance d'un jet de pierre, sur la droite, dans la vallée. Sa hauteur atteint 6 mètres de la base au sommet sur 4 et 5 mètres de largeur; il affecte la forme paraliéiipipédique. Une anfracluosilé qui s'ouvre à 1 ra 50 du sol déchire un de ses flancs. Les crues de la rivière amènent autour du rocher un volume d'eau considérable et ce torrent, lors de son plein débit, vient baigner lepied du menhir. Le terrain est un peu soulevé du côté du village, mais il s'incline doucement en allant vers la rivière. Comme tous les mégalithes de cette époque la pierre appartient à la nature du sol voisin. A-t-elle été dressée là par quelques géants? Il n'est pas permis de le supposer, encore moins de le croire. Elle apparaît donc en cet endroit telle qu'elle est sortie d'une commotion terrestre. Des savants prétendent même que, dans des temps fort reculés, les deux tiers de la hauteur de la pierre étaient enfouis dans la terre ; l'accès en aurait été plus facile. 11 est vrai que le lit du cours d'eau s'est enfoncé graduellement à la suite des déboisements successifs. L'écouledes eaux et les érosions creusèrent la vallée. Ce mégalithe fut certainement utilisé comme pierre du sacrifice par les premiers peuples qui vinrent en notre pays ; et on en conclut que les trouvailles faites sur les ternes et les éperons rocheux peu éloignés laissent admettre les opinions des archéologues 3. Des contreforts du Mousty et à&sAbannets 1 et 2 Dourbes et Frasnes sont deux communes du canton de Couvin et voisines de Nismes. 3 Voir les Annales de la Société d'archéologie de Bruxelles, t. XIX, 1905 et t. XX, 1906; E. MAILLEUX Vestiges des âges anciens aucc environs de Couvin, p. 10, 1905; Stations préhistoriques, Couvin et Nismes, pp. 11 et 12, Bruxelles, 1906. Voir aussi notre Reoua du Plateau, fasc. 12, p. 179. — 166 — qui l'environnent, ainsi que du camp de la Roche à Lomme, on le distingue sous la plus agréable perspective. Il revêt de loin un cachet de majesté sauvage, bien digne de la période néolithique dont il demeure un des témoins. A suivre. H. B. MONOGRAPHIE du village de SÉVIGNY-LA-FORÊT Suite. LIVRE IV Nos aïeux. II. — Nos aïeux dans la lutte pour la vie ». D'après Jean Hubert, les premiers villages de nos forêts d'Ardenne furent habités par des bûcherons, des boisseliers, des tourneurs, etc. Tels étaient, tels furent pendant des siècles les habitants de Sévigny. Les traditions du bocquiilonage » se sont conservées d'âge en âge parmi nous, se sont transmises de génération en génération avec beaucoup de soin et d'amour. Bien que le métier ait perdu de son importance ancienne il est encore en honneur chez les Suckots . Et cependant ils ont délaissé la plupart des professions qui se rattachent directement à l'exploitation des forêts 1 il n'y a plus à Sévigny de scieurs 1 Au nombre des industries disparues de nos forêts, citons celles des palonniers, fabricants de pelles à four, palons, etc., en bois de hêtre; des téliers confectionnant au tour les. vases hémisphériques en bois appelés tèles; des ramasseurs de mousse à brosse potric ; des — 167 — de long,, de charbonniers, de clapteux » ; à peine quelques sabotiers. Au xvii 0 siècle, les Colle étaient une famille de charbonniers renommés. Le dernier forestier qui ait dressé des fauldes dans nos bois fut Nicolas Triplot 1692-1747. Les derniers scieurs de long du village furent les frères Chapellier Alexandre, Etienne, Napoléon, etc., ouvriers experts qui installèrent leur hourd » dans toutes les parties de la Forêt des Ardennes, de l'Oise à la Semoy. Quelque honorable que soit le métier de bûcheron, il n'en est pas moins un état aride, dur, et peu rémunérateur qui n'a jamais fait vivre que bien péniblement l'homme des bois. En 1794, la façon d'une corde de bois 3 stères se payait 20 sous ; la façon d'un cent de fagots, 3 francs. Le cent de fagots lui-même ne valait que 7 fr. en 1740,10 fr. en 1780. Le prix en monta à 20 fr. en 1815, et atteignit son maximum, 35 et 38 fr. en 1868. En 1815, la corde de bois valait 20 fr. ; en 1912, de 9 à 12 francs 1. Heureusement que la plupart des Forestiers étaient en fabricants de balais de bouleau. On ne fait plus de lattes planches obtenues par le fendage du chêne; ni de planches à couteaux plus épaisses par un do leurs bords pour baucher » les maisons. On ne confectionne plus guère de fagots ; plus du tout de hourettes » ou petites faguettes de boulangers. Quand les branches ne sont pas brûlées sur le terrain pour en obtenir des couques » ou cricquettes » menu charbon on les abandonne à pourrir sur les coupes. Jadis, une portion de branchettes de 50 verges se vendait, en forêt, de 5 à 20 francs ; et on ramassait les coupes au râteau I... Pendant l'existence de la poudrerie de Saint-Ponce, près de Mézières surtout de 1832 à 1880, le bois de bourdaine ou noire-caure était soigneusement recueilli dans nos forêts, écorcô et transformé en charbon pour la fabrication de la poudre. Et pendant longtemps aussi les branches de bouleau furent utilisées pour la cuisson du pain d'épices dans les fabriques de Maubert-Eontaine. Jean HUBERT, Géographie historique des Ardennes. Voir aussi A. MEYRAC La Forêt des Ardennes Industries de la forêt, pages 298-315 et suivantes. "1 Il n'est pas question ici des prix et valeurs d'après-guerre ». — 168 — même temps petits propriétaires et éleveurs. De tout temps, ce sont les vaches qui ont fait vivre Sévigny. Du xive au xvnr siècle, le village était renommé par ses marchands de bêles à cornes, tout autant que Bourg-Fidèle le devint par ses marchands de chevaux. Toutes les ressources du ménage, jointes à un incessant laheur, ne faisaient point disparaître les difficultés de l'existence, car les produits du pays étaient sans valeur, et le travail ingrat. Sans remonter bien haut, la journée d'un manoeuvre en 1794 n'était que de 36 sous en été. Vers on ne donnait aux faucheurs que 20 sous par jour, et de l'eau pour boisson. Une femme avait 10 sous; une laveuse en touchait 15 pour une lessive 1. La journée d'un voiturier à un cheval était de 30 sous. D'autre part, les bestiaux étaient à vil prix. La minute de la vente Raulin-Jouart, en 1766, à Rouge-Fonlaine porte textuellement qu'il y fut adjugé Une vache noir à Jean Je Clerc et Jean Sury, d'iromont, paroisse de Rocroi, pour 39 livres; une vache rouge aux mêmes pour 51 livres ; une vache rouge à Pierre Manson Manceaux pour 24 livres 10 sous; une génisse au même pour 26 I. 6 s., un petit torau à Nicolas Devouge pour 22 livres. » etc. Vers 1830, un veau valait de 5 à 8 fr., une vache de 60 à 80 fr. au plus. En 176570, 176570, foin valait à la Forêt 12 fr. les 500 kilos. En 1893, il valait 100fr. les 500 kilos. Au commencement du xixe siècle, le beurre ne se vendait à Rocroi que 8 ou 10 sous la livre 2 ; un fromage 2 sous, soit le tiers de leur valeur d'avant-guerre. 1 Voir un article publié dans un n° des Ardennes littéraires du 6 janvier 1896, sous le pseudonyme de du Pont, par un natif de Sévigny. 2 Le 30 août 1876, le beurre s'est vendu à Rocroi 2 fr. 10 le demikilo. C'est le cours le plus élevé d'avant-guerre qui ait été atteint dans ' notre région. - — 169 — Le terroir de Sévigny étant trop ingrat pour nourrir tous ses habitants, beaucoup d'entre eux étaient obligés d'aller chercher du travail au dehors. Ils émigraient tous les ans pour aller faucher ou moissonner en France », ou bien passer l'hiver dans les bois de la Tln'érache et de l'Ardenne. D'autres allaient travailler aux ardoisières de Rimogne, aux carrières de pierre du Châtelet ou aux fortifications dé Rocroi vers 1830-1850; les uns comme maçons, les autres comme terrassiers. Ces derniers gagnaient 25 sous par jour. Ceux qui, chaussés de lourds sabots armés de crampons consentaient à mouler la terre à la brouette tout en haut des remparts, sur la déclivité glissante d'étroits madriers, recevaient par jour 3 sous en plus. Au premier rang des sabots ferrés », aux plus dangereuses grimpettes », on voyait toujours Pierre ChapelIier, dit Pierre-Colette, delà Forêt 1. Aujourd'hui, les Forestiers ne suffisent plus à leur propre besogne ce sont les étrangers qui viennent exploiter leurs forêts... Sévigny eut ses associations de boeuliers », spécialement occupées au transport des bois et du charbon. Il eut ses corps de cloutiers et même une société de tisseurs de laine. Vers 1846, un appelé Machaux, de la Neuville-les-This, vint monter dans le village plusieurs métiers de tisseurs. Malheureusement, la concurrence des machines eut vile fait de ruiner cette industrie naissante, et nos tisseurs durent laisser la bobine pour en revenir à la trême » de tisserand, lâcher mérinos et flanelle pour se remettre à la toile de lin ou de chanvre. Le métier de tisserand était encore, à celte époque, un des plus rémunérateurs dans nos pays. Un bon ouvrier pouvait 1 Il y avait des situations pires encore en 1848, les ouvriers de Signy-le-Petit tiraient le minerai de fer à 10 sous par jour dans les puits en bouteilles» où les éboulements étaient fréquents; ils remontaient la mine » avec des treuils, dans des paniers. Communication de M. Robeaux, instituteur. — 170 — ' fabriquer par jour 6 aunes de toile dans les fils moyens dans les comptes » 16,18 ou 20, par exemple, à 6 sous de l'aune; l'aune = 1 m 188, et 3 aunes dans les fils fins au-dessus du 22, à 12 sous de l'aune 1. Ce qui contribuait autrefois à rendre très difficiles les condi1 condi1 outils de tisserand — l'outil de rôs en lamelles de roseau, et l'outil de lisses en fil — étaient fabriqués de façon à pouvoir donner à la toile une largeur maximum de une aune. Les fils da la chaîne se composaient d'un certain nombre de portées de 40 fils chacune. Or, le nombre de portées nécessaires pour donner à la toile une aune de large en emplissant complètement l'outil, indiquait le compte du fil et de la toile; autrement dit, le numéro de finesse. La toile dans lo 18, par exemple, se montait à proportion de 18 portées 720 fils pour une aune de largo; la toile dans le 24, à proportion de 24 portées 960 fils pour une aune do large, ou 720 fils pour la toile en 3/4 de large, comme on la faisait le plus généralement. Pour chaque compte de toile, il faut un outil différent, de même numéro que le fil, tant pour le rôs qui enserré dans la chasse, sert à frapper le fil, à serrer la trame, que pour l'outil de lisses qui, mû par les pédales, sert à décroiser les fils de la chaîne. Pour monter l'outil de lissas, on prenait du coeur de fil, du numéro qu'on voulait donner à l'outil, on le tordait au rouet après l'avoir triplé, et on le nouait sur les 4 baguettes, ce qui était une opération fort longue et assez délicate. A largeur et à finesse égales, la toile mécanique tissée en filature no compte à la chaîne que les 7/20 du nombre des fils de la toile de ménage. Autrement dit, à une pièce dans le 20 tissée à la main et comptant 800 fils do chaîne, le commerce ne peut opposer comme similaire que de la toile à 17 portées, ou à 680 fiis de largeur. C'est ce qui explique la supériorité de résistance des toiles à la main sur celles à la mécanique. La gamme des comptes allait du 8 — toile extrêmement grossière pour vêtements — au 28, qui rivalisait avec la batiste, mais que de bien rares fileuses savaient filer. Le roi des tisserands de la Forêt, Nicolas LebasLubin mort en 1869 parvint a fabriquer 55 aunes 66 mètres de toile en 5 jours. Ce haut fait ne fut jamais égalé, à ce que l'on sache, par aucun autre tisserand de Sévigny ; mais il fut surpassé par Nicolas Daireux, du Cheval-Blanc, qui tissa une pièce de 60 aunes en trois jours et trois nuits sans descendre de son, métier, ce qu'on rapporte à juste titre comme un véritable tour de force. J'ai cru intéressant de consigner ici ces indications qui furent si familières à nos aïeux, et qui sont tombées aujoui'd'hui, pour toujours, dans l'oubli absolu. — 171 - tions de l'existence, c'était le prix souvent excessif de ce qui es* le plus nécessaire à la vie le pain. La difficulté des moyens de transport obligeait pour ainsi dire chaque région à se suffire à elle-même. Le blé eût-il été à vil prix dans la Picardie ou la Beauce que les Irais de roulage, les taxes de douanes, d'octrois, de péages en eussent élevé le cours, 100 kilomètres plus loin, à un prix inabordable. La viande étant alors à vil prix, on trouve étrange que le paysan n'en mangeât point. Cela était nature pourtant la production était trop restreinte et l'argent était trop rare. Déplus, en beaucoup d'endroits, les bestiaux étaient la propriété des seigneurs en temps de paix, le butin du plus rapace ou du plus fort en temps de guerre; ce qui n'était pas pour encourager l'éleveur. A Sévigny, on conservait les mêmes vaches le plus longtemps possible 15, 20, même 25 ans. Et quand l'ennemi arrivait, bienheureux encore ceux dont, en ces temps de calamité, on ne faisait que vider l'étable sans brûler la cabane. Songeons quelquefois à ce qu'il a fallu à nos aïeux de courage, de luttes et de souffrances pour conquérir l'aisance qui règne aujourd'hui à nos foyers. Il serait indigne, égoïste, de jouir du fruit de leurs peines, de leurs durs labeurs, sans leur accorder dans la prospérité une pensée de gratitude et d'amour à eux qui ont subi la douleur et l'épreuve des siècles de lutte sans pouvoir goûter ici-bas le repos des jours de paix ! N. B. — Les généralités de cet article — de même que pour le chapitre .Habitation et ameublement n°" 14 et 16 de la Revue — peuvent s'appliquer à tous les villages du Plateau de Rocroi. P. LEBAS. A suivre. AU JOUR LE JOUR nXTotes Se Souvenirs Suite. Samedi 26 mai 1917, vigile de la Pentecôte. — Enfin, après cinq semaines de séjour, la 9" B' 0 du 62° Rég 1 d'artillerie est partie pour Laon et ses environs, nous a-t-011 dit. Si nous avons quelqu'un ou quelque chose à regretter, ce sont les trois honnêtes soldats ces six officiers ivrognes. Peut-être aurons-nous bientôt pire ! Sufficit diei maliiia sua! A chaque jour suffit sa peine. Lundi de la Pentecôte, 28 mai. — Ce malin, à 6 heures, une batterie du 82° rég 1 d'artillerie a quitté la paroisse où elle avait pris un repos de quinze jours. Nous n'avons guère vu les soldais, car ils étaient entassés dans le bas de la Grand'Rue. Malheureusement, si nous n'avons pas vu les soldats, j'ai eu l'ennui de voir les six officiers qui sont venus chez moi la nuit dernière pour y faire la noce jusqu'à 4 heures du malin. La place était libre depuis la veille et ils en ont bruyamment profilé. Une remarque générale à faire jusqu'aujourd'hui, c'est que la plupart des soldais pris individuellement sont de braves gens, serviables, causant volontiers quand ils savent quelques mots de français, polis, saluant toujours le pfarrer, comme ils l'appellent, etc., tandis que leurs chefs, pour la plupart aussi, sont tout bouffis d'orgueil, arrogants, noceurs, ivrognes, à un degré inconnu en France. Aussi, beaucoup de ces soldats, mourant de besoin, ayant faim, sont-ils souvent fort irrités — et nous le disent tout haut — en voyant leurs officiers se procurer tout ce qu'ils peuvent à coups de marks. Ces pauvres soldats font des menaces terribles... mais ils ont s1 — 173 —. peur de leurs chefs... Dernièrement, dans la rue de la Sarthe, uu jeune officier m'avait arrêté pour un renseignement. Passe un soldat très jeune, un vrai gamin sans ombre de moustache. Fit-il mal le salut militaire ou pour toute autre raison? l'officier lui fait signe de reculer à 3 mètres, et au moment où il repasse près de nous, lui envoie un grand coup de cravache en pleine figure. Je sursautai de colère, mais cet officier se mit à rire, et je le quittai sans répondre à son interrogation. Je ne puis que répéter ce que je crois avoir déjà dit Nous ne sommes plus chez nous, nous sommes chez les barbares Prussiens ; nous n'avons plus rien à nous, tout est à eux. Délivrez-nous d'eux, Seigneur Jésus, et donnez-nous la paix ! Mardi 12juin. — Le dimanche 10 juin, tout au matin, une dizaine déjeunes gens et déjeunes filles désignés la veille, sont partis pour Maubert-Fontaine, à la Kommandantur, afin d'être envoyés de là à Wasigny et dans les environs, pour y travailler à la fenaison. On a maudit nos ennemis — et ils le méritent bien — car à quoi bon, quand le travail presse ici, envoyer à des dizaines de lieues, enlever à leurs familles si douloureusement inquiètes des enfants de 15 à 18 ans, et surtout des jeunes filles?..; Mystère d'iniquité et de perversion !... La bonne Providence est encore venue miraculeusement à notre aide, protégeant une fois de plus la paroisse et exauçant nos prières publiques et quotidiennes toujours fort suivies ; car, sur les dix désignés, cinq seulement ont été retenus à Maubert, trois garçons et deux filles ; les cinq autres demoiselles sont rentrées ici le aimanche soir, à leur grande joie et à celle de leurs parents. Espérons qu'elles seront épargnées ; car si elles ont échappé pour cette fois, nous avons tout à craindre que ce ne soit pas pour longtemps, puisque tous les jours nous sommes menacés de cruelles réquisitions 1. 1 Nous verrons plus tard, en novembre 1917, une douzaine do femmes et jeunes filles obligées d'aller pendant un mois, à Rimogne, — 174 — 30 juin 1917. — Le 24e rég' d'artillerie prussienne 5e batterie arrivé le lor juin venant du front des environs de Laon, a quitté le pays he 30 juin par une pluie battante, se dirigeant sur Etalles et de là au front vers le camp de Sissonne. Ceux qui étaient chez moi, au casino, comme ils disent, — je parle des soldats et non des officiers — étaient de braves gens, jardi. nant, sciant du bois, etc. Mais, cinq ordonnances dans la cuisine, c'était vraiment trop... Moins de musique que de coutume. 1" juillet. Dimanche du Précieux Sang. — A la fin de la grand'messe, vers midi, est encore arrivé le 57° rég 1 d'artillerie prussienne. La première batterie est dans notre quartier. Ils viennent, disent-ils, d'Amifonlaine, entre Reims et Laon. Nous avons donc eu à peine 24 heures de repos. Triste!... Quand nous sommes heureux de les voir partir, nous nous disons Est-ce pour la dernière fois que nous les voyons? Pendant combien de jours serons-nous tranquilles chez nous et n'êntendrons-nous plus ce sabbat internai?... Quand Dieu mettra-t-il fin aux horreurs de cette guerre? Et il faut toujours lutter, souffrir, prier, consoler mes ouailles et leur donner confiance ! Deus, in adjutorium nostrum intende ! Nous avons six officiers et trois ordonnances au presbytère. Ce même jour, ior juillet, j'ai dû faire du feu le soir à 5 h. 1/2, tellement j'avais froid. Il y a actuellement quatre feux allumés dans ma maison cuisine, salle à manger, chambre du commandant et la mienne. 10 juillet. — Gendarmes, patrouilleurs et soldats vont de maison en maison avec des sacs pour la réquisition de tous les cuivres chandeliers, boutons de porte et de cuisinière, lampes, trier à la gare les pommes de terre gelées ; mais elles pouvaient revenir du samedi soir au lundi matin se reposer et assister aux offices ; et, de plus, rapporter de petits sacs de pommes de terre qu'elles avaient dérobées, ce qui était bien utile à leurs familles qui n'avaient presque plus rien à manger. — 175 — pendules, suspensions, même pentures d'armoires, etc. Exception est faite pour l'église, du moins pour celle première fois. Chacun cache au plus vite ce qu'il croit pouvoir sauver; mais, à force de cacher et de modifier ses cachettes, on ne sait plus où l'on a mis ce qu'on avait de plus précieux. 29 juillet 1917. — Dans la nuit de samedi à dimanche, malgré la présence chez moi du commandant, les soldats sont venus, sous ses fenêtres, ravager nos pommes de terre. Du reste, depuis 15 jours, ces pillages sont pour ainsi dire journaliers. Les soldats se plaignent de mourir de faim, tandis que leurs officiers font la noce et se saoulent presque toutes les nuits. 30juillet.—Unlieutenantde réserve, excellent catholique, neveu d'un professeur de l'Université de Munich, a passé toute la nuit a courir à Maubert, à Taillette et à Rocroi, chercher du sérum pour un enfant atteint du croup et qu'on a pu sauver. 4 août. — Les 2 et 3 août, grand froid, nécessité de faire du feu dans toutes les chambres. Le 31 août, vendredi, à 10 heures du soir, est arrivé le premier groupe du 100° Rég 1 d'artillerie, capitaine Blomayer. Le commandant mourait de faim, pas de cuisinier. II s'est fait faire des crêpes par ma nièce et a avalé un grand plat de poires cuites destinées à faire un peu de poiré. Trois jours après, le 3 septembre, il y avait échange de commandants le mien allait à Petite-Chapelle Belgique et réciproquement. Je n'ai pas perdu au change. Le nouveau commandant, nommé Wemkenbach, comm' de réserve, était un haut magistrat, président du tribunal de Francfort, homme grave et bon, sachant assez le français. Il demeura chez moi cinq semaines. Ses hommes étaient parfaitement disciplinés, et il se plaignait cependant dans l'intimité du relâchement de la discipline, en raison de la prolongation des hostilités. Du reste, il donnait lui-même l'exemple et, tous les soirs, il congédiait ses six officiers qui mangeaient avec lui, et nons étions tran- — 176 — quilles. Plus de bruit. C'était un vrai gentilhomme, l'un des trois ou quatre que j'ai rencontrés sur la centaine et plus d'officiers qui ont passé dans mon presbytère. 11 aspirait comme nous après la fin de la guerre et me parlait souvent de la joie qu'il aurait de retourner chez lui, auprès de sa femme et de ses deux enfants qui mouraient de faim et auxquels il envoyait toutes les provisions qu'il pouvait se procurer à prix d'or. Fin septembre, ayant eu cinq jours de permission, il emporta chez lui deux énormes caisses de pommes et de poires que je pus lui procurer, tant de mon jardin que de mes paroissiens qui les lui vendirent le plus cher possible. Avant son départ, il me laissa 12 bouteilles de vin du Rhin pour l'église. Deo gralias ! Je puis ainsi continuer à dire ma messe, l'aumônier allemand de Maubert voulant bien m'envoyer chaque mois, contre remboursement, des hosties grandes et petites, autant que je lui en demande. A suivre. MEMOU. Le Gérant IL BERNARD. A nos Abonnés et Lecteurs Pour les abonnements, s'adresser à M. F. JALLOUX, éditeur, passage de Bourgogne, Roeroi Ardennes. Pour la rédaction, à M. H. BERNARD, Moulin de l'IleBonnet par Roeroi Ardennes. A NOS LECTEURS ET AMIS Bonjour, bon an, ami ïecïetH£, Dan$ ïa formule ^tujrannée Pouij chaque mafin de l'année, Tijrowe^ im ^otiÇaiï de fcon^ettijrl G. D. Notes historiques sur le plateau de Roeroi RUPES RUPEREM Epoque néolithique. — Temps préhistoriques et anciens. — Age de pierre. Suite Seconde migration des peuples primitifs ; leurs croyances, leur culte, etc. Autour des peulvans 1 préparés par les premiers immigrants, la seconde migration des peuples primitifs qui occupèrent notre plateau apporta un agencement et une recherche inconnus jusqu'alors chez ces peuplades barbares. La manifestation des croyances en face des pierres statives 2 caractérise davantage leurs inclinations naturelles. Excepté pour le réceptacle dont nous avons déjà parlé 3, il était défendu de tailler 1 Les peulvans ou peulvens sont dès blocs de pierre fichés en terre, assez semblables aux menhirs, si nombreux en Bretagne et ailleurs. 2 Statives, de station. 3 Voir le n° 21 de la Reme, p. 149. 2* Année 23 — 1=78 — la pierre du sacrifice elle devait toujours apparaître dans son état primitif. Le lieu où elle s'élevait était consacré à un héros valeureux qu'après la mort les peuplades avaient déifié, parce qu'il était plus redoutable ou plus sanguinaire que ses compagnons. Comme leurs devanciers, ces peuples adoraient les astres. Le moindre phénomène céleste 1 indiquait un présage funeste de la colère des dieux ; et trop souvent la crainte leur faisait rechercher les sacrifices humains qui pouvaient, pensaient-ils, apaiser le courroux des divinités. Sur la table expiatoire, le menhir, la pose de la victime devenait significative, puisque dans l'imagination de ces barbares, elle rendait propice l'immolation. La guerre était leur occupation habituelle. Les prisonniers et leurs familles, destinés aux supplices, étaient ramenés triomphalement dans le gîte des vainqueurs et servaient à assouvir leur vengeance. On les jetait sur le bûcher pour être brûlés vifs au milieu des danses et des orgies les plus horribles. Un culte était aussi rendu aux grandes scènes de la nature à la foudre, aux vents, aux tempêtes. L'approche des cataclysmes leur causait inquiétude et frayeur. Le paysage, avec ses chênes majestueux et ses hêtres séculaires, revotait souvent im aspect lugubre, bien fait pour émouvoir ces sauvages. Leur épouvante s'accroissait quand ils percevaient les cris des oiseaux et voyaient s'agiter autour d'eux les bêtes de la forêt. Aux pratiques grossières des amulettes, ils joignaient des superstilions extravagantes sorties de leurs cervelles belliqueuses, Isolés au fond des forêts, en des lieux inaccessibles, ces barbares entretenaient des habitudes violentes. L'asservissement des premières générations n'avait servi qu'à les rendre 1 On sait que les éclipses produisirent toujours la terreur clicz tous les peuples de l'antiquité. — 179 — plus farouches. Us ne permettaient point chez eux l'intrusion d'éléments étrangers, afin de garder l'indépendance et la vigueur qu'ils étaient jaloux de conserver. L'agilité des membres et la flexibilité des mouvements ne supportaient aucune entrave autour dé leur corps ; et ils affectaient avec dédain de le couvrir. Une ceinture en peau de buffle suffisait à les préserver de la rigueur du climat causée par des pluies incessantes 1. Les peaux de bêtes tuées par eux ne leur servaient qu'à s'étendre par terre dans ces asiles de repos dont ils firent les gîles dont nous avons déjà parlé. Des cases ou huttes, bâties en terre et couvertes de roseaux, étaient disposées en rond dans le voisinage des cours d'eau ; et les femmes, pour donner le jour à leur progéniture, ne s'en éloignaient guère. Les nouveaux-nés étaient vigoureux 2 et ne réclamaient pas beaucoup de soins aussi s'initiaient-ils bien vite à la vie errante. Ces aborigènes détournèrent pendant quelque temps le flot des hordes conquérantes, mais ils furent absorbés par elles dans un genre nouveau d'existence. Et peu à peu disparut l'âge de la pierre taillée, au contact et sous la dépendance d'un peuple, peut-être de même origine, mais d'un naturel indomptable. A suivre. H. B. * Nous rappelons brièvement l'emplacement des stations et des monolithes qui subsistent clans la région et dont nous avons déjà résumé l'histoire dans nos articles précédents. Le Camp Maequenoise est situé à l'extrémité des communes 1 DIODOBE DE SICILE, an. 45 av. dans la Bibliotheca historiea, vol. III, lib. V, pp. 302-303 ; et STRABON, an. 22 av. lib. IV, dans BOUQUET, vol. I, p. 5, affirment qu'à cette époque le climat ne s'était pas encore adouci. 2 La preuve, c'est qu'on nra trouvé que très peu d'ossements d'enfants et de jeunes gens dans les tumuli. — 180 — de Saint-Michel-sous-Gland Aisne et de Macquenoise Hainaut sur la frontière franco-belge. Se reporter à la page 53 1" année de notre Revue et 2"" année, n" 13, pp. 1 et 2. Les Esterbizeux, commune de Rumigny, sont traversés par la route de Rumigny à Auvillers-les- Forges par Champlin. 2m 0 an., n° 14, p. 22. La Pierre à la Vierge se trouve à 2 kilom. au nord-est de Signy-le-Petit, sur une route carrossable. 2m 0 an., n° 16, p. 69. Hamzy s'étend près de la grand'route, entre Maubert-Fontaine et le Tremblois. 2m 0 an., n" 17, p. 89. Le Gîte des Hauts-Marais se trouve sur le domaine de ce nom, à peu de distance du gentil chalet de M. Brugmann. La route de Chimay à Rocroi le laisse à gauche presque en face des Riôzes de Chimay. 2° an., n° 21, p. 149. La Roehe de l'îlette se dresse au milieu du village de Nismes. 2° an., n» 22, p. 164. A PROPOS DE LA FAMILLE POLCHET OU DE POSCHET Dans le n° 20, 2m° année, de la Revue du Plateau de Rocroi, pp. 133-135, nous avions inséré une courte notice sur la célèbre famille Polchet ou de Poschet. M. Camille FRANCOTTE, directeur de l'Ecole moyenne de l'Etat à Couvin, nous transmet à ce sujet la note suivante que nous sommes heureux d'insérer Jean-Baptiste de POSCHET, originaire de Mâcon Hainaut, construisit les forges de Laclaireau. A sa mort, son fils, Nicaise de Poschet, lui succéda. Celui-ci avait épousé Jacqueline de Moustier, dont il eut une fille, Anne de Poschet, qui épousa, en 1656, Charles de l'Epine, de Mous. Ce furent des ouvriers du Hainaut, du Brabant et du pays de Liège, amenés par les de Poschet et autres maîtres de forges, qui repeuplèrent la contrée devenue déserte après la peste 1 ». 1 Pendant la guerre de Trente Ans, des bandes de Croates envahissent nos contrées ; ces bandits pillent, saccagent, tuent, transmettent la peste. A Ethe 1636, 1637 et 1638 la population fut réduite à quelques habitants». Monographie d'Ethe, par Tillière.— Bruxelles, Boon. 181 Comme nous venons de le voir, Jean-Baptiste POLCHET OU de Poschet, était né à la Forge de Mâcon, que son père, Martin Polchet, tenait en propriété. Lorsque, en 1614, cette forge fut fermée pour manque de combustible, Polchet s'expatria et établit les forges de Laclaireau, dépendant d'Ethe pays liégeois. Ce fut son frère, Michiel Polchet, habitant Forges-IesChimay, qui continua la forgerie dans la région, sur le cours de l'Eau Noire. Ses descendants la firent prospérer pendant plus de deux siècles, malgré les difficultés de toutes sortes et les invasions. Les armoiries fort endommagées de Michiel Polchet se trouvent sur une pierre tombale, au bas du choeur, du côté de l'Evangile, dans l'église de Forges. Les lambrequins et le cimier qui surmontent l'écu sont bien conservés, mais celui-ci a beaucoup souffert. On croit y distinguer, sur le canton dextre du chef, deux étoiles, au flanc et à la pointe chevronné et au mi parti plein qui serait d'or. Les autres pièces sont presqu'impossibles à déchiffrer 1. H. B. On peut aussi remarquer que le chevalier Jean-Baptiste POLCHET, frère de Michiel, avait remplacé, dans son blason, les étoiles par des roses, mais avait conservé le chevron. Cf. le n" 20, 2'°" année, de notre Revue historique du Plateau, p. 294. 1 Voir aussi pour les armes des Polchet Epigraphie nobiliaire ardennaise, par Al. BAUDON Revue hist. ard., t. XII, p. 293. C'est la, ! IV. - LES PARISIENS Suite 1 Ecoutez, reprit le stagiaire, l'aveuglement serait trop monstrueux!... Si bouchés qu'ils soient à la Guerre et aux Affaires étrangères, ils ne peuvent tout de même pas l'être à ce point-là!... 11 n'y aurait qu'une excuse, une explication à leur incurie... la Belgique ne serait plus neutre !... — On n'a rien changé au traité de 1839 que je sache, objecta le professeur, le traité 2 des six grandes puissances qui garantit sa neutralité. — On ne l'a pas crié sur les toits !... Mais pour avoir déclassé Rocroi, amputé Givet, il faut, de toute nécessité, il faut que notre frontière soit couverte par Liège, Namur et Dinanl... ou il faut les pendre tous comme des malfaiteurs, des traîtres, même. — Je veux les pendre moi-même ! •> Chaque homme, l'un après l'autre, en même temps plutôt, jetait son mot toujours âpre, sinon furieux, dans la discussion, et les femmes écoutaient angoissées. Ne nous disputons pas, interrompit le stagiaire, goguenard, nous ne sommes pas à la Chambre... faut laisser les coups de gueule et de poing aux députés — c'est un monopole... Paraît d'ailleurs que tout est au mieux, c'est la Commission 1 Voir les numéros précédents de la Revue à partir du n" 11. 2 Le traité de Londres 19 avril 1839 que signèrent la France, l'Angleterre, l'Autriche, la Prusse et la Russie. — 183 — de l'armée qui l'a dit... alors ! Y a bien certains qui font de la rouspétance... mais combien disent que nous sommes en force comme jamais, merveilleusement outillés et organisés sur terre et sur mer... et l'Air que j'oubliais ! dont nous sommes les maîtres incontestés,.. La mer sera la part des Anglais Rule, rule, the waves Britannia ! ». Les Russes comme des rouleaux compresseurs viendront et reviendront les écraser à l'est tandis que nous les tiendrons sur le Rhin... ou la Meuse. Mais ne faisons pas la mariée trop belle nous n'irons pas jusque Berlin. — Leur frontière est Irop supérieurement gardée, approuve le professeur. Elle veille, forte et fidèle, la garde du Rhin... Chère patrie, tu peux être tranquille », chante leur Wàchl am Rhein. — Mais à l'insolent Rhin allemand de Bêcher* Musset a crânement répondu Nous l'avons eu »... El nous l'aurons encore, crie André. — Avez-vous vu Germania 4 à Rudesheim 2? — Le colosse de bronze forgé de nos canons de 70 sur le Niederwald... — Oui, ce monstrueux monument de la haine d'un peuple et de l'humiliation de l'autre, la personnification orgueilleuse de l'Empire fondé à Versailles. Avez-vous remarqué le basrelief du milieu ? le Rhin qui remet la Corne d'alarme à la Moselle. Je suis certain que leurs artistes s'essaient déjà à une personnification de la Meuse garde^fronlière... — N'en doutez pas!... Dans ses lettres de Versailles, 1 Voir la notice sur la Germania à la fin de l'article. 2 Rudesheim, petite ville de habitants sur la rive droite du Rhin, en aval de Mayence et en face de Bingen, est située au pied du Niederwald, hauteur boisée de 330 m. Centre de production important des grands vins du Rhin, on y fabrique aussi des vins mousseux. — 184 — Bismarck furieux des résistances de Favre 1 et de Thiers 2 pour sauver PAlsace-Lorraine, écrivait A la fin, ils me forceront à leur demander la Meuse comme frontière ». A suivre. Reproduction interdite. Communiqué par le Dr GILLES. TLtSL Germania. Nous remercions M. Houtard, docteur en droit à Bruxelles, de l'aimable obligeance qu'il a eue en nous faisant parvenir l'intéressante communication suivante Au sommet du Niederwald, se dresse sur une saillie 300m-225m au-dessus du Rhin l'imposant monument national érigé en mémoire de la levée unanime et viclo rieuse du peuple allemand et du rétablissement de l'Empire d'Allemagne en 4870-1871 ». Commencé en 4877 sur les plans de J. Schilling -f-1910 et inauguré solennellement en 4883, il a pour figure principale la Germania 40m,50 de haut, la tête ceinte de la couronne impériale et tenant en mains un glaive entouré de lauriers. Le soubassement de 25 mètres de haut sur lequel elle repose est décoré de bas-reliefs, dont le principal, du côté du Rhin, 1 C'est les 18 et 19 septembre 1870 que Jules Favre et Bismarck eurent leur première entrevue au château de Ferriôres, près de Meaux. Bismarck y posa les conditions de paix qu'il exigeait quelques mois plus tard. 2 .THIERS, le 13 septembre 1870, avait quitté Paris pour un voyage dans les grandes capitales de l'Europe, afin de demander aux cours européennes de venir à l'aide de la France qui, le 4 septembre, avait proclamé la République, après la bataille de Sedan. Chargé de cette mission par le gouvernement de la Défense Nationale, le grand patriote ne trouva partout que froideur et indifférence. Thiers, né à Marseille le 15 août 1797, est mort à Saint-Germain-en-Laye le 3 septembre 1877. — 185 — symbolise la Garde du Rhin, l'empereur Guillaume Pr, les princes allemands, le chef de l'armée, etc. A droite et à gauche sont des statues de la Guerre et de la Paix et, dans le bas, le Rhin et la Moselle. Les bas-reliefs de droite et de gauche représentent le Départ et le Retour des Combattants. On a, de la terrasse qui précède le monument, une vue très étendue embrassant tout le Rheingau. MONOGRAPHIE du village de SÉVIGNY-LA-FORÊT Suite. LIVRE IV Nos aïeux. III. — NOMENCLATURE des ménages qui ont habité Sévigny au cours de la période de 1650 à 1700. ADAM Pierre, et Symonne Lespine. ADAM Thomas, et Jeanne Royaux. ACHART Nicaise, et Jacqueline Lebas. AVELOT Jacques, et Barbe Hinique. AVELOT Jehan, et Marie Pierlot. AVELOT Nicolas, et Jeanne Jacquemart. BÉGOT Jehan, et Croisette Véniel. BORGNET Nicolas, et Marie Thévenin. COLLE Gérard, et Jeanne Cochepin. COLLE Jean, et Jeanne Triplot. COLLE Philippe, et Nicole Sommé. COLLE Thomas, et Pierronne Guilloteaux. COUSSY Pierre, et Jeanne Sommé. DOURLEZ Philippe, et Marie Lespine. DOURLEZ Philippe, et Philippine Colle. — 186 - DUPONT Gabriel, et Marié Le Bas; GALLOT OU GALTET Jehan, et Nicole Le Roy. GALLOT Noël, et Barbe Sommé. GODEAU Toussaint, et Elisabeth Colle. HARICHAUT Nicolas, et Pierronne Sommé. D'ICHAUX Dominique, et Charlotte Le Bas. • LA BLOYE Nicolas, et Marie Patran. LA FONTAINE Gabriel, et Marie Le Bas. LAPORTE Hubert, et Elisabeth Véniel. LEQUEUX Gisles, et Poncette Avelot. LEQUEUX Hélie, et Jeanne Vallée. LE BAS Jean, et Anne Mont-Mireille. LE BAS Pierre, et Anne Dourlez. LESPINE Jehan, et Marguerite Ancillet. LE ROY Gabriel, et Pierrette Dourlez. LE ROY François, et Marson 1 Gallct. LUBIN Pierre, et Nicole Sommé, en premières noces, et Jeanne Morigny, en secondes. MASSON Noël, et Marguerite Lequeux. MOUCHIN Jacques, et Noële Sommé. PERLIER Jehan, et Philippette Machurez. PERNELET Jehan, et Marguerite Le Moyne. PERNELET Louis, et Claudine Collinot. PERNELET Louis, et Gérarde du Genoux. PERNELET Pierre, et Marie Avelot. PITRON Pierre et Marie Verget. RICA OU RICADA Toussaint, et Pierrette Thuiily. ROLAND Jehan, et Jeanne Lespine. ROLAND Nicolas, et Nicole Sommé. ROYAUX Jehan, et Jeanne Le Bas. ROYER Jacques, et Jacqueline Pernelet. RYMBOT OU RIMBEAUX François, et Marie Lequeux. SANIER Nicolas, et Jeanne Dupont. SOMMÉ Hiérosme, et Noële Tanton. SOMMÉ Jehan, et Anne Colle. SOMMÉ Jehan' et Gobine Thomas. SOMMÉ Jehan, et Marguerite Sommé. SOMMÉ Jehan, et Marie Couvert. SOMMÉ Nicolas et Jeanne Doué. 1 On employait parfois la forme Marson u pour Marie, par respec pour le nom de la Vierge. — 187 — SOMMÉ Nicolas, et Nicole Le Roy. THUILLY Gérard, et Jeanne Levet. THUILLY François, et Gérarde Andry. TRIPLOT Lucien, et Marson Le Roy. VADEL Victoire, et Françoise Renondeaux. VÉNIEL Antlioine, et Marguerite Tkôvenin. VERGET Jehan, et Croizette Véniel. APERÇU général sur les familles de Sèvigny-la*Fôrêt. Le village de Sévigny, abandonné par ses habitants lors dé la bataille de Rôcroi en 1643, rie se repeupla que fort lentement. Vers 1665, on n'y trouve encore que 15 familles les Adam, Àvelot, Colle, Borgnet, Dourlez, Le Bas, Lequeux, Perlier, Pernelet, Sommé, Le Roy, Véniel, Vérget, Thuilly, Coussy, soit en tout environ 30 ménages. Ils se composaient, sans doute, des anciens propriétaires revenus prendre possession de leur sol, de sorte que ces 15 familles devaient exister déjà à Sévigny antérieurement à l'époque de la bataillé 1. De ces vieilles familles de la Forêt, deux seulement y sont demeurées les Lebas et les Sommé; les autres se sont dispersées ou éteintes. De 1665 à 4700, douze familles se sont établies à la Forêt IesÀchart, Chapellier, Dupont, Gallet, Laporte, Lubin, Pigeon, Ricada, Rimbeaux, Roland, Triplot. Trois d'entre elles y ont encore des représentants les Chapellier, les Dupont, les Lubin. Au cours du xvnr siècle, 26 familles nouvelles se sont établies à Sévigny les Aubert, Carré, Coco, Courteille, Devouge, d'Orbon, Dunaime, Guillaume, Haguetle, Jacquemart, Jouart, La Fontaine, Lagneau, Larbier, Lambert, Lespihe, Manceaux, Manget, Martin, Marlière, Petit, Robert, Roze, Royer, Viot, Woirlier. De ces 26 familles, trois sëule1 sëule1 les anciennes familles du village, on peu citer, d'après les vieilles dénominations de Lieux-dits les Beaumont, Géraud, Lahcelôt, Billette, Moray, Roger, Wariy, Matot, Mortet, Deuxd'ëniers. — 188 — ment ont encore au village des représentants masculins les Baguette, les Manceaux, les Woirlier ou Warlier qui ont la même origine anceslrale. Enfin, depuis 1800 jusqu'à la grande Guerre de 1914, trente familles se sont fixées à Sévigny. Quinze d'entre elles y comptent encore des descendants mâles, savoir les Alisse, Bastien, Cuvelier, Druart, Franquet, Goury, Madoulet, Marthe, Maquart, Nicolas, Benault, Robin, Rousseaux, Thiry, Thomas. Trois se sont éteintes Flinnoise, De Zeddes, David,et douze ontquittô le village Achart,Attiba, Boucher, Chartier, Delille, Geslin, Gobron, Goulet, Marteleur, Pierquin, Ponsart, Ro?isin. Il n?est pas tenu compte dans ces indications de certaines familles étrangères qui n'ont lait que passer au pays, telles que celles de douaniers Lacor, Gréterin, Ravaux, etc. ; celles de Machaux, Leroy, 'Chapelle, Petitqueux, Wine, Jïagniette; ni des ménages sans famille Kuntz, Brichot, Neveux, etc.. Je n'ai pas non plus mentionné les familles de gardes-forestiers et de gardes-barrières qui n'ont pas fait souche au village. P. LEBAS. A suivre. AU JOUR LE JOUR 1914-1919 Notes Se EsoTJL-verxirs Suite. 25 septembre 1917. — H y a déjà plus de trois ans que nos ennemis nous foulent et nous pressurent... Pouvons-nous espérer que cette guerre interminable qui désole et ruine l'Europe depuis 39 mois se terminera bientôt? Dieu seul le sait; mais on sent une grande fatigue chez nombre d'officiers — 189 — allemands, et encore plus chez les soldats. Ceux-ci demandent à grands cris qu'on en finisse. Et nous aussi, hélas ! qui sommes à bout de forces et de ressources alimentaires. Quant aux officiers boches, ils commencent à faire des paris de cent, cinq cents et mille marks-papier — et cela a eu lieu chez moi — m'a dit le commandant Wemkenbach, où deux lieutenants de sa batterie ont parié mille marks à payer à l'un d'eux si la guerre n'était pas terminée en mai 1918. D'ici là l'un ou l'autre, peut-être tous deux seront tués. En rentrant d'une permission de cinq jours, vers le milieu de septembre, ce même commandant me racontait qu'en Allemagne, la voix publique demandant la paix se faisait, depuis quelques mois, de plus en plus forte et pressante, en raison du manque de nourriture et des objets de première nécessité, surtout dans les villes; et que, même dans le temple où il avait assisté à l'office, le pasteur avait traité cette question dont la conclusion était qu'il serait opportun de conclure la paix, dût-on rendre à la France l'Alsace et la Lorraine. Mais, ajoutait-il, je ne crois pas que nous soyons encore à la veille de cette paix blanche que je désire autant et peut-être plus que vous, car l'Elat-major et les grands journaux payés par le Gouverne ment sont toujours fort belliqueux. Ludendorff demeure le maître de la situation et ne veut point entendre parler de paix » 1. 27 septembre. — Voici la copie textuelle d'un papier que j'ai reçu hier de la Kommandantur . HANNS Katol. Lazarett . , , Monsieur le Curé, pfarrer ' D'après l'ordre de l'Inspection du 7/9 17, n° 97 B/3, en cas d'urgence, vous pouvez aller donner l'extrême-onction. 1 Il disait vrai, hélas I et nous devions encore attendre plus d'un au l'armistice du 11 novembre 1918. — 190' — sans laissez-passer, même hors des limites de la Commandanture, jusqu'à l'extrême limite de votre paroisse et, en cas de nécessité, jusqu'aux extrémités des paroisses voisines. Dans ces divers cas, il est nécessaire qu'un soldat vous accompagne et que vous annonciez le fait à la Commandanture après votre rentrée. Signé HANNS Lazarctt-pfavrer. Je n'ai jamais eu l'occasion d'user de cette autorisation. 6 octobre. — Départ du 100° Rég' remplacé par une division d'artillerie» saxonne 3 batteries du 78° Rég% hauptmann Deissner. Hommes calmes, ne faisant pas trop de bruit ; tous on presque tous protestants. 24 octobre, r^- Un officier, policier supérieur, avec un de gendarmerie, est venu aujourd'hui perquisitionner dans l'église pendant plus de deux heures, sous prétexte qu'on avait trouvé dans une église des environs, des proclamations, lettres injurieuses contre le Kaiser, etc. Ils ont tout visité armoires, tabernacle ouvert de l'autel de la Sainte Viéi'ge •— j'ai énergiquement refusé d'ouvrir le tabernacle du grand autel où se trouvait le Saint Sacrement, et ils n'ont pas insisté. -^- Ils ont prétendu que les fidèles avaient apporté sur l'autel latéral leurs chandeliers de cuivre, candélabres, etc., et qu'ils les feraient prendre le lendemain par des gendarmes — ce qu'ils n'ont point fait. A l'aide de leurs lampes électriques, Ils examinaient tous les coins et recoins, derrière les autels, le confessionnal, et arrivèrent à Ja sacristie, où ils me firent ouvrir tous les tiroirs et enlever tous les ornements, à l'exception d'un seul tiroir où se trouvaient dissimulés dans les plis d'un vieil ornement plus de deux cent mille francs de titres au porteur que m'avaient confiés, bien malgré moi, deux vieillards qu'affolaient les perquisitions presque quotidiennes. Derrière une armoire, ils trouvèrent ma petite provision de vin de messe... une quinzaine de hquteilles qu'ils me laissèrent. - 191 — Puis ils montèrent à la tribune et de là au clocher jusqu'au sommet, à travers la forêt des poutres, parcoururent les voûtes branlantes et peu solides de la nef et n'aperçurent pas une magnifique pendule eu cuivre doré qu'une de mes paroissiennes y avait cachée sans me le dire. J'assistais à toute l'opération en récitant mon chapelet, et je fus heureux de les voir disparaître sans avoir rien emporté. En parlant ils m'avisèrent qu'ils reviendraient l'un de ces jours faire la même opération dans mon presbytère, mais je ne les ai pas encore revus, et je suis sur mes gardes. Un homme averti en vaut deux, dit le proverbe, et mes papiers et notes de guerre sont bien cachés. Pourquoi me ferais-je mettre en prison ou envoyer en Allemagne quand je puis encore rester avec mes bons paroissiens, prier avec eux, les consoler et leur rendre quelques petits services. Le 4 novembre. — Après le départ du 78° saxon qui nous avait quittés le jour de la Toussaint, ma nièce, en cherchant mes souliers, s'aperçut que le cuisinier et le valet de chambre qui avaient séjourné au presbytère pendant trois semaines, avaient fait main basse sur une paire de souliers chevreau à boucles d'argent, sur une autre paire en cuir aussi à boucles, une paire de snow-boots fourrés et deux paires de caoutchoux. Les avaient-ils envoyés en Bochie? Mystère ! Vendredi 9 novembre. — Arrivée du 111° Rég 1. Toujours casino. Mardi 13 novembre. — Départ pour Rimogne de dix jeunes filles les plus âgées de la paroisse pour trier les pommes de terre gelées. Elles y resteront jusqu'en décembre, mais pourront revenir ici du samedi soir au lundi matin. Mardi 20.—Au mois de juillet j'avais pu sauver une partie de mes cuivres, grâce au commandant qui avait exigé qu'on laisse la suspension qui se trouvait dans la salle à manger. Aujourd'hui, par ordre de la Kommandantur, deux — 192 — brigands, policiers en bicyclettes, sont venus ce mafm, et l'ayant mise en pièces et morceaux, l'ont emportée dans leurs sacs, ne laissant que le poids en fer permettant de la monter et delà descendre. Ce poids entouré de cuivre fut Bientôt débarrassé de sa précieuse enveloppe. On sentait en ces voleurs des hommes de métier. A suivre. MEMOR. Le Gérant II. BERNARD. PROMOTION DANS LA LEGION D'HONNEUR Nous apprenons avec plaisir que M. Pierre LAGARROSSE vient d'être promu chevalier de la Légion d'honneur. Nous adressons nos respectueuses félicitations à I'éminent magistrat dont la précieuse collaboration honore notre Revue. A nos Abonnés et Lecteurs Pour les abonnements, s'adresser à M. F. JALLOUX, éditeur, passage de Bourgogne, Roeroi Ardennes. Pour la rêdaetion, à M. H. BERNARD, Moulin de l'IleBonne, par Roeroi Ardennes. LE NÉCROLOGE DES RÉCOLLETS DE COUVIN Suite. Juin. [fol. 52 v. ] 2. G. L'an du Seigneur 1682 mourut à Roeroi le noble et généreux sire de Champagne 1, lieutenant du roi, notre principal prolecteur en France. Pendant cinquante ans, il accueillit toujours nos frères avec une grande charité, et ses enfants, héritiers de la bienveillance paternelle à notre égard, ont érigé dans notre église un petit autel avec l'image de S* Antoine 5. C. L'an du Seigneur 1658 décéda le vén. père Théophile Mormal qui, ici et à Givet, fut un très digne gardien. 6. D. L'an du Seigneur 1635 mourut le frère Lambert Maroille, pieux laïque. 7. E. L'an du Seigneur 1735 est mort le père Antoine Charlier, prêtre, prédicateur et confesseur, très zélé pour le chant de l'office divin. 8. F. L'an du Seigneur 1633 mourut le frère Philippe Léonart, laïc pacifique. Le même jour, en 1723, est morte, à Nismes, demoiselle Marie-Françoise Gaye, veuve du sieur Michel-Joseph Delhalle, gouverneur de Saudée. 9. G. L'an du Seigneur 1654 mourut à Couvin Jean Azor, après une vie honorable et une vénérable vieillesse. Son épouse Jeanne Marchand le suivit dans la tombe quinze jours plus tard, le 21 du même mois et de la même année. Tous deux méritent bien nos prières, car ils nous ont beaucoup aimés et, pendant trente-quatre ans, ont exercé, la charge de syndic de notre couvent. 1 Il s'agit ici de Noël de Champagne. 2- Année 24 - 194 — 14. E. L'an du Seigneur 1636 mourut dans ce couvent le frère Jean Massart, laïc. 15. F. L'an du Seigneur 1733, mort du père Lambert Soumagne, pr., préd. et conf., fort aimé par ses relations aimables et prudentes. 22. F. L'an 1645 s'endormit dans le Seigneur le frère Julien Le Poivre, laïc, accompagné des prières et suffrages de ses frères, 23. G. L'an du Seigneur 1676 mourut à Namur le vénérable père Antoine Robaut, jubilaire et définiteur actuel de notre province. Le même jour de l'année 4652 mourut à Bossus 1 Charles Gobert, homme honorable et bienfaiteur insigne de notre couvent. De son vivant il recevait tous nos frères avec charité et un très grand plaisir. 24. A. L'an du Seigneur 1577 est mort le vénérable père François Glerici, deux fois gardien de ce couvent, homme consommé dans la gestion des affaires. Item, l'an du Seigneur 1579 mourut le frère Jean Ilossa, laïc-, très laborieux. 25. B. L'an du Seigneur 1703 Michel Cabaraux et Françoise Fevry, son épouse, paroissiens de Oloy 2 nous envoyèrent une large aumône pour notre couvent. Françoise Fevry mourut le 6 février 1727. 26. C. L'an du Seigneur 1790 est mort dans notre couvent le père Augustin Deroodt, prêtre, postulant du couvent de, Liège. 29. F. L'an du Seigneur 1664 mourut Matthieu Le Cerf, citoyen de Chimay,- ami et bienfaiteur insigne de ce couvent et de l'ordre tout entier. 30. G. L'an du Seigneur 1626 meurt l'illustre seigneur 1 Bossus-lès-Rumigny, Ardennes. 2 Olloy, près de Couvin. — 195 — Florent de Berlaimont, qui nous donna un vitrail pour le choeur de notre église et une très abondante aumône pour la réparation de notre couvent. A suivre. V. T. Notes historiques sur le plateau de Roeroi RUPES RUPEREM Epoque néolithique. — Temps préhistoriques et anciens fin. — Age de bronze. Suite Au commencement du me siècle avant notre ère, dé redoutables invasions venues d'au delà du Rhin, couvrirent tout le pays situé entre ce fleuve et la mer du Nord; Comme les peuplades sauvages, elles n'obéissaient qu'à leur instinct de violences et de domination ; mais, pour satisfaire à leurs courses incessantes, elles se fractionnèrent. Quelques-unes apparurent chez les populations isolées au milieu des marécages de la région de Roeroi, et, en dépossédant ces dernières, elles leur imposèrent des moeurs nouvelles. C'est à ces nouveaux venus qu'il faut, dans notre contrée, appliquer le nom de Gaulois ou Celtes. Ils apportaient l'usage des armes et des ustensiles en bronze ; et ce fut alors pour les individus qui occupaient les gîtes dont nous avons longuement parlé, que commença Y âge de bronze. Ces barbares, au contact des migrations qui s'étaient glissées sur les côtes des mers septentrionales, avaient appris à travailler les métaux pour fabriquer de longs glaives de cuivre, — 196 — à pratiquer quelque peu la culture du sol et à s'initier aux travaux d'une industrie primitive 1. Us présentaient les traits distinctifs des enfants du Nord, sans cependant appartenir complètement à leur race. Us avaient la taille haute, les yeux bleus et la voix tonnante ; mais leur sang était déjà mêlé, car ils avaient perdu le teint éclatant et la longue chevelure dorée. Les tribus ne comptaient que des guerriers qui combattaient presque nus. Un courage à toute épreuve, une audace et une impétuosité sans égales les faisaient partout redouter aussi les attaques qu'ils lançaient contre leurs ennemis étaient-elles irrésistibles. Les gîtes qu'ils transformèrent en camps formidables, manifestent leur hardiesse et leur esprit de suite. On ne saurait se défendre d'une pensée d'admiration en les examinant de près et en étudiant ce nouveau genre d'art militaire défensif, tout à la fois simple et robuste. Et dans la région, Vépoque néolithique finit à l'arrivée de ces peuples victorieux. A suivre. H. B. 1 D'après MOKE Moeurs et usages des Belges, p. 5. Ouvrage publié par la Société Nationale de Belgique, Jamin, Bruxelles. O'esrfc la, G-\xex»x»e ! 191^1918 IV. - LES PARISIENS Suite 1 Après le goûter, madame est partie, comme tous les soirs, en compagnie de man Rose, faire une petite promenade. Dans une pâture peu éloignée de la gare de Rumigny, elles rencontraient MmoBorgnet 2 qui trayait ses vaches, et naturellement la conversation roulait sur les événements. M" 10 Borgnet avait les mains qui tremblaient en tirant les mamelles. M an Rose lui dit tristement Dire qu'André avait eu la chance de faire son congé avant la Loi de trois ans, qu'il allait revenir libéré avec les autres soldats de Rumigny, pour la fêle en septembre, et qu'on va peut-être les garder fous à cause de cette maudite guerre!.'*. Et les y envoyer peut-être !... Voilà bien la chance. On parle depuis quarante ans de reprendre l'Alsace et la Lorraine, et on s'y décide justement quand notre fils est au service. Je me 1' suis bien souvent pensé »,en voyant tous ces enfants devenir grands, qu'on les prendrait. Car, malgré tout ce que racontent ces messieurs Parisiens, on ne m'ôtera pas l'idée que c'est à cause de l'Aisace-Lorraine qu'on va se battre, v'ià tout. Je l'ai dit au goûter à ma fille, fl Voir les numéros précédents de la Revue à partir du n° 11. 2 M"" Borgnet et sa fille furent arrêtées en 1917 parla gendarmerie boche pour avoir caché 5 kilos de viande de boeuf en 10 morceaux placés dans un pot enterré dans cette pâture dite ce à la Berbie morte ». La viande était légèrement salée. Les deux femmes furent prises par les gendarmes la pelle à la main, et elles devaient faire de la prison. Mme Borgnet étant malade, sa fille s'est dévouée, et elle a fait les deux peines vingt jours de cellule à Liart. Communiqué par Mme Meunier, de Rumigny. — 198 — surtout pour lui faire raconter ce que les autres avaient dit de la guerre ». — Ma pauvre maman, m'a-t-elle répondu C'est bien plus complexe que ça. Quand je le dirais que les Hohenzollern 1 ont poussé à bout la patience de l'Europe, du monde entier plutôt !... que François-Joseph est un sénile, un sinistre pantin dont la justice militaire allemande tire les ficelles !... que la France doit anéantir l'Allemagne, ou ne plus être !... Etre ou ne pas être ! Une question de vie ou de mort pour nous, voilà ce que c'est à l'heure actuelle. Telle est l'opinion d'André ». — Tout ça, ma fille, c'est des diries », a fait sincèrement Man Rose. Que je plains nos pauvres soldats ! » Il y a des jours où Ton trouve que tout va mal et, la nuit, on sent encore davantage sa peine. J'ai pleuré tout bas dans mon lit en y pensant... A suivre. Reproduction interdiie. Communiqué par le Dr GILLES. 1 Les Holienzollern, c'est-à-dire l'ancienne dynastie représentant la mentalité orgueilleuse et fausse du peuple allemand. Voir à ce sujet Onésime RECLUS La terre à vol d'oiseau Le caractère allemand, p. 103,104, et P. FONCIN Géographie générale, l'Allemagne, not 127-128, Paris, 1888. Rien ne définit mieux le peuple allemand que les sculptures du monument de la Germania, que nous décrirons dans notre prochain numéro. MONOGRAPHIE du village de SÉVIGNY-LA-FORÊT Suite. LIVRE IV Nos aïeux. IV. — NOTICES sur les principales familles anciennes de Sèvigny-la-Forêt. JFamilIe AXTBJEïftX On fait remonter cette famille à Jean Aubert, époux de Jeanne Fransquin, qui habitaient Chilly en 1760. Un de leurs fils, Joachim, mourut curé de Saint-Remi de Reims en 1829; un autre, Jean-Louis, épousa, en 1788, Marie-Juliette Sommé, de Sévigny, où il s'établit. Parmi ses enfants, il faut citer 1° Jean-Louis, époux de Marie-Antoinette Martin an III1851. Ils habitaient Chilly et eurent 9 enfants, dont Justin, père des Aubert de la Taillelte ; Cyr, professeur à Saint-Omer ; Charles, professeur à Reims 1, où il est mort ; 2° Joachim, qui devint notaire à Renvvez, où il est mort en 1856. Son fils Jules lui succéda, et sa fille épousa le docteur Speckhann, de Renwez ; 3° François, qui devint chanoine et curé de Saint-Remi de Reims, dont je donnerai plus tard la notice à propos des curés originaires de Sévigny-la-Forêt ; 1 C'est à son obligeance el. à celle de M. Henri Spire, de Charlcville, que je dois ces renseignements. La fille unique de Charles Aubert se fit religieuse des Dames de Nazareth, à Rome. - 200 — 4° Jean 1789-1867 cité ici le dernier, bien qu'il fût l'aîné do la famille, parce que sa descendance termine cette notice sur la famille Aubert. Il eut, entre autres enfants, de son épouse Marie-Françoise Madoulet, à Sévigny A. — Jean-Baptiste-Augustin 1814-1888, instituteur, dont les fils Edmond-François 1842-1892 et Victor 18481921 sont morts à la Forêt, et dont la descendance s'est dispersée. B. — Adonis, qui devint prêtre 1821-1870. C. — Louis-Auguste, qui fut capitaine des douanes, mort en 1896, survivant à sa fille unique. JFamïUo AVELOT Cette très ancienne famille du Plateau ne s'y est guère multipliée. De Jacques Avelot 1622-1693, originaire de Rimogne, à Joseph-Désiré 1820-1888, époux de Clolilde Lubin, en qui la famille s'est éteinte en ligne masculine, on compte à La Forêt huit générations d'Avelol, et une quarantaine de naissances seulement. Souche Jean-Louis Chapellier, époux de Catherine Hamelle, de Maubert. Son fils Nicolas 1685-1760 épousa Nicole Dupont, de la Censé Gallois, et donna naissance à de nombreux rameaux par ses fils Nicolas, époux-d'Alexisse Pernelet, souche des Gilles; un autre nommé aussi Nicolas, époux de Barbe Camée de Baâlonsj, souche des Chapellier, dont la descendance habite encore Sévigny; enfin, Louis, époux de Josèphe Pernelet, souche des Chapellier du ChevalBlanc, Bourg-Fidèle et Roeroi. Ces derniers ont émigré en partie à Paris 1; un autre, Henri Chapellier, est maire de Rouvroy depuis 1923. 1 Cette branche compte parmi ses représentants, M. Emile Chapellier, né à Roeroi le 10 août 1851, habitant Paris depuis soixante ans. — 201 — Famille DEVOUGE Famille de Bourg-Fidèle et Roeroi, dont une branche, issue de Jean Nicolas et de Marie Royaux, habita Sévigny, de 1735 à 1795. Nicolas Devouge, dit le Quinque » 1747-1826, époux d'Elisabeth Le Roy, eut 13 enfants qui s'établirent presque tous au Cheval-Blanc, où la famille s'est éteinte avec Zéphirin 1846-1871. JFamîll© J>TJJPOIVX Voir l'article La Censé Gallois, n° 20 2m 6 année de la Revue du Plateau de Roeroi, du mois d'octobre 1924, p. 135 et suiv. Celle famille habitait le Bourg-Fidèle à la fin du xvne siècle. Nicolas flaguette et Jehanne Martin eurent pour fils Jacques 1656-1746, qui épousa Nicole Sommé, de Sévigny, où ils s'établirent en 1708. C'est d'eux que descendent les Haguette de La Forêt, par Jean-Baptiste 1716-1760, époux de Marguerite Lebas, elles Haguette du Bourg, par Jean 1729-1819, époux de Nicole Borgnet. Cette famille remonte à Guillaume La Fontaine, époux de Marie Lebas fin du xvnc siècle. Elle s'est éteinte en 1827 avec Jean-Baptiste, célibataire, n'ayant fourni à la communauté de mais demeuré surtout ardennais. Artiste par tempérament graveur, paléographe et calligrapho. récompensé aux Expositions; financier par profession, longtemps attaché à la Société générale; mutualiste et philanthrope par conviction, lauréat delà Société d'Encouragement au Bien, M. Chapellier est aujourd'hui Directeur très actif de la Société d'Encouragement au Devoir Social, qu'il a fondée en 1901. La Revue historique du Plateau de Roeroi s'honore de compter au nombre de ses amis cet éminent compatriote, dont la biographie a été publiée par Paul Trubert, dans la Tribune de la mutualité du Nord-Est » d'octobre 1904 n° 34. — 202 — Sévigny que 12 naissances, sur une durée de cent soixantedix ans. Les Lebas, des Ardennes, sont originaires, croit-on, de la Bretagne. Jusqu'au xvme siècle, ce nom s'écrivit en deux mots Le Baz, puis Le Bas. Jehan Lebas, époux de Anne Monlmireille, eut pour fils, à Sévigny I. — Nicolas, souche des Nicolas Marianne». Cette branche n'a plus pour représentants, après 8 générations connues, que Jules Lebas, époux de Anna Barré, à Harcy, et ses deux .fils. II. — Pierre, époux de Anne Dourlez, dont le fils Nicolas 1687-1742 épousa suceesivement Jeanne Roland et Jeanne Triplot. Du premier mariage, naquit Pierre 1719-1783, époux d'Elisabeth Caigneaux, du Tremblois, d'où sont issus les Petit-Pierre », les Gratien » et les Antoine Lebas » branches mortes, enfin les Pierre Nicolas » par Pierre Nicolas 1758-1818, époux de Marguerite Guilloteaux. Du second mariage naquit Nicaise 1733-1793, époux de Marie-Jeanne Pailot, de Sécheval, d'où sont issus les Tontons », branche éteinte ; les Renard », par Etienne époux de Catherine Roze; les Gros », branche éteinte ; les Clément », également éteints. La famille des Lebas est aujourd'hui très dispersée. Jacques Lubin, de Signy-PAbbaye, vint s'établir à Elalles, où son fils Pierre 1664-1741 épousa Jeanne Morigny. Devenu veuf en 1699, Pierre épousa en secondes noces Nicole Sommé, veuve de Nicolas Roland, de la Forêt. De son premier mariage descendent les Layette », branche éteinte, et les — 203 - Lubin de Sécheval. De son second mariage descendent, par François Lubin 1703-1780 et Jeanne Courteille, foutes les autres branches des Lubin de Sévigny. Celte très nombreuse et très prolifique famille de la Forêt est cependant sur le point de s'éteindre avec Lubin, célibataire, et Gaston Lubin, marié à Paris, sans enfant. On pense que les Madoulet du plateau de Roeroi descendent de. la famille d'un officier liégeois qui, à la suiîe de la révolte de la ville contre le duc de Bourgogne, et de la répression qui s'ensuivit 1468-69, s'était enfui dans les bois sis entre Couvin et la Meuse avec tous les siens 1. Anthoine Madoulet, épouse Pierrette Lespine, eurent à la Forêt vers 1700 Joseph, souche des Madoulet de Roeroi et du Bourg, et Jean-Baptiste, époux de Marie-Anne Borgnet, souche des Madoulet de Sévigny et du Cheval-Blanc. JFaimïHe MANCEAUX D'après l'étymologie de ce nom, le Maine serait le berceau de cette famille Monceaux = habitants du Mans. Fixés à Acivilîcrs dès lo xvn° siècle 2, les Manceaux se sont établis à Hyraumonl en 1719, par suite du mariage de Pierre Manceaux avec Jeanne Linglet, de Roeroi. Leur fils Jean-Louis 17231 17231 Je retourne un peu à parler de ce pauvre peuple qui fuyoit de la cité... Ces misérables gens fuyoient par le païs d'Ardenne avec femme et enfants. Un chevalier demourant au païs qui avoit tenu leur party jusques à cette heure, en détroussa une bien grande bende... Autres fuyoient à Mézières-sur-Meuse, qui est en Royau me. Deux ou trois de leurs chefs de bendes y furent pris, dont l'un avoit nom Madoulet, et furent menés et présentés au duc, lesquels il fit mourir. » Chroniques de Commines, Livre 11. 2 Des Manceaux d'Auvillers est issu le R. P. Manceaux, religieux réçollet éminent qui était encore gardien du couvent des Récollets de Charleville à la Révolution. — 204 — an VIII, époux de Marie-Jeanne Joly 1, fut la souche 1° des Manceaux de Rocroi-Hyraumont par son fils Pierre 1748-1809, époux de Françoise Marage ; 2° des Manceaux de Deville, par son autre fils Jean; 3° des Manceaux de Sévigny par ses autres fils Jean-Louis 1758-1807, époux de Alexisse Sommé branche des Manceaux établis à Mons Belgique et des Hubert Manceaux et Guillaume 1759-an VIII époux de Marie-Nicole Lubin branche des Manceaux actuellement vivante à Sévigny. Une vieille tradition familiale qui m'a été transmise par Emile Maquart 2 rapporte que celle famille est originaire du Grand-Duché de Bade, Maquart étant le mot Mackart francisé Etymologie d'illustre famille. De la souche des Maquart fixée à Girondellc etMaubert, est sorti Maquart qui épousa à Sévigny, l'an VII, Catherine Lubin, et fut la tige des Maquart de la Forêt. Vieille famille des Mazures, d'où Jean-François Martin vint en 1771 épouser Marie Lebas, a Sévigny-la-Forêt. Ses descendants s'y maintinrent jusqu'en 1919, date du décès de Lucien Martin, le dernier de cette famille, mort à Sévigny sans enfant survivant. P. LEBAS. A suivre. 1 Fille de Jean Joly, meunier & Etallcs, lequel a laissé son nom à un petit ruisseau de la Forêt, dont il a fixé le cours. 2 Mort à Brie-Comte-Robert en 1920, retraité des contributions indirectes. AU JOUR LE JOUR 1914-1919 ]>Jotes Se Souvenirs Suite. 21 novembre 1917. — Dans la nuit du 19 au 20 novembre, grave accident de chemin de fer entre MaubertFontaine et Auvillers-les-Forges. Collision entre deux trains l'un de soldats, l'autre de munitions. L'un de mes jeunes catholiques qui va, chaque jour, travailler pour les Prussiens à la gare de Maubert avec quelques hommes, dont le vieil instituteur, réquisitionnés pour le transbordement des marchandises, a entendu dire qu'il y avait une quarantaine de soldats tués, dont 4 ou 5 officiers, le double de blessés ; 9 wagons auraient pris feu. Quelques gens d'Eteignères auraient vu et rapporté le fait. Mais il doit y avoir exagération, car il y a grand gala ce soir à Maubert chez le colonel du lll'Rég' d'artillerie, et la plupart des officiers qui mangent chez moi y sont conviés. Je pourrai donc dormir tranquillement cette nuit. Dimanche 2 décembre. — Nuit de noce ici de samedi à dimanche. Le colonel de Maubert est venu en auto avec un de ses officiers. Presque tous les officiers des batteries qui logent dans la commune se sont réunis au casino du presbytère au nombre d'une quinzaine. Epouvantable ! Ils ont absorbé 24 bouteilles de vin blanc et rouge et 4 litres de rhum, cognac et autres liqueurs. Ils ont brisé deux chaises, cassé je ne sais combien d'assiettes et de verres, ainsi qu'un des pieds de la table à rallonges, sur laquelle ils sont montés — on y voit encore la marque des clous de leurs bottes. — Ces gens-là, des surhommes ! non, ce sontdes sous-animaux... La plume ne trouve pas d'expressions pour peindre une scène pareille. Hurlements — 206 — de bêtes fauves, d'épileptiques, de fous, de démoniaques ! Ma nièce a reçu le 16 novembre une dépêche de la CroixRouge donnant de bonnes nouvelles de notre famille se trouvant en France, et lui demandant avec instance de passer, si possible, en cette patrie bien aimée. Mais, c'est impossible. Outre qu'il n'y a que très rarement des départs pour la Suisse, nous avons appris que souvent les rapatriés sont obligés de passer quinze jours, trois semaines et plus en Belgique avant d'arriver à la frontière suisse, et de là en France. Même, deux habitantes de la paroisse parties depuis six semaines pour la France sont revenues ici après des fatigues inouïes et des incidents extraordinaires. 5 décembre. — La dernière nuit a encore été effroyable. Tous les officiers en repos ici se sont réunis chez moi pour une de ces parties fines dont ils sont coulumiers. Et cela a duré de 8 heures du soir à 2 heures 1/2 du matin. Il faudrait la plume et l'imagination du Dante dans son poème sur Y Enfer, ou le pinceau de Michel-Ange dans son tableau du Jugement dernier, et de Téniers dans ses toiles représentant les ignobles beuveries de soldats, pour reproduire ces scènes abominables. De vrais soudards ! Ce surhomme allemand, si fier de sa Kultur, n'est au fond, je l'ai déjà dit, qu'un sous-animal ; et encore, pour ne pas calomnier la noblesse d'un certain nombre d'animaux, il faut le comparer aux animaux les plus immondes. Ces officiers sont des sous-pourceaux insolents, tapageurs, ivrognes, durs envers les pauvres soldats qui valent cent fois mieux qu'eux. Quand ils ont perdu la moitié ou les trois quarts de leur raison au fond de leur verre, ils ressemblent à ces démoniaques dont les protestants, lecteurs de la Bible — et presque tous sont hérétiques — peuvent contempler les gestes dans l'Evangile S. Matth., VIII, 28-34 ; Marc, VI, 1-20 ; et Luc, VIII, 26-39, ces démons chassés par le divin sauveur Jésus; qui demandaient à se réfugier dans le corps des pour- — 207 - ceaux. Ces officiers goujats n'ont aucun respect ni pour la vieillesse, ni pour l'enfance, ni pour le caractère sacré du prêtre. Que l'orgueilleux kaiser, le cardinal de Cologne, les curés et pasteurs de la grande Allemagne soient fiers d'une aussi crapuleuse engeance, c'est leur affaire ; nous ne pouvons,. nous, que dire la vérité, et elle est triste et dure. Manet alla mérite reposlum, disait Virgile ; et Juvénal Facitindignatio versum. Nous leur pardonnons, mais nous ne pouvons oublier. Et nous leurs jetterons, à la face de l'univers, ce cri de notre coeur soulevé ce sont des goujats, des bandits, des barbares, avec un vernis d'hommes civilisés. Il y a quelques rares exceptions, et nous les avons déjà notées. Mais que la plupart des officiers du 78" et du 111° Rég 1 d'artillerie soient maudits de Dieu et punis par Lui ! Ce ne sont pas des hommes, mais des bêtes. Devant ces hideuses bacchanales qui se renouvellent trop souvent, comment n'inplorerions-nous pas delà divine Providence, à cors et à cris, cette paix que Dieu seul peut nous donner? Comment les Gouvernements ne comprennent-ils pas }ue la continuation de cette guerre interminable est un fléau, jne plaie et une ruine pour les pays envahis par celte crapueuse soldatesque. Remercions toutefois le bon Dieu qui n'a pas îermis ici les scandales que l'on raconte dans quelques croisses voisines. Que de femmes et de filles dévergondées ! }ue de dénonciations calomnieuses et souvent irréparables ! MEMOR. A suivre. NÉCROLOGIE Mademoiselle cie " Mademoiselle la comtesse Marie de VILLERMONT est morte le 8 janvier 1925, en son château d'Ermeton-s Biert, près de Namur. Née à Bruxelles le 15 août 1847, M"" Marie de Villermont alliait une intelligence supérieure à une âme d'élite. Les arts, la littérature, l'histoire furent de son domaine. Les Revues .belges et françaises ont reproduit ses articles et ses dessins, principalement ceux qu'elle avait consacrés à la région frontière Rocroi-Couvin. Issue d'une famille qui goûta grandement les vieilles et belles choses, elle recueillit les leçons de son père le comte de Villermont, de Saiut-Roch, qui a publié d'intéressantes notices sur la contrée. ^ Parmi les frères de M" 0 Marie de Villermont, nous connaissons surtout le comte CARLOS de Villermont, de Boussu-enFagne, membre de la députation permanente de Namur, dont les recherches parues sont pleines d'esprit et d'intérêt et qui a grandement souffert pendant la grande guerre en raison de son patriotisme élevé. La mort de M"° Marie de Villermont met en deuil, outre les grandes familles belges, les familles françaises des comtes de Chérisey et d'autres alliances avec les Maillé et les Richelieu. H. B. Le Gérant H. BERNARD. TRIBUNE PUBLIQUE Nous remercionsladocte personnalité, M. Pierre LAGARROSSE, à Roeroi, qui a daigné ouvrir la Tribune publique dans le précédent numéro de notre Revue historique du plateau de Roeroi n7l2, p. 168. C'est à propos du sens de cette dénomination de Rupes rûperem, attribuée au plateau de Roeroi dans certains vieux 'manuscrits do la 'Tabula ilineraria Peutengeriana, CI'ORTELIUS et de MoRisrus, d'Anvers, fin du xvi° siècle 1597-1598. M. Maurice SABBE, conservateur du Muséum PlantinMoretus, à Anvers, dans une conmruuication qu'il nous adressa le 14 août 1923, incline à croire qu'il exista plusieurs manuscrits corrigés de la Tabula avant l'édition définitive de MORETUS 1624. Cette dernière édition reproduite par des auteurs modernes DKSJAUDINS Paris, 1869-76. et MÙLLER Ravensburg, 1888, est la meilleure, la plus précise et laisse loin derrière elle l'explication que nous avions donnée dans le 1e'' fascicule de notre Revue p. 3, 5, et note 6 do la page 5. 1™ réponse On sait que, parfois, dans les mots latins manus manus le signe -^, abréviation de m, quelquefois de n, était employé par lès copistes au-dessus de Vu. Ce signe se retrouve mémo ' dans les textes français avant le xvn° siècle. Rupes rûperem doit donc se lire rupes rumperem. 2° réponse Cette espèce d'accent circonflexe que nous plaçons sur Vu n'est qu'un genre d'impression de province nous aurions, voulu y remédier, mais jusqu'à présent la chose nous aôté nnpossible, et nos lecteurs voudront bien nous le pardonner. 3° réponse La traduction littérale du latin rupes rûperem s'est trpuvée un peu Axusséc par ces mots amas de rocs, etc. » fascicule 1, page 3 de la Reçue, mais elle n'en subsiste pas 'moins, puisque l'ôminent critique qui nous pose cette question lui donne, au fond, le même sens que nous 1. H. B. ,^ 1-D'ans la communication faite en Tribune publique par M. P. 'LAGiRROssE n° 12, p. 168, une faute d'impression s'esl glissée au 6e'-paragraphe. Au lieu de Il faut s'expliquer », lire Il faut '/'expliquer ». .2° ANNÉE. .^ AVRIL 4924. 14, France 10 francs Étranger 12 francs DU PLATEAU DE ROCROI Le Numéro 1 Franc oO'gg'OoJÀLLOUX^ê oO'gg'OoJÀLLOUX^ê ROGROI— Passage de Bourgogne R. C. ROCROI 382 192 4 ivy&ilttiiERôMi -SOMMAIRE DU-N^ 14 —-Maisons bianohes LACIIÉSNÀÏE. Ïb^+Iiupes riûperem. —- Le gîte de Rumigny-Aouste. B. '* ÎIL.—\C'êsï la Guerre — Propos deguerre au;yiliage suite..; 'v-,-. -;;\" .''•%..'-;^';"'"'. -.;/ "_; "v ;;^ >. 'V% M^-G^AP?, IV. rr- Monographie sur ';Séoigny-laJForêi. -^ Livref .ÏII. 'Sé^ignjf les âges suite. ; '-\ P. L, ; . ;• V^.'— Au; Jour le Jour 1914-1919, Notes . et',' Souvenirs, suite. '.'- „.ï; 1 '-•''-' "-.'. MEMOR. Vf. r-~Néeroîogie M. A. Baulniont, P. L. VII. -— Tribune publique. NECROLOGIE, Nous avons appris la semaine dernière; avec une douloureuse émotion, le décès de M. A. BAULMONT,'notre très érudit historien et -archéologue ardennais.' C'était un grand ami de notre région de Rocroi, qu'il avait parcourue en tousi M. L. Pierquin au cours dés fouilles et/dés études; qu'ils faisaient dans lès Pothées. Dans la Remie Historique doM, PaulLaurent— ce véritable mqnu' mqnu' d'érudition ardennaise — à laquelleilcoliabora pendant vingt ans sous le modeste pseudonyme à&.Numa Alïïot, M. BAULMONT nous, a donné entre autres La surprise de Roeroi en 1856 ; Une exemption -de tailles a Mandert en 1646., M, BAULMONT déchiffrait encore pour nodSj à son.; lit; de-mort, une armoriée de Sévigny dont nous lui avions, adressé le. croquis,, et il avait, promis à la .Revue -historique du plateau de Roeroi une notice plus étendue sur cette taque, .quand il serait guéri...' Hélas ! nous ne pouvons puisque remercier le vieux savant. Il'est mort à Çharleville le 31 mars, àl'âge ;dèj87àirs,v ; ^. " • '•'-"." ;;,;,' '. -, '... . -'-' Nous lui adressons aujourd'hui notre, suprême liommageeË' respectueux salut; en nous; associant^aux paroles éloquentes .et si touchantes qu'ont prononcéessur sa-tpmbeMM. Vess_et, . .'Mâssiet dniBiest et PauLLaurëiit, son compagnon de travailô r -' '. /".' "'•'".''''>- •;"'.' '' .. .-"-' ;ïC'~\.'- Paulin LÊBÀS. .' -*; ; ". 2% MAI 1924. N° 15, France 10 francs Étranger 12 francs SU PLATEAU DE ROCROI Lé Numéro 1 Franc JALLQUXê éditeur - RÔÇRO^- Bourgogne R. C. ROCRO! 382 , 192 4 ; ;_;^EWE-;qU fJJ\TEAt!^DFfl v".;-. Epoque iiéoHùhiqiie .-Temps préhistoriques el anciens Age de pierre, âge de bronze,'âge dé fer. Période gauloise. — Période gallo-romaine..—- Epoque frânque..'— Le Christianisme. —7- Moyen-Age. — Temps modernes.' , ' ; - ." /•' Période conleiriporaine. .,'.-;; ' , ,v. Maequeiioise, ' SainL»Mïchel, Momignies. — Chiinay-JePleuinoiH. -— Virelles. — Signy-le-PeliL -—\ Rumigny, Apusle, Les Esteiliiseux. -— Belzy. -— Cliilly, Elalcs, Hamzy, — L'Escaillôre, la Grosse Rochelle. .*—. Gourieux-Saiiû-Rion. — Boulonville. — Lomprel. — Dailly.—- Frasnes. — Nismes; '— Dourbes. — La Roche à Lomme. — Couvin. SOMMAIRE'DÛ N° 15 ï. — Là Vierge 'de la Victoire. ~\" ..'&. B. H. —La. Bataille de Rooroi. .•., -P. L.^ Ilï.'-_ùa souvenir de la Bataille de ..Roerbi. H. B.. Z° ANNÉE, — JUIN 1924.. N° 16 France 10 francs Etranger 12 francs REVUE HISTORIQUE DU PLATEAU DE ROGROI ILe, Numéro 1 Frane JALLOUX** éditeur ROCROJ — Passage de Bourgogne R. 0. ROCROI 332 1924 SOMMAIRE DU N0J16 I. — Le Nécrologe des Récollets de Couvin, par le R. P. UBALD D'ALEXÇON, traduction française. V. T. IL — Rupes rûperem suite. — Le gite du Gland, à Signyle-Petit. — La Pierre do la Vierge. - , II. B. - III.— C'est la Guerre. — Propos de guerre au village suite. M"'" IV. — Monographie de Séoigny-la-Forét. — Livre III. Sévigny à travers les âges suite. P. L. V. — Au Jour le Jour 1914-1919. Notes et Souvenirs suite. MEMOR. .VI. — Tribune publique. VIL — Livre d'or. VIII. —Promotion d'Officiers d'Académie. La Réd. . TRIBUNE PUBLIQUE LES QUATRE FILS AYMON La question dcmeuio en" suspens. Vieille terre d'Ardennc, veul-on te ra\ir un des plus beaux fleu1011s de ta couronne? enlever ce qui procure au loin l'attrait elle charme de ton nom ? Tes rochers! mais ils sonI, envies de l'étranger qui en admire la sauvage magnificence et l'éternel décor synonyme de fon granit. - De vous tous, Ardennais, fiers de votre origine et de votre sol, gardiens de ce précieux resor, de vous fous nous attendons un geste' généreux en faveur de ce qui reste de l'admirable rocker des Quatre Fils Aymon. , V.^ ^BAUMoNTi-^dânsr v..'.v-;'!N'Qiùs^>.êm^ Ai^ennes/^i^i^ * iiîunicationçdu; regréjté'MVAi;;Baulmohï; .?;S - " "~^';yi -^c?"> '-'? "-. 'S 2* ANNÉE. — JUILLET 1924. N- 17 France 10 francs Etranger 12 francs DU PLATEAU DE ROCROI Le Numéro 1 Franc JALLOUXifcé éditeur ROCROJ — Passage de Bourgogne Ri C. ROCROl 362 19 24 M M M PLATEAU DE* ftOGRCl! Epoque' hëpïïthiqùe!.-Temps préhisloïiques et anciens Age de pien-eVage dé bronze^ âge de iei". - Période gauloise. ;-—* Période gàllo-rolnaineJ-— Epoque franqué. -^- Le Chris - Moyen-Agé. -T- Temps modernes. ''/ - V-.. -.?' ,, v Période Contemporaine. ^ o ; ,..'. Macquènôisé, Sàinl-Miehel,.'/Moinignies; •-— Chimay-IePleumoiit. —- Viïelles. — Signy-le-Petit. —-u Rumigny, Aptiste, Les Eslei'hiseux. — Relzy. -— Chilly, Etales, Ilamzy. •— L'EscàiUère, la Grosse Rocheite. —- Gourieux-Saint-Rion .' r-r-Roulpiïville> -^-Lozttpret. —-Dailly. — Frasnes.—-Nismes;. /— poûrhes. -1— La Roche à Loriime. — Cou vin. v SOMMAIRE DU N° 17 L-;— Le de Couvin, par le R. P. UDALD D'A-LENÇONJ traduction française. .-.;.-;'•' "•''> V. T. IL ^ Êupes ruperem suite. "—* Hamzy. H. B. ;/, ïil. -^.C'est -^ Propos de guerre au village suite. '.'''' ;"".\''v. ' ;.;- ;'- 'ï {_ 'v'~;J ; .C;-^;. ' '' '.'- y'';;y~.'' ; M1" 'y W.— ^Monographie fa '—-" Livré' les âges suite.,; -; ,;"„"" -' . - P; L. ;'Vv^;. ;^t Jour-le Jour i914-ï919y Notgsyët; 'Squw venirs suite..; ,. ;-' y •' ;; •'.'.;;..''.'/> -.;.; ;y,y.'.MÉMOR;/r 2= ANNÉE. — AOÛT 1 924. N° 18 . France 10 francs Etranger . 12 francs DU PLATEAU DE ROCROI Le Numéro 1 Franc JALLOUXê éditeur, ROCROI .r^ Passage dé Bourgogne R..C.[ROCROI . '. - 19 2 4-r- ;' REVUE DU PLATEAU DE ROCROI SOMMAIRE DU N" 18 ., I. -r- Un Récit inédit de la bataille de Roeroy. ' HUGUES DE MONTBAS. IL .— Considérations sur le Champ de bataille de Roeroy, par le généralGarbit. H. B. III. -7- Les Chef s d'unités de l'armée du duc d'Enghien tués à la bataille — Gpdefroy II de Romance. H. B. IV. — Le notaire Lemoyne et la'famille Pigeon. . H. V. —- La Stèle de la bataille de Roeroi à Rouge-Fontaine. H. B. VI. — Livre d'Or- ÀlaubertrFontaine. LIVRE D'OR Paroisse de Maubert-Fontaine. .-' • Le 26 août 1914, le jour même de l'entrée des Prussiens en France, celte paroisse fut une de celles qui eurent le plus à souffrir de leur férocité. Située à une dizaine de kilomètres de la frontière' belge, les impitoyables uliïans y arrivèrent dans l'après-midi. Ivres de rage et de sang, ils y, portèrent le fer et,le feu, massacrant ; hommes, femmes et enfants dans cette lugubre soirée et pendant .la nuit.' y' ' ,- '. Voilà bientôt dix ans que se sont produits ces sinistres évènenements, et quels crimes les ont suivis! On aurait pu croire que. personne n'oserait, après si peudë temps écoulé, essayer d'ensevelir dans l'oubli ces crimes voulus dél'Allemagne. S'il est vrai que, dans certains milieux, souffle aujourd'hui je ne sais quel vent de,défaitisme, s'ibest vrai qu'il se rencontre quelque part des gens; au coeur déplacé, 'même dans les chefs des nations -alliées et chez nous, hélas 1 ,pour faire Tàpplogié de. la.'désertion, tous les braves gens et les anciens; combattants sont .là pour; revendiquer l'honneur;'d'avoir sauvé la France/ et maintenir intacts Thon- 2° ANNÉE — SE'pTEsimiE 1ÏÏ24. N° .19 France 10 francs Etranger • 12 francs DU PLATEAU DE ROCROI Le Numéro 1 Franc JALLOUXè éditeur ; '.'.-. ..ROCROJ -^- Passage i •'. R. C. 382- . ; '. -..,; ' REVUE DU PLATEAU DE ROCROI '...'.-./ SOMMAIRE DU N" 19.; I. — Un Récit inédit de la Bataille de Roeroy 19 mai 1643. Suite et fini - HUGUES DE MONTBAS. IL— Deux Errata. III. — Lé Nécrologe des Récollets de Couvin, par le R. P. UBALD D'ÀLENÇON, traduction française suite. V. T. IV. — C'est la Guerre. -±- Les Parisiens suite. V. — Monographie de Sêvigny-la-Forêt. — Livre III. Sévigny à traversées âges suite. P. L. VI. — 4 Jour le Jour 1914-1919. Notes et Souvenirs suite., MEMOR. VII-—Nègrologie M. Alfred Drouart. H. B. VIII. —Livre d'Or .-Paroisse de Maubert-Fontaine. NÉCROLOGIE ALFRED DROUART Alfred DROUART naquit à Maubert-Fontaine, le 21 mars 1837, il y est mort le 18 août 1924. Archéologue, historien, monograplie, géologue, tels sont les titres de M. Drouart à notre souvenir. Pendant qu'il habitait Paris, la Bibliothèque Nationale et la Bibliothèque Mazarine firent ses délices de chercheur intelligent et . infatigable. Il y découvrit d'intéressants documents sur la région do Ro'croi et son champ de bataille. C'est de 'ce moment que date sa correspondance avec Edouard Piéfte, correspondance malheureusement anéantie le jour de la grande invasion, 26 août 1914. Plus tard, le duc d'Aûmale, Ernest "LavisséJ dom Noël, trouvèrent auprès de lui dé nombreux renseignements. Rentré à Maubert, la forêt des Potées devint l'objet de ses études et de sa constante sollicitude. Qui pourrait mieux nous renseigner que son ami Paulin Lebàs? Leregrettê M. Baulmont et M. Pierquin,. de Chàrleville, s'associèrent à ses travaux. M. Paul Laurent, archi- viste départemental avant là;guerre, venait le sa Mi Drouart avait aussi réuni des notes fort intéressantes sur les licux'dé sa naissance. Ces documents ont servi pour la publication de VHistoire de Maubert-Fontaine, par M. l'abbé L. Péchenart. Le vieux savant était d'une très grande modestie et, depuis-là guerre, il vivait fort retiré. Quelques-intimes allaient le voir souvent; il en profitait pour leur communiquer ses recherches d'autrefois. C'est une parente dévouée qui reçut son dernier soupir. H. B. LI¥RED'OR Paroisse de Maubert-Fontaine» Afin de tenir, la promesse faite dans le n°. 18 de notre Revue Historique, nous donnons aujourd'hui la liste, des soldats de Maubert-Fontaine morts pour la Franco pendant la Grande Guerre, dont les noms sont inscrits dans l'église sous un magnifique cénotaphe, oeuvre de M. Migeot, de Maubert. ; Alissse Léon Antoine Jules Barbiôre Emile Bàrbièrc Fernand Beaucourt A, . Beaudoux Jules Bécret Edmond Bécret Paul Bernaert A. Caniot Pierre Caruel Henri Coulon Alfred Coulon André Critia Félix Crouet René Demissy Alfred Demissy Léon. Desbuis Auguste Duchêne Charles Duchêne Henri Hilt Louis Lallement Henri Lallement Marcel Loth Auguste Migeot Arthur Migeot Jean Migeot Paul Migeot Pierre Migeotte Lucien - Millet Charles Morigny Guy Morigiiy Marcel Neveux Raymond ' Nicolas Charles - Pailot Gaston Painvin Charles .Petitfils. Albert . Petitjean André' Picot Abel Pierrot Emile Renaud Paul Schmilding M, nçur national avec le souvenir dé tant .d'attentats qui. ont reçu pu recevront de la Prdyidènce de Dieu le châtiment qu'ils, môi'itént. Rappelons du moins, pourla -postérité,' les noms des; infortunées, victimes égorgées ou tuées à coups de revolver en 'cette sinistre, rée et nuit du 26-27 août 1914;-telles que nous les retrouvons suivies yrégistz'esderôtat-civil de Maiibert-Fontaine y - Jean-Pliiloxône 70 ans, tué le;26' août 1914,' lïeudit. la ' Cénse Picard, ainsi que sa-femme Tsoline-HiriMance PARIS; ,66 ans, -, ''.''' . Cyrille-Benoni PIEIUÎOT, journalier, 72 ans, au même lieu. ;• Pierre-André HUART, 10 ans, blessé le 26 août, plàc,e- de... la; Gare,.. décédé le 27. > ..; '. , ' '''''', .-'"'' ' .. Julie VASSEUR, épouse Gilbert,. 56 ans, à la Censé ; Picard, .originaire, elle aussi de Petite-Chaudière.. '' y ,' \ . Jean VESNIARD, militaire, classé 1910, tué; le 26 août IL faisait -' partie,du recrutement dé Caen et son corps fut inhumé dans le cimetière ,dë Maubert où il est demeuré, „' ; , Nous, donnerons prochainement la liste' de tous les soldats de. cette paroisse morts pour la'France-pendant là "guerre et dont les .', noms sont i nscri ts dans l'église sous un magnifique cénotaphe,- oeuvre '.- .do M. Migeot, de Maùbcrt-Fôntainc. . '.-'-''. ,Î .' - LIVRE D'OR Quelques abonnes nous ayant réclamé, à plusieurs reprises, de vouloir bien -leur donner, 'dans notre Livre d'Or, les noms des victimes de la guerre immolées volontairement par- la barbarie allemande sur notre Plateau de Rocroi, soit au début de la Grande Guerre de 1914-1938, soit pendant les longues années de l'occupation, nous déférons à leur désir, et ils. trouyeront chaque mois, à cette place ces'noms glorieux. C'est l'histoire de notre petite Patrie et les. historiens futurs seront heureux de retrouver ces noms avec les lieux et les circonstances do leur mort. ;.~ Nous y joindrons les noms dos soldats qui- ont donné leur vie pour notre patrie bien-aimée, la France, et sont inscrits sur les monuments élevés dans nos cimetières ou sur nos places publiques. ' \ Nous .prions nos amis et confrères du Plateau de Roeroi de , vouloir bien, nous aider dans cette tâche et d'envoyer à la Rédaction les noms de ces victimes qui sont bien clignes de passera la postérité.. Nous les en remercions., à l'avance. Paroisse de Sèvigny-la-^Forêt. . Nous avons déjà relaté Au jour le jour n° 1 dala..Rèeue,. p. 16 l'assassinat de deux fidèles, de notre paroisse dans la nuit du 26-27 août 1914 ;'.' ''_ >.;.— ; .""- '.' Jean-Louis LEBAS, 59 ans, cultivateur à Sévigny-la-Forct, et sa fille, Germaine LEBAS, âgée de 25 ans, épouse de Joseph Neveux. Tous-deux, furent tués à- coups de revolver par les ulharis, dans cette affreuse nuit, avec une dizaine d'habitants do Maubert-Fontaine, dont nous donnerons les noms dans. un prochain numéro. . '... Sur les 38. soldats; y compris . Jes douaniers, qui quittèrent la ' paroisse à là mobilisation, 13 sont morts pour la France. Pour perpétuer leur souvenir, une grande plaque; -de fort bon goût.,; en simili-' ..marbre, a à de l'église, du. côté- de;l'Evangile., ;. 'Elle représente un ange tenant en sa. main - droite une. çourônno; de lauriers qui surmonte les noms de ces glorieux morts inscrits en lettres rouges PONSAHT Georges, capitaine adjudant-major. LEBAS Hubert, officier d'administration do 1"- classe. LEBAS Arthur, fait prisonnier fin aoùf 1914, au fort de Charlcmonl-Givet, déporté à Zwickau Saxe, puis envoyé en Suisse, mort à Lyon en octobre 1918. ROBIN Paul, tué près de Lîeims. MANCEAUX Jean-Baptiste. SOMMÉ Albert. LEBAS Marins Son corps a éié ramené dans le cimetière de la paroisse, on février 1921. PIIROUIN Marins. AUBEHT Antbyme, mort en capthilé quelques jours après l'armistice. DKLAI'AIÏE Charles. PE-IITFJLS Albert, J. C, MARTELEUR Alphonse .T. C. Ces deux jeunes gens qui faisaient partie de la Jeunesse Catholique de la paroisse, furent tués à Verdun, en 1916. MANCEAUX Fcrnand, Jeune Catholique, engagé pendant la guerre, mort à 19 ans, à l'hôpital de Bourges. R. I.'P. A nos Abonnés et Lecteurs Pour les abonnements, s'adresser à M. F. JALLOUX, éditeur, passage de Bourgogne, Roeroi Ardennes. Pour la rédaction, à M. H. BERNARD, Moulin de l'Ile Bonne, par Roeroi Ardennes. CARTE DU PLATEAU t>z RCR0f pour la Bataille du 19 Mal i643, par le Généra! GAmn^Oo^nd^^Di^oné-yam^ â Lac, a, TFÈÏÉÛlNÊ PÙBLiÔtUÈ^ -.'' ^Go-Wr&e;^ù^srûpé'^h^âotiï 'nous nous sommes le 7';pr'ém'i'ëi,''âuffifei>6''d'ê-ri'ôtrlÔ.'mô'dè'stè Revue historique du Plateau de'. Roeroi, ;én. Notée historiques sûr le Plateau, a surpris un "certain iidhibrè de nos lecteurs qui nous-en ont demandé l'origine et le' ;;. , - -'" - -'..;. y'" -'y'.-..;,., -Et d'abord, qu'ils Soient bien persuadés que nous ne l'avons pas . inventé ni pris sous notre bonnet; nous avons un trop grand respect dé la vérité historique pour'nous permettre; pareille licence avec elle, comme avec toutes les autres vérités, révélées par Dieu et.. '- enseignées' par son Eglise. Sans doute, nous pouvons nous tromper - —- efràre hUmçinum est— surtout à propos de . cette Époque néolithique, dé bes Temps préhistoriques du plateau de Roeroi dont le. sol demeuré, màisdbrit aucun document écrit né subsiste pour suivre, la tracé des différentes iriigratibns dé peuplades qui l'ont successive^ ment Occupe, et nous n'avons''pu émettre à ce sujet que les conjectures lès-"-plus plausibles suggèr'êes;pàr l'étude-" du sol, des débris retrouvés, etc.; et les opinions des historiens que nous avons consultés. '.'..""''. '". Quoiqu'il en soit, notre Tribune publique est toujours ouverte aux chercheurs et aux savants plus compétents' que nous. Nous nous "contenterons, pour aujourd'hui, de résumer brièvement l'état de la question 1° Quel est le sàhs de l'expression en -litige Râpés ruperèm, et2° Qu'elle est\.'. ce mot?; '...." ' " . 1° Sensde ce terme Rûpësruiriperem. Nous nous arrêterons aux indications qui'nous ont été'"données... et surtout à l'exposition faite par M. Pierre LAGARRÔSSE dans le n° 12, p. 177, résumé que nous avons fait de la question en litige dans le n° 13 p. 3e de la couverture. ;.. , . . , A' notre;âvisycé's deux', .'.motsrupés r'ûperem ou rumpereni signifieraient mbt'à mot je briserais.; les rochers, ou plus simplement- amoncellement de roches;», comme lé veut "M, Pierre LAGARRÔSSE, . vieille;appellation; dé là région do Roeroi dont sont couverts d'endroits,-d'une quantité de'roches de quartz. 2* L'a réponse à'. la; 2a question sur l'origine de ce terme Ritpes ..- ruperéin, que ..nous-n'àvbnsp pas iiiventé, rôpëtonsde, semble plus — délicate;-màiy'ndus allons éiter nô's sources.' Et tout d'abord' LÉPINE, dans son Histoire 'de Roeroi -1860, qui donne, à la page 21, cette étyhiologie de rupes rûperem, sans preuve à l'appui, Bien que cette Histoire'de Roeroi renférrhe un certain nombre, d'erreurs historiques, nous ne croyons pas que'LÉPINÉ ait inventé cette êtymologie'. -. "'"" "- J ~ '~~'.'. " " "-'-'. ''' •".. - ' Remontons -dans les siècles précédents. M. Maurice SABBE, conservateur au Muséum ,Plantin-Moretus, ;\ Anvers' Belgique> .émet l'opinion, dans les communications qu'il nous a foites lès 14 a;oût.. \ 1923, et 7 mars 1924, que des adjonctions et rectifications furent apposées, à certains vieux manuscrits des Tabula itineraria Peutingeriana. La mention Rupes rumperem, attribuée au plateau de Rocroi, inscrite sur quelques rares in-folio, aurait figuré dans les premiers travaux exécutés sur cette Table ». Un de ces exemplaires existait dans la bibliothèque du baron Y van" de Man d'Atten- rodé, sénateur belge, résidant au .château d'ïloeylaert, prés de Bruxelles. Où se trouve cet in-folio ? On le retrouvera peut-être. . Ernest DESJARDINS, pour ne citer que cet auteur, dansla Table de Peutinger, édition de 1598, reproduite en faç-simile Paris. L. Hachette 1869-76, Introduction, p. V, ne parle pas de l'édition définitive de 1624, ni des adjonctions et corrections faites sur la Table de Peutinger, avant et entre ces deux datés. Nous pourrons revenir sur ce sujet et l'éclairer un peu, ~ ne soit pas d'un intérêt palpitant pour nombre de nos lecteurs. ' H. B. A propos du Folk-lore philologique de notre collaborateur M. le Dr A. BASTIN, de Deville n° 13, p.,3, nous, recevons de M. l'abbé DÉLIZÉE, professeur de langues à l'Institut catholique de Notre-Dame delà Tombe,% Tournay-Kain," la note suivante Je viens de lire votre article sur dangereuxQtbramint. C'est intéressant. Je m'étonne .toutefois qu'on puisse hésiter un instant sur le premier. » •' '" " H. B. Le prochain fascicule de la Revue n° 15 de mai sera doublé 32 pages. Il sera consacré presqu'en son entier au récit de la Bataille dé Rocroi 19 mai 1643, de notre ami P. LEBAS, avec... des détails inédits pris sur lès lieux, récits des anciens du pays, etc. Il contiendra, en outre; une carte de la bataille par lé général Garbit et une fort belle photogravure de la statue de la Vierge de la Victoire, ex-voto . promis par le duc d'Enghien s'il était victorieux des ennemis qui avaient enyahi la France et menaçaient Paris, a la mort de Louis xiri. 2\ANNÉE.— OCTOBRE 1924. N°;2Ô France 10 francs Etranger 12 francs DU PLATEAU DE ROCROI Le Numéro 1 Franc JALLOUXê éditeur .ROCROI — Passage de Bourgogne . R. C. ROCflOi 382 1924 REVUE DU PLATEAU DE ROCRO! SOMMAIRE DU N° 20 I. — Folk-lorephilologique. P. CL MEURISSE. II.—, Le Néerologé des Ré collets ,de Couyin,.j}ar le 1%. P. JJâALD D'ALENÇONJ traduction frahcâisé suite; i ,'V. T.. IH. La famille,Pplcnei* ' fi' > - /'; ;'. ' ; IV. . — Monographie-de-Séoigny-la-Foréi w; Livre III. Sévigny à travers les âges suite. P. L. . V. — Au Jour le Jour 1914-1919. Notes, et Souvenirs suite.. ; ' ,; ,/,'.'; y i . MjEMOR. VI.'; '_. '"' '.''. H. B. III. -+- C'est la Guerre. — Les Parisiens suite; M"' TV. — Monographie decSèoig, Livre IV. Nos. aïeux. '•'...-.''. ",.".;,"-;. .;,- 'J?.L. • !-V. — Aw Jour le JourJ1^14,-1919% Notés, et Souvenirs suite. ; "".,_ /'...- '" ;"A '•, ';; V,. . ..MEMOR. 2eAmÉE. — DieEMnuE 1924.^N" 22 _Fraiice 10 francs étranger 12 francs DU PLATEAU DE ROCROI Lie Numéro i Franc JALLGUX** éditeur ROCROj — Passage de Bourgogne R. C. ROCROI 382 1924 REVUE DU PLATEAU DE ROCRQl SOMMAIRE DU N0;22 '..', I.— Le\ Necrologe des Récollets de Couvin, par le R. P. UBALD D'ALENÇON, traduction française suite. .. -y V. T.. - IL — Rupes rûpèrem suite. — Le Mégalithe deNismes ou la Roche à l'îlette. H. B. III.— Monographie de Sèoigny-la-Forêt. — Livre IV. Nos aïeux. ' P. L. IV.— Au, Jour le Jour 1914-1919. Notes et Souvenirs suite. MEMOK.. V.— Livre d'or de la paroisse du Tremblois-Iès-Rocroi. ;P. L. LIVRE D'OR Paroisse de Tremblois-lès-Roeroi. Au. cours de la grande guerre, neuf soldats du Tremblois sont morts pour la France. En voici les noms, tels qu'ils sont inscrits sur le monument élevé à leur mémoire sur la place publique du .village Noi/.et Georges, 23 février 1916. • . '- . Beaumont Henri, 20 juin 1916. Lejeu'he Léon, 10 août Ï916. . Noizet René, 19 août 1917. Chopineaux; Théophile, 9 avril 1918. Larzillière Emile,20 octobre 1918.' -' Gilles Arsène, 15 octobre 1914. . Bertrand Gustave, 2 mai 1915. .Marchand Henri, 20 août 1918. , Il faut y ajouter les noms de quatre victimes civiles -. Brochart Théophile, voulant regagner sa demeure qu'il avait abandonnée lors de l'avance allemande, tomba sous les balles ennemies sur le chemin de Marby, le 1911. . ' . Voir la suite page 3 delà couverture. 2» ANÉE. U JA^EU .1025.. N° 23 France 10 francs' Etranger 12 francs DU PLATEAU DE ROCROI' Le Numéro 1 Franc ROCROI — Passage de Bourgogne R. C. ROCROI 382 1924 REVUE DU PLATEAU DE ROGRO! SOMMAIRE DU N° .23 ' . I. — Rupes rûperem suite. ' H. B. IL—À propos de la famille Polehel ou de Poschet addita, III. ^ C'est la Guerre. — Les Parisiens suite. M'', IV. — Note sur la statue de \s,.Gerinania. D. H. V.'— Monographie de Sëoignyrla-Forêt. —. Livre. IV. Nos aïeux. '.' / . P.. L. VI. — 'Au Jour' le Jour 1914-1919. Notes et Souvenirs suite. MEMOR. VII. — Livre d'or de la commune d'Eteignières. LIVRE D'OR Paroisse d'Eteignières Les 26 et,27 août 1914. la commune d'Eteignières, qui se trouve , sur la> route menant de la Meuse, aux places fortes de. L'a on et de là Fore, par Rumigny, devait payer cruellement soi tribut ù l'invasion allemande. . • ^ ... ... Des forces boches imposantes, venant de Rocroi et de Couvin,. ..amenaient; avec elles, au milieu de brutalités de l'âge barbare . M. l'abbé. MoiusAU'x,. curé de Frasnes, qui fut relaxé le 27 août ; Trois malheureux civils belges, accusés faussement d'avoir tiré sur les troupes qui avaient envahi, leur pays; ils furent -fusillés, .au pied d'un murj Je lendemain 27'août ; .''• .;.' Un habitant de. la. communes Camille Legras, fut massacré avec eux. -. - - / V' -' ''',..- '.-",- M l'abbé- LUDET, .curô-d'Étejgniôres, arrêté immédiatement le 26, fut enfermé dans l'église avec les infortunés prisonniers, en attendant leur exécution. M. l'abbé Ludet fut remis en liberté le lendemain,' 2" ANNÉE. — FÉVRIER 1925. N" 24. France 10 francs Etranger 12 francs DU PLATEAU DE ROCROI Le Numéro 1 Fraile JALLOUX*4 éditeur ROCROI^— Passage de Bourgogne R. C. ROCROI 382 1925 BEVUE DU PEATEAU DE ROCROI SOMMAIRE DU N° 24 "". .1. — Le" Nécrologe des Récollets de Couvin, par le R. P. IJbala d'Àlençon," traduction française suite. V. T. IL — Rupes rûperem suite. H. B. III. — C'est la Guerre. — Les Parisiens suite. M"'° IV. — Monographie de Sèoigny-la-Forét. —,' Livre IV. Nos aïeux. P. L. . V. — Au Jour le Jour 1914-1919. Notes et Souvenirs suite. MEMOR. VI. -— Nécrologie M 110 Marie de Villermont. H. B. VIL — Livre d'or. .-— Lès fusillés français de Frasnes-lèsCouvin 16 sept. 1914. . ' C*e de VILLERMONT, VIII. — Table des matières de la 2e" année. Mars 1924février 1925. " LIVRE D'OR lies fusillés français à ppaftes-lès-Gouviri Le 16 septembre 1914, trente-quatre civils français, épuisés do fatigue, arrivaient à,Couvin, .siiivant un convoi d'un millier de prisonniers militaires dirigés sur l'Allemagne. Pendant de guerre continuaient leur route,.les 34 civils étaient parqués sur une dos pelouses du'parc de Sainl-Roch. Un commandant allemand vint les y voir et demanfia ce qu'étaient ces prisonniers. Des francs-tireurs, des. espions 1, des dôvaliscui'.s de cadavres, des nnUdcurs^de blessés », répondit l'escorte. Au bout de deux heures ils reprirent leur marche dans la, direction de Frasncs. Arrivés au croisement, de la route do Pôtigny, on les fit obliquer à travers champs vers une carrière abandonnée ; on les fit ranger et ils furent fusillés et ensevelis sur place. Le feu était commandé par un chevalier de l'ordre .hospitalier de S' membre de la Croix-Rouge. Une proclamation imprimée signée La Croix » fut'"affichée, en plusieurs endroits, à Couvin, annonçant que le Conseil de guerre avait condamné à mort trente-quatre français comme francs-tireurs, comme espions, ou pour avoir détroussé des cadavres et mutilé dos blessés. . Ces trente-quatre français ont été lâchement assassinés. Par le récit d'une trente-cinquième victime qui réussit, à la faveur d'un dolman militaire, à se mêler aux soldats prisonniers, on a su que. ces malheureux civils avaient été rassemblés des points-les plus divers des départements-do la Marne et du Nord. Durant une marche qui s'éternisa plus d'une semaine, ils avaient subi les pires traitements, accablés de coups de pieds et de poings au moinde signe de fatigue, se nourrissant de pommes ramassées sur la route, menacés à tout instantd'être fusillés. C'est a ces victimes de la barbarie allemande qu'un monument a été élevé dans le village de Frasnes, près de l'endroit où ils,expièrent leur seul crime, celui d'être français. Communiqué par M. le comte de YiLLEHMONT. Voir aussi le n° 12 de la Revue historique du Plateau de Rocroi, février 1924, p. 179, note 1. ' , Hevtiê Mstoriqvte'\ûW^ .;.Tablé dés-''in'^tïërô'i?'';,dè' j r . iy [;.'}-. , \fMarsi'924-^évrïer ' i$2SJÏ-Ç - ;,.. ' ; ;- H. B,-— Notes historiques sur le;Plateau!de 'Rocroi', p. l,;22y> 69,83, '" \ 149; 164, 177 et-195/r- Tribune publique• Les xfuatre fils Aymon, '• nos 13, 14 et 16. -^/ de la bataillé deRocrOi, p. 64. — "'.-' . ..Gpiisideràii'bn's. sur-'-le. .champ de 1 bataille de. Rocroi, par le général . Garbit, p. 104. ;— Godèfroy II de Romance, p. 108. —-, La stèle do la bataille decRbcroi,.-p. l;li. -..Nécrologie. Alfred Drouart, p. — 'La famille Polchef, p. 133. — Nécrologie , M"° là comlçsse de ", Yjllermont,p. 208.' ''['-' '', ^'-'-.'.A . ; "''' '-" ... Dr B^STIN-. — ,FoJk-lore philologique, p. .3.—H Réponse de l'abbé .'.../-. '...Délixée, tribune publique, n° 14-, .."'''• '"-[' ' \ "V Dr GILLES. .''•— Communication C'est la guerre, 6, 24,' 71,86, 121', '"/. ,151. 182etl97.\ ' "' .-.'•. .-'V' "" '''...-',,'/ ,./''. .P.. LE BAS; — 'Monographie de- Sôvigny-!a-F6rêf, p. 10, 26', 74, -87,,124,. ;'. / 133, 153, 166,185; et, 199. — Nécrologie ..M. Bàulmont,;iv> 14. —. ' .Là Bataille de Rocroi,p. 36 Note 'rectificative, n".20. v. ' ', d'or de Trembiois-lez-Rocroi, n° 22. -, ^ .c MEJIOR.'—Au jour le jour Notes et Souvenirs 1914-1919, -p. ' 78,; 90, 126, 140; 156, 172,; 188 et 205/—Communication La Ches; nàye Maisons-blanches, p. 17. —La Vierge de la Victoire, p. 33 , . •. 'avec planche. —- La/Journée dé Rocroi, extrait de Bossuet, p, 71. " V-—Livre d'or de n° 16, de Maubcrt-Fontaine, ,. . ir? 18 eit;.'i;9; ,V 'V'., .'-.,. "V ^'. '"./ ' .- ' R. P. ÛBALD D'ALENÇON. —Le Nôcrologe des de Couvin, ' , .traduction fraûçaise par l'abbé,V. T,,,p. 65, 81,,119, 131, 145, ;. ''.', 161 et 193,.; , ' - ;/' - ..'; '.' Pi LAURENT, archiviste. lionoraire du département des Ardennes -, ,;.; Communication, n° 16. , ; , ;.-.'' , , V10-. 'HUGUES DE MONTB'AS.'. — Communication par le marquis, de Romancé'Mesmont-Un inédit de la-'bataille dé Rocroy, V' .p.'" -;v' / . ";/' ,. ; .. ,-;. ';. .' v ' H. BOURIN. — et la; famille Pigeon, p. 109. "' , - P. C/ . " ... , ' '- 44. BOURBON.— Communication Les Poschét, p. 135. . ,.'/''; > . . A.;B;;—J'y étais, p. 143. -Livre d'or de Bourg-Fidèle, .n 20. ; -, ';- v C. 'FRANGOTTE. — Communication, p. 164; —- La p-180;. ;G. DOQUIN;-^ Quatrain, p'. 177.. '„ ,,, •'-'". ; "-';;/; ,, -, ', 'ARCHIVÉS; dti. Èimousin;,;.Cdmmmiication, p.li8.. , ^AWHI^\ îv - ' '.'- '-', ''> mais il /devait, plus tard, en 1918, être emmené comme otage en Lithuanie avec un certain nombre de curés et de civils, hommes et femmes,, des Ardennes.; Pour son courage .en face "de-l'envahisseur. M.,l'abbé'LUDET areçu la. Croix de guerre 1918. . .M'"" Georges LALLEMENT, ayant appris que son .fils Gaston, tombé ''plus tard'au champ d'honneur, passait avec spn régiment, dans;lés environs, .avait voulu aller l'embrasser une dernière; fois. A. son retour, 'près d'Auvillers-les-Foi'ges, elle, fut prise par les soldats 'ennemis, ligottôc; odieusement, outragée/et ramenée au quartier 'générai .boche, à Eteigriières, où elle-, faillit être fusillée comme espionne. Ce ne fut qu'après une longue journée de détention qu'elle, fut libérée, grâce à la demande instante de son curé, M. -l'abbé Ludet. On nosaurait trop louer les autorités d'Eteignières de là délicate pensée qui-les fit réunir tous lesglorieux morts de la commune, sans distinction de grades, dans la liste suivante ,V -, -, . fyïQRTS POUR LA FRANCE Dardennc Gaston Hémei-y Edmond Lallemem. Gustave Lamy Lucien Manccaux Emmanuel -Parent. Emile . Dardeiine Alfred Dardennc Albert Ravaux Georges Thélingô Emile Moreàu -Léon Lallemeni Adrien • Coentz Auguste Wiriot Gustave'*-.' Lamy Edmond Piorron Edmond Lambin Camille Lallemcnt Gaston Guéri u "Victorien Cagncaux Lucien 'J'hélinge Paul Jacqûcmin Paulin Berger Henri Coulellier HenriLallemcnt Camille ' Ravaux René Paris Henri VICTIMES CIVILES Çoninck Emile - Legràs; Camille Ravaux René Maurice Léon Mozet Laurent, 781 ans, était ïesté à Màrs-sous-Bourcq, prés de Voûziers, où, il fut lâchement assassiné parles Allemands le 7 sep• '. . tembre 1914 Bulletin Ardennais du 24 février 1916, n 157. ' JUain Roland, tué par une grenade sur la ligne do chemin de fer du Tremblbis, le 20 décembre 1918. Iloltard Pierre,; jeune homme dé 16 ans, déchiqueté par l'explosion d'une grenade qu'il avait détournée sur la route'de Rimogne, en ïaco du chemin de la Richolle, le 18 janvier 1921. - ; Leurs noms sont aussi gravés sur la face sud du monument lequel, posé par M. J. Prévoteaux, de Maubert, fut inauguré en juin 1,922. '',- Le 27,août 1914, Coppin Louis. Larzilliùre Basilidé et Làrsillière Jules furent emmenés en otage jusque Rocroi et relâchés le lendemain. Mais Làrsillière Jules — un jeune homme, fils d'un pauvre aveugle — fiit battu avec tant de sauvagerie qu'il en est, resté paralysé. Enfin, quelques temps après, Druart Henri et Brôyoti Ernest furent enlevés prisonniers en Allemagne où ils-subirent jusqu'en 1917 une dure captivité. On'rem arquera que la famille, de M. fut pàrliculiè- , rement éprouvée par la. guerre, puisqu'elle lui enleva successivement son beau-père j Laurent Mozet, son gendre, le caporal Louis Beuret. ; .de tué dans la Meuse le 21 novembre 191-1 '.-. Bulletin;Ardennais n° 205; deux de ses trois fils soldats Georges, qui était sous-lieutenant, et René ; et que lui-même et son .épouse, terrassés par le chagrin, évacués en France libre, y moururent sans avoir pu revoir leur village, ni les ruines de leur maison, incendiée par les Boches en août 1914 /Nous adressons nos , vifs remerciements, à MM. Ernest Woirlier, maire du Tremblois, et Auguste Basiien, cantonnierchef à-Sévig'ny-larForèt, qui nous ,ont aidé, dé leurs recherches et de leurs souvenirs, à établir cette page du Livre d'Or. LIVRE D'OR Bourg-Fidèle et la journée du 26 août 1914. Lo 26 août 1914, une patrouille allemande, dôbouchantd'IIongréaux, est reçue par une arriôre^garde de soldats français qui, après mie fusillade nourrie, s'échappent et gagnent les bois. Les Boches, furieux de voir plusieurs dos leurs mordre la poussière, crient comme do coutume aux francs tireurs » et font passer leur, rage sur les civils. C'est ainsi que Léon DUNAIME, occupé en sa boulangerie à l'entrée do la route d'Hongréaux, tombe assassine» par. les Allemands, et ces misérables poussent la cruauté jusqu'à jeter ce malheureux dans le four en flammes. Le fils de la victime, André DUNAIME, n'a pas le temps de s'enfuir; saisi par les barbares, il est par eux condamné à mort et odieusement tué à coups de sabre. Deux autres civils furent ensuite appréhendés comme victimes destinées à assouvir la rage de l'ennemi ce furent Victor ABRAHAM cl Auguste FRANQUET, tués par lés Allemands ce même jour du 26 aoùtl914. ' '_ _' MORTS AU FRONT OU MORTS MOBfLISÉS Pont les noms figurent au Monument Barbière Vital Léonard Emile Bertcaux Alphonse Leroy Victor Blanchemanche Eugène Loiseaux Maurice, blessé Bourdon Jean mo* près la pierre TT . PélenJean, gazé Bousrez Henri mort après la g-iicrre Carameaux Placide Longuet Urbain Cartier Emile Ludet René Chopineaux Jean-Baptiste Marchand Henri Chopineaux René Marotte Anatole Clément Adolphe ' Maufroy Gaston Courtier Jean Mazeau Paulin Couvert André Mouton Fernand ' Desbuis Eugène Paruitte Marcel Devouge Gustave Pernelet Chéri Distave Emile Pernelet Léon. Frideling Urbain Petit Alfred-Joseph Godofroy Pierre . Pilardeau Virgile . Grégoire Charles Renard Eugène I-Iuart Arthur Royaux Jules-Charles > . Jonval Henri Sommé Auguste - Lallemcnt Edmond Sommé Fernand ' Lens Victor . ' Varlùteaûx Louis MORTS EN OTAGE , Chopineaux Renaldo Marotte Edmond Lambert Antoine-Emile Melin Joseph Contraste insuffisant NF Z 43-120-14 Original en couleur NFZ 43-120-8
JeanLe Poulain est un acteur et metteur en scène français, né le 12 septembre 1924 à Marseille et mort le 1er mars 1988 à Paris. Il est enterré au cimetière de Montmartre. Il apprend son
La veuve de Jean-Pierre Darras, fondateur du festival Les Estivales de Carpentras, est morte ce dimanche à l'âge de 72 ans. La comédienne Corinne Darras née Lahaye est morte dimanche 16 février 2020. Née à Bois-Colombes, elle était l'épouse de l'acteur et metteur en scène Jean-Pierre Darras. Après avoir suivi les cours au Conservatoire national supérieur d'art dramatique, Corinne Darras a multiplié les rôles dans les années 70-80. On se souvient d'elle lorsqu'elle a interprété le rôle de Germaine dans Mais où est-donc passée la septième compagnie ? Le couple était particulièrement connu à Carpentras pour avoir créé Les Estivales, en 1993. Couple fondateur dans le monde du divertissement, ils ont été séparés par la vie en 1999. Corrine Darras avait repris les rênes de ce grand festival pendant une décennie jusqu'en 2009, quand le festival s'est arrêté. Francis Adolphe, ancien maire de Carpentras, s'est exprimé après l'annonce de ce décès. "Ils étaient comme ma famille. Cela me remplit de tristesse. Et quand je me rappelle nos moments ensemble à Suzette ou ailleurs, j'ai envie de rire et ils me manquent. On ne travaillait jamais vraiment au sens désagréable, car nous éprouvions toujours de la joie et de la bonne humeur ! Jean-Pierre disait d'ailleurs 'Le travail, j'ai rien contre, mais c'est le temps qu'on perd !' Corinne, il y a toujours une caisse de vieux télégraphe que tu partageras avec Jean-Pierre dans votre dernière demeure !", a-t-il écrit sur son compte Facebook. Un dernier hommage sera rendu à Corrine Darras lors d'une cérémonie religieuse le mercredi 19 février 2020, à 10h30, en l'église Saint-Augustin, à Paris. Elle sera ensuite inhumée au cimetière de Suzette Vaucluse, vendredi 21 au matin, où repose déjà son mari. Biographie: Jean Le Poulain est un acteur et metteur en scène français, né le 12 septembre 1924 à Marseille et mort le 1er mars 1988 à Paris. Il apprend son métier au cours Simon à Paris à la FR EnglishDeutschFrançaisEspañolPortuguêsItalianoRomânNederlandsLatinaDanskSvenskaNorskMagyarBahasa IndonesiaTürkçeSuomiLatvianLithuaniančeskýрусскийбългарскиالعربيةUnknown Self publishing Se connecter à Yumpu News Se connecter à YUMPU Publishing CLOSE TRY ADFREE Self publishing Produits News Publication Pricing Se connecter à Yumpu News Se connecter à YUMPU Publishing • Views Share Embed Flag LE RETOUR D'ARISTIDE! - Haiti Liberte LE RETOUR D'ARISTIDE! - Haiti Liberte SHOW MORE SHOW LESS ePAPER READ DOWNLOAD ePAPER TAGS aristide mars peuple retour kadhafi faire contre haiti guerre obama liberte You also want an ePaper? Increase the reach of your titles YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves. START NOW More documents Similar magazines Info HAÏTI LIBERTÉ Wyclef Jean blese nan men, pouki tout bri ? Page 6 LE RETOUR D'ARISTIDE! Voir page 4 Aristide La solution en Haití c’est l’inclusion» Page 7 Le retour triomphal de l’ancien Président Jean Bertrand Aristide et sa famille le vendredi 18 mars 2011 ELECTION L’ABSTENTION TRIOMPHE ! Voir page 15 Libye une guerre pour s’emparer des richesses d’un peuple ! Page 10 De toute évidence, l’abstention de plus de 80% de l’électorat signifie le rejet total du projet de la Communauté internationale et de la classe politique traditionnelle qui n’apportera aucun changement pour le peuple haïtien Qui blâmer pour la catastrophe nucléaire au Japon ? Page 17Page 2 and 3 Editorial HAITI LIBERTÉ DouloureusPage 4 and 5 Le retour d'Aristide! De gauche à Page 6 and 7 Kwonik Kreyòl Aristide retounen naPage 8 and 9 Perspectives Le retour de Jean-BertPage 10 and 11 Par Rodrigue Komla Kpogli ProfitantPage 12 and 13 REALTY Lebrens Denasse Page 14 and 15 Mirlande Manigat, Michel Joseph MarPage 16 and 17 Suite de la page 13 humanitaires Page 18 and 19 Suite de la page 13 Suite de la pPage 20 RETOU REZILTA REZISTANS Nobama bòs Delete template? Are you sure you want to delete your template? Save as template? Title Description no error Produits FREE adFREE WEBKiosk APPKiosk PROKiosk Ressources Blog API Aide & Support Statut Entreprises Nous contacter Carrière CG CONDITIONS GÉNÉRALES Politique de confidentialité Politique en matière de cookies Imprint Terms of service Privacy policy Cookie policy Imprint Change language Made with love in Switzerland © 2022 all rights reserved

Cest un Paris déplaisant, pas beau à vivre, que Molière indique comme monde de sa dernière pièce, le Malade imaginaire. Voler de l'argent, ou défendre son argent, y paraît une idée fixe

De Quoi Est Mort Jean Paul Belmondo Les secours sont toujours à la recherche de survivants sous les décombres. L'illustre acteur avait été vu dans l'aile ou la cuisse au côté de louis de funès. Jun 18, 2020 bourvil n'avait que 53 ans quand les français lui ont dit adieu, le 23 septembre 1970. Jun 29, 2021 carnet noir pour le cinéma français. Dec 16, 2019 ce samedi 14 décembre, l'actrice anna karina est morte à l'âge de 79 ans. Depuis plusieurs années, andré raimbourg, de son vrai nom, à l'hygiène de vie exemplaire, se battait. Alternant dans les premières années de sa carrière des films populaires et d'art et essai avant de pencher nettement pour la première catégorie, sa gouaille de titi parisien et ses cascades sans doublure contribuent à en faire. De nombreux fans ignorent la cause de sa mort. Louis de funès a trouvé la mort à cette date, en 1983. Alternant dans les premières années de sa carrière des films populaires et d'art et essai avant de pencher nettement pour la première catégorie, sa gouaille de titi parisien et ses cascades sans doublure contribuent à en faire. L'illustre acteur avait été vu dans l'aile ou la cuisse au côté de louis de funès. Jun 18, 2020 bourvil n'avait que 53 ans quand les français lui ont dit adieu, le 23 septembre 1970. Les secours sont toujours à la recherche de survivants sous les décombres. 5iehxo3jhmg1rm from De nombreux fans ignorent la cause de sa mort. Nov 19, 2020 le 27 janvier est une journée sombre pour le cinéma français. Alternant dans les premières années de sa carrière des films populaires et d'art et essai avant de pencher nettement pour la première catégorie, sa gouaille de titi parisien et ses cascades sans doublure contribuent à en faire. Jun 18, 2020 bourvil n'avait que 53 ans quand les français lui ont dit adieu, le 23 septembre 1970. Le comédien fernand guiot, connu notamment pour son rôle dans l'aile ou la cuisse de claude zidi, est mort ce samedi 26 juin à l'âge de 88 ans. Dec 16, 2019 ce samedi 14 décembre, l'actrice anna karina est morte à l'âge de 79 ans. Depuis plusieurs années, andré raimbourg, de son vrai nom, à l'hygiène de vie exemplaire, se battait. Jun 24, 2021 un immeuble de 12 étages s'est partiellement effondré tôt ce jeudi matin dans la ville balnéaire de surfside, près de miami, causant au moins un mort et une dizaine de blessés. L'illustre acteur avait été vu dans l'aile ou la cuisse au côté de louis de funès. Louis de funès a trouvé la mort à cette date, en 1983. Dec 16, 2019 ce samedi 14 décembre, l'actrice anna karina est morte à l'âge de 79 ans. Nov 19, 2020 le 27 janvier est une journée sombre pour le cinéma français. Le comédien fernand guiot, connu notamment pour son rôle dans l'aile ou la cuisse de claude zidi, est mort ce samedi 26 juin à l'âge de 88 ans. Jun 18, 2020 bourvil n'avait que 53 ans quand les français lui ont dit adieu, le 23 septembre 1970. L'illustre acteur avait été vu dans l'aile ou la cuisse au côté de louis de funès. Alternant dans les premières années de sa carrière des films populaires et d'art et essai avant de pencher nettement pour la première catégorie, sa gouaille de titi parisien et ses cascades sans doublure contribuent à en faire. Jun 29, 2021 carnet noir pour le cinéma français. Les secours sont toujours à la recherche de survivants sous les décombres. De nombreux fans ignorent la cause de sa mort. Louis de funès a trouvé la mort à cette date, en 1983. Jun 24, 2021 un immeuble de 12 étages s'est partiellement effondré tôt ce jeudi matin dans la ville balnéaire de surfside, près de miami, causant au moins un mort et une dizaine de blessés. Depuis plusieurs années, andré raimbourg, de son vrai nom, à l'hygiène de vie exemplaire, se battait. Les secours sont toujours à la recherche de survivants sous les décombres. L'illustre acteur avait été vu dans l'aile ou la cuisse au côté de louis de funès. Alternant dans les premières années de sa carrière des films populaires et d'art et essai avant de pencher nettement pour la première catégorie, sa gouaille de titi parisien et ses cascades sans doublure contribuent à en faire. Le comédien fernand guiot, connu notamment pour son rôle dans l'aile ou la cuisse de claude zidi, est mort ce samedi 26 juin à l'âge de 88 ans. Jun 29, 2021 carnet noir pour le cinéma français. Jun 24, 2021 un immeuble de 12 étages s'est partiellement effondré tôt ce jeudi matin dans la ville balnéaire de surfside, près de miami, causant au moins un mort et une dizaine de blessés. Dec 16, 2019 ce samedi 14 décembre, l'actrice anna karina est morte à l'âge de 79 ans. Louis de funès a trouvé la mort à cette date, en 1983. Qfcos5orsitlxm from L'illustre acteur avait été vu dans l'aile ou la cuisse au côté de louis de funès. Louis de funès a trouvé la mort à cette date, en 1983. Jun 24, 2021 un immeuble de 12 étages s'est partiellement effondré tôt ce jeudi matin dans la ville balnéaire de surfside, près de miami, causant au moins un mort et une dizaine de blessés. Jun 29, 2021 carnet noir pour le cinéma français. Le comédien fernand guiot, connu notamment pour son rôle dans l'aile ou la cuisse de claude zidi, est mort ce samedi 26 juin à l'âge de 88 ans. Depuis plusieurs années, andré raimbourg, de son vrai nom, à l'hygiène de vie exemplaire, se battait. Nov 19, 2020 le 27 janvier est une journée sombre pour le cinéma français. De nombreux fans ignorent la cause de sa mort. Dec 16, 2019 ce samedi 14 décembre, l'actrice anna karina est morte à l'âge de 79 ans. Les secours sont toujours à la recherche de survivants sous les décombres. Alternant dans les premières années de sa carrière des films populaires et d'art et essai avant de pencher nettement pour la première catégorie, sa gouaille de titi parisien et ses cascades sans doublure contribuent à en faire. Jun 18, 2020 bourvil n'avait que 53 ans quand les français lui ont dit adieu, le 23 septembre 1970. Les secours sont toujours à la recherche de survivants sous les décombres. Dec 16, 2019 ce samedi 14 décembre, l'actrice anna karina est morte à l'âge de 79 ans. Alternant dans les premières années de sa carrière des films populaires et d'art et essai avant de pencher nettement pour la première catégorie, sa gouaille de titi parisien et ses cascades sans doublure contribuent à en faire. Depuis plusieurs années, andré raimbourg, de son vrai nom, à l'hygiène de vie exemplaire, se battait. Louis de funès a trouvé la mort à cette date, en 1983. Jun 29, 2021 carnet noir pour le cinéma français. De nombreux fans ignorent la cause de sa mort. Nov 19, 2020 le 27 janvier est une journée sombre pour le cinéma français. Les secours sont toujours à la recherche de survivants sous les décombres. Le comédien fernand guiot, connu notamment pour son rôle dans l'aile ou la cuisse de claude zidi, est mort ce samedi 26 juin à l'âge de 88 ans. Jun 18, 2020 bourvil n'avait que 53 ans quand les français lui ont dit adieu, le 23 septembre 1970. L'illustre acteur avait été vu dans l'aile ou la cuisse au côté de louis de funès. Jun 24, 2021 un immeuble de 12 étages s'est partiellement effondré tôt ce jeudi matin dans la ville balnéaire de surfside, près de miami, causant au moins un mort et une dizaine de blessés. Jun 18, 2020 bourvil n'avait que 53 ans quand les français lui ont dit adieu, le 23 septembre 1970. Dec 16, 2019 ce samedi 14 décembre, l'actrice anna karina est morte à l'âge de 79 ans. Jun 24, 2021 un immeuble de 12 étages s'est partiellement effondré tôt ce jeudi matin dans la ville balnéaire de surfside, près de miami, causant au moins un mort et une dizaine de blessés. De nombreux fans ignorent la cause de sa mort. Alternant dans les premières années de sa carrière des films populaires et d'art et essai avant de pencher nettement pour la première catégorie, sa gouaille de titi parisien et ses cascades sans doublure contribuent à en faire. Depuis plusieurs années, andré raimbourg, de son vrai nom, à l'hygiène de vie exemplaire, se battait. Louis de funès a trouvé la mort à cette date, en 1983. Nov 19, 2020 le 27 janvier est une journée sombre pour le cinéma français. L'illustre acteur avait été vu dans l'aile ou la cuisse au côté de louis de funès. 4wd535k Gzqq8m from Jun 24, 2021 un immeuble de 12 étages s'est partiellement effondré tôt ce jeudi matin dans la ville balnéaire de surfside, près de miami, causant au moins un mort et une dizaine de blessés. De nombreux fans ignorent la cause de sa mort. Jun 29, 2021 carnet noir pour le cinéma français. Nov 19, 2020 le 27 janvier est une journée sombre pour le cinéma français. Depuis plusieurs années, andré raimbourg, de son vrai nom, à l'hygiène de vie exemplaire, se battait. Dec 16, 2019 ce samedi 14 décembre, l'actrice anna karina est morte à l'âge de 79 ans. Jun 18, 2020 bourvil n'avait que 53 ans quand les français lui ont dit adieu, le 23 septembre 1970. Jun 24, 2021 un immeuble de 12 étages s'est partiellement effondré tôt ce jeudi matin dans la ville balnéaire de surfside, près de miami, causant au moins un mort et une dizaine de blessés. Dec 16, 2019 ce samedi 14 décembre, l'actrice anna karina est morte à l'âge de 79 ans. Nov 19, 2020 le 27 janvier est une journée sombre pour le cinéma français. Jun 18, 2020 bourvil n'avait que 53 ans quand les français lui ont dit adieu, le 23 septembre 1970. 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Louis de funès a trouvé la mort à cette date, en 1983. Les secours sont toujours à la recherche de survivants sous les décombres. Louis de funès a trouvé la mort à cette date, en 1983. Les secours sont toujours à la recherche de survivants sous les décombres. Dec 16, 2019 ce samedi 14 décembre, l'actrice anna karina est morte à l'âge de 79 ans. Jun 18, 2020 bourvil n'avait que 53 ans quand les français lui ont dit adieu, le 23 septembre 1970. Jun 24, 2021 un immeuble de 12 étages s'est partiellement effondré tôt ce jeudi matin dans la ville balnéaire de surfside, près de miami, causant au moins un mort et une dizaine de blessés. De nombreux fans ignorent la cause de sa mort. Dec 16, 2019 ce samedi 14 décembre, l'actrice anna karina est morte à l'âge de 79 ans. Alternant dans les premières années de sa carrière des films populaires et d'art et essai avant de pencher nettement pour la première catégorie, sa gouaille de titi parisien et ses cascades sans doublure contribuent à en faire. 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